RCA: marche de protestation des femmes contre les tueries de masse de Paoua

Elles ont exprimé leur désapprobation des tueries de masse perpétrées le 21 mai dernier par les éléments rebelles des 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation).

Plusieurs dizaines de femmes de la ville centrafricaine de Paoua (extrême nord-ouest) ont organisé ce dimanche une marche de protestation pour exprimer leur désapprobation des tueries de masse perpétrées le 21 mai dernier par les éléments rebelles des 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), a appris de source locale.

A travers cette marche de protestation, a indiqué la source, les femmes s’attendent à  plus de visibilité dans les mesures prise contre le leader des 3R, Abass Sidiki Mahamat, pour que de nouvelles tueries n’aient pas lieu, et que les casques bleus de la mission onusienne en Centrafrique (MINUSCA) ainsi que les militaires des Forces armées centrafricaines (FACA) déployés dans la région assurent efficacement la protection des populations civiles.

Le 21 mai, en réponse à  une altercation entre éleveurs et agriculteurs dans la région de Paoua, des éléments armés des 3R, associés à  des éléments de l’ex-Séléka, ont investi au moins sept villages de la région, tuant 46 personnes, blessant grièvement plusieurs autres et faisant de nombreux déplacés.

En réaction à  ces tueries, le gouvernement centrafricain et la MINUSCA avaient pris d’importantes mesures contre Sidiki Mahamat, parmi lesquelles la nécessité d’arrêter et de livrer aux autorités de la capitale centrafricaine Bangui les auteurs des massacres décriées. Sans quoi, Sidiki Mahamat serait directement pris pour responsable et traité comme tel, surtout qu’il a été l’un des signataires de l’Accord de paix du 6 février dernier, qui préconisait l’arrêt des violences en direction des populations civiles et un cessez-le-feu sur toute l’étendue du territoire centrafricain.

En donnant l’air de vouloir s’exécuter dans l’esprit de l’ultimatum de trois jours largement dépassé qui lui est imposé, Sidiki Mahamat avait livré trois de ses combattants, ce que l’opinion trouve très insuffisant.

Lors d’une mission qu’il a effectuée vendredi dernier en compagnie des représentants de l’Union africaine, de la CEEAC, de l’ONU dans la région Niem Niéléwé pour débattre directement avec M. Sidiki Mahamat de l’issue de l’ultimatum qui lui est adressé, le ministre de la Sécurité publique, Henri Wanzet Linguissara, de retour, a indiqué que le chef rebelle n’a pas nié la responsabilité de ses éléments dans le massacre et qu’il serait en train de tout mettre en œuvre pour rattraper d’autres auteurs, cités en enquête préliminaire par les trois présumés auteurs précédemment arrêtés, avant de les livrer à  la justice.

Toutefois, a déploré Wanzet Linguissara, les six rebelles en question seraient en cavale, soit dans la nature sur le territoire centrafricain, soit au-delà  du territoire, en direction du Tchad ou du Cameroun.

Pour l’heure, des patrouilles conjointes des casques bleus et des FACA sont multipliées dans la région.

RCA : la MINUSCA mène une opération dans l’Ouest du pays

L’objectif de cette opération est d’assurer la protection des civils suite aux massacres perpétués par le 3R.

La Force de la MINUSCA a lancé jeudi 30 mai, la seconde phase de l’opération baptisée « Wegnnyen negoye » (marteau en Sango) dans la région ouest de la République centrafricaine (RCA). Il est question de répondre à  la crise déclenchée par les attaques perpétrées par le groupe armé Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R), le 21 mai dernier. Ces attaques, notamment dans les villages de Lemouna et Koundjili, à  environ 50 km de Paoua, préfecture de l’Ouham-Pendé, ont causé 34 morts y compris celle d’un enfant, en violation flagrante de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA. Le 25 mai, le Gouvernement centrafricain a exigé du 3R le démantèlement de toutes ses bases et barrières dans la zone des attaques, ainsi que la remise, dans un délai de 72 heures, des présumés auteurs des crimes.

Le 3R a reconnu sa responsabilité dans les attaques, en présentant des excuses publiques, en remettant à  la justice trois de ses éléments présumés coupables des attaques et en réduisant sa présence à  Bohong, Bokaya et Létélé. La MINUSCA exige que le 3R rende tous les éléments qui ont joué un rôle dans les attaques du 21 mai et collabore pleinement avec les enquêtes en cours. La Mission attend aussi que le 3R s’engage à  se démobiliser et désarmer immédiatement dans le cadre du Programme national de DDRR et à  participer dans la formation des unités spéciales mixtes de sécurité prévues par l’Accord.

Une mission conjointe composée de quatre membres du Gouvernement centrafricain, du Représentant spécial du Président de la commission de l’Union Africaine (UA), du Représentant du Secrétaire général de la Communauté économique des états de l’Afrique centrale (CEEAC) et du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies s’est rendue vendredi à  Niem-Yéléwa où elle a rencontré Sidiki, le leader de 3R. Ce dernier a dit vouloir collaborer avec la justice dans le cadre de l’enquête sur les violences du 21 mai.

Le but de l’opération « Wegnnyen negoye » menée par la Force de la MINUSCA est d’assurer la protection des civils dans la zone, prévenir de nouvelles attaques, affrontements ou tentatives de représailles et d’arrêter tout mouvement d’éléments armés dans la zone. L’opération prévoit, entre autres, la mise en place de bases opérationnelles temporaires dans certaines localités.

La MINUSCA lance un nouvel appel à  tous les groupes armés afin qu’ils respectent leurs engagements dans le cadre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, et dans la cessation de tous les abus et violations. La Mission rappelle sa détermination à  exécuter son mandat pour protéger toutes les populations civiles et les institutions et à  soutenir la mise en œuvre de l’Accord ensemble avec l’UA et la CEEAC, les garants de l’Accord, ainsi que toutes les parties signataires pour une exécution de bonne foi de leurs obligations.