Grands Lacs : les chefs militaires en conclave à Kinshasa

KINSHASA – Dans la salle de conférence aux lumières tamisées, les uniformes se mêlent aux costumes. Ce jeudi, Kinshasa accueille la 19e réunion des chefs d’état-major des armées de la région des Grands Lacs. Douze pays représentés, une mission commune : trouver les voies d’une paix insaisissable dans une région minée par les conflits.

Une réunion aux enjeux stratégiques

Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, ouvre la séance au nom du gouvernement congolais. À ses côtés, son homologue de l’Intégration régionale, Anzulini. Les deux hommes font face aux plus hauts responsables militaires de la CIRGL, rassemblés pour examiner l’épineuse situation sécuritaire et humanitaire de la région.

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Trois dossiers brûlants dominent les discussions : l’analyse de la crise persistante dans l’Est de la RDC, l’évaluation du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, et la préparation des recommandations pour le sommet des chefs d’État prévu le 15 novembre. Des travaux techniques qui pourraient changer la donne sur le terrain.

Le poids de l’histoire

Julien Paluku, dans une intervention remarquée, convoque la mémoire collective. « J’étais présent au Sommet de Kampala en novembre 2012 », rappelle-t-il, évoquant les décisions cruciales prises à l’époque face à la rébellion du M23. Treize ans plus tard, le même mouvement armé défie à nouveau l’autorité de l’État congolais.

« L’histoire va-t-elle se répéter ? Wait and see ! », lance-t-il, dans une formule qui sonne comme un avertissement. Cette référence historique plane sur les débats, rappelant que les erreurs du passé pourraient éclairer les solutions de demain.

Un test pour la diplomatie congolaise

Cette réunion représente bien plus qu’une simple rencontre technique. Pour la RDC, qui assure la coordination des travaux, il s’agit d’un véritable test diplomatique. Le pays démontre sa volonté de jouer un rôle moteur dans la résolution des crises régionales.

Les recommandations qui émergeront de ces travaux alimenteront directement le sommet des chefs d’État dans neuf jours. Les militaires préparent ainsi le terrain pour des décisions politiques potentiellement historiques.

Alors que les discussions se poursuivent dans les salles climatisées de Kinshasa, une question demeure : ces échanges déboucheront-ils sur des actions concrètes capables d’apaiser les tensions dans les Kivus ? La réponse se joue autant dans les couloirs de la conférence que sur les collines du Nord-Kivu, où les armes continuent de parler.

Goma : La piste humanitaire qui divise les Grands Lacs

La piste d’atterrissage de l’aéroport de Goma est devenue, soudainement, la nouvelle ligne de front diplomatique des Grands Lacs. Depuis Paris, le jeudi 30 octobre, Emmanuel Macron a annoncé sa réouverture prochaine aux vols humanitaires, provoquant aussitôt un tollé du Rwanda et du mouvement rebelle M23.

Derrière cette décision en apparence technique, se joue en réalité un bras de fer géopolitique où chaque mot compte. Le président français, s’exprimant lors de la conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, a déclaré :
« L’aéroport rouvrira dans les prochaines semaines pour des corridors humanitaires, dans le strict respect de la souveraineté congolaise. »

Cette annonce vise avant tout à désenclaver l’Est de la République démocratique du Congo, asphyxié par près d’un an de combats acharnés entre l’armée congolaise et la rébellion du M23.

Kigali oppose un veto diplomatique

Le Rwanda riposte dans l’heure. Son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, conteste violemment la légitimité de Paris : « L’aéroport se trouve sous le contrôle des autorités de fait, le M23. Une telle décision relève des négociations de Doha, pas d’une conférence parisienne. » Un rejet catégorique qui sonne comme un désaveu pour la diplomatie française.

Dans le camp rebelle, Corneille Nangaa, coordinateur politique du M23, enfonce le clou : « Cette annonce inopportune ignore totalement la réalité du terrain. Comment parler de réouverture quand les bombardements de Kinshasa détruisent ponts et aérodromes ? » L’ancien président de la CENI congolaise accuse même les « lobbys humanitaires » de « profiter de la détresse des populations ».

Kinshasa célèbre une victoire souveraine

Le gouvernement congolais, lui, savoure une revanche diplomatique. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, tonne : « Ni l’agitation du père Rwanda ni celle du fils M23 n’entraveront cette avancée humanitaire. Vouloir marchander l’aide aux déplacés révèle le cynisme de nos agresseurs. »

Les mots choisis trahissent l’amertume accumulée : le « père » et le « fils » dessinent une filiation jugée indécente entre Kigali et la rébellion. Le message est clair : Kinshasa considère cette réouverture comme un acte de souveraineté retrouvée.

Derrière cette batille sémantique, l’urgence humanitaire persiste. Des millions de déplacés attendent médicaments et nourriture. La France espère que ces vols humanitaires soulageront des vies, mais la réaction violente du Rwanda et du M23 prouve qu’à Goma, chaque piste d’atterrissage reste un enjeu de pouvoir. La région des Grands Lacs retient son souffle, suspendue au premier atterrissage.

Crise des Grands Lacs : le casting inédit de la diplomatie française

Ils sont venus à Paris, portant le poids d’une crise et l’espoir ténu d’une médiation. Autour de la table, ce jeudi, le président congolais Félix Tshisekedi, dont le pays saigne dans l’indifférence relative, écoute. Face à lui, le président togolais Faure Gnassingbé, en sage mandaté par l’Union africaine, et l’influent ministre qatari Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, négociateur des dossiers impossibles. Les États-Unis et l’Union européenne, représentés par Massad Boulos et Kaja Kallas, complètent ce casting diplomatique réuni à l’initiative de l’Élysée.

Mais dans le théâtre feutré de la diplomatie internationale, les silences en disent souvent plus long que les discours. Et à Paris, les absents résonnent avec une force particulière. Les fauteuils vides des présidents Paul Kagame du Rwanda, Évariste Ndayishimiye du Burundi et Yoweri Museveni de l’Ouganda dessinent les contours de l’impasse. Leur boycott, poli mais ferme, rappelle une évidence cruelle : on ne peut imposer la paix à des belligérants qui refusent de s’asseoir ensemble.

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La France tente pourtant de jouer les facilitateurs. En conviant les soutiens continentaux et les bailleurs internationaux, elle espère créer un momentum, une dynamique suffisante pour faire plier les récalcitrants. Les attentes sont colossales : débloquer une aide humanitaire d’urgence, imaginer des perspectives économiques et, surtout, réinjecter une once de confiance dans un dialogue régional au point mort.

Paris lance un pari audacieux sur l’échiquier des Grands Lacs. Mais la première règle de la diplomatie est de réunir toutes les parties autour de la table. Aujourd’hui, en réussissant à rassembler les médiateurs mais en échouant à convaincre les principaux protagonistes, l’Élysée donne à voir les limites de son influence. La conférence de Paris pourrait bien n’être qu’une répétition générale, en attendant que les véritables stars daignent enfin monter sur scène.

Crise des Grands Lacs : l’ultime appel de Paris

PARIS — Ce jeudi 30 octobre, les lumières de la diplomatie mondiale se braquent sur la capitale française. Dans le silence feutré des salons officiels, une cinquantaine de nations s’apprêtent à ausculter une crise qui ne fait plus la une, mais qui continue de broyer des vies. Au cœur des débats : l’urgence humanitaire dans la région des Grands Lacs, un dossier où la générosité internationale s’épuise, tandis que les besoins, eux, explosent.

Sous le double patronage de la France et du Togo, cette conférence se veut un électrochoc. Un ultime sursaut pour « resensibiliser » des bailleurs en proie à ce que les diplomates appellent, avec une froide pudeur, la « fatigue ». La fermeture des programmes de l’USAID en RDC n’est que la partie émergée d’un iceberg de désengagement.

L’heure du constat amer

« Les efforts de financement sont en baisse », constate, sans fard, Rémy Maréchaux, ambassadeur de France en RDC. Sa voix porte l’urgence des terrains oubliés. Pour lui, la bataille se gagne d’abord par les mots : il faut « réexpliquer » l’indicible. C’est la mission dévolue aux humanitaires et aux représentants de la société civile congolaise invités à cette table ronde : donner un visage et un nom à des statistiques qui ne font plus frémir.

Au-delà de l’argent, l’accès

La seconde partie des assises s’annonce plus ardue encore. Il ne s’agira plus seulement de comptes, mais de principes : le respect du droit international humanitaire. Comment acheminer l’aide quand les routes sont coupées, les humanitaires menacés, les zones de conflit inaccessibles ?

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« Ce qui est important, c’est que les acteurs humanitaires puissent travailler librement », insiste l’ambassadeur. Son plaidoyer trace une ligne rouge : sans accès garanti, sans entraves levées, les fonds les plus colossaux resteront lettre morte.

Paris tente donc un pari : ranimer la flamme d’une solidarité à bout de souffle. Dans les coulisses, on espère que cette « autopsie » ne se transformera pas en oraison funèbre de l’aide internationale, mais en son sursaut salvateur. Le temps n’est plus aux discours, mais à l’action. Les millions de déplacés de l’Est congolais, et au-delà, attendent que les mots prononcés sous les ors de Paris se transforment enfin en pain et en médicaments.

Le hold-up de la place Victoire et l’énigme des 10 500 dollars

KINSHASA – Dans le prétoire, l’accusation dessine les contours d’un casse méthodique : une bande organisée, un braquage ciblé, une banque dévalisée. Mais depuis le début de l’instruction, mardi 28 octobre 2025, c’est une tout autre version qui émerge, plus trouble, où les rôles de prédateurs et de victimes semblent se brouiller. Au cœur des débats, une énigme : que sont devenus les 10 500 dollars volés à l’agence Rawbank de la place Victoire ?

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Les trois prévenus, dont Honorine Porche, pointent unanimement du doigt les hommes en uniforme. L’argent ? Saisi par les agents de l’ordre lors de l’interpellation, affirment-ils. La présumée braqueuse raconte une arrestation violente. « Les agents m’ont battue avant de s’emparer du sac contenant l’argent, puis m’ont arrêtée », témoigne-t-elle, dessinant les contours d’une scène où la force policière aurait basculé en opportunisme pur.

Le chef de la sécurité accuse à son tour

Le doute s’installe davantage avec la déposition de l’AC Kashama, pourtant chef de poste de la sécurité de la banque ce jour-là. Son témoignage est une bombe. Il désigne nommément les unités impliquées : la « Task Force » et une autre unité seraient, selon lui, les seules à connaître la destination finale des 10 500 dollars. Une accusation grave, qui jette une ombre sur l’intégrité de l’opération policière.

Un double procès pour une même affaire

L’affaire est si trouble qu’elle a engendré une procédure judiciaire parallèle. La Cour militaire s’est saisie des sévices infligés à Honorine Porche lors de son arrestation. Pourtant, dans le prétoire civil, un détail interpelle : la victime des violences affirme ne reconnaître aucun de ses agresseurs parmi les forces de l’ordre présentes. « Je n’ai vu au procès aucun policier parmi ceux qui m’ont battue », constate-t-elle, amère.

L’étrange répartition des charges

Face à la justice, tous les prévenus sont poursuivis pour « association de malfaiteurs » et « terrorisme ». Mais le ministère public a réservé une inculpation supplémentaire, et exclusive, à Honorine Porche : « vol à main armée ». Selon l’accusation, les accusés auraient formé une bande structurée dans le seul but de dévaliser la Rawbank.

Pourtant, au fil des audiences, c’est bien le récit officiel qui semble se fissurer. L’argent a-t-il été récupéré par la banque ? A-t-il disparu dans les poches des braqueurs ? Ou, comme l’affirment les principaux suspects, a-t-il été confisqué par ceux-là mêmes chargés de le restituer ? À la place Victoire, le temple de l’argent, le procès du braquage est en train de se muer en une enquête sur la probité des uniformes.

« Nous reprendrons notre marche vers Kinshasa » : le M23 lance un ultimatum

La conférence de presse tenue jeudi à Goma par les dirigeants de l’AFC/M23 avait des allures d’ultimatum. Devant les médias, Corneille Nangaa, coordonnateur politique du mouvement rebelle, a dégainé la menace suprême : « Si Kinshasa s’obstine à saboter les négociations, nous allons reprendre notre marche vers Kinshasa ». Des paroles qui font froid dans le dos, alors que se poursuivent à Doha les pourparls de paix sous médiation qatarienne.

« Nous répondrons coup sur coup » prévient la rébellion

Le ton était à l’escalade. Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint, a surenchéri : « Nous répondrons désormais à toute attaque, coup sur coup ». La rébellion accuse les FARDC et leurs alliés wazalendo de multiples violations du cessez-le-feu dans les territoires de Walikale, Masisi et Kalehe. Plus grave encore, elle dénonce des bombardements contre la mine d’or de Twangiza les 17 et 23 octobre, imputés directement à la famille Tshisekedi.

« J’étais mort et je suis ressuscité. Ils me tuent chaque jour », a lancé Corneille Nangaa, dans une formule théâtrale qui résume l’exaspération du mouvement rebelle. Ce dernier met en garde : « Nous avons la capacité de détruire ces drones. Nous l’avons déjà fait par le passé ».

Kinshasa dénonce des « élucubrations »

En réponse, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a balayé d’un revers de main ces accusations, les qualifiant « d’élucubrations ». Lors d’un briefing à Kinshasa, il a rappelé les « progrès » accomplis à Doha, notamment sur le mécanisme de cessez-le-feu et la question des prisonniers. « Nous savons qui tue à Goma, à Bukavu, nous savons qui a massacré à Rutshuru », a-t-il rétorqué, sans jamais mentionner directement les violations du cessez-le-feu dénoncées par le M23.

Le gouvernement congolais maintient sa ligne : le M23 reste un mouvement « terroriste » et « supplétif de l’armée rwandaise ». Des accusations que la rébellion rejette en bloc, affirmant plutôt dialoguer avec Kinshasa « par la force des choses ».

Alors que la communauté internationale mise sur le processus de Doha pour apaiser les tensions, cette conférence de presse sonne comme un coup de semonce. La menace d’une reprise des hostilités à grande échelle plane désormais ouvertement sur l’est de la RDC, dans un jeu de dupes où chaque camp accuse l’autre de torpiller les efforts de paix. Le dialogue semble à bout de souffle, et les armes pourraient bien avoir à nouveau le dernier mot.

Braquage déjoué à Kinshasa : Crépitements de balles et tension au rond-point Victoire

KINSHASA – Ce jeudi matin, la routine du rond-point Victoire a volé en éclats. Vers 9h30, les crépitements secs d’armes automatiques ont déchiré l’air, transformant ce carrefour stratégique entre Kasa-Vubu et Kalamu en théâtre d’une violente confrontation. Des échanges de tirs nourris ont opposé les forces de l’ordre à un groupe de braqueurs retranchés dans une agence de la Rawbank. l’agence Rawbank, prise pour cible par un groupe de braqueurs déterminés.

Selon les premiers témoignages, les criminels, lourdement armés, avaient choisi leur cible avec précision. Mais leur plan a tourné court lorsque les éléments des Forces armées et de la Police nationale congolaise, alertés avec célérité, ont encerclé le périmètre. Le bourgmestre de Kalamu, Charly Luboya, joint téléphoniquement, confirme le scénario : « Certains ont fui, un des leurs a été arrêté – disons leur chauffeur – et d’autres sont retenus à l’intérieur de la banque par les agents de l’ordre ».

La tension palpable

Rapidement, les renforts affluent. Plusieurs véhicules de police prennent position autour de l’immeuble bancaire, tandis que des éléments de l’armée, en tenue de combat, se déploient avec méthode. La tension devient palpable dans ce quartier habituellement animé. « Les balles continuent à pleuvoir dans ce coin de la capitale », rapporte le bourgmestre, alors que des centaines de curieux, malgré les risques, se massent à distance pour assister à l’assaut.

Peu avant 10h30, après près d’une heure de siège .Les forces de l’ordre, professionnelles, verrouillent l’accès au bâtiment. Les policiers en tenue bleue se postent stratégiquement, protégés par leurs véhicules blindés, tandis que les militaires préparent l’assaut final. Chaque détonation fait sursauter la foule, maintenue à distance de sécurité.

La fin des hostilités

la Rawbank a fait parvenir un communiqué officiel : l’incident sécuritaire est « maîtrisé ». Les assaillants ont été « neutralisés » grâce à la « réactivité exemplaire des autorités et à la coordination des équipes de sécurité de la banque ». Le bilan est rassurant : « Aucun blessé n’est à déplorer parmi le personnel ou les clients présents sur place ».

L’établissement bancaire salue le « professionnalisme » et « l’efficacité » des forces de sécurité, tout en remerciant la population pour son « calme » et sa « coopération ». Le périmètre reste néanmoins temporairement sécurisé, le temps que les autorités procèdent aux constats d’usage.

Ce braquage avorté témoigne de la recrudescence de l’insécurité dans la capitale congolaise, mais aussi de la capacité de réaction des forces de l’ordre. Alors que la nuit tombe sur Kinshasa, le rond-point Victoire retrouve peu à peu son calme, marqué par les stigmates d’une journée qui aurait pu tourner au drame.

Le M23/AFC accuse Kinshasa d’avoir violé le cessez-le-feu

À peine l’encre de l’accord de Doha avait-elle séché que la confiance s’effritait déjà. Le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/M23 accuse le gouvernement congolais d’avoir violé le cessez-le-feu, moins de 24 heures après la signature du Mécanisme conjoint de surveillance et de vérification, le mardi 14 octobre 2025.

Dans un communiqué au ton ferme, le M23 affirme que les forces coalisées du régime de Kinshasa ont mené, dès le lendemain, d’intenses bombardements sur des zones civiles et sur plusieurs de leurs positions dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Selon le mouvement, ces attaques auraient été conduites à l’aide de drones et d’avions de combat SUKHOI-25, suivies d’assauts terrestres à Kadasomwa, Lumbishi et Kasake.

Une accusation grave qui fragilise le processus de Doha

Pour l’AFC/M23, ces offensives constituent « une trahison cynique » du processus de paix de Doha, signé sous la médiation du Qatar, des États-Unis et de l’Union africaine. Le mouvement estime que Kinshasa aurait délibérément choisi la voie des armes, au mépris des engagements pris devant la communauté internationale.

« Cette attitude belliqueuse démontre à la face du monde que le régime de Kinshasa a tourné le dos au processus de paix », dénonce le M23, évoquant un bilan humain lourd et des bombardements ayant touché des civils. Le groupe rebelle parle d’“atrocités” aggravant une crise humanitaire déjà aiguë dans l’Est du pays.

Appel à la communauté internationale et avertissement du M23

Face à ce qu’il qualifie de “sabotage du processus de paix”, le M23 en appelle directement aux observateurs du Mécanisme de surveillance et de vérification – à savoir le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine – afin qu’ils constatent ces violations présumées et interviennent pour éviter une reprise généralisée des hostilités.

Dans le même communiqué, le mouvement réaffirme son “engagement indéfectible à défendre la population congolaise par tous les moyens”, tout en réitérant sa solidarité envers les civils pris dans les combats.

Entre diplomatie et méfiance : le fragile équilibre de Doha

Ces accusations surviennent alors que la signature du Mécanisme de vérification M23 Doha, saluée comme une avancée diplomatique majeure, devait marquer le retour de la confiance entre les deux camps.
Mais à peine 24 heures plus tard, la flamme de la paix vacille déjà, laissant planer une question lourde de sens : le processus de Doha survivra-t-il à sa première épreuve ?

M23 Doha : Un mécanisme conjoint pour surveiller le cessez-le-feu entre Kinshasa et les rebelles

Sous les lustres du palais diplomatique de Doha, une poignée de main symbolique a marqué, mardi, une nouvelle étape du processus de paix entre Kinshasa et le M23. Le gouvernement congolais et le groupe politico-militaire Alliance Fleuve Congo/M23 ont paraphé un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, sous la médiation du Qatar et avec l’appui des États-Unis et de l’Union africaine.

Dans un communiqué empreint de solennité, le ministère qatari des Affaires étrangères a salué une “étape essentielle pour renforcer la confiance mutuelle et progresser vers un accord de paix global”. Doha précise que le Qatar, les États-Unis et l’Union africaine y participeront comme observateurs, un gage de transparence et de crédibilité pour un processus souvent miné par la méfiance.

Des attentes et des doutes autour du mécanisme de Doha

Pour le M23, tout repose désormais sur la bonne foi de Kinshasa.
« Si le gouvernement congolais respecte pleinement ses engagements, ce mécanisme créera un climat de sérénité et de sécurité, propice à la discussion sur les causes profondes du conflit », a déclaré le mouvement rebelle dans un communiqué.

Côté congolais, le ton se veut résolument optimiste. Le gouvernement assure que cette signature traduit « la volonté de parvenir à une cessation effective des hostilités, de garantir la sécurité des populations et de préparer les conditions d’un accord de paix durable, dans le cadre du processus de Doha soutenu par la communauté internationale ».

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. Juvénal Munubo, ancien député et observateur attentif des questions sécuritaires, s’interroge :
« Pourquoi avoir attendu près de trois mois après la Déclaration de principes du 19 juillet pour signer ce mécanisme ? Et surtout, quand viendront les mesures concrètes sur le terrain ? »

Entre espoirs et réalités du terrain

La création du mécanisme de vérification M23 Doha symbolise un tournant, mais la route reste longue. Alors que le front de l’Est congolais demeure instable, les populations civiles attendent des actes tangibles plutôt que de nouvelles signatures.

Pour l’heure, le Qatar et les États-Unis, désormais observateurs officiels, misent sur la diplomatie pour transformer la promesse de paix en réalité. Dans les coulisses, un défi s’impose : faire du cessez-le-feu M23 Doha non pas une simple clause diplomatique, mais un véritable instrument de réconciliation durable.

Global Gateway : l’Union européenne débloque 180 millions d’euros pour consolider la paix entre la RDC et le Rwanda

BRUXELLES – L’Union européenne franchit un nouveau cap dans son engagement pour la stabilité de l’Afrique centrale. En marge du Global Gateway Forum 2025, la présidente de la Commission européenne a annoncé un financement de 180 millions d’euros pour renforcer la paix, l’intégration régionale et le développement durable entre la RDC et le Rwanda.

Un soutien clair au processus de paix

« Le processus de paix en cours, facilité par les États-Unis, est une excellente nouvelle pour l’Est de la RDC », a déclaré la présidente. Elle a salué l’accord signé sous la médiation du président américain Donald Trump et soutenu par l’Union africaine. Selon elle, « l’Europe veut contribuer à le rendre durable, avec ses partenaires africains ».

Le Global Gateway, moteur d’un partenariat concret

Ce financement s’inscrit dans la dynamique du Global Gateway, l’initiative européenne qui renforce les infrastructures durables sur le continent africain. L’enveloppe européenne sera répartie dans quatre secteurs prioritaires :

  • Énergie : modernisation des réseaux et promotion des sources propres ;

  • Transports : développement des corridors commerciaux ;

  • Biodiversité : protection des écosystèmes régionaux ;

  • Mines durables : exploitation responsable des ressources.

Ces investissements visent à stabiliser l’économie régionale tout en réduisant les tensions liées à la concurrence minière.

Kagame salue un « partenariat gagnant-gagnant »

Présent à Bruxelles, le président Paul Kagame a estimé que ce soutien européen « ouvre la voie à une intégration régionale plus forte et à des investissements durables ». Il a salué le rôle du Global Gateway, déjà engagé dans le développement du secteur biomédical rwandais.

L’Union européenne prévoit d’ajouter 95 millions d’euros pour soutenir la production de vaccins et l’innovation médicale à Kigali. Cette initiative consolide l’ambition du Rwanda de devenir un pôle continental de biotechnologie.

Une diplomatie du développement en action

Entre diplomatie et économie, le Global Gateway s’impose comme un levier de paix et un outil d’avenir pour l’Afrique centrale. Il relie désormais les efforts politiques de Washington et de l’Union africaine à la vision européenne d’une coopération fondée sur la croissance partagée et la stabilité durable.

Tshisekedi et Kagame à Bruxelles : entre main tendue et accusations, la diplomatie africaine sous tension

BRUXELLES – La scène diplomatique africaine a pris des airs de théâtre politique ce jeudi au Global Gateway Forum 2025. Le président congolais Félix Tshisekedi a tendu la main à son homologue rwandais Paul Kagame, qui a saisi l’occasion pour rappeler sa vision du partenariat.

Kagame plaide pour des partenariats équitables

« Nous sommes ici pour discuter de partenariat, mais le sens du terme varie selon les personnes », a déclaré Kagame, d’une voix calme mais ferme. « Pour certains, il s’agit de donner des instructions et de faire des conneries. Pour d’autres, il s’agit de se plaindre. »

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Il a insisté sur l’importance de relations égalitaires, où risques et bénéfices sont partagés. Selon lui, la croissance africaine ne prospère que si elle circule dans les deux sens. « Un bon partenariat ne crée pas de dépendance, il crée de la valeur », a-t-il martelé, prônant une Afrique intégrée et autonome.

Une main tendue contestée

La proposition de Tshisekedi n’a pas trouvé un écho unanime. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a dénoncé ce qu’il qualifie de « cinéma politique ». Selon lui, le chef de l’État congolais a détourné un forum consacré à la coopération pour aborder le conflit à l’Est de la RDC.

Il a accusé Kinshasa d’avoir violé les accords de paix de Washington du 27 juin, notamment par des bombardements contre l’AFC/M23 et les villages banyamulenge du Sud-Kivu. Nduhungirehe a rappelé les épisodes passés : menaces de bombardements sur Kigali, envoi de soldats congolais sur le territoire rwandais et recours à des mercenaires étrangers.

Une diplomatie complexe et tendue

Le ministre rwandais a dénoncé une manipulation médiatique, accusant Tshisekedi de séduire l’opinion publique congolaise tout en refusant le dialogue direct avec le M23. « Faire semblant de tendre la main alors que vous violez les accords existants, c’est du cynisme et des mensonges inacceptables au niveau d’un chef d’État », a-t-il tranché.

À Bruxelles, entre la main tendue et la réplique cinglante, la diplomatie congolo-rwandaise révèle toute sa complexité : un mélange de coopération affichée, de tensions historiques et de calculs politiques. Ces dynamiques continuent de peser sur l’avenir de la paix et de l’intégration régionale en Afrique.

Tshisekedi à Kagame : « Je vous tends la main pour une paix des braves »

BRUXELLES – Dans un geste diplomatique spectaculaire, le président congolais Félix Tshisekedi a tendu la main, jeudi, à son homologue rwandais Paul Kagame. Il propose de conclure « une paix des braves » afin de mettre fin au conflit qui ravage l’Est de la RDC.

Un appel solennel et une condition claire

Lors du Global Gateway Forum, le chef de l’État congolais a surpris par sa modération.
« À aucun moment, je n’ai affiché une attitude belliqueuse à l’égard du Rwanda ou de l’Ouganda », a-t-il déclaré, sous le regard du président angolais João Lourenço, médiateur et président de l’Union africaine.

Félix Tshisekedi a ensuite précisé la condition sine qua non de cette main tendue :

« Je prends à témoin ce forum pour vous tendre la main, monsieur le Président, afin que nous fassions la paix des braves. Cela demande que vous donniez l’ordre aux troupes du M23, soutenues par votre pays, d’arrêter cette escalade qui a déjà fait trop de morts. »

Pour montrer sa bonne foi, le président congolais a aussi suspendu temporairement son plaidoyer pour des sanctions contre Kigali.
« Les plaidoyers que j’avais prévus pour appeler à des sanctions, je préfère les suspendre pour un moment, en attendant d’avoir une réponse du président Paul Kagame », a-t-il ajouté.

Un tournant vers la paix régionale

Le chef de l’État a révélé que le processus de paix conduit par l’Angola avait presque abouti.
« Nous étions à 98 % de recouvrer une paix durable, mais vous avez boycotté la cérémonie », a-t-il lancé à Kagame.

Tshisekedi a insisté sur leur responsabilité commune :

« Nous vivons cette situation, et nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade. »

Aujourd’hui, la balle est dans le camp du président rwandais. La communauté internationale observe attentivement si cette main tendue ouvrira enfin la voie à une paix durable ou si elle restera un simple vœu pieux dans un conflit vieux de plusieurs décennies.

Guy Kabombo en mission à Muanda : restructuration militaire et lutte contre les fake news

MUANDA – Le Vice-Premier ministre de la Défense nationale, Me Guy Kabombo Muandiamvita, a enchaîné les visites stratégiques ce mercredi dans la ville de Muanda, au Kongo Central. Au programme : restructuration de la base navale, lutte contre la désinformation et remontée en puissance de l’armée congolaise.

Une base navale en transformation

À la base navale de Banana, le ministre a présidé un briefing décisif. Première annonce majeure : la nécessité de délocaliser cette base vers le camp Kindofula. « Le Vice-Premier ministre a insisté sur l’accélération des travaux de construction de la deuxième phase de Kindofula », rapporte-t-on sur place.

L’objectif est double : libérer l’espace pour faire avancer les travaux du port en eau profonde de Banana, projet stratégique pour la RDC, et moderniser les infrastructures militaires. Le ministre a également promis des « solutions urgentes » pour les demandes du commandant de la base, incluant le déplacement des élèves, la dotation d’ambulances et la construction d’un centre de santé.

Chasse aux fake news à la mairie

Dans un geste inédit, Me Kabombo s’est rendu à la mairie de Muanda pour vérifier en personne des allégations virales sur les réseaux sociaux. Ces rumeurs prétendaient que certains élèves avaient été renvoyés du camp Baki en raison de leur appartenance linguistique.

« Après vérification sur place, il s’agissait du renvoi des tierces personnes qui se faisaient passer pour des recrus alors qu’il n’en était pas le cas », a constaté le ministre, démontrant la détermination du gouvernement à combattre la désinformation qui mine le moral des troupes.

Soutien aux futurs cadres de l’armée

Le ministre a ensuite tenu une « causerie morale » avec les stagiaires sous-officiers et les recrues en formation au centre d’instruction de Kitona. Au nom du président Félix Tshisekedi, il a encouragé ces jeunes à « combattre pour la nation en cette période d’agression ».

Sans langue de bois, les élèves militaires ont soulevé leurs préoccupations : amélioration de la qualité de formation, dotation en matériel moderne et conditions sociales. Le VPM a promis de transmettre ces doléances au président de la République et à la Première ministre Judith Suminwa.

Un message fort pour les femmes soldats

Enfin, le ministre a rencontré les militaires évacués de Goma, leur assurant le soutien du gouvernement en attendant leur redéploiement. Un message particulier a été adressé à la Première ministre de la part d’une PMF (Police Militaire Féminine) sollicitant son soutien pour « défendre la patrie contre les agresseurs et assurer la protection des femmes victimes d’agression sexuelle à l’Est ».

Cette visite marathon démontre la volonté du gouvernement de redynamiser l’armée congolaise sur tous les fronts : infrastructure, formation et moral des troupes, alors que la RDC fait face à des défis sécuritaires majeurs dans l’Est du pays.

RDC-Rwanda : le bras de fer silencieux qui bloque le retour des réfugiés

GENÈVE – Derrière les beaux discours diplomatiques, une réalité cruelle persiste : des centaines de milliers de Congolais errent en exil tandis que leur terre natale reste sous la coupe de combattants. À la tribune des Nations Unies, Kinshasa a jeté un pavé dans la mare en posant des conditions inflexibles pour le retour de ses réfugiés.

Les trois lignes rouges de Kinshasa

La position congolaise, portée par le vice-Premier ministre Jacquemain Shabani à Genève, est sans équivoque : pas de retour sous la botte du M23. Le gouvernement exige trois préalables non-négociables :

  1. Un cessez-le-feu effectif

  2. La restauration de l’autorité de l’État congolais

  3. La vérification de la nationalité des candidats au retour

« Ce retour que nous souhaitons durable devra être accompagné des activités de réintégration et de reconstruction post-conflit », a précisé le ministre, soulignant la nécessité d’une « cohabitation pacifique » entre rapatriés et communautés locales.

L’énorme défi humanitaire

Les chiffres donnent le vertige. Rien qu’en Ouganda, plus de 600 000 Congolais survivent dans des camps de réfugiés. Neuf pays voisins au total abritent des exilés fuyant les violences dans l’Est de la RDC.

Pendant ce temps, sur le terrain, la rébellion du M23 – soutenue selon Kinshasa par Kigali – continue son expansion. Un terrible paradoxe : plus le conflit s’étend, plus le nombre de déplacés augmente, et plus le retour devient impossible.

Les accord qui n’avancent pas

La situation est d’autant plus frustrante qu’un accord tripartite RDC-Rwanda-HCR a été signé il y a trois mois à Addis-Abeba. Objectif affiché : faciliter le rapatriement volontaire. Mais sur le terrain, rien ne bouge.

La question des réfugiés reste l’une des pommes de discorde les plus explosives entre Kinshasa et Kigali, capable à elle seule de faire capoter les processus de paix américain et qatari.

Alors que les diplomates débattent à Genève, des milliers de familles congolaises attendent dans la précarité. Leur espoir ? Que la communauté internationale trouve la clé pour briser l’impasse. Leur crainte ? Que leur exil ne devienne… éternel.

Reprise des négociations M23 Doha : Kinshasa et la rébellion face à leurs divergences

DOHA/KINSHASA – L’espoir d’une trêve dans l’Est de la RDC se joue à nouveau à Doha. Cette semaine, les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion de l’AFC/M23 se retrouvent dans la capitale qatarie pour relancer les négociations, alors que la tension monte sur le terrain.

La question des prisonniers au centre du blocage

La question de l’échange de prisonniers reste la principale pierre d’achoppement. Le M23 la considère comme une condition essentielle à toute avancée. Les parties ont confié au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) le rôle d’intermédiaire neutre. Pourtant, malgré ce cadre, les discussions stagnent. « Aucune avancée concrète n’a été enregistrée », estiment plusieurs observateurs.

Sur le terrain, la guerre remplace la diplomatie

Pendant que les diplomates préparent la table des négociations, les forces en présence renforcent leurs positions. Dans le Nord-Kivu, près de sept mille combattants du M23 viennent de terminer leur entraînement à Tshanzu. Deux semaines plus tôt, un effectif similaire, comprenant d’anciens militaires des FARDC et des miliciens Wazalendo, a été présenté à Rumangabo.

Cette montée en puissance des deux camps inquiète la société civile. Elle redoute une nouvelle escalade de la violence et d’éventuelles offensives contre des localités stratégiques du Nord et du Sud-Kivu.

Un processus de paix sous tension

La reprise des pourparlers à Doha se déroule dans un climat de méfiance totale. Le Qatar tente de maintenir le dialogue, mais la réalité du terrain montre que la paix reste fragile.

Tandis que les négociateurs échangent dans le confort des salons climatisés de Doha, les collines du Kivu bruissent du bruit des armes. La semaine s’annonce décisive pour l’avenir d’une région toujours en quête de stabilité.

Crise sécuritaire et embouteillages : le gouvernement Congolais en session cruciale

Ce vendredi, le président Félix Tshisekedi a présidé la 61e réunion du Conseil des ministres RDC. Depuis la Cité de l’Union africaine, il a rappelé l’urgence de trouver des réponses concrètes à la crise humanitaire et aux violences armées qui frappent les provinces de l’Est. Le chef de l’État a demandé au gouvernement Suminwa d’agir rapidement pour protéger les populations.

Kinshasa paralysée par les embouteillages

Le Conseil a également abordé la mobilité urbaine, devenue un cauchemar quotidien pour les Kinois. Les ministres ont présenté un plan opérationnel pour désengorger la capitale. Ce programme confirme que la circulation routière est désormais une priorité nationale. Le gouvernement a aussi discuté de la prévention des naufrages sur les voies navigables, une problématique récurrente dans ce vaste pays au réseau fluvial vital.

La réunion a préparé le 9ᵉ sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, prévu le 5 novembre 2025 à Kinshasa. Les discussions porteront sur la paix et la sécurité régionales, directement liées à la crise dans l’Est du pays.

Réformes et mémoire nationale

Le Conseil a fait le point sur la réforme foncière, un dossier à fort enjeu économique et social. Il a aussi examiné la valorisation du patrimoine des anciens combattants, afin de préserver la mémoire nationale.

La condamnation à mort de Kabila divise et menace la paix

Alors que Kinshasa célèbre la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, l’Est du pays résonne d’une autre tonalité. Dans les Kivus, berceau de son influence, le verdict de la Haute cour militaire apparaît comme une persécution politique. Pour beaucoup, il risque de compromettre des mois d’efforts de paix dans une région déjà marquée par les conflits.

Une condamnation qui fragilise la paix

« Condamner Kabila, c’est montrer qu’ils sont toujours contre les gens de l’Est du pays », dénonce Samy Jean Takimbula, président intérimaire de la société civile du Sud-Kivu. Quelques mois plus tôt, l’ancien chef de l’État avait mené des consultations à Goma en faveur de la paix. Sa condamnation est donc vécue comme un camouflet pour ceux qui espéraient un apaisement.

Le timing interroge. Kinshasa négocie actuellement avec le groupe armé M23 à Doha. Or, le jugement de Kabila jette un froid. « S’ils veulent la paix, ils doivent d’abord dialoguer entre eux », s’insurge Bauma Safari, habitant de Goma. Sur le terrain, les combats reprennent autour de Rumangabo, et le M23 étend son emprise.

Un procès contesté et lourd de conséquences

Le jugement du 30 septembre soulève de lourdes questions. Joseph Kabila a été jugé par contumace, sans avocat, et devant un tribunal militaire. Or, les standards internationaux interdisent que des civils soient jugés par des juridictions militaires.

Pour de nombreux observateurs, ce procès ressemble moins à une quête de justice qu’à une stratégie politique pour écarter un rival influent. Le choix du moment renforce les doutes sur les motivations du pouvoir.

Au-delà du cas Kabila, l’enjeu dépasse la personne. Refuser un procès équitable à un ancien président crée un précédent dangereux pour tous les opposants. Ce verdict, s’il est exécuté, pourrait accentuer les vengeances politiques et fragiliser davantage la paix dans l’Est.

Alors que l’attention se concentre sur les combats contre le M23, une autre bataille se joue : celle de l’État de droit.

RDC-Rwanda : le 1er octobre, date clé pour la neutralisation des FDLR

WASHINGTON/KINSHASA – C’est une date qui pourrait marquer un tournant dans la sécurisation de l’Est de la République démocratique du Congo. Kinshasa et Kigali se sont accordés sur le 1er octobre 2025 comme point de départ des opérations de neutralisation des FDLR – les Forces démocratiques de libération du Rwanda, groupe armé hutu rwandais basé dans l’Est congolais – et de la levée des « mesures défensives » prises par le Rwanda. Cette échéance a été actée lors de la réunion du mécanisme conjoint de coordination sécuritaire, les 17 et 18 septembre à Washington, en présence des États-Unis, du Qatar, du Togo et de l’Union africaine.

Pour les médiateurs américains, le principal succès réside dans le simple maintien d’un cadre d’échange entre les deux capitales depuis la signature de l’accord de paix du 27 juin. Car sur le fond, les négociations ont été ardues, minées par des divergences d’interprétation persistantes.

Les points de blocage déminés un à un

La principale difficulté concernait la séquence des actions : la levée des mesures défensives rwandaises doit-elle être simultanée au lancement des opérations contre les FDLR ? Qui doit traquer ces combattants ? Comment agir contre les FDLR présents dans les zones sous contrôle du M23 ? Autant de questions épineuses qui ont été discutées pendant deux jours.

Face aux progrès limités sur le terrain, les parties ont convenu d’un Ordre opérationnel destiné à accélérer la mise en œuvre du « Concept des opérations ». Celui-ci doit entrer en vigueur dès le 1er octobre.

Une première phase préparatoire, loin des combats

Mais il ne faut pas s’attendre à des opérations militaires d’envergure dès le premier jour. La première phase consistera en des actions de préparation : sensibilisation des populations, planification tactique, coordination interarmées et échange de renseignements avec les partenaires internationaux. Les véritables combats contre les FDLR sont encore loin.

Un processus fragile dans un contexte volatile

L’Est de la RDC reste une poudrière. Malgré la signature de l’accord de Washington en juin et celle d’une déclaration de principe avec le M23 en juillet au Qatar, les violences persistent sur le terrain. La résurgence du M23, qui a pris Goma en janvier puis Bukavu en février, a encore complexifié la donne.

Le 1er octobre représente donc un premier pas – nécessaire, mais insuffisant – vers une paix durable. Reste à voir si les bonnes intentions affichées à Washington résisteront à la réalité du terrain. Pour des millions de Congolais, l’espoir est permis, mais la méfiance, de rigueur.

Nzibira tombe aux mains du M23 : un tournant stratégique au Sud-Kivu

La guerre pour le contrôle de l’Est de la RDC a connu un nouveau tournant critique ce dimanche 21 septembre. Les rebelles du M23 se sont emparés de la cité stratégique de Nzibira, dans le territoire de Walungu (Sud-Kivu), à l’issue de plusieurs heures de combats intenses contre les Forces armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés, les combattants Wazalendo.

Dès le matin, les assaillants ont lancé une offensive multi-frontale, appuyée par des bombardements soutenus et l’usage de véhicules blindés, selon des sources locales et militaires. Les affrontements se sont rapidement étendus aux villages voisins de Cisaza, Cibanda, Muyange, Karhuliza et Kalongo, provoquant un déplacement massif de civils fuyant les violences.

Une perte stratégique et symbolique

La chute de Nzibira constitue un revers significatif pour l’armée congolaise. Cette cité n’est pas qu’un point géographique ; elle est un carrefour économique et militaire crucial, situé au cœur d’une zone riche en cassitérite et en or. Sa perte compromet les efforts de sécurisation de la région et offre au M23 un nouveau bastion d’où étendre son influence.

Les Wazalendo, qui participaient à la défense du secteur, ont justifié leur retrait par la nécessité de « préserver les vies des populations civiles ». Une argumentation qui peine à masquer la réalité tactique : la supériorité militaire momentanée des rebelles.

Le Nord-Kivu aussi sous pression

Dans le même temps, les FARDC ont tenté de reprendre l’initiative dans la province voisine du Nord-Kivu, en pilonnant plusieurs positions rebelles dans les territoires de Masisi et Walikale. Une offensive destinée à soulager la pression sur le Sud-Kivu et à déstabiliser les arrières du M23.

Samedi déjà, les responsables militaires de la 3e zone de défense avaient dénoncé une série d’attaques « ciblées et coordonnées » de la coalition RDF/AFC/M23 contre plusieurs localités des deux Kivu. Preuve que la rébellion mène une campagne concertée sur multiple fronts.

Une population prise en étau

Derrière les rapports militaires, c’est le drame humanitaire qui s’aggrave. Les habitants de Nzibira et des villages alentour ont fui en masse, sans aucun garantie de sécurité ni d’accès à l’aide humanitaire. Les organisations sur place redoutent une nouvelle crise des déplacés dans une région déjà saturée par des années de conflit.

La communauté internationale, souvent silencieuse, observe une nouvelle fois la situation se dégrader sans parvenir à imposer une solution politique ou militaire crédible.

La prise de Nzibira par le M23 n’est pas qu’une victoire tactique ; c’est un signal fort envoyé à Kinshasa et à la communauté internationale : la rébellion reste capable de prendre l’initiative, et la guerre est loin d’être terminée.

Nord-Kivu : les FARDC pilonnent les positions du M23 à Bibwe, les rebelles se renforcent

Le grondement des avions de guerre a réveillé le groupement de Bashali Mokoto aux aurores. Depuis ce vendredi 19 septembre, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) mènent une offensive d’envergure contre les positions de la rébellion du M23 autour de Bibwe, dans le territoire de Masisi. Des bombardements aériens ciblés ont été lancés pour disloquer les lignes adverses, alors que les renseignements congolais signalent un renforcement massif des rebelles dans la zone depuis jeudi.

Selon des sources militaires et locales, les combattants de l’AFC/M23 convergent depuis Kitshanga et Kalembe vers les localités de Minjenje, Bibwe, Malemo et Mpety. L’objectif de ce regroupement reste flou, mais il intervient au lendemain de la reprise par les FARDC des villages de Katobi et Luola, dans le groupement voisin de Kisimba (territoire de Walikale). Une perte stratégique qui semble avoir poussé les rebelles à consolider leurs positions dans le secteur de Bibwe.

Psychose et incertitude chez les civils

Les détonations de bombes et d’artillerie lourde ont plongé les habitants des villages environnants dans la panique. Beaucoup, habitués aux soubresauts violents de ce conflit qui n’en finit pas, redoutent une nouvelle escalade des combats – et avec elle, son cortège de déplacés et de destructions.

« On entend les avions et les explosions depuis le matin. Personne n’ose bouger. On vit dans la peur permanente », confie un habitant de Bashali contacté par téléphone.

Une offensive pour contrer un renforcement rebelle

Les récentes avancées des FARDC à Katobi et Luola avaient marqué un succès tactique certain. Mais le M23 semble déjà réagir en ramenant des troupes et en préparant une contre-offensive ou une défense en profondeur. La zone de Bibwe, carrefour d’accès vers plusieurs localités clés, constitue un enjeu militaire de taille.

En engageant l’aviation, les FARDC visent visiblement à frapper fort et vite, pour désorganiser les mouvements ennemis et empêcher la constitution d’un front stabilisé. Preuve que les opérations se professionnalisent, mais aussi que la guérilla pour le contrôle des territoires continue de plus belle.

La guerre de l’information, autre champ de bataille

Dans ce conflit où chaque camp communique autant par les armes que par la propagande, les versions peinent à coïncider. Les FARDC affirment mener une opération préemptive contre des « regroupements terroristes » ; le M23, de son côté, se présente souvent en posture défensive.

Une chose est sûre : la région reste un brasier sous cendres chaudes. Et chaque mouvement tactique, chaque bombe lâchée, chaque village repris ou perdu, influence l’équilibre précaire – et le destin de milliers de civils pris au piège.

La communauté internationale, elle, observe, s’alarme, mais peine à imposer une paix durable. En attendant, sur le terrain, c’est la loi des armes qui continue de parler.

Le M23 exhibe sa nouvelle armée, Kinshasa crie à la « mascarade » et saisit les médiateurs

 La scène avait des allures de provocation calculée. À Rumangabo, dans le Nord-Kivu, la rébellion du M23 a exhibé, ce mercredi, la fin de formation militaire de plus de 7 000 hommes. Des images de parade, diffusées largement, montrant des rangs serrés et une logistique apparente. La réaction de Kinshasa n’a pas tardé : le gouvernement va porter l’affaire devant les médiations américaine et qatarie, estimant « inacceptable » qu’un groupe engagé dans des pourparlers de paix se livre à de telles démonstrations de force.

« Il ne faut pas vous fier à toute cette campagne que vous voyez », a tonné Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, lors d’un point presse hebdomadaire. « Nous savons tous que c’est la brigade avancée de l’armée rwandaise. Dans ce que j’ai vu, il y a sûrement des enfants, des prisonniers et tout ce qui ne devrait normalement pas figurer sur ce montage grossier. »

Des recrues forcées et des prisonniers utilisés comme figurants ?

L’accusation est grave. Selon des sources proches du dossier, une grande partie des hommes présentés comme de « nouveaux recrues » seraient en réalité des militaires et policiers capturés à Goma et Bukavu, puis contraints à endosser l’uniforme rebelle. Or, ces mêmes personnels sont officiellement listés comme prisonniers devant être échangés dans le cadre du mécanisme de confiance du processus de Doha.

« Un Congolais qui aime sa patrie ne peut s’allier avec ceux qui n’ont pour seul dessein que de tuer, intimider », a insisté Muyaya, dépeignant une situation d’« horreur » dans les zones sous occupation rebelle.

Doha : des discussions qui patinent dans le sang

Alors que les délégués des deux parties poursuivent tant bien que mal leurs discussions à Doha sous l’égide du Qatar, la réalité sur le terrain est tout autre. Les violations du cessez-le-feu se multiplient, chaque camp rejetant la faute sur l’autre. La mise en œuvre des mesures de confiance, dont l’échange des prisonniers, est au point mort.

Pire : cette exhibition militaire à Rumangabo semble torpiller délibérément l’esprit des déclarations de principes signées à Doha et à Washington. « Tous les actes qui violent cet esprit sont rapportés », a prévenu le porte-parole, laissant entendre que Kinshasa pourrait revoir son engagement dans des pourparlers qu’il juge désormais piégés.

La guerre de la communication, avant-coureur d’une reprise des combats ?

Cette parade n’est pas qu’une démonstration de force ; c’est aussi un coup médiatique. Le M23, en montrant sa capacité à former massivement et rapidement, envoie un message clair à Kinshasa et à la communauté internationale : nous sommes prêts à durer, et à combattre.

La réponse de Kinshasa, par la voix de Muyaya, est tout aussi claire : nous ne sommes pas dupes, et nous utiliserons tous les canaux diplomatiques pour dénoncer la supercherie.

Reste que sur le front, les tensions sont palpables. Les accrochages se intensifient, la rhétorique se durcit, et la confiance, déjà ténue, s’effrite davantage. L’exhibition de Rumangabo pourrait bien être le prélude non pas d’une paix retrouvée, mais d’une nouvelle escalade meurtrière dans l’Est congolais. Le processus de Doha vit ses heures les plus critiques.

Wazalendo :Quand la loyauté à un prix – Les milices posent leurs conditions à Kinshasa

Dans l’Est congolais en feu, les milices Wazalendo, ces combattants populaires surgis de la colère civile, viennent de présenter la note à Kinshasa. Leur mémo, adressé directement au président Félix Tshisekedi, est un pavé dans la mare des stratégies de sécurité nationale. S’ils jurent encore fidélité à la République, c’est désormais à une condition : que le pouvoir achète leur allégeance en monnaie sonnante et trébuchante – pouvoir politique, postes institutionnels, et mainmise sur la gestion territoriale.

La scène se passe à Uvira, ville-carrefour au bord du lac Tanganyika, où les tensions ont récemment explosé autour de la présence contestée du général Olivier Gasita. L’épisode n’était qu’un prélude. Aujourd’hui, les Wazalendo formalisent leurs exigences. Et le catalogue est éloquent.

Du fusil au bureau : les revendications d’un État dans l’État

Leur liste va bien au-delà des simples considérations tactiques. Ils demandent l’interdiction pure et simple des mouvements de population en provenance des zones tenues par le M23 – une mesure radicale qui signerait l’entérinement de la partition de fait de la région.

Ils exigent que les autorités déployées à Uvira y résident réellement, et non confortablement installées à Bujumbura, la capitale voisine du Burundi. Un camouflet cinglant pour une administration souvent perçue comme lointaine et déconnectée.

Surtout, ils revendiquent le droit de déployer leurs propres hommes aux entrées stratégiques du Sud-Kivu, s’auto-proclamant garde-frontières d’un État défaillant. Mais la véritable bascule se niche plus loin : les Wazalendo ne veulent plus seulement se battre ; ils veulent siéger.

Ils exigent un siège à la table des négociations de paix, notamment à Doha, et réclament l’intégration de leurs cadres politiques « dans les gouvernements national et provincial, les institutions, services étatiques et para-étatiques ». En filigrane, c’est la demande de création d’une quota, d’une rente politique permanente. Pour s’assurer que leurs doléances remontent directement au sommet, ils poussent même pour la nomination d’un « conseiller spécial » dédié à leur cause au niveau de la présidence.

Kinshasa dans l’expectative, la RAD dans les limbes

Pour l’heure, le pouvoir observe, silencieux. Aucune réponse officielle n’a été formulée. Dans l’entourage du président, on botte en touche auprès de RFI, renvoyant la balle vers la Réserve Armée de la Défense (RAD). Cette structure paramilitaire, créée en 2023 précisément pour encadrer et canaliser ces forces populaires, est présentée comme le seul canal légitime. Problème : à Uvira et ailleurs, la RAD n’existe que sur le papier. Elle n’est pas déployée.

Résultat : des milliers de combattants, galvanisés par un sentiment de patriotisme et d’abandon, restent sous le commandement de chefs auto-proclamés. Leur allégeance aux FARDC est ténue, souvent conflictuelle. Ils ne se considèrent pas comme des soldats, mais comme les gardiens ultimes d’une nation qu’ils estiment trahie.

La question qui tue : qui contrôle les contrôleurs ?

La montée en puissance des Wazalendo pose une question vertigineuse : qui contrôle vraiment ces hommes en armes ? Leur présence ne se limite plus aux lignes de front. Des rapports récents d’ONG et de l’ONU les documentent désormais dans les villes, les cités et les villages du Maniema, du Nord et du Sud-Kivu, agissant comme une autorité parallèle.

À Uvira, leur influence est palpable, leur pouvoir d’intimidation, réel. Leur récent affrontement avec le général Gasita n’était qu’un avertissement.

Kinshasa se trouve ainsi piégé. Il a encouragé l’émergence de ces milices pour contrer l’avancée du M23, mais il voit aujourd’hui se dresser une hydre à plusieurs têtes, exigeante, imprévisible et structurellement hostile à toute autorité qui n’émanerait pas d’elle-même.

En leur cédant, le pouvoir officialiserait la milicisation de l’État. En les réprimant, il risquerait de retourner contre lui des forces qu’il a lui-même armées et légitimées.

Le mémo des Wazalendo n’est donc pas une simple liste de demandes. C’est un ultimatum. La balle est désormais dans le camp de Félix Tshisekedi. Sa réponse, ou son silence, dessinera le visage futur de l’Est congolais : un État de droit, ou un marché de dupes où la violence négocie son prix au plus offrant.

Kabombo Muadiamvita consolide l’axe militaire Ankara-Kinshasa

Kinshasa, le 16 septembre – Le bureau du vice-Premier ministre congolais de la Défense ressemblait à un véritable état-major diplomatique ce mardi. Me Guy Kabombo Muadiamvita a enchaîné les rencontres stratégiques avec l’ambassadeur turc en RDC et des délégations d’industries de défense, confirmant le rapprochement militaire entre Kinshasa et Ankara.

Une coopération qui passe à la vitesse supérieure

En présence du chef d’état-major général des FARDC, Jules Banza Muilambwe, l’ambassadeur turc Murât Ülkü a exprimé la satisfaction de son gouvernement quant à la mise en œuvre concrète des accords militaires bilatéraux. Preuve de cette dynamique : l’arrivée imminente d’un attaché de défense turc en RDC, dont l’accréditation devrait être finalisée dans les prochains jours.

« La présence de l’ambassadeur turc marquera l’excellence de la coopération militaire et industrielle entre les deux pays frères », a déclaré Me Kabombo, soulignant le « soutien diplomatique constant » d’Ankara. Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de renforcer ces liens bilatéraux « dans l’intérêt des deux États ».

Le modèle turc comme inspiration congolaise

Sans pause, le vice-Premier ministre a enchaîné avec une réunion avec la délégation de l’industrie de défense turque et la société Afridex. Lors de ces échanges, Me Kabombo a révélé l’ambition du président Tshisekedi de développer « une industrie congolaise de défense autonome, inspirée du modèle turc ».

Cette annonce s’inscrit dans la continuité de la visite officielle du ministre congolais en Turquie en juillet dernier, où il avait participé au 17e salon international de l’industrie de défense (IDEF 2025) et rencontré son homologue turc, Yaşar Güler.

Vers une nouvelle architecture de sécurité

Ce rapprochement avec la Turquie représente un pivot stratégique pour la RDC. Le pays cherche à diversifier ses partenariats de défense tout en développant ses capacités industrielles militaires nationales. Le modèle turc, qui a réussi à bâtir une industrie de défense compétitive, fait figure de référence.

Alors que la RDC fait face à des défis sécuritaires multiples, ce partenariat avec Ankara pourrait marquer un tournant dans la modernisation des FARDC. Reste à voir comment cette coopération se traduira concrètement sur le terrain, dans un contexte régional toujours volatile.

le vol présidentiel pris en otage par une panne suspecte à N’Djili

 La tour de contrôle est restée muette, plongeant l’aéroport de N’Djili dans une vulnérabilité inédite. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une panne électrique d’envergure a paralysé les communications entre la tour et les aéronefs approchant de Kinshasa. Parmi eux, le vol présidentiel ramenant le chef de l’État Félix Tshisekedi d’une visite de 48 heures au Kazakhstan.

Pendant quarante longues minutes, l’avion officiel a dû effectuer plusieurs rotations au-dessus de la capitale congolaise, dans l’attente anxieuse d’une reconnexion des systèmes essentiels à son atterrissage. Selon une source sécuritaire, les autorités soupçonnent un acte de sabotage ayant provoqué l’interruption de l’alimentation électrique de la piste et des services aéroportuaires.

Réaction immédiate et suspensions

La réaction des autorités a été rapide et sans appel. Dès ce jeudi, le commandant de l’aéroport a été suspendu de ses fonctions « jusqu’à nouvel ordre » pour « désobéissance aux instructions ». Dans une correspondance officielle, le directeur général de la Régie des Voies Aériennes (RVA), Ngoma Mbaki Léonard, a fustigé la présence d' »un technicien de permanence incompétent » qui n’a pas su appliquer le protocole de secours inversé.

Plusieurs autres personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête ouverte, dont le Directeur Général de la RVA et des techniciens de l’aéroport, témoignant de la gravité avec laquelle les autorités congolaises considèrent cet incident.

Face à cette situation critique, la gestion de crise a conduit à la délocalisation de plusieurs aéronefs vers l’aéroport de Brazzaville/Mayaya, de l’autre côté du fleuve Congo. Une solution d’urgence qui souligne l’importance stratégique de N’Djili comme plaque tournante aérienne en Afrique centrale.

Entre dysfonctionnement et sabotage présumé

Si la RVA évoque officiellement une défaillance technique, les sources sécuritaires parlent ouvertement de sabotage. Cette divergence de versions alimente les spéculations sur les véritables causes de cette panne qui a mis en danger le vol présidentiel et perturbé tout le trafic aérien kinsois.

Cet incident intervient à un moment politique sensible, alors que le président Tshisekedi revient d’une visite au Kazakhstan où il a signé un accord important avec le groupe Eurasian Resources Group, marquant sa détermination à reprendre le contrôle des ressources stratégiques du pays.

L’enquête en cours devra déterminer s’il s’agit d’une simple négligence technique ou d’une manœuvre délibérée visant à compromettre la sécurité du chef de l’État. Dans tous les cas, cette panne révèle la vulnérabilité des infrastructures critiques congolaises et la nécessité d’une modernisation urgente des systèmes de sécurité aéroportuaires.

Frontière RDC-Burundi : exercices militaires à Gatumba sur fond de tensions à Uvira

Ce lundi 8 septembre, une annonce laconique de l’armée burundaise est venue troubler le lourd silence de la frontière .Dans l’enceinte du 111ᵉ bataillon d’infanterie de Gatumba, les soldats s’apprêtent à mener un entraînement de routine. L’état-major rassure : les détonations et le crépitement des armes qui vont déchirer l’air sont « planifiés et sous contrôle ». Mais à quelques centaines de mètres, de l’autre côté de la frontière, la ville congolaise d’Uvira, dans le Sud-Kivu, retient son souffle. La coïncidence des calendriers intrigue, presque trop parfaite.

Une ville à vif face à une nomination contestée

Depuis plusieurs jours, Uvira est secouée par un séisme protestataire. La nomination du général Olivier Gasita, commandant chargé des opérations et du renseignement de la 33e région militaire, a mis le feu aux poudres. Pour une partie de la population et des miliciens Wazalendo, cet officier incarne une collusion avec la rébellion de l’AFC/M23. Son affectation est vécue comme une trahison.

Ce lundi matin, la tension n’a pas faibli. Dans les rues, des barricades bloquent les artères et des milliers d’habitants forment une marée humaine inquiète mais déterminée. Le sentiment d’être à la lisière du précipice domine. Chaque détonation venue du Burundi, même présentée comme routine, résonne comme un coup de semonce pour les habitants d’Uvira.

Un bras de fer entre l’État et la rue

Face à la défiance, l’armée congolaise maintient sa position. Par la voix de son porte-parole, elle dénonce une « manœuvre des ennemis de la République » et confirme le maintien du général Gasita. Un bras de fer s’engage, mettant à l’épreuve la légitimité de l’État.

Sur cette frontière poreuse et nerveuse, deux réalités s’opposent. Au Burundi, la froide précision d’un exercice militaire annoncé. En RDC, la chaleur brûlante d’une colère populaire qui refuse de s’éteindre. Entre les deux, une ligne fragile, sous le regard inquiet de la communauté, qui espère que les seules détonations de ce lundi resteront celles, contrôlées, de Gatumba — et non l’écho funeste d’un nouveau drame régional.

Les FARDC neutralisent sept miliciens Mobondo à Kwamouth

Les FARDC ont capturé sept miliciens Mobondo dans la nuit du dimanche 31 août au lundi 1er septembre. L’opération s’est déroulée au village « Au Revoir », sur la route nationale n°17, dans le territoire de Kwamouth, province de Maï-Ndombe. Des armes de guerre ont également été saisies.

Selon le capitaine Antony Mualushayi, porte-parole de l’opération Ngemba, ces miliciens étaient impliqués dans un braquage le même jour. Ils avaient attaqué un camion venant de Kinshasa et se dirigeant vers le village Twa. Les passagers ont été séquestrés, torturés et dépouillés de leurs biens.

Les FARDC ont intensifié leurs opérations après de récents affrontements ayant coûté la vie à plusieurs miliciens. Les autorités militaires exhortent les membres restants de la milice à se rendre pour éviter de nouvelles pertes humaines.

Depuis le début du conflit, les violences ont fait plus de 1 000 morts et déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant la crise humanitaire dans l’ouest de la RDC. L’opération Ngemba vise à restaurer la paix et la sécurité dans les zones affectées par les activités de la milice Mobondo.

M23 Doha : le Qatar confirme la reprise des négociations malgré les combats

Alors qu’un black-out total entoure les pourparlers, la diplomatie qatarienne a confirmé mardi 26 août la poursuite des négociations entre le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC/M23 à Doha. Deux points sont à l’ordre du jour : la mise en place d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et l’échange de prisonniers.

« Nous avons reçu ici, à Doha, les deux parties, la RDC et le M23 », a déclaré Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères. « Les discussions portent sur un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers », a-t-il ajouté, sans entrer dans les détails.

Des délégations réduites à Doha

Arrivés le 20 août, les représentants de Kinshasa et du M23 Doha n’ont pour l’instant dépêché que des équipes réduites. Les délégués du groupe armé n’ont reçu mandat que pour discuter de ces deux points, en attendant l’arrivée d’un chef négociateur et de son équipe. Malgré la déclaration de principes signée le 19 juillet, qui prévoit la libération des détenus de chaque camp, le processus reste encore bloqué.

Le CICR entre en action

À Kinshasa, le vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a confirmé que le CICR a commencé à identifier les prisonniers des deux camps. « Dans la déclaration de Doha, les mesures de confiance incluent cette procédure de libération. Le CICR, spécialisé dans ce domaine, a déjà pris contact officiellement avec les différentes parties », a-t-il expliqué.

Selon lui, le gouvernement congolais collabore activement pour fournir les données nécessaires à la médiation et au CICR. Cette étape est jugée cruciale pour parvenir à une déclaration de paix conforme aux engagements pris.

Les combats continuent sur le terrain

Malgré ces avancées diplomatiques, la réalité reste sombre à l’Est du pays. Le week-end dernier, de violents combats ont repris au Sud-Kivu, soulignant le fossé entre les discussions de Doha et la situation sur le terrain.

les États-Unis alertent l’ONU sur les atrocités dans l’Est

20 août 2025 | Washington / RDC – Les États-Unis ont réclamé mercredi une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour examiner les atrocités commises contre les civils dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Washington hausse le ton

« La violence visant les civils dans l’Est de la RDC est inacceptable », a déclaré le Bureau des affaires africaines du département d’État. Washington exhorte toutes les parties à respecter le cessez-le-feu signé à Doha entre Kinshasa et le M23. Les États-Unis promettent aussi de soutenir des mesures de reddition de comptes contre ceux qui sapent la paix.

Des ONG tirent la sonnette d’alarme

Le même jour, Amnesty International a dénoncé des exactions commises tant par le M23 que par les milices pro-gouvernementales wazalendo dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu : exécutions sommaires, viols collectifs, enlèvements de patients et attaques d’hôpitaux.

Human Rights Watch a, de son côté, accusé le M23 d’avoir massacré plus de 140 civils en juillet près du parc des Virunga, dans le territoire de Rutshuru.

Nouvelle avancée des rebelles

Sur le terrain, la situation reste explosive. Selon Actualité.cd, le M23 a installé une nouvelle position entre Kibati et Kaliki (Walikale), après des affrontements avec les wazalendo. Des mouvements de population ont été signalés dans les villages de Kangati et Ngenge.

Un accord de paix déjà fragilisé

Ces violences interviennent moins de deux mois après la signature, à Washington, d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine, censé mettre fin à des décennies de violences dans l’Est du pays.

Maxime Prévot à Kinshasa : une tournée sous tension pour la paix en RDC

En tournée politique et humanitaire en Afrique centrale et orientale, le vice-Premier ministre belge Maxime Prévot alerte sur la situation dramatique à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Après son passage à Brazzaville, où il a exhorté les pays africains et l’Union africaine à renforcer leur implication dans les efforts de paix, M. Prévot est arrivé le mardi 19 août à Kinshasa. Le Président Félix Antoine Tshisekedi l’a reçu à la Cité de l’Union africaine pour un entretien de près de deux heures.

Des critiques partagées avec Vital Kamerhe

Lors d’un point de presse, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a souligné l’impact limité des accords de Washington et de Doha. Selon lui, ces démarches diplomatiques n’ont pas encore produit de résultats concrets.

En réponse, Maxime Prévot a reconnu un « décalage évident entre les intentions couchées sur papier et la réalité ». Il a ajouté que « le mois écoulé depuis la signature des accords est probablement l’un des plus meurtriers ».

Une situation humanitaire alarmante

Le chef de la diplomatie belge a dénoncé la persistance des violences, des viols et des tueries dans l’Est de la RDC. Il a averti que le M23 « s’installe, organise sa propre administration, remplace les chefs coutumiers et agit comme si le territoire était devenu leur État ». Une situation qu’il a jugée « inacceptable ».

Maxime Prévot a insisté sur l’urgence humanitaire. Les hôpitaux du Nord et du Sud-Kivu débordent, tandis que Médecins sans frontières alerte sur la recrudescence des violences et le risque d’épidémies.

Mobiliser l’Europe et renforcer le dialogue national

La Belgique veut remettre la crise congolaise à l’agenda européen. « Nous avons toujours défendu le droit international, l’intégrité des territoires et la souveraineté des États. Ces principes ne sont pas respectés aujourd’hui à l’Est du Congo », a déclaré M. Prévot.

Il a aussi encouragé le lancement d’un dialogue national en RDC. Selon lui, la paix doit passer par des signaux internes forts, en plus de la mobilisation internationale.

Une diplomatie belge active dans la région

Il s’agit de la deuxième visite de Maxime Prévot en RDC en quatre mois. Après Brazzaville et Kinshasa, il doit se rendre à Lubumbashi puis au Kenya, où il évoquera la crise humanitaire en Éthiopie.

Le ministre belge est accompagné de l’ambassadrice du Royaume de Belgique en RDC, de l’envoyé spécial pour les Grands Lacs, Marc Pecsteen, et de son conseiller Afrique, Thomas Stevens.

Les FARDC et les Wazalendo reprennent Katana, tensions persistantes au Sud-Kivu

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les résistants Wazalendo, ont repris le contrôle de plusieurs localités stratégiques du Sud-Kivu occupées par les rebelles du M23. Katana et ses environs sont désormais sous contrôle congolais, tandis qu’une partie de Mulamba, dans le territoire de Walungu, est tenue par les Wazalendo.

Selon des sources locales, les combattants du M23, soutenus par l’armée rwandaise (RDF), ont battu en retraite après de violents affrontements. Cependant, la situation reste instable : les insurgés renforcent leurs positions en hommes et en armes lourdes après leur repli de Kabare, Katana et Bukavu.

Uvira reste sous contrôle congolais

Contrairement aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, la ville d’Uvira et la plaine de la Ruzizi restent sous le contrôle conjoint des FARDC et des Wazalendo. Une source locale critique l’inefficacité des accords de paix signés à Doha et à Washington :

« À quoi servent ces accords si, sur le terrain, les combats continuent ? Le Rwanda et ses supplétifs du M23 ne sont pas sincères. L’État doit doter notre armée des moyens nécessaires pour stopper cette aventure. »

Menace persistante sur le Sud-Kivu

Les affrontements se poursuivent sur plusieurs fronts. Selon des informations concordantes, le M23 viserait à prendre Uvira pour étendre sa zone d’influence. Les FARDC, elles, réaffirment leur détermination à repousser toute menace, quelle qu’en soit l’origine.