Kinshasa, 4 juin 2025 – Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) a pris une décision sans précédent. Tous les médias opérant en RDC ne peuvent plus couvrir ou relayer les activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Cette interdiction vise aussi les déclarations de son leader historique, l’ex-président Joseph Kabila.
Le président du CSAC, Christian Bosembe Lokando, a signé cette mesure le 2 juin. Il justifie cette décision par la nécessité de préserver la paix, l’unité nationale et l’ordre public. Le CSAC accuse certains propos tenus par des cadres du PPRD d’avoir attisé des tensions à l’Est du pays.
« Ce n’est pas de la censure. Aucun droit n’a été violé. Il ne faut pas transformer les médias en tribune de subversion », a déclaré Christian Bosembe sur Top Congo FM.
Une interdiction stricte et immédiate
- L’article 1er suspend toute activité médiatique du PPRD pour 90 jours.
L’article 2 interdit à tous les médias – presse écrite, chaînes télé, plateformes numériques ou réseaux sociaux – de relayer les déclarations, images ou messages de ses membres. Toute infraction sera sanctionnée.
L’article 3 interdit même les commentaires ou analyses sur les discours et slogans du parti.
Le retour de Kabila à Goma comme déclencheur
Cette décision suit de près le retour de Joseph Kabila à Goma, le 2 juin. Il y a lancé un appel à un « pacte citoyen pour sauver la nation ». Ce discours a provoqué de vives réactions, dans un climat déjà tendu à l’Est.
Le CSAC évoque des propos jugés subversifs et accuse le PPRD de collusion avec le M23, un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda.
Le gouvernement tente d’apaiser
Patrick Muyaya, ministre de la Communication, relativise l’événement. « Le président Kabila est un homme du passé. Il n’a rien à offrir pour l’avenir », a-t-il affirmé. Il a aussi salué les efforts du gouvernement face aux défis actuels.
Une affaire qui prend une tournure judiciaire
La décision du CSAC intervient alors que le Sénat a levé les immunités de Joseph Kabila. Il pourrait faire l’objet de poursuites pour sa supposée complicité avec le M23/AFC.
Une mesure qui fait débat
Certains juristes et défenseurs des médias dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression. La Constitution congolaise garantit pourtant ce droit.
Dans un climat politique déjà sous tension, cette décision pourrait marquer un tournant. Elle relance les inquiétudes sur une dérive autoritaire du régime et sur l’avenir du débat démocratique en RDC.