Dans une interview récente, Donald Trump avait déclaré : « J’ai mis fin à la guerre entre le Congo et le Rwanda. Ils m’ont dit : ‘S’il vous plaît, nous aimerions que vous veniez prendre nos minérales.’ Et c’est ce qu’on va faire. » Une déclaration choc, qui mêlait paix, prospérité économique et ambitions stratégiques américaines, et qui relançait le débat sur le véritable moteur de l’accord RDC-Rwanda signé à Washington.
Mais derrière cette communication triomphante se cachait une réalité plus nuancée. Paul Kagame, dans une interview exclusive à Al Jazeera, avait révélé que c’était en réalité la RDC qui avait initié les négociations à Doha et à Washington, et non le Rwanda. Le président rwandais avait émis un scepticisme implicite sur les intentions de Tshisekedi, accusé d’avoir tenté d’orienter le processus à son avantage, tout en soulignant la qualité des ressources minières rwandaises et en rejetant les accusations d’exploitation des minerais congolais.
Ce contraste posait une question centrale : la paix entre Kinshasa et Kigali était-elle un véritable succès diplomatique ou servait-elle surtout des intérêts économiques et géostratégiques ?
Les États-Unis, eux, avaient affiché une stratégie claire : sécuriser l’accès aux minerais stratégiques de la RDC, réorienter les corridors logistiques vers l’Ouest pour contrer l’influence chinoise et inscrire durablement la région dans leurs chaînes d’approvisionnement. Du tungstène rwandais de haute qualité au lithium et cobalt congolais, chaque ressource devenait un levier économique et stratégique, tandis que Kinshasa et Washington bâtissaient une réserve stratégique d’actifs miniers.
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Derrière les discours sur la paix, c’était un véritable ballet diplomatique et économique qui se jouait, mêlant rivalités sino-américaines, ambitions locales et enjeux régionaux. Tshisekedi, au centre de ce dispositif, devait transformer ce fragile équilibre en levier de développement national, prouvant sa crédibilité et sa capacité à gérer ses ressources.
Une paix déjà ébranlée
À peine cinq jours après la signature de l’accord, la ville stratégique d’Uvira était tombée aux mains du M23, un groupe soutenu par le Rwanda. Le 8 décembre, dans son septième discours sur l’état de la Nation, Félix Tshisekedi avait dénoncé avec vigueur les attaques provenant de Bugarama, qu’il qualifiait de violation flagrante du cessez-le-feu. « Au lendemain même de la signature, des unités des Forces de défense du Rwanda avaient conduit et appuyé des attaques à l’arme lourde tirées depuis la ville rwandaise de Bugarama, provoquant de lourds dégâts humains et matériels », avait-il déclaré, accusant directement Kigali de trahir ses engagements pris à Washington.
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De son côté, Paul Kagame, face aux nouveaux membres de son gouvernement, avait rejeté fermement ces accusations. Il avait pointé la présence de troupes burundaises en RDC et défendu la légitimité de la défense rwandaise. Selon lui, le Rwanda n’avait fait que répondre à un vide sécuritaire, et ce n’était pas à son pays d’assumer les problèmes régionaux. Cette contre-offensive diplomatique illustrait un double récit : Tshisekedi parlait de trahison, Kagame de légitime défense.
L’accord RDC-Rwanda, présenté comme un cadre de paix et de prospérité, apparaissait donc déjà comme fragile. Entre les ambitions minières, les enjeux stratégiques américains et les tensions sur le terrain, la paix signée à Washington semblait déjà mise à l’épreuve.
La signature à Washington avait marqué un tournant historique, mais la réalité sur le terrain révélait que la paix était, pour l’instant, un échec concret. Entre intérêts économiques, rivalités régionales et violations du cessez-le-feu, la région des Grands Lacs montrait que la diplomatie seule ne suffisait pas à garantir la stabilité.

la Rawbank a fait parvenir un communiqué officiel : l’incident sécuritaire est « maîtrisé ». Les assaillants ont été « neutralisés » grâce à la « réactivité exemplaire des autorités et à la coordination des équipes de sécurité de la banque ». Le bilan est rassurant : « Aucun blessé n’est à déplorer parmi le personnel ou les clients présents sur place ».
Dans un communiqué au ton ferme, le M23 affirme que les forces coalisées du régime de Kinshasa ont mené, dès le lendemain, d’intenses bombardements sur des zones civiles et sur plusieurs de leurs positions dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Selon le mouvement, ces attaques auraient été conduites à l’aide de drones et d’avions de combat SUKHOI-25, suivies d’assauts terrestres à Kadasomwa, Lumbishi et Kasake.