Le M23/AFC accuse Kinshasa d’avoir violé le cessez-le-feu

À peine l’encre de l’accord de Doha avait-elle séché que la confiance s’effritait déjà. Le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/M23 accuse le gouvernement congolais d’avoir violé le cessez-le-feu, moins de 24 heures après la signature du Mécanisme conjoint de surveillance et de vérification, le mardi 14 octobre 2025.

Dans un communiqué au ton ferme, le M23 affirme que les forces coalisées du régime de Kinshasa ont mené, dès le lendemain, d’intenses bombardements sur des zones civiles et sur plusieurs de leurs positions dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Selon le mouvement, ces attaques auraient été conduites à l’aide de drones et d’avions de combat SUKHOI-25, suivies d’assauts terrestres à Kadasomwa, Lumbishi et Kasake.

Une accusation grave qui fragilise le processus de Doha

Pour l’AFC/M23, ces offensives constituent « une trahison cynique » du processus de paix de Doha, signé sous la médiation du Qatar, des États-Unis et de l’Union africaine. Le mouvement estime que Kinshasa aurait délibérément choisi la voie des armes, au mépris des engagements pris devant la communauté internationale.

« Cette attitude belliqueuse démontre à la face du monde que le régime de Kinshasa a tourné le dos au processus de paix », dénonce le M23, évoquant un bilan humain lourd et des bombardements ayant touché des civils. Le groupe rebelle parle d’“atrocités” aggravant une crise humanitaire déjà aiguë dans l’Est du pays.

Appel à la communauté internationale et avertissement du M23

Face à ce qu’il qualifie de “sabotage du processus de paix”, le M23 en appelle directement aux observateurs du Mécanisme de surveillance et de vérification – à savoir le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine – afin qu’ils constatent ces violations présumées et interviennent pour éviter une reprise généralisée des hostilités.

Dans le même communiqué, le mouvement réaffirme son “engagement indéfectible à défendre la population congolaise par tous les moyens”, tout en réitérant sa solidarité envers les civils pris dans les combats.

Entre diplomatie et méfiance : le fragile équilibre de Doha

Ces accusations surviennent alors que la signature du Mécanisme de vérification M23 Doha, saluée comme une avancée diplomatique majeure, devait marquer le retour de la confiance entre les deux camps.
Mais à peine 24 heures plus tard, la flamme de la paix vacille déjà, laissant planer une question lourde de sens : le processus de Doha survivra-t-il à sa première épreuve ?

M23 Doha : Un mécanisme conjoint pour surveiller le cessez-le-feu entre Kinshasa et les rebelles

Sous les lustres du palais diplomatique de Doha, une poignée de main symbolique a marqué, mardi, une nouvelle étape du processus de paix entre Kinshasa et le M23. Le gouvernement congolais et le groupe politico-militaire Alliance Fleuve Congo/M23 ont paraphé un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, sous la médiation du Qatar et avec l’appui des États-Unis et de l’Union africaine.

Dans un communiqué empreint de solennité, le ministère qatari des Affaires étrangères a salué une “étape essentielle pour renforcer la confiance mutuelle et progresser vers un accord de paix global”. Doha précise que le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine y participeront comme observateurs, un gage de transparence et de crédibilité pour un processus souvent miné par la méfiance.

Des attentes et des doutes autour du mécanisme de Doha

Pour le M23, tout repose désormais sur la bonne foi de Kinshasa.
« Si le gouvernement congolais respecte pleinement ses engagements, ce mécanisme créera un climat de sérénité et de sécurité, propice à la discussion sur les causes profondes du conflit », a déclaré le mouvement rebelle dans un communiqué.

Côté congolais, le ton se veut résolument optimiste. Le gouvernement assure que cette signature traduit « la volonté de parvenir à une cessation effective des hostilités, de garantir la sécurité des populations et de préparer les conditions d’un accord de paix durable, dans le cadre du processus de Doha soutenu par la communauté internationale ».

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. Juvénal Munubo, ancien député et observateur attentif des questions sécuritaires, s’interroge :
« Pourquoi avoir attendu près de trois mois après la Déclaration de principes du 19 juillet pour signer ce mécanisme ? Et surtout, quand viendront les mesures concrètes sur le terrain ? »

Entre espoirs et réalités du terrain

La création du mécanisme de vérification M23 Doha symbolise un tournant, mais la route reste longue. Alors que le front de l’Est congolais demeure instable, les populations civiles attendent des actes tangibles plutôt que de nouvelles signatures.

Pour l’heure, le Qatar et les États-Unis, désormais observateurs officiels, misent sur la diplomatie pour transformer la promesse de paix en réalité. Dans les coulisses, un défi s’impose : faire du cessez-le-feu M23 Doha non pas une simple clause diplomatique, mais un véritable instrument de réconciliation durable.

Global Gateway : l’Union européenne débloque 180 millions d’euros pour consolider la paix entre la RDC et le Rwanda

BRUXELLES – L’Union européenne franchit un nouveau cap dans son engagement pour la stabilité de l’Afrique centrale. En marge du Global Gateway Forum 2025, la présidente de la Commission européenne a annoncé un financement de 180 millions d’euros pour renforcer la paix, l’intégration régionale et le développement durable entre la RDC et le Rwanda.

Un soutien clair au processus de paix

« Le processus de paix en cours, facilité par les États-Unis, est une excellente nouvelle pour l’Est de la RDC », a déclaré la présidente. Elle a salué l’accord signé sous la médiation du président américain Donald Trump et soutenu par l’Union africaine. Selon elle, « l’Europe veut contribuer à le rendre durable, avec ses partenaires africains ».

Le Global Gateway, moteur d’un partenariat concret

Ce financement s’inscrit dans la dynamique du Global Gateway, l’initiative européenne qui renforce les infrastructures durables sur le continent africain. L’enveloppe européenne sera répartie dans quatre secteurs prioritaires :

  • Énergie : modernisation des réseaux et promotion des sources propres ;

  • Transports : développement des corridors commerciaux ;

  • Biodiversité : protection des écosystèmes régionaux ;

  • Mines durables : exploitation responsable des ressources.

Ces investissements visent à stabiliser l’économie régionale tout en réduisant les tensions liées à la concurrence minière.

Kagame salue un « partenariat gagnant-gagnant »

Présent à Bruxelles, le président Paul Kagame a estimé que ce soutien européen « ouvre la voie à une intégration régionale plus forte et à des investissements durables ». Il a salué le rôle du Global Gateway, déjà engagé dans le développement du secteur biomédical rwandais.

L’Union européenne prévoit d’ajouter 95 millions d’euros pour soutenir la production de vaccins et l’innovation médicale à Kigali. Cette initiative consolide l’ambition du Rwanda de devenir un pôle continental de biotechnologie.

Une diplomatie du développement en action

Entre diplomatie et économie, le Global Gateway s’impose comme un levier de paix et un outil d’avenir pour l’Afrique centrale. Il relie désormais les efforts politiques de Washington et de l’Union africaine à la vision européenne d’une coopération fondée sur la croissance partagée et la stabilité durable.

Tshisekedi et Kagame à Bruxelles : entre main tendue et accusations, la diplomatie africaine sous tension

BRUXELLES – La scène diplomatique africaine a pris des airs de théâtre politique ce jeudi au Global Gateway Forum 2025. Le président congolais Félix Tshisekedi a tendu la main à son homologue rwandais Paul Kagame, qui a saisi l’occasion pour rappeler sa vision du partenariat.

Kagame plaide pour des partenariats équitables

« Nous sommes ici pour discuter de partenariat, mais le sens du terme varie selon les personnes », a déclaré Kagame, d’une voix calme mais ferme. « Pour certains, il s’agit de donner des instructions et de faire des conneries. Pour d’autres, il s’agit de se plaindre. »

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Il a insisté sur l’importance de relations égalitaires, où risques et bénéfices sont partagés. Selon lui, la croissance africaine ne prospère que si elle circule dans les deux sens. « Un bon partenariat ne crée pas de dépendance, il crée de la valeur », a-t-il martelé, prônant une Afrique intégrée et autonome.

Une main tendue contestée

La proposition de Tshisekedi n’a pas trouvé un écho unanime. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a dénoncé ce qu’il qualifie de « cinéma politique ». Selon lui, le chef de l’État congolais a détourné un forum consacré à la coopération pour aborder le conflit à l’Est de la RDC.

Il a accusé Kinshasa d’avoir violé les accords de paix de Washington du 27 juin, notamment par des bombardements contre l’AFC/M23 et les villages banyamulenge du Sud-Kivu. Nduhungirehe a rappelé les épisodes passés : menaces de bombardements sur Kigali, envoi de soldats congolais sur le territoire rwandais et recours à des mercenaires étrangers.

Une diplomatie complexe et tendue

Le ministre rwandais a dénoncé une manipulation médiatique, accusant Tshisekedi de séduire l’opinion publique congolaise tout en refusant le dialogue direct avec le M23. « Faire semblant de tendre la main alors que vous violez les accords existants, c’est du cynisme et des mensonges inacceptables au niveau d’un chef d’État », a-t-il tranché.

À Bruxelles, entre la main tendue et la réplique cinglante, la diplomatie congolo-rwandaise révèle toute sa complexité : un mélange de coopération affichée, de tensions historiques et de calculs politiques. Ces dynamiques continuent de peser sur l’avenir de la paix et de l’intégration régionale en Afrique.

Tshisekedi à Kagame : « Je vous tends la main pour une paix des braves »

BRUXELLES – Dans un geste diplomatique spectaculaire, le président congolais Félix Tshisekedi a tendu la main, jeudi, à son homologue rwandais Paul Kagame. Il propose de conclure « une paix des braves » afin de mettre fin au conflit qui ravage l’Est de la RDC.

Un appel solennel et une condition claire

Lors du Global Gateway Forum, le chef de l’État congolais a surpris par sa modération.
« À aucun moment, je n’ai affiché une attitude belliqueuse à l’égard du Rwanda ou de l’Ouganda », a-t-il déclaré, sous le regard du président angolais João Lourenço, médiateur et président de l’Union africaine.

Félix Tshisekedi a ensuite précisé la condition sine qua non de cette main tendue :

« Je prends à témoin ce forum pour vous tendre la main, monsieur le Président, afin que nous fassions la paix des braves. Cela demande que vous donniez l’ordre aux troupes du M23, soutenues par votre pays, d’arrêter cette escalade qui a déjà fait trop de morts. »

Pour montrer sa bonne foi, le président congolais a aussi suspendu temporairement son plaidoyer pour des sanctions contre Kigali.
« Les plaidoyers que j’avais prévus pour appeler à des sanctions, je préfère les suspendre pour un moment, en attendant d’avoir une réponse du président Paul Kagame », a-t-il ajouté.

Un tournant vers la paix régionale

Le chef de l’État a révélé que le processus de paix conduit par l’Angola avait presque abouti.
« Nous étions à 98 % de recouvrer une paix durable, mais vous avez boycotté la cérémonie », a-t-il lancé à Kagame.

Tshisekedi a insisté sur leur responsabilité commune :

« Nous vivons cette situation, et nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade. »

Aujourd’hui, la balle est dans le camp du président rwandais. La communauté internationale observe attentivement si cette main tendue ouvrira enfin la voie à une paix durable ou si elle restera un simple vœu pieux dans un conflit vieux de plusieurs décennies.

Guy Kabombo en mission à Muanda : restructuration militaire et lutte contre les fake news

MUANDA – Le Vice-Premier ministre de la Défense nationale, Me Guy Kabombo Muandiamvita, a enchaîné les visites stratégiques ce mercredi dans la ville de Muanda, au Kongo Central. Au programme : restructuration de la base navale, lutte contre la désinformation et remontée en puissance de l’armée congolaise.

Une base navale en transformation

À la base navale de Banana, le ministre a présidé un briefing décisif. Première annonce majeure : la nécessité de délocaliser cette base vers le camp Kindofula. « Le Vice-Premier ministre a insisté sur l’accélération des travaux de construction de la deuxième phase de Kindofula », rapporte-t-on sur place.

L’objectif est double : libérer l’espace pour faire avancer les travaux du port en eau profonde de Banana, projet stratégique pour la RDC, et moderniser les infrastructures militaires. Le ministre a également promis des « solutions urgentes » pour les demandes du commandant de la base, incluant le déplacement des élèves, la dotation d’ambulances et la construction d’un centre de santé.

Chasse aux fake news à la mairie

Dans un geste inédit, Me Kabombo s’est rendu à la mairie de Muanda pour vérifier en personne des allégations virales sur les réseaux sociaux. Ces rumeurs prétendaient que certains élèves avaient été renvoyés du camp Baki en raison de leur appartenance linguistique.

« Après vérification sur place, il s’agissait du renvoi des tierces personnes qui se faisaient passer pour des recrus alors qu’il n’en était pas le cas », a constaté le ministre, démontrant la détermination du gouvernement à combattre la désinformation qui mine le moral des troupes.

Soutien aux futurs cadres de l’armée

Le ministre a ensuite tenu une « causerie morale » avec les stagiaires sous-officiers et les recrues en formation au centre d’instruction de Kitona. Au nom du président Félix Tshisekedi, il a encouragé ces jeunes à « combattre pour la nation en cette période d’agression ».

Sans langue de bois, les élèves militaires ont soulevé leurs préoccupations : amélioration de la qualité de formation, dotation en matériel moderne et conditions sociales. Le VPM a promis de transmettre ces doléances au président de la République et à la Première ministre Judith Suminwa.

Un message fort pour les femmes soldats

Enfin, le ministre a rencontré les militaires évacués de Goma, leur assurant le soutien du gouvernement en attendant leur redéploiement. Un message particulier a été adressé à la Première ministre de la part d’une PMF (Police Militaire Féminine) sollicitant son soutien pour « défendre la patrie contre les agresseurs et assurer la protection des femmes victimes d’agression sexuelle à l’Est ».

Cette visite marathon démontre la volonté du gouvernement de redynamiser l’armée congolaise sur tous les fronts : infrastructure, formation et moral des troupes, alors que la RDC fait face à des défis sécuritaires majeurs dans l’Est du pays.

RDC-Rwanda : le bras de fer silencieux qui bloque le retour des réfugiés

GENÈVE – Derrière les beaux discours diplomatiques, une réalité cruelle persiste : des centaines de milliers de Congolais errent en exil tandis que leur terre natale reste sous la coupe de combattants. À la tribune des Nations Unies, Kinshasa a jeté un pavé dans la mare en posant des conditions inflexibles pour le retour de ses réfugiés.

Les trois lignes rouges de Kinshasa

La position congolaise, portée par le vice-Premier ministre Jacquemain Shabani à Genève, est sans équivoque : pas de retour sous la botte du M23. Le gouvernement exige trois préalables non-négociables :

  1. Un cessez-le-feu effectif

  2. La restauration de l’autorité de l’État congolais

  3. La vérification de la nationalité des candidats au retour

« Ce retour que nous souhaitons durable devra être accompagné des activités de réintégration et de reconstruction post-conflit », a précisé le ministre, soulignant la nécessité d’une « cohabitation pacifique » entre rapatriés et communautés locales.

L’énorme défi humanitaire

Les chiffres donnent le vertige. Rien qu’en Ouganda, plus de 600 000 Congolais survivent dans des camps de réfugiés. Neuf pays voisins au total abritent des exilés fuyant les violences dans l’Est de la RDC.

Pendant ce temps, sur le terrain, la rébellion du M23 – soutenue selon Kinshasa par Kigali – continue son expansion. Un terrible paradoxe : plus le conflit s’étend, plus le nombre de déplacés augmente, et plus le retour devient impossible.

Les accord qui n’avancent pas

La situation est d’autant plus frustrante qu’un accord tripartite RDC-Rwanda-HCR a été signé il y a trois mois à Addis-Abeba. Objectif affiché : faciliter le rapatriement volontaire. Mais sur le terrain, rien ne bouge.

La question des réfugiés reste l’une des pommes de discorde les plus explosives entre Kinshasa et Kigali, capable à elle seule de faire capoter les processus de paix américain et qatari.

Alors que les diplomates débattent à Genève, des milliers de familles congolaises attendent dans la précarité. Leur espoir ? Que la communauté internationale trouve la clé pour briser l’impasse. Leur crainte ? Que leur exil ne devienne… éternel.

Reprise des négociations M23 Doha : Kinshasa et la rébellion face à leurs divergences

DOHA/KINSHASA – L’espoir d’une trêve dans l’Est de la RDC se joue à nouveau à Doha. Cette semaine, les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion de l’AFC/M23 se retrouvent dans la capitale qatarie pour relancer les négociations, alors que la tension monte sur le terrain.

La question des prisonniers au centre du blocage

La question de l’échange de prisonniers reste la principale pierre d’achoppement. Le M23 la considère comme une condition essentielle à toute avancée. Les parties ont confié au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) le rôle d’intermédiaire neutre. Pourtant, malgré ce cadre, les discussions stagnent. « Aucune avancée concrète n’a été enregistrée », estiment plusieurs observateurs.

Sur le terrain, la guerre remplace la diplomatie

Pendant que les diplomates préparent la table des négociations, les forces en présence renforcent leurs positions. Dans le Nord-Kivu, près de sept mille combattants du M23 viennent de terminer leur entraînement à Tshanzu. Deux semaines plus tôt, un effectif similaire, comprenant d’anciens militaires des FARDC et des miliciens Wazalendo, a été présenté à Rumangabo.

Cette montée en puissance des deux camps inquiète la société civile. Elle redoute une nouvelle escalade de la violence et d’éventuelles offensives contre des localités stratégiques du Nord et du Sud-Kivu.

Un processus de paix sous tension

La reprise des pourparlers à Doha se déroule dans un climat de méfiance totale. Le Qatar tente de maintenir le dialogue, mais la réalité du terrain montre que la paix reste fragile.

Tandis que les négociateurs échangent dans le confort des salons climatisés de Doha, les collines du Kivu bruissent du bruit des armes. La semaine s’annonce décisive pour l’avenir d’une région toujours en quête de stabilité.

Crise sécuritaire et embouteillages : le gouvernement Congolais en session cruciale

Ce vendredi, le président Félix Tshisekedi a présidé la 61e réunion du Conseil des ministres RDC. Depuis la Cité de l’Union africaine, il a rappelé l’urgence de trouver des réponses concrètes à la crise humanitaire et aux violences armées qui frappent les provinces de l’Est. Le chef de l’État a demandé au gouvernement Suminwa d’agir rapidement pour protéger les populations.

Kinshasa paralysée par les embouteillages

Le Conseil a également abordé la mobilité urbaine, devenue un cauchemar quotidien pour les Kinois. Les ministres ont présenté un plan opérationnel pour désengorger la capitale. Ce programme confirme que la circulation routière est désormais une priorité nationale. Le gouvernement a aussi discuté de la prévention des naufrages sur les voies navigables, une problématique récurrente dans ce vaste pays au réseau fluvial vital.

La réunion a préparé le 9ᵉ sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, prévu le 5 novembre 2025 à Kinshasa. Les discussions porteront sur la paix et la sécurité régionales, directement liées à la crise dans l’Est du pays.

Réformes et mémoire nationale

Le Conseil a fait le point sur la réforme foncière, un dossier à fort enjeu économique et social. Il a aussi examiné la valorisation du patrimoine des anciens combattants, afin de préserver la mémoire nationale.

La condamnation à mort de Kabila divise et menace la paix

Alors que Kinshasa célèbre la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, l’Est du pays résonne d’une autre tonalité. Dans les Kivus, berceau de son influence, le verdict de la Haute cour militaire apparaît comme une persécution politique. Pour beaucoup, il risque de compromettre des mois d’efforts de paix dans une région déjà marquée par les conflits.

Une condamnation qui fragilise la paix

« Condamner Kabila, c’est montrer qu’ils sont toujours contre les gens de l’Est du pays », dénonce Samy Jean Takimbula, président intérimaire de la société civile du Sud-Kivu. Quelques mois plus tôt, l’ancien chef de l’État avait mené des consultations à Goma en faveur de la paix. Sa condamnation est donc vécue comme un camouflet pour ceux qui espéraient un apaisement.

Le timing interroge. Kinshasa négocie actuellement avec le groupe armé M23 à Doha. Or, le jugement de Kabila jette un froid. « S’ils veulent la paix, ils doivent d’abord dialoguer entre eux », s’insurge Bauma Safari, habitant de Goma. Sur le terrain, les combats reprennent autour de Rumangabo, et le M23 étend son emprise.

Un procès contesté et lourd de conséquences

Le jugement du 30 septembre soulève de lourdes questions. Joseph Kabila a été jugé par contumace, sans avocat, et devant un tribunal militaire. Or, les standards internationaux interdisent que des civils soient jugés par des juridictions militaires.

Pour de nombreux observateurs, ce procès ressemble moins à une quête de justice qu’à une stratégie politique pour écarter un rival influent. Le choix du moment renforce les doutes sur les motivations du pouvoir.

Au-delà du cas Kabila, l’enjeu dépasse la personne. Refuser un procès équitable à un ancien président crée un précédent dangereux pour tous les opposants. Ce verdict, s’il est exécuté, pourrait accentuer les vengeances politiques et fragiliser davantage la paix dans l’Est.

Alors que l’attention se concentre sur les combats contre le M23, une autre bataille se joue : celle de l’État de droit.

RDC-Rwanda : le 1er octobre, date clé pour la neutralisation des FDLR

WASHINGTON/KINSHASA – C’est une date qui pourrait marquer un tournant dans la sécurisation de l’Est de la République démocratique du Congo. Kinshasa et Kigali se sont accordés sur le 1er octobre 2025 comme point de départ des opérations de neutralisation des FDLR – les Forces démocratiques de libération du Rwanda, groupe armé hutu rwandais basé dans l’Est congolais – et de la levée des « mesures défensives » prises par le Rwanda. Cette échéance a été actée lors de la réunion du mécanisme conjoint de coordination sécuritaire, les 17 et 18 septembre à Washington, en présence des États-Unis, du Qatar, du Togo et de l’Union africaine.

Pour les médiateurs américains, le principal succès réside dans le simple maintien d’un cadre d’échange entre les deux capitales depuis la signature de l’accord de paix du 27 juin. Car sur le fond, les négociations ont été ardues, minées par des divergences d’interprétation persistantes.

Les points de blocage déminés un à un

La principale difficulté concernait la séquence des actions : la levée des mesures défensives rwandaises doit-elle être simultanée au lancement des opérations contre les FDLR ? Qui doit traquer ces combattants ? Comment agir contre les FDLR présents dans les zones sous contrôle du M23 ? Autant de questions épineuses qui ont été discutées pendant deux jours.

Face aux progrès limités sur le terrain, les parties ont convenu d’un Ordre opérationnel destiné à accélérer la mise en œuvre du « Concept des opérations ». Celui-ci doit entrer en vigueur dès le 1er octobre.

Une première phase préparatoire, loin des combats

Mais il ne faut pas s’attendre à des opérations militaires d’envergure dès le premier jour. La première phase consistera en des actions de préparation : sensibilisation des populations, planification tactique, coordination interarmées et échange de renseignements avec les partenaires internationaux. Les véritables combats contre les FDLR sont encore loin.

Un processus fragile dans un contexte volatile

L’Est de la RDC reste une poudrière. Malgré la signature de l’accord de Washington en juin et celle d’une déclaration de principe avec le M23 en juillet au Qatar, les violences persistent sur le terrain. La résurgence du M23, qui a pris Goma en janvier puis Bukavu en février, a encore complexifié la donne.

Le 1er octobre représente donc un premier pas – nécessaire, mais insuffisant – vers une paix durable. Reste à voir si les bonnes intentions affichées à Washington résisteront à la réalité du terrain. Pour des millions de Congolais, l’espoir est permis, mais la méfiance, de rigueur.

Nzibira tombe aux mains du M23 : un tournant stratégique au Sud-Kivu

La guerre pour le contrôle de l’Est de la RDC a connu un nouveau tournant critique ce dimanche 21 septembre. Les rebelles du M23 se sont emparés de la cité stratégique de Nzibira, dans le territoire de Walungu (Sud-Kivu), à l’issue de plusieurs heures de combats intenses contre les Forces armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés, les combattants Wazalendo.

Dès le matin, les assaillants ont lancé une offensive multi-frontale, appuyée par des bombardements soutenus et l’usage de véhicules blindés, selon des sources locales et militaires. Les affrontements se sont rapidement étendus aux villages voisins de Cisaza, Cibanda, Muyange, Karhuliza et Kalongo, provoquant un déplacement massif de civils fuyant les violences.

Une perte stratégique et symbolique

La chute de Nzibira constitue un revers significatif pour l’armée congolaise. Cette cité n’est pas qu’un point géographique ; elle est un carrefour économique et militaire crucial, situé au cœur d’une zone riche en cassitérite et en or. Sa perte compromet les efforts de sécurisation de la région et offre au M23 un nouveau bastion d’où étendre son influence.

Les Wazalendo, qui participaient à la défense du secteur, ont justifié leur retrait par la nécessité de « préserver les vies des populations civiles ». Une argumentation qui peine à masquer la réalité tactique : la supériorité militaire momentanée des rebelles.

Le Nord-Kivu aussi sous pression

Dans le même temps, les FARDC ont tenté de reprendre l’initiative dans la province voisine du Nord-Kivu, en pilonnant plusieurs positions rebelles dans les territoires de Masisi et Walikale. Une offensive destinée à soulager la pression sur le Sud-Kivu et à déstabiliser les arrières du M23.

Samedi déjà, les responsables militaires de la 3e zone de défense avaient dénoncé une série d’attaques « ciblées et coordonnées » de la coalition RDF/AFC/M23 contre plusieurs localités des deux Kivu. Preuve que la rébellion mène une campagne concertée sur multiple fronts.

Une population prise en étau

Derrière les rapports militaires, c’est le drame humanitaire qui s’aggrave. Les habitants de Nzibira et des villages alentour ont fui en masse, sans aucun garantie de sécurité ni d’accès à l’aide humanitaire. Les organisations sur place redoutent une nouvelle crise des déplacés dans une région déjà saturée par des années de conflit.

La communauté internationale, souvent silencieuse, observe une nouvelle fois la situation se dégrader sans parvenir à imposer une solution politique ou militaire crédible.

La prise de Nzibira par le M23 n’est pas qu’une victoire tactique ; c’est un signal fort envoyé à Kinshasa et à la communauté internationale : la rébellion reste capable de prendre l’initiative, et la guerre est loin d’être terminée.

Nord-Kivu : les FARDC pilonnent les positions du M23 à Bibwe, les rebelles se renforcent

Le grondement des avions de guerre a réveillé le groupement de Bashali Mokoto aux aurores. Depuis ce vendredi 19 septembre, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mènent une offensive d’envergure contre les positions de la rébellion du M23 autour de Bibwe, dans le territoire de Masisi. Des bombardements aériens ciblés ont été lancés pour disloquer les lignes adverses, alors que les renseignements congolais signalent un renforcement massif des rebelles dans la zone depuis jeudi.

Selon des sources militaires et locales, les combattants de l’AFC/M23 convergent depuis Kitshanga et Kalembe vers les localités de Minjenje, Bibwe, Malemo et Mpety. L’objectif de ce regroupement reste flou, mais il intervient au lendemain de la reprise par les FARDC des villages de Katobi et Luola, dans le groupement voisin de Kisimba (territoire de Walikale). Une perte stratégique qui semble avoir poussé les rebelles à consolider leurs positions dans le secteur de Bibwe.

Psychose et incertitude chez les civils

Les détonations de bombes et d’artillerie lourde ont plongé les habitants des villages environnants dans la panique. Beaucoup, habitués aux soubresauts violents de ce conflit qui n’en finit pas, redoutent une nouvelle escalade des combats – et avec elle, son cortège de déplacés et de destructions.

« On entend les avions et les explosions depuis le matin. Personne n’ose bouger. On vit dans la peur permanente », confie un habitant de Bashali contacté par téléphone.

Une offensive pour contrer un renforcement rebelle

Les récentes avancées des FARDC à Katobi et Luola avaient marqué un succès tactique certain. Mais le M23 semble déjà réagir en ramenant des troupes et en préparant une contre-offensive ou une défense en profondeur. La zone de Bibwe, carrefour d’accès vers plusieurs localités clés, constitue un enjeu militaire de taille.

En engageant l’aviation, les FARDC visent visiblement à frapper fort et vite, pour désorganiser les mouvements ennemis et empêcher la constitution d’un front stabilisé. Preuve que les opérations se professionnalisent, mais aussi que la guérilla pour le contrôle des territoires continue de plus belle.

La guerre de l’information, autre champ de bataille

Dans ce conflit où chaque camp communique autant par les armes que par la propagande, les versions peinent à coïncider. Les FARDC affirment mener une opération préemptive contre des « regroupements terroristes » ; le M23, de son côté, se présente souvent en posture défensive.

Une chose est sûre : la région reste un brasier sous cendres chaudes. Et chaque mouvement tactique, chaque bombe lâchée, chaque village repris ou perdu, influence l’équilibre précaire – et le destin de milliers de civils pris au piège.

La communauté internationale, elle, observe, s’alarme, mais peine à imposer une paix durable. En attendant, sur le terrain, c’est la loi des armes qui continue de parler.

Le M23 exhibe sa nouvelle armée, Kinshasa crie à la « mascarade » et saisit les médiateurs

 La scène avait des allures de provocation calculée. À Rumangabo, dans le Nord-Kivu, la rébellion du M23 a exhibé, ce mercredi, la fin de formation militaire de plus de 7 000 hommes. Des images de parade, diffusées largement, montrant des rangs serrés et une logistique apparente. La réaction de Kinshasa n’a pas tardé : le gouvernement va porter l’affaire devant les médiations américaine et qatarie, estimant « inacceptable » qu’un groupe engagé dans des pourparlers de paix se livre à de telles démonstrations de force.

« Il ne faut pas vous fier à toute cette campagne que vous voyez », a tonné Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, lors d’un point presse hebdomadaire. « Nous savons tous que c’est la brigade avancée de l’armée rwandaise. Dans ce que j’ai vu, il y a sûrement des enfants, des prisonniers et tout ce qui ne devrait normalement pas figurer sur ce montage grossier. »

Des recrues forcées et des prisonniers utilisés comme figurants ?

L’accusation est grave. Selon des sources proches du dossier, une grande partie des hommes présentés comme de « nouveaux recrues » seraient en réalité des militaires et policiers capturés à Goma et Bukavu, puis contraints à endosser l’uniforme rebelle. Or, ces mêmes personnels sont officiellement listés comme prisonniers devant être échangés dans le cadre du mécanisme de confiance du processus de Doha.

« Un Congolais qui aime sa patrie ne peut s’allier avec ceux qui n’ont pour seul dessein que de tuer, intimider », a insisté Muyaya, dépeignant une situation d’« horreur » dans les zones sous occupation rebelle.

Doha : des discussions qui patinent dans le sang

Alors que les délégués des deux parties poursuivent tant bien que mal leurs discussions à Doha sous l’égide du Qatar, la réalité sur le terrain est tout autre. Les violations du cessez-le-feu se multiplient, chaque camp rejetant la faute sur l’autre. La mise en œuvre des mesures de confiance, dont l’échange des prisonniers, est au point mort.

Pire : cette exhibition militaire à Rumangabo semble torpiller délibérément l’esprit des déclarations de principes signées à Doha et à Washington. « Tous les actes qui violent cet esprit sont rapportés », a prévenu le porte-parole, laissant entendre que Kinshasa pourrait revoir son engagement dans des pourparlers qu’il juge désormais piégés.

La guerre de la communication, avant-coureur d’une reprise des combats ?

Cette parade n’est pas qu’une démonstration de force ; c’est aussi un coup médiatique. Le M23, en montrant sa capacité à former massivement et rapidement, envoie un message clair à Kinshasa et à la communauté internationale : nous sommes prêts à durer, et à combattre.

La réponse de Kinshasa, par la voix de Muyaya, est tout aussi claire : nous ne sommes pas dupes, et nous utiliserons tous les canaux diplomatiques pour dénoncer la supercherie.

Reste que sur le front, les tensions sont palpables. Les accrochages se intensifient, la rhétorique se durcit, et la confiance, déjà ténue, s’effrite davantage. L’exhibition de Rumangabo pourrait bien être le prélude non pas d’une paix retrouvée, mais d’une nouvelle escalade meurtrière dans l’Est congolais. Le processus de Doha vit ses heures les plus critiques.

Wazalendo :Quand la loyauté à un prix – Les milices posent leurs conditions à Kinshasa

Dans l’Est congolais en feu, les milices Wazalendo, ces combattants populaires surgis de la colère civile, viennent de présenter la note à Kinshasa. Leur mémo, adressé directement au président Félix Tshisekedi, est un pavé dans la mare des stratégies de sécurité nationale. S’ils jurent encore fidélité à la République, c’est désormais à une condition : que le pouvoir achète leur allégeance en monnaie sonnante et trébuchante – pouvoir politique, postes institutionnels, et mainmise sur la gestion territoriale.

La scène se passe à Uvira, ville-carrefour au bord du lac Tanganyika, où les tensions ont récemment explosé autour de la présence contestée du général Olivier Gasita. L’épisode n’était qu’un prélude. Aujourd’hui, les Wazalendo formalisent leurs exigences. Et le catalogue est éloquent.

Du fusil au bureau : les revendications d’un État dans l’État

Leur liste va bien au-delà des simples considérations tactiques. Ils demandent l’interdiction pure et simple des mouvements de population en provenance des zones tenues par le M23 – une mesure radicale qui signerait l’entérinement de la partition de fait de la région.

Ils exigent que les autorités déployées à Uvira y résident réellement, et non confortablement installées à Bujumbura, la capitale voisine du Burundi. Un camouflet cinglant pour une administration souvent perçue comme lointaine et déconnectée.

Surtout, ils revendiquent le droit de déployer leurs propres hommes aux entrées stratégiques du Sud-Kivu, s’auto-proclamant garde-frontières d’un État défaillant. Mais la véritable bascule se niche plus loin : les Wazalendo ne veulent plus seulement se battre ; ils veulent siéger.

Ils exigent un siège à la table des négociations de paix, notamment à Doha, et réclament l’intégration de leurs cadres politiques « dans les gouvernements national et provincial, les institutions, services étatiques et para-étatiques ». En filigrane, c’est la demande de création d’une quota, d’une rente politique permanente. Pour s’assurer que leurs doléances remontent directement au sommet, ils poussent même pour la nomination d’un « conseiller spécial » dédié à leur cause au niveau de la présidence.

Kinshasa dans l’expectative, la RAD dans les limbes

Pour l’heure, le pouvoir observe, silencieux. Aucune réponse officielle n’a été formulée. Dans l’entourage du président, on botte en touche auprès de RFI, renvoyant la balle vers la Réserve Armée de la Défense (RAD). Cette structure paramilitaire, créée en 2023 précisément pour encadrer et canaliser ces forces populaires, est présentée comme le seul canal légitime. Problème : à Uvira et ailleurs, la RAD n’existe que sur le papier. Elle n’est pas déployée.

Résultat : des milliers de combattants, galvanisés par un sentiment de patriotisme et d’abandon, restent sous le commandement de chefs auto-proclamés. Leur allégeance aux FARDC est ténue, souvent conflictuelle. Ils ne se considèrent pas comme des soldats, mais comme les gardiens ultimes d’une nation qu’ils estiment trahie.

La question qui tue : qui contrôle les contrôleurs ?

La montée en puissance des Wazalendo pose une question vertigineuse : qui contrôle vraiment ces hommes en armes ? Leur présence ne se limite plus aux lignes de front. Des rapports récents d’ONG et de l’ONU les documentent désormais dans les villes, les cités et les villages du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu, agissant comme une autorité parallèle.

À Uvira, leur influence est palpable, leur pouvoir d’intimidation, réel. Leur récent affrontement avec le général Gasita n’était qu’un avertissement.

Kinshasa se trouve ainsi piégé. Il a encouragé l’émergence de ces milices pour contrer l’avancée du M23, mais il voit aujourd’hui se dresser une hydre à plusieurs têtes, exigeante, imprévisible et structurellement hostile à toute autorité qui n’émanerait pas d’elle-même.

En leur cédant, le pouvoir officialiserait la milicisation de l’État. En les réprimant, il risquerait de retourner contre lui des forces qu’il a lui-même armées et légitimées.

Le mémo des Wazalendo n’est donc pas une simple liste de demandes. C’est un ultimatum. La balle est désormais dans le camp de Félix Tshisekedi. Sa réponse, ou son silence, dessinera le visage futur de l’Est congolais : un État de droit, ou un marché de dupes où la violence négocie son prix au plus offrant.

Kabombo Muadiamvita consolide l’axe militaire Ankara-Kinshasa

Kinshasa, le 16 septembre – Le bureau du vice-Premier ministre congolais de la Défense ressemblait à un véritable état-major diplomatique ce mardi. Me Guy Kabombo Muadiamvita a enchaîné les rencontres stratégiques avec l’ambassadeur turc en RDC et des délégations d’industries de défense, confirmant le rapprochement militaire entre Kinshasa et Ankara.

Une coopération qui passe à la vitesse supérieure

En présence du chef d’état-major général des FARDC, Jules Banza Muilambwe, l’ambassadeur turc Murât Ülkü a exprimé la satisfaction de son gouvernement quant à la mise en œuvre concrète des accords militaires bilatéraux. Preuve de cette dynamique : l’arrivée imminente d’un attaché de défense turc en RDC, dont l’accréditation devrait être finalisée dans les prochains jours.

« La présence de l’ambassadeur turc marquera l’excellence de la coopération militaire et industrielle entre les deux pays frères », a déclaré Me Kabombo, soulignant le « soutien diplomatique constant » d’Ankara. Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de renforcer ces liens bilatéraux « dans l’intérêt des deux États ».

Le modèle turc comme inspiration congolaise

Sans pause, le vice-Premier ministre a enchaîné avec une réunion avec la délégation de l’industrie de défense turque et la société Afridex. Lors de ces échanges, Me Kabombo a révélé l’ambition du président Tshisekedi de développer « une industrie congolaise de défense autonome, inspirée du modèle turc ».

Cette annonce s’inscrit dans la continuité de la visite officielle du ministre congolais en Turquie en juillet dernier, où il avait participé au 17e salon international de l’industrie de défense (IDEF 2025) et rencontré son homologue turc, Yaşar Güler.

Vers une nouvelle architecture de sécurité

Ce rapprochement avec la Turquie représente un pivot stratégique pour la RDC. Le pays cherche à diversifier ses partenariats de défense tout en développant ses capacités industrielles militaires nationales. Le modèle turc, qui a réussi à bâtir une industrie de défense compétitive, fait figure de référence.

Alors que la RDC fait face à des défis sécuritaires multiples, ce partenariat avec Ankara pourrait marquer un tournant dans la modernisation des FARDC. Reste à voir comment cette coopération se traduira concrètement sur le terrain, dans un contexte régional toujours volatile.

le vol présidentiel pris en otage par une panne suspecte à N’Djili

 La tour de contrôle est restée muette, plongeant l’aéroport de N’Djili dans une vulnérabilité inédite. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une panne électrique d’envergure a paralysé les communications entre la tour et les aéronefs approchant de Kinshasa. Parmi eux, le vol présidentiel ramenant le chef de l’État Félix Tshisekedi d’une visite de 48 heures au Kazakhstan.

Pendant quarante longues minutes, l’avion officiel a dû effectuer plusieurs rotations au-dessus de la capitale congolaise, dans l’attente anxieuse d’une reconnexion des systèmes essentiels à son atterrissage. Selon une source sécuritaire, les autorités soupçonnent un acte de sabotage ayant provoqué l’interruption de l’alimentation électrique de la piste et des services aéroportuaires.

Réaction immédiate et suspensions

La réaction des autorités a été rapide et sans appel. Dès ce jeudi, le commandant de l’aéroport a été suspendu de ses fonctions « jusqu’à nouvel ordre » pour « désobéissance aux instructions ». Dans une correspondance officielle, le directeur général de la Régie des Voies Aériennes (RVA), Ngoma Mbaki Léonard, a fustigé la présence d' »un technicien de permanence incompétent » qui n’a pas su appliquer le protocole de secours inversé.

Plusieurs autres personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête ouverte, dont le Directeur Général de la RVA et des techniciens de l’aéroport, témoignant de la gravité avec laquelle les autorités congolaises considèrent cet incident.

Face à cette situation critique, la gestion de crise a conduit à la délocalisation de plusieurs aéronefs vers l’aéroport de Brazzaville/Mayaya, de l’autre côté du fleuve Congo. Une solution d’urgence qui souligne l’importance stratégique de N’Djili comme plaque tournante aérienne en Afrique centrale.

Entre dysfonctionnement et sabotage présumé

Si la RVA évoque officiellement une défaillance technique, les sources sécuritaires parlent ouvertement de sabotage. Cette divergence de versions alimente les spéculations sur les véritables causes de cette panne qui a mis en danger le vol présidentiel et perturbé tout le trafic aérien kinsois.

Cet incident intervient à un moment politique sensible, alors que le président Tshisekedi revient d’une visite au Kazakhstan où il a signé un accord important avec le groupe Eurasian Resources Group, marquant sa détermination à reprendre le contrôle des ressources stratégiques du pays.

L’enquête en cours devra déterminer s’il s’agit d’une simple négligence technique ou d’une manœuvre délibérée visant à compromettre la sécurité du chef de l’État. Dans tous les cas, cette panne révèle la vulnérabilité des infrastructures critiques congolaises et la nécessité d’une modernisation urgente des systèmes de sécurité aéroportuaires.

Frontière RDC-Burundi : exercices militaires à Gatumba sur fond de tensions à Uvira

Ce lundi 8 septembre, une annonce laconique de l’armée burundaise est venue troubler le lourd silence de la frontière .Dans l’enceinte du 111ᵉ bataillon d’infanterie de Gatumba, les soldats s’apprêtent à mener un entraînement de routine. L’état-major rassure : les détonations et le crépitement des armes qui vont déchirer l’air sont « planifiés et sous contrôle ». Mais à quelques centaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, la ville congolaise d’Uvira, dans le Sud-Kivu, retient son souffle. La coïncidence des calendriers intrigue, presque trop parfaite.

Une ville à vif face à une nomination contestée

Depuis plusieurs jours, Uvira est secouée par un séisme protestataire. La nomination du général Olivier Gasita, commandant chargé des opérations et du renseignement de la 33e région militaire, a mis le feu aux poudres. Pour une partie de la population et des miliciens Wazalendo, cet officier incarne une collusion avec la rébellion de l’AFC/M23. Son affectation est vécue comme une trahison.

Ce lundi matin, la tension n’a pas faibli. Dans les rues, des barricades bloquent les artères et des milliers d’habitants forment une marée humaine inquiète mais déterminée. Le sentiment d’être à la lisière du précipice domine. Chaque détonation venue du Burundi, même présentée comme routine, résonne comme un coup de semonce pour les habitants d’Uvira.

Un bras de fer entre l’État et la rue

Face à la défiance, l’armée congolaise maintient sa position. Par la voix de son porte-parole, elle dénonce une « manœuvre des ennemis de la République » et confirme le maintien du général Gasita. Un bras de fer s’engage, mettant à l’épreuve la légitimité de l’État.

Sur cette frontière poreuse et nerveuse, deux réalités s’opposent. Au Burundi, la froide précision d’un exercice militaire annoncé. En RDC, la chaleur brûlante d’une colère populaire qui refuse de s’éteindre. Entre les deux, une ligne fragile, sous le regard inquiet de la communauté, qui espère que les seules détonations de ce lundi resteront celles, contrôlées, de Gatumba — et non l’écho funeste d’un nouveau drame régional.

Les FARDC neutralisent sept miliciens Mobondo à Kwamouth

Les FARDC ont capturé sept miliciens Mobondo dans la nuit du dimanche 31 août au lundi 1er septembre. L’opération s’est déroulée au village « Au Revoir », sur la route nationale n°17, dans le territoire de Kwamouth, province de Maï-Ndombe. Des armes de guerre ont également été saisies.

Selon le capitaine Antony Mualushayi, porte-parole de l’opération Ngemba, ces miliciens étaient impliqués dans un braquage le même jour. Ils avaient attaqué un camion venant de Kinshasa et se dirigeant vers le village Twa. Les passagers ont été séquestrés, torturés et dépouillés de leurs biens.

Les FARDC ont intensifié leurs opérations après de récents affrontements ayant coûté la vie à plusieurs miliciens. Les autorités militaires exhortent les membres restants de la milice à se rendre pour éviter de nouvelles pertes humaines.

Depuis le début du conflit, les violences ont fait plus de 1 000 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant la crise humanitaire dans l’ouest de la RDC. L’opération Ngemba vise à restaurer la paix et la sécurité dans les zones affectées par les activités de la milice Mobondo.

M23 Doha : le Qatar confirme la reprise des négociations malgré les combats

Alors qu’un black-out total entoure les pourparlers, la diplomatie qatarienne a confirmé mardi 26 août la poursuite des négociations entre le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC/M23 à Doha. Deux points sont à l’ordre du jour : la mise en place d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers.

« Nous avons reçu ici, à Doha, les deux parties, la RDC et le M23 », a déclaré Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères. « Les discussions portent sur un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers », a-t-il ajouté, sans entrer dans les détails.

Des délégations réduites à Doha

Arrivés le 20 août, les représentants de Kinshasa et du M23 Doha n’ont pour l’instant dépêché que des équipes réduites. Les délégués du groupe armé n’ont reçu mandat que pour discuter de ces deux points, en attendant l’arrivée d’un chef négociateur et de son équipe. Malgré la déclaration de principes signée le 19 juillet, qui prévoit la libération des détenus de chaque camp, le processus reste encore bloqué.

Le CICR entre en action

À Kinshasa, le vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a confirmé que le CICR a commencé à identifier les prisonniers des deux camps. « Dans la déclaration de Doha, les mesures de confiance incluent cette procédure de libération. Le CICR, spécialisé dans ce domaine, a déjà pris contact officiellement avec les différentes parties », a-t-il expliqué.

Selon lui, le gouvernement congolais collabore activement pour fournir les données nécessaires à la médiation et au CICR. Cette étape est jugée cruciale pour parvenir à une déclaration de paix conforme aux engagements pris.

Les combats continuent sur le terrain

Malgré ces avancées diplomatiques, la réalité reste sombre à l’Est du pays. Le week-end dernier, de violents combats ont repris au Sud-Kivu, soulignant le fossé entre les discussions de Doha et la situation sur le terrain.

les États-Unis alertent l’ONU sur les atrocités dans l’Est

20 août 2025 | Washington / RDC – Les États-Unis ont réclamé mercredi une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour examiner les atrocités commises contre les civils dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Washington hausse le ton

« La violence visant les civils dans l’Est de la RDC est inacceptable », a déclaré le Bureau des affaires africaines du département d’État. Washington exhorte toutes les parties à respecter le cessez-le-feu signé à Doha entre Kinshasa et le M23. Les États-Unis promettent aussi de soutenir des mesures de reddition de comptes contre ceux qui sapent la paix.

Des ONG tirent la sonnette d’alarme

Le même jour, Amnesty International a dénoncé des exactions commises tant par le M23 que par les milices pro-gouvernementales wazalendo dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu : exécutions sommaires, viols collectifs, enlèvements de patients et attaques d’hôpitaux.

Human Rights Watch a, de son côté, accusé le M23 d’avoir massacré plus de 140 civils en juillet près du parc des Virunga, dans le territoire de Rutshuru.

Nouvelle avancée des rebelles

Sur le terrain, la situation reste explosive. Selon Actualité.cd, le M23 a installé une nouvelle position entre Kibati et Kaliki (Walikale), après des affrontements avec les wazalendo. Des mouvements de population ont été signalés dans les villages de Kangati et Ngenge.

Un accord de paix déjà fragilisé

Ces violences interviennent moins de deux mois après la signature, à Washington, d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine, censé mettre fin à des décennies de violences dans l’Est du pays.

Maxime Prévot à Kinshasa : une tournée sous tension pour la paix en RDC

En tournée politique et humanitaire en Afrique centrale et orientale, le vice-Premier ministre belge Maxime Prévot alerte sur la situation dramatique à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Après son passage à Brazzaville, où il a exhorté les pays africains et l’Union africaine à renforcer leur implication dans les efforts de paix, M. Prévot est arrivé le mardi 19 août à Kinshasa. Le Président Félix Antoine Tshisekedi l’a reçu à la Cité de l’Union africaine pour un entretien de près de deux heures.

Des critiques partagées avec Vital Kamerhe

Lors d’un point de presse, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a souligné l’impact limité des accords de Washington et de Doha. Selon lui, ces démarches diplomatiques n’ont pas encore produit de résultats concrets.

En réponse, Maxime Prévot a reconnu un « décalage évident entre les intentions couchées sur papier et la réalité ». Il a ajouté que « le mois écoulé depuis la signature des accords est probablement l’un des plus meurtriers ».

Une situation humanitaire alarmante

Le chef de la diplomatie belge a dénoncé la persistance des violences, des viols et des tueries dans l’Est de la RDC. Il a averti que le M23 « s’installe, organise sa propre administration, remplace les chefs coutumiers et agit comme si le territoire était devenu leur État ». Une situation qu’il a jugée « inacceptable ».

Maxime Prévot a insisté sur l’urgence humanitaire. Les hôpitaux du Nord et du Sud-Kivu débordent, tandis que Médecins sans frontières alerte sur la recrudescence des violences et le risque d’épidémies.

Mobiliser l’Europe et renforcer le dialogue national

La Belgique veut remettre la crise congolaise à l’agenda européen. « Nous avons toujours défendu le droit international, l’intégrité des territoires et la souveraineté des États. Ces principes ne sont pas respectés aujourd’hui à l’Est du Congo », a déclaré M. Prévot.

Il a aussi encouragé le lancement d’un dialogue national en RDC. Selon lui, la paix doit passer par des signaux internes forts, en plus de la mobilisation internationale.

Une diplomatie belge active dans la région

Il s’agit de la deuxième visite de Maxime Prévot en RDC en quatre mois. Après Brazzaville et Kinshasa, il doit se rendre à Lubumbashi puis au Kenya, où il évoquera la crise humanitaire en Éthiopie.

Le ministre belge est accompagné de l’ambassadrice du Royaume de Belgique en RDC, de l’envoyé spécial pour les Grands Lacs, Marc Pecsteen, et de son conseiller Afrique, Thomas Stevens.

Les FARDC et les Wazalendo reprennent Katana, tensions persistantes au Sud-Kivu

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les résistants Wazalendo, ont repris le contrôle de plusieurs localités stratégiques du Sud-Kivu occupées par les rebelles du M23. Katana et ses environs sont désormais sous contrôle congolais, tandis qu’une partie de Mulamba, dans le territoire de Walungu, est tenue par les Wazalendo.

Selon des sources locales, les combattants du M23, soutenus par l’armée rwandaise (RDF), ont battu en retraite après de violents affrontements. Cependant, la situation reste instable : les insurgés renforcent leurs positions en hommes et en armes lourdes après leur repli de Kabare, Katana et Bukavu.

Uvira reste sous contrôle congolais

Contrairement aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, la ville d’Uvira et la plaine de la Ruzizi restent sous le contrôle conjoint des FARDC et des Wazalendo. Une source locale critique l’inefficacité des accords de paix signés à Doha et à Washington :

« À quoi servent ces accords si, sur le terrain, les combats continuent ? Le Rwanda et ses supplétifs du M23 ne sont pas sincères. L’État doit doter notre armée des moyens nécessaires pour stopper cette aventure. »

Menace persistante sur le Sud-Kivu

Les affrontements se poursuivent sur plusieurs fronts. Selon des informations concordantes, le M23 viserait à prendre Uvira pour étendre sa zone d’influence. Les FARDC, elles, réaffirment leur détermination à repousser toute menace, quelle qu’en soit l’origine.

RDC–Brésil : Un nouvel élan pour la coopération militaire

Un partenariat stratégique renforcé. En visite officielle au Brésil dans le cadre de la tournée gouvernementale en Amérique latine, le vice-Premier ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Me Guy Kabombo Muadiamvita, poursuit sa mission de consolidation des coopérations militaires pour la montée en puissance des FARDC, conformément à la vision du Commandant suprême, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Ce mardi 12 août 2025, à Brasília, Me Guy Kabombo a été reçu par son homologue brésilien, S.E. José Múcio Monteiro, au ministère de la Défense de la République fédérative du Brésil. Les échanges ont porté sur les opportunités de collaboration bilatérale dans le domaine de la défense.

Les discussions ont permis de passer en revue les anciens projets de coopération et de les concrétiser par la signature d’un mémorandum d’entente. Ce document couvre :

  • Le renforcement des capacités opérationnelles des FARDC

  • L’acquisition d’équipements militaires

  • Les échanges d’expertise et d’expériences dans l’industrie militaire

  • L’entraînement des unités spéciales aux techniques de combat en milieu tropical et jungle

Sous l’impulsion de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, cette étape marque une avancée majeure dans les relations stratégiques RDC–Brésil, ouvrant la voie à une coopération militaire plus structurée et durable.

Accord RDC-Rwanda : Pourquoi la neutralisation des FDLR tarde-t-elle à se concrétiser ?

Depuis la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda le 27 juin 2025 à Washington, la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) peine à démarrer. Ce groupe rebelle hutu, originaire d’anciens génocidaires rwandais, devait être neutralisé dans un délai initial de trois mois, assorti du retrait des mesures « défensives » du Rwanda.

Or, près de 50 jours plus tard, la mise en œuvre est au point mort. Si le texte prévoyait une première phase de sensibilisation, planification et coordination dans les quinze jours suivant la signature, aucune action concrète n’a été visible sur le terrain. Les échéances se décalent et le statu quo persiste.

Un mécanisme conjoint de coordination difficile à lancer

Le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité (JSCM), clé pour identifier et localiser les FDLR, devait être opérationnel au plus tard le 27 juillet. Pourtant, il a tardé à se mettre en place et sa première réunion n’a eu lieu que récemment… en Éthiopie, loin de la RDC et du Rwanda. Ce choix de lieu symbolise les difficultés diplomatiques sous-jacentes.

Kinshasa et Kigali ont finalement adopté des termes de référence, mais le véritable travail de mise en œuvre ne commencera qu’à la prochaine réunion prévue en septembre. C’est à cette occasion que les rôles et responsabilités des différents acteurs seront précisés.

Une situation toujours tendue sur le terrain

Les tensions restent vives entre les deux pays. Le Rwanda dénonce l’absence de coupure effective entre Kinshasa et les FDLR. De son côté, la RDC accuse Kigali de continuer à soutenir le mouvement rebelle AFC/M23, ce qui alimente la méfiance.

Un diplomate régional rappelle toutefois que la clé du succès ne réside pas dans le respect strict des délais, mais dans la volonté réelle des parties à coopérer.

La neutralisation des FDLR demeure un enjeu majeur pour la paix dans la région des Grands Lacs. Mais pour l’instant, les avancées concrètes se font attendre, laissant planer de lourds doutes sur la capacité des acteurs à dépasser leurs différends.

Kigali rejette les accusations de massacres du rapport de l’ONU sur le M23

Le gouvernement rwandais a fermement rejeté, ce lundi 11 août 2025, le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme accusant les rebelles de l’AFC/M23, avec l’appui présumé des Forces de défense du Rwanda (RDF), d’avoir massacré au moins 319 civils en juillet dernier dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.

Kigali parle de « fausses accusations » et s’interroge sur la crédibilité du Haut-Commissaire Volker Türk et la méthodologie utilisée. Pour le ministère rwandais des Affaires étrangères, ces allégations sont non seulement infondées, mais elles risquent aussi de compromettre les efforts diplomatiques en cours pour mettre fin au conflit en République démocratique du Congo.

Le Rwanda dénonce un risque pour le processus de paix

« Dans un contexte où la MONUSCO a longtemps échoué à protéger les civils touchés par l’insécurité, les accusations sensationnalistes du Haut-Commissariat aux droits de l’homme risquent de saper les processus en cours visant à résoudre pacifiquement le conflit en RDC », a déclaré Kigali.

La RDC et le Rwanda ont pourtant signé un accord de paix à Washington sous médiation américaine, tandis qu’un second processus est toujours en cours à Doha, au Qatar, avec pour objectif un accord global de paix incluant le M23.

L’ONU pointe des exécutions massives en juillet

Le rapport de l’ONU affirme que, du 9 au 21 juillet, des civils – principalement des agriculteurs – ont été tués lors d’opérations menées par l’AFC/M23 avec l’appui de la RDF. Au moins 48 femmes figureraient parmi les victimes. L’ONU évoque notamment des attaques dans le groupement de Binza, dans le Rutshuru, sur l’axe Kiseguru-Nyamilima, autour du parc des Virunga, contre des combattants hutus rwandais des FDLR.

L’AFC/M23 a, de son côté, rejeté en bloc ces conclusions, les qualifiant de « sans fondement ».

M23 conteste le rapport de l’ONU : “Des accusations sans fondement et politiquement motivées”

À peine quelques jours après la signature d’un cessez-le-feu fragile à Washington, le mouvement rebelle AFC/M23 rejette avec virulence les accusations de massacres formulées par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).

Dans un communiqué publié ce vendredi 8 août, le M23 dénonce un rapport qu’il juge « non fondé », « contradictoire » et « politiquement motivé », qualifiant les affirmations de l’ONU de « graves atteintes à sa crédibilité ». Le rapport, daté du 6 août, impute au M23 la mort de 169 à 319 civils entre le 9 et le 21 juillet 2025, dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.

Des témoignages jugés « compromis »

Selon l’ONU, les crimes présumés incluraient exécutions sommaires, disparitions forcées, et destructions massives de villages. Des accusations fermement rejetées par le M23, qui remet en cause la méthodologie employée par les enquêteurs : celle-ci s’appuierait, selon lui, sur des témoignages non corroborés émanant de sources compromises, notamment les milices Wazalendo et les FDLR, régulièrement accusées elles-mêmes de crimes graves.

Le M23 souligne que certaines zones mentionnées dans le rapport se situent dans le parc national des Virunga, où toute activité civile est interdite, ce qui, selon lui, invaliderait plusieurs éléments du dossier.

Une contre-accusation dirigée vers Kinshasa

Dans une démarche offensive, l’AFC/M23 accuse à son tour le gouvernement congolais de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, citant notamment les massacres de populations Banyamulenge et Hera, ainsi que des bombardements de zones civiles.

Le mouvement exige le retrait immédiat du rapport, des excuses publiques de l’ONU, et la mise en place d’une enquête indépendante. Il se dit toujours engagé à protéger les populations civiles et dénonce une instrumentalisation politique des mécanismes internationaux de justice.

Vers une remise en question du cessez-le-feu signé à Washington ?

La publication de ce rapport intervient dans un contexte diplomatique délicat, quelques jours seulement après la signature d’un accord de cessez-le-feu à Washington, sous la médiation des États-Unis, du Qatar, et de l’Union africaine. Cet accord, présenté comme une avancée majeure, semble déjà fragilisé.

La méfiance réciproque entre Kinshasa et le M23, aggravée par ces accusations, compromet sérieusement la mise en œuvre du processus de paix. Si les tensions persistent, la promesse de désescalade dans l’Est du Congo pourrait rapidement tourner court.

Sommet EAC-SADC à Nairobi : une réponse régionale coordonnée à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC

Réunis ce vendredi 1er août 2025 à Nairobi, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont adopté des mesures majeures pour faire face à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Ce sommet conjoint, coprésidé par William Ruto (président du Kenya, EAC) et Emmerson Mnangagwa (président du Zimbabwe, SADC), vise à harmoniser les efforts diplomatiques régionaux avec les initiatives internationales récentes.

Parmi les décisions phares :

  • La fusion immédiate des structures de médiation et de facilitation de l’EAC, de la SADC et de l’Union africaine, désormais centralisées sous l’autorité de l’UA à Addis-Abeba.

  • La création d’un secrétariat technique conjoint, piloté par l’Union africaine, pour assurer la coordination effective de cette nouvelle architecture régionale.

  • La finalisation des termes de référence des facilitateurs et du médiateur de l’UA, qui devront être validés par un sommet EAC-SADC.

Ces résolutions s’inscrivent dans la continuité de l’accord de paix signé à Washington entre la RDC et le Rwanda, et de la déclaration de principes de Doha entre Kinshasa et les représentants de l’AFC/M23, soutenue par les États-Unis et le Qatar.

Accords internationaux signés, mais la situation reste fragile sur le terrain

Malgré l’élan diplomatique de Washington et Doha, la réalité sur le terrain demeure préoccupante. Dix jours après la signature de la déclaration de Doha, aucune mesure de confiance concrète n’a été mise en œuvre. La reprise des pourparlers prévue avant le 8 août semble compromise, et la signature d’un accord de paix global attendue le 17 août 2025 est incertaine.

Cette stagnation inquiète les médiateurs, alors que les violences continuent dans plusieurs zones du Nord-Kivu. La crise sécuritaire dans l’Est de la RDC reste donc un défi de taille, menaçant les efforts diplomatiques menés depuis juin.

Fusion des mécanismes et pression sur les parties : quel avenir pour le processus de paix ?

Le sommet de Nairobi marque une étape importante dans la volonté des organisations régionales africaines de prendre le relais et agir de manière unifiée. Mais la réussite du processus dépendra de la capacité des parties prenantes à respecter leurs engagements, à commencer par les mesures de désescalade prévues.

Alors que les regards se tournent vers la réunion de suivi prévue aux États-Unis début août, la RDC et ses partenaires doivent passer des intentions à l’action. Car sans avancée concrète, les échéances prévues dans le calendrier de Doha risquent d’être dépassées — et avec elles, l’opportunité d’un retour durable à la paix dans les Grands Lacs.

Scandale diplomatique : un agent Congolais arrêté en Bulgarie pour trafic de drogue

Le ministère des Affaires étrangères de la RDC a réagi avec indignation ce jeudi 31 juillet 2025, après l’arrestation d’un diplomate congolais en Bulgarie, pris en flagrant délit de trafic de stupéfiants.

Dans un communiqué officiel, les autorités congolaises ont qualifié les faits de « particulièrement graves » et « inacceptables ». Selon les informations disponibles, Jean de Dieu Mutebwa Mulumba, l’agent en question, a été interpellé le 18 juillet à la frontière bulgaro-turque, à bord d’un véhicule diplomatique lors d’un déplacement non autorisé par l’ambassade dont il dépendait.

Un cas isolé mais choquant

Kinshasa insiste : cet incident est totalement contraire à l’éthique et aux valeurs de la diplomatie congolaise. Le gouvernement affirme qu’il s’agit d’un cas isolé et a immédiatement pris une série de mesures disciplinaires fortes :

  • Rappel définitif du diplomate concerné ;

  • Levée de ses immunités diplomatiques ;

  • Notification officielle aux autorités bulgares de la position congolaise ;

  • Envoi d’une mission conjointe (Affaires étrangères et Justice) à Sofia pour suivre le dossier de près.

Tolérance zéro pour les abus

Le ministère tient à rassurer l’opinion publique : une enquête est en cours pour faire toute la lumière sur cette affaire. Des sanctions exemplaires seront prises, dans le respect des lois en vigueur. Kinshasa réaffirme par ailleurs sa politique de tolérance zéro face à tout abus ou manquement au devoir par ses représentants à l’étranger.

Kinshasa ouvre un colloque international sur le GENOCOST et relance l’appel à un Tribunal pénal pour la RDC

Sous la coordination de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, un colloque international s’est ouvert ce lundi 29 juillet 2025 à Kinshasa, consacré à la reconnaissance des génocides commis sur le sol congolais. Cette rencontre majeure s’inscrit dans le cadre de la troisième commémoration du GENOCOST, célébrée chaque 2 août.

Vers un Tribunal pénal international pour la RDC ?

Réunissant juristes, chercheurs, représentants d’institutions nationales et internationales, le colloque vise à faire avancer la vérité historique et juridique autour des crimes à caractère génocidaire perpétrés en RDC depuis les années 1990. L’un des points clés de cette mobilisation est l’intensification du plaidoyer diplomatique, avec un objectif clair : la création d’un Tribunal pénal international pour la RDC, à l’image de ceux pour le Rwanda ou l’ex-Yougoslavie.

Une stratégie nationale pour la mémoire et la justice

Au-delà des ambitions judiciaires, le gouvernement a annoncé l’élaboration d’une stratégie nationale de mémoire, afin d’honorer les millions de victimes, tout en impliquant la diaspora congolaise dans ce processus mémoriel. L’approche adoptée est transversale : historique, scientifique, politique, mais surtout profondément humaine.

Un engagement fort du président Tshisekedi

Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a réaffirmé que :

“Le GENOCOST ne se limite pas à la réparation. Il constitue un appel à la vérité, à la justice et à la non-répétition.”

Un message fort, alors que la RDC intensifie son plaidoyer au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et devant l’Assemblée générale des Nations unies, pour que les crimes de masse dont elle a été victime soient reconnus comme génocidaires.