l’Assemblée nationale valide six nouveaux visages

C’est un changement de garde discret qui s’est opéré, ce jeudi, sous le dôme de l’Assemblée nationale. La plénière a acté le remplacement de six députés, emportés par les verdicts de la justice, les arcanes du pouvoir ou la fatalité du destin. Une séance administrative qui dessine, en creux, les soubresauts de la vie politique congolaise.

La transition la plus symbolique concerne l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon. L’arrêt définitif de la Cour constitutionnelle, tombé le 20 mai et notifié à l’Assemblée le 10 juin, a scellé son sort : condamnation et interdiction de toute fonction publique. Son premier suppléant, Ibrahim Assani Émile, hérite mécaniquement du siège. Un héritage que l’intéressé semble accueillir avec une certaine distance, lui qui n’a pas daigné se présenter devant la Commission politique, administrative et juridique (PAJ) pour les formalités d’usage. L’institution, pragmatique, a jugé que les données de la CENI suffisaient à valider son mandat.

Ce remaniement parlementaire ne se limite pas à cette seule affaire. Le rapport de la Commission PAJ a dévoilé un véritable jeu de chaises musicales, reflétant les réalités du pouvoir. Le gouvernement Suminwa II, en puisant dans le vivier des élus, a créé des vacances que des suppléants s’empressent de combler. Randall Muzito succède ainsi à Adolphe Muzito, nommé Vice-Premier ministre. Papy Kitenge prend la place d’Éliezer Ntambwe, promu ministre délégué. Cyrille Kotongo hérite du siège de Jean-Bosco Kotongo, devenu gouverneur du Nord-Ubangi. Enfin, Behn Mulolo remplace John Banza, propulsé ministre des Infrastructures.

Dans ce ballet des ambitions et des carrières, une note tragique résonne.

 Le sixième remplacement acte l’absence définitive de Sophie Kakudji, l’élue de Kabalo, tragiquement disparue dans l’incendie de sa résidence à Lubumbashi au mois d’août dernier. C’est Éric Ngoyi qui prendra sa suite, dans un hémicycle où son souvenir plane.

Pour ces six nouveaux entrants, le calendrier est désormais limpide. Un délai de huit jours leur est imparti pour faire un choix crucial : siége ou portefeuille ? Ils doivent se prononcer sur le maintien de leur mandat, au regard des fonctions incompatibles qu’ils pourraient exercer. Passé ce délai, le silence vaudra renoncement. La séance est levée, le compte à rebours est lancé.

Union Sacrée : Aimé Boji en lice pour la présidence de l’Assemblée

KINSHASA – L’Union sacrée de la nation a officialisé ce mercredi 20 octobre 2025 son choix pour la présidence de l’Assemblée nationale : Aimé Boji Sangara, qui succédera à Vital Kamerhe après sa démission.

L’annonce a été faite par le professeur André Mbata, secrétaire permanent de l’Union Sacrée, lors d’une conférence de presse tenue au siège du regroupement politique à Kinshasa.

« Je suis heureux de vous annoncer que l’Union Sacrée de la nation présentera à l’élection au poste de président de l’Assemblée nationale l’honorable Boji Sangara Aimé, candidat numéro un sur la liste des dossiers dans l’ordre alphabétique. Il sera donc, à partir de cet instant, le candidat de l’Union Sacrée de la nation pour présider l’Assemblée nationale », a déclaré André Mbata.

Le calendrier officiel des élections à la tête de la chambre basse du Parlement devrait être annoncé dans les prochains jours, marquant le lancement formel de la course pour un poste stratégique dans la vie politique congolaise.

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Grands Lacs : Le pari diplomatique de la France

PARIS – Ils viennent de Washington, de Doha, de Luanda. Ce jeudi 30 octobre, la France réunit autour d’une même table près de soixante pays et organisations internationales pour tenter de sortir la région des Grands Lacs de l’impasse. Une conférence inédite, née d’un constat amer : malgré les accords signés, les combats continuent de déchirer l’est de la République démocratique du Congo.

L’initiative française, portée personnellement par le président Emmanuel Macron, dépasse le seul cadre de la crise congolaise. Elle englobe l’ensemble de la région des Grands Lacs, avec une ambition triple : mobiliser l’aide humanitaire, stimuler les investissements et raviver le dialogue politique. « Un format élargi pour une crise régionale », résume un diplomate français.

Le pari est audacieux. Alors que les processus de Washington (27 juin) et de Doha (14 octobre) peinent à produire des résultats concrets, Paris assure ne vouloir ni les concurrencer ni les remplacer. Bien au contraire : la présence attendue de Massad Boulos pour les États-Unis, de Mohamed Bin Mubarak Al-Khulaifi pour le Qatar et de Tètè Antonio pour l’Angola témoigne d’une volonté de synergie.

La conférence s’articulera autour de trois temps forts. Le segment humanitaire, d’abord, crucial alors que les financements internationaux s’amoindrissent dramatiquement. Le volet économique, ensuite, au Palais de Chaillot, où il sera question d’intégration régionale et d’investissements structurants. Enfin, le cœur diplomatique : un dîner au Quai d’Orsay visant à reconstruire la confiance entre acteurs régionaux.

La présence possible du président congolais Félix Tshisekedi, qui s’est récemment entretenu avec Emmanuel Macron, donnerait à cette rencontre un relief particulier. Signe que Kinshasa, malgré ses réticences passées, pourrait adhérer à cette nouvelle initiative.

Les débats finaux se tiendront à huis clos, gage de sincérité selon les organisateurs. « Éviter l’effet tribune » pour privilégier le dialogue franc : tel est le credo de cette conférence qui, dans l’ombre des chancelleries, tente d’allumer une lumière au bout du tunnel des Grands Lacs.

Tshopo : le coup de force des députés contre un gouverneur absent

KISANGANI, TSHOPO – Ils étaient dix-huit. Dix-huit députés provinciaux réunis dans l’hémicycle, face à un siège vide. Celui de Paulin Lendongolia Lebabonga, gouverneur de la Tshopo, dont le destin politique s’est joué en son absence. Ce lundi 27 octobre, la machine institutionnelle a agi, implacable, pour signifier sa défiance. Verdict : 18 voix pour, zéro contre. La motion, portée comme un couperet, a atteint sa cible.

Une destitution sans appel

Le président de l’Assemblée provinciale, le Dr Mateus Kanga Londimo, a prononcé l’acte d’une voix neutre, citant l’article 42 de la loi sur la libre administration des provinces. La procédure a suivi son cours, le sort s’est scellé. Lendongolia, absent de Kisangani et n’ayant délégué personne pour le représenter, est désormais réputé démissionnaire. Son gouvernement chute avec lui.

L’offensive, menée par le député Bienvenu Bolongue, a frappé fort. Incapacité, détournements de fonds, mauvaise gestion, multiplication des foyers de conflits coutumiers : la liste des griefs a dressé l’image d’un pouvoir provincial en déliquescence. Des accusations lourdes, restées sans contradiction, faute de défense du gouverneur.

Une province en attente de transition

Dans les coulisses de ce coup de force parlementaire, la bataille des procédures s’est enflammée. Le gouverneur déchu, dans une correspondance adressée au président de l’assemblée, a plaidé son absence. Il affirmait ne pas avoir été officiellement convié à la plénière et en réclamait le report. Un argument balayé par des élus pressés d’en finir.

Le compte à rebours est lancé. Paulin Lendongolia dispose de 48 heures pour présenter sa lettre de démission au Président de la République. En attendant, le vice-gouverneur gère les affaires courantes d’une province désormais orpheline de son autorité suprême.

Cet après-midi à Kisangani, le soleil a brillé sur un paysage politique redessiné. La démocratie locale a montré ses muscles, et ses limites. Elle a aussi mis en scène l’absence : un fauteuil vide, des accusations sans réplique et le silence lourd d’un gouverneur dépassé par la tempête. La Tshopo entre en interrègne, sur les cendres d’un pouvoir qui n’a pas su voir venir la chute.

Crispin Mbindule, le candidat qui défia Kamerhe

L’ironie de l’histoire est palpable. Crispin Mbindule, le député qui fut à l’initiative de la pétition ayant conduit à la destitution de Vital Kamerhe, veut désormais occuper son fauteuil. Ce vendredi 24 octobre, le parlementaire a officiellement déposé sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale, soumettant son dossier au présidium de l’Union Sacrée.

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L’initiateur de la pétition contre Kamerhe entre en piste

L’homme ne manque pas d’audace. Fort de quinze années d’expérience parlementaire, Mbindule se présente en héritier légitime du mouvement qui a fait chuter l’ancien président de l’Assemblée. « Ma candidature émane des pétitionnaires », affirme-t-il, assumant pleinement son rôle dans la destitution de Kamerhe. Une revendication qui sonne comme un pied de nez dans les couloirs du Palais du Peuple.

Un programme axé sur l’anti-régionalisme

Face aux rumeurs de candidatures régionalistes, Mbindule oppose un discours résolument unitaire. « Je ne viens pas déposer ma candidature parce que je suis swahiliphone ou parce que je viens de l’Est », martèle-t-il, se présentant en rempart contre le régionalisme. Un positionnement stratégique dans une institution où les équilibres géopolitiques pèsent souvent lourd dans les élections internes.

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Le député promet d’incarner les « valeurs républicaines » s’il est élu, se disant « convaincu d’être le candidat idéal » pour servir à la fois les députés et le peuple congolais. Un discours de rassemblement qui contraste avec son image de pourfendeur de l’ancien président.

La course au perchoir prend ainsi une nouvelle dimension. Mbindule, en se portant candidat, transforme son rôle de destructeur en prétendant constructeur. Reste à savoir si les députés lui feront confiance pour reconstruire ce qu’il a contribué à défaire.

« Sauvons la RDC » : l’opposition passe à l’offensive

Plus de dix jours après le conclave tenu à Nairobi autour de l’ancien président Joseph Kabila, le rideau se lève enfin. Ce vendredi 24 octobre, à Kinshasa, le mouvement « Sauvons la RDC » a fait sa sortie officielle, promettant de « restaurer l’État et sauver la Nation ».

Un conclave des vérités

Les figures de l’opposition présentes à Nairobi — Seth Kikuni, Théophile Mbemba, Franklin Tshamala, Aubin Minaku — ont livré le contenu de leurs échanges. Selon eux, le conclave fut « un moment des vérités », une réflexion « sincère et rigoureuse » sur l’avenir du pays.

Le diagnostic est sans appel :

« La RDC est en crise totale, multidimensionnelle, qui menace le fondement même de la Nation. Un homme, Félix Tshisekedi, en est le responsable. Il incarne à lui seul la crise et les tensions persistantes », a déclaré Seth Kikuni, porte-parole du mouvement.

Une opposition rassemblée face à la crise

Les membres de « Sauvons la RDC » accusent le pouvoir en place d’avoir violé la Constitution et faussé les élections de 2023, refermant ainsi l’espace démocratique.

« Sa tentative unilatérale de changement de Constitution n’a fait qu’approfondir la fracture nationale », ont-ils ajouté.

Sur le plan sécuritaire, le mouvement dresse un tableau sombre : l’Est en guerre, l’Ouest en insécurité, Kinshasa sous tension. « Les négociations actuelles sont opaques, sans réelle volonté de paix », dénonce encore Kikuni.

L’heure de l’alternative

Sous la présidence de Joseph Kabila, le mouvement « Sauvons la RDC » se veut l’alternative à ce qu’il qualifie de « naufrage national ».

« Face à ce désastre, l’alternative ne peut plus être silencieuse ni dispersée. Nous avons décidé de créer le mouvement “Sauvons la RDC” pour mettre fin à la tyrannie, restaurer l’autorité de l’État et réconcilier la Nation », a-t-il martelé.

Le mouvement prévoit une série d’actions : campagnes de communication, manifestations publiques et offensive diplomatique internationale. Selon ses fondateurs, les acteurs politiques n’ayant pas pris part au conclave de Nairobi ont déjà reçu les actes et sont invités à se joindre à cette nouvelle dynamique.

Ainsi, dans une capitale sous tension, « Sauvons la RDC » s’annonce comme le fer de lance d’une opposition rassemblée, prête à défier le pouvoir de Félix Tshisekedi sur le terrain politique comme diplomatique.

Boji Sangara officialise ses ambitions pour le perchoir

Les murmures deviennent certitudes. Sans bruit, sans communiqué, Aimé Boji Sangara a quitté le gouvernement. Ce départ, aussi feutré qu’un souffle, dissimulait pourtant une ambition plus éclatante : celle de présider l’Assemblée nationale.

Un départ discret, une ambition assumée

Lundi 20 octobre, l’ancien ministre de l’Industrie a remis sa lettre de démission à la Première Ministre Judith Suminwa. Officiellement, pour « convenance personnelle ». Officieusement, chacun y voyait déjà les prémices d’un nouveau chapitre. Trois jours plus tard, le 23 octobre, Aimé Boji dépose sa candidature au bureau de l’Union sacrée. Objectif : briguer le perchoir laissé vacant par Vital Kamerhe.

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« J’ai siégé plus de treize ans dans cette maison », rappelle-t-il avec assurance. « J’apporte aussi l’expérience de l’exécutif. Ces deux parcours me préparent à bien diriger cette institution. Je travaillerai avec assiduité et dans un esprit patriotique pour le bien du pays. »

La reconnaissance du gouvernement, la méfiance du camp majoritaire

À la Primature, Judith Suminwa salue « les services éminents rendus à la Nation » et l’engagement constant de l’homme, aussi bien au Budget qu’à l’Industrie. Une sortie honorable pour celui qui fut l’un des piliers technocratiques du Gouvernement Suminwa.

Mais dans les rangs de la majorité, la sérénité n’est pas totale. Certains députés dénoncent déjà une tentative d’imposition du candidat. Willy Mishiki, l’un des élus les plus critiques, plaide pour que « le choix du futur président de l’Assemblée nationale reste l’expression libre des députés ».

Un enjeu politique dans un Parlement sous tension

La démission de Vital Kamerhe a ouvert une séquence politique cruciale. Tandis que la majorité cherche son nouveau leader, l’opposition se prépare à récupérer le poste de rapporteur adjoint. Pendant ce temps, la session budgétaire de septembre s’enlise, minée par les incertitudes politiques.

Aimé Boji Sangara avance, silencieux mais déterminé. Dans les couloirs du Palais du Peuple, son nom circule, ses soutiens s’activent. Entre fidélité à l’Union sacrée et quête de légitimité, l’homme du Sud-Kivu joue désormais sa plus grande partition.

Succession de Kamerhe : le discret pari de Christophe Mboso

Ce jeudi 23 octobre, dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale, une candidature est née dans la plus pure tradition congolaise. Christophe Mboso, actuel deuxième vice-président de la Chambre basse, a officialisé ses ambitions. L’élu de Kenge, visant plus haut, souhaite désormais prendre les rênes de l’institution, laissées vacantes par la démission de Vital Kamerhe.

« Je suis convaincu que cette Chambre basse nécessite une personne digne, intègre et serviable », a déclaré le député, dessinant les contours de son propre portrait. Ses mots, soigneusement choisis, résonnent comme un programme : expérience, vision, intégrité. Mais surtout, il a insisté sur une qualité essentielle dans le paysage politique congolais : la loyauté. « Fidèle et loyal au Chef de l’État », a-t-il répété, comme pour sceller son allégeance.

La stratégie de l’apaisement

Face aux inévitables questions de géopolitique interne, Christophe Mboso a choisi la modération. « Je ne viens pas prendre la place de quelqu’un », a-t-il assuré, adressant un message de sérénité à ses pairs. Une déclaration qui contraste avec les luttes d’influence habituelles, et qui pourrait bien constituer sa meilleure carte.

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Sa démarche, immédiatement après son annonce, l’a conduit au Secrétariat permanent de l’Union sacrée. Un passage obligé, symbolique, pour celui qui entend incarner l’unité derrière le président de la République.

Un fauteuil, deux postes vacants

L’opportunité se présente dans un contexte particulier. Le Bureau de l’Assemblée nationale compte deux sièges vides : celui de président, laissé par Vital Kamerhe, et celui de rapporteure adjointe, précédemment occupé par Dominique Munongo. Le président intérimaire, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, a déjà engagé le processus de remplacement.

Christophe Mboso, en se portant candidat, mise sur son expérience parlementaire et sa fidélité affichée. Reste à savoir si cette légitimité de l’intérieur suffira face aux autres ambitions qui ne manqueront pas de se manifester. Dans le jeu d’échecs qu’est devenue la succession de Kamerhe, le deuxième vice-président vient de déplacer son pion. La réponse des autres joueurs se fait attendre.

Patrick Muyaya : « Kabila est un homme du passé »

La voix était calme, mais les mots portaient loin. Ce jeudi 23 octobre sur les ondes d’Africa Radio, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, a transformé le studio en tribune diplomatique. Devant le micro, il a dessiné les nouvelles lignes de front : Washington pour le Rwanda, Doha pour le M23, et Nairobi pour l’opposition regroupée autour de Joseph Kabila.

Washington-Doha, la double pression diplomatique

Le ministre a d’abord rappelé la feuille de route. Les discussions de Washington s’inscrivent dans le prolongement du processus de Luanda, avec un objectif clair : l’exécution du CONOPS, ce plan opérationnel qui prévoit le désengagement des forces rwandaises et la lutte contre les FDLR. « Nous voulons la paix », a répété Muyaya, tout en dénonçant les « mauvaises habitudes du Rwanda ».

Sur Doha, où un mécanisme de suivi du cessez-le-feu avec le M23 a été signé, le ton s’est fait plus ferme. « Nous avons fait notre part », a assuré le ministre, avant de rappeler la ligne rouge : « Le M23 reste un mouvement terroriste ». Une contradiction apparente qui résume le dilemme congolais : négocier sans légitimer.

L’ombre de Nairobi et la menace judiciaire

C’est sur le terrain politique intérieur que le porte-parole s’est montré le plus tranchant. Évoquant la réunion de Nairobi organisée par Joseph Kabila, il a balayé d’un revers de main toute crainte : « Il n’y a pas de menace politique ». Puis est venu le réquisitoire. L’ancien président est « un homme du passé » qui a « enfreint les règles », montré sa « connivence avec ceux qui tuent », et réuni « des personnes condamnées, des fugitifs ».

La question qui brûlait toutes les lèvres a finalement été posée : Kabila risque-t-il l’arrestation s’il rentre au pays ? La réponse est tombée, sèche et définitive : « Conséquence logique de la décision judiciaire ». Une phrase qui résonne comme un ultimatum et dessine peut-être le prochain acte du feuilleton politique congolais.

Entre les lignes de ce discours se lit une stratégie : montrer la main tendue de Tshisekedi vers l’extérieur tout en durçant le ton contre l’opposition intérieure. Le gouvernement congolais semble jouer sur deux tableaux – la diplomatie internationale et la fermeté judiciaire – pour consolider sa position à l’approche d’échéances politiques décisives.

L’énigmatique succession de Vital Kamerhe

Dans les couloirs du pouvoir congolais, les démissions les plus silencieuses sont souvent les plus éloquentes. Lundi, sans communiqué, sans annonce officielle, Aimé Boji Sangara a quitté le gouvernement. Un départ discret qui pourrait bien annoncer une arrivée bien plus retentissante : celle à la présidence de l’Assemblée nationale.

La scène se joue en trois actes discrets. D’abord, la démission du ministre – confirmée par plusieurs sources, mais jamais officiellement portée sur la place publique. Ensuite, le retour au siège de député national, nécessaire pour prétendre à la magistrature suprême du Parlement. Enfin, ce nom qui circule dans tous les cercles politiques : Aimé Boji Sangara, membre de l’UNC de Vital Kamerhe, mais aussi proche du président Tshisekedi.

Un choix qui pose question

Les raisons de cette prédilection supposée alimentent toutes les spéculations. Le député cumulerait-il les atouts ? Même parti que Kamerhe, même province d’origine – le Sud-Kivu –, mais une ambition personnelle jugée plus contenue. Un profil qui pourrait convenir à différents camps, sans en menacer aucun.

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D’autres y verraient la marque de Félix Tshisekedi. Le président, qui se présente en « arbitre des crises institutionnelles », aurait-il trouvé dans cette nomination un moyen de fragmenter les leaderships régionaux ? Au Sud-Kivu comme ailleurs, la stratégie serait de faire émerger plusieurs figures, plutôt que de laisser un seul homme incarner une province entière.

Les zones d’ombre persistent

Pourtant, dans cette affaire, les certitudes sont rares. Si les sources s’accordent sur la démission, elles divergent sur les motivations réelles. Le silence du gouvernement et de la primature laisse la place à toutes les interprétations. Et la date du scrutin présidentiel à l’Assemblée reste inconnue.

Une question demeure surtout : cette succession est-elle véritablement jouée d’avance, ou les ambitions contrariées au sein de l’Union sacrée pourraient-elles encore réserver des surprises ? La discrétion qui entoure ce dossier suggère que les véritables négociations se déroulent encore dans l’ombre. Et que le dernier mot n’a peut-être pas encore été dit.

« Sauvons la RDC » : la machine de reconquête de Kabila se met en marche

La décision est tombée ce mardi 21 octobre, à l’issue d’une réunion inter-organes dont l’enjeu dépassait les simples querelles de appareil. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), pilier historique de l’ancien régime, a officiellement rallié la bannière. Sous la double présidence d’Aubin Minaku et d’Emmanuel Ramazani Shadary, le parti a annoncé son adhésion totale au mouvement « Sauvons la RDC », cette plateforme née dans le secret feutré d’un conclave à Nairobi, sous le parrainage incontesté de Joseph Kabila.

Le communiqué final, porté par la voix d’Aristote Ngarime, est sans équivoque. Le PPRD « souscrit et encourage » la nouvelle feuille de route, et en appelle au soutien massif du peuple pour « sauver la République ». Les mots sont forts, choisis avec soin. Il ne s’agit plus seulement de s’opposer, mais de « reconquérir le pouvoir par la voie démocratique ». Une formule qui sonne comme une déclaration de guerre politique adressée directement au pouvoir de Félix Tshisekedi.

La Constitution, ligne de front politique

Dans la même salle, les cadres du parti se sont livrés à un « réarmement moral ». Le mot est lâché, teinté d’une urgence martiale. Premier ordre de mobilisation : la défense acharnée de la Constitution du 18 février 2006. Le PPRD brandit la Loi fondamentale comme un étendard et fustige toute velléité de révision, qualifiée sans ambages d’« initiative inopportune et suicidaire ». La bataille pour le pouvoir se dessine déjà comme une bataille pour l’âme juridique de la nation.

L’appel de Nairobi, un catalyseur d’alliances

Cette prise de position ne tombe pas du ciel. Elle fait écho à l’appel lancé quinze jours plus tôt depuis la capitale kényane. Du 14 au 15 octobre, autour de la figure tutélaire de Joseph Kabila, un aréopage de politiques et de membres de la société civile avait dressé un diagnostic sans appel : la RDC vit une « crise multiforme », minée par les « dérives » et la « restriction de l’espace démocratique ». Face à ce qu’ils dépeignent comme une tyrannie, ils ont proposé une antidote : le dialogue, mais pas n’importe lequel. Un dialogue « inclusif et sincère », par opposition au « monologue » qu’ils prêtent au président Tshisekedi.

La manœuvre est en marche. Tandis que le PPRD s’aligne à Kinshasa, une autre réunion de la famille Kabila se prépare, cette fois sous l’égide du Front commun pour le Congo (FCC). Les pièces de l’échiquier oppositionnel se mettent en place, lentement mais sûrement, orchestrées depuis Nairobi. « Sauvons la RDC » n’est plus un simple slogan ; c’est désormais le nom d’une machine politique qui se veut fédératrice, et dont l’ombre commence à s’étendre, longue et menaçante, sur les rives du fleuve Congo.

Théophile Mbemba : les deux heures qui ébranlent l’opposition congolaise

Ce mardi matin à Kinshasa, l’étau s’est resserré autour de l’opposition congolaise. Des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont interpellé Théophile Mbemba Fundu à son domicile. Cet ancien ministre est une figure politique respectée.

La convocation était formelle. Il devait se présenter ce mardi 21 octobre. Il ne pouvait pas se soustraire à cette invitation. Pendant deux heures, les enquêteurs ont interrogé l’ancien ministre de l’Intérieur. Ils l’ont questionné sur sa participation à un événement précis. La réunion de Nairobi du 14 octobre dernier fait trembler les cercles du pouvoir. Plusieurs figures de l’opposition s’y étaient retrouvées autour de Joseph Kabila. Cela ressemble de plus en plus à un conclave stratégique. Sa présence à ces discussions a visiblement alerté les services de renseignement.

Un passeport confisqué, une liberté conditionnelle

Théophile Mbemba a pu regagner son domicile après son audition. Mais sa liberté reste relative. La Direction générale de migration (DGM) a retenu son passeport. Ce geste signifie clairement que les autorités gardent un moyen de pression sur lui. Son entourage affirme que les services pourraient le « rappeler à tout moment ».

Cette interpellation ciblée survient dans un contexte politique tendu. Le pouvoir en place scrute avec méfiance toute rencontre entre opposants. La réunion de Nairobi cristallise les craintes du gouvernement. Il y voit peut-être l’ébauche d’une nouvelle coalition.

Le spectre de Nairobi

Théophile Mbemba n’est pas un opposant quelconque. Son parcours lui donne une stature nationale. Il fut ministre de l’Intérieur sous la transition, puis de l’Enseignement supérieur. Sa présence aux côtés de Joseph Kabila à Nairobi ne pouvait pas passer inaperçue. Les deux heures d’interrogatoire qu’il vient de subir en sont la preuve.

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Cette brève détention envoie un message clair à toute la classe politique. Les autorités considéreront certaines alliances avec la plus grande vigilance. À Kinshasa, chaque geste politique est décrypté. L’interpellation de Théophile Mbemba résonne comme un avertissement.

Washington, le pari de la dernière chance entre le Rwanda et la RDC

L’avertissement avait claqué comme un coup de feu dans l’air tranquille de septembre. Le 1er octobre, le « Concept des Opérations » – ce plan militaire secret qui détaille l’art de la guerre – devait entrer en vigueur. Le compte à rebours contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) était lancé. Les Forces armées de la RDC avaient même lancé un ultimatum solennel aux rebelles : se rendre, ou affronter la tempête.

Un mois plus tard, le silence règne sur les collines du Kivu. Aucune reddition. Ni devant les casques bleus de la Monusco, ni aux avant-postes des FARDC. Le vide. C’est sur ce constat d’échec que les délégations de la RDC et du Rwanda se retrouvent, les 21 et 22 octobre, dans le bureau feutré de Washington. Pour la troisième session du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, l’heure n’est plus aux protocoles mais au bilan. Un bilan amer.

L’heure des comptes a sonné

Cette réunion est un test de vérité. Les deux jours de discussions vont se nourrir d’une question simple, mais terrible : pourquoi la « phase de sensibilisation » n’a-t-elle produit aucun résultat ? Était-ce un vœu pieux, un leurre, ou l’amer constat que la persuasion ne suffit pas face à des décennies de conflit ?

Les agendas seront scrutés à la loupe. Le « Conops », lui, est sans ambages : après la planification et l’échange de renseignements doit venir le temps de l’action. « La conduite des opérations ». Des mots qui signifient, dans la langue crue des stratèges, des frappes ciblées, la fin des postures défensives du Rwanda, et l’arrêt des opérations transfrontalières ponctuelles. Le saut dans l’inconnu.

La méfiance, ombre portée des négociations

Pourtant, dans les couloirs de Washington, une ombre plane : celle de la tension verbale qui, ces dernières semaines, n’a cessé de crisper les relations entre Kinshasa et Kigali. Les sourires de façade peinent à masquer la défiance tenace. Comment croire à une action militaire conjointe, coordonnée, lorsque les capitales s’affrontent par communiqués interposés ?

Le processus de paix signé en juin sous l’égide américaine arrive à un moment de vérité. Washington, médiateur et garant, presse les deux parties de passer de la parole aux actes. Les diplomates américains le savent : si cette troisième session n’aboutit pas à une feuille de route crédible et acceptée par tous, le mécanisme tout entier risque de se bloquer.

Le pari est donc immense. Il s’agit de transformer un échec – l’absence de reddition – en une nouvelle dynamique. De convaincre les généraux et les ministres que la prochaine étape, bien que périlleuse, est inévitable. À Washington, ce n’est pas seulement un calendrier qui se joue, c’est la crédibilité même d’une paix qui, pour l’instant, reste une promesse sans preuve.

Honorine Porsche : Berlin rappelle Kinshasa à l’ordre sur les droits humains

KINSHASA – Le silence était devenu trop lourd. Ce lundi 20 octobre, l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne a brisé un mutisme qui commençait à peser sur les relations entre Kinshasa et Berlin. Dans un communiqué sobre mais cinglant, la représentation diplomatique a réagi à l’arrestation troublante d’Honorine Porsche, une citoyenne allemande actuellement détenue en République Démocratique du Congo.

Le texte, soigneusement calibré, commence par un constat : l’ambassade a « pris note » des nombreux messages de solidarité et de l’émoi suscité par cette affaire. Mais derrière la langue de bois diplomatique perce une inquiétude réelle. Berlin assure « apporter son assistance consulaire », comme le prévoient les conventions internationales. Puis, le couperet tombe : « aucune information supplémentaire » ne sera fournie, invoquant la « protection de la vie privée » de sa ressortissante.

Une condamnation sans équivoque

Ce qui suit n’est plus de la diplomatie, mais de la fermeté. La mission allemande lance un appel direct aux forces de sécurité congolaises : respecter les droits humains et les normes internationales. Les mots choisis sont forts. L’Allemagne condamne « fermement leurs violations présumées », laissant entendre que les faits reprochés aux autorités congolaises sont suffisamment graves pour justifier une telle sortie.

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Dans un ultime mouvement, habile, l’ambassade salue les déclarations des autorités congolaises qui affirment vouloir poursuivre les « auteurs présumés de tels actes ». Une manière de rappeler Kinshasa à ses propres engagements, en lui tendant un miroir où se reflètent ses promesses.

Un contexte explosif

Cette prise de position intervient dans un climat déjà surchauffé. Les conditions d’arrestation et de détention d’Honorine Porsche ont suscité l’indignation de plusieurs organisations internationales de défense des droits humains, alertant sur des méthodes qui dépassent les bornes du droit.

En quelques phrases, l’Allemagne a donc ouvert un front discret mais déterminé. Sans crier, mais sans reculer. Elle place désormais la RDC face à ses responsabilités, dans une affaire où l’enjeu dépasse le cas individuel pour toucher à la crédibilité même de l’État de droit congolais. Les prochains jours diront si Kinshasa a saisi l’avertissement.

Naissance à Nairobi d’un front anti-Tshisekedi

NAIROBI – Loin du tumulte de Kinshasa, l’ancien président Joseph Kabila a repris son rôle de rassembleur. Les 14 et 15 octobre, il a convoqué des figures politiques et de la société civile congolaise pour un conclave sur « l’avenir du Congo ». De cette rencontre est né un nouveau front : le « Mouvement Sauvons la RDC ».

Les participants, unanimes face à une situation jugée « alarmante », ont dressé le portrait d’un pays en crise. Ils dénoncent une « crise multiforme » mêlant dérives politiques, économiques et sociales. Dans leur déclaration finale, ils critiquent sévèrement le président Félix Tshisekedi, l’accusant d’avoir « violé la Constitution », « restreint l’espace démocratique » et « instrumentalisé la justice à des fins politiques ».

Une stratégie claire et un appel au peuple

Le choix de Nairobi n’est pas anodin. En organisant ce rassemblement à l’étranger, le mouvement affirme sa dimension panafricaine et son intention de porter le combat au-delà des frontières. Son objectif : mettre fin à la tyrannie, restaurer la démocratie et favoriser la réconciliation nationale.

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Le mouvement rejette le « monologue politique » du président Tshisekedi et demande un « dialogue inclusif et sincère », parrainé par les Églises. Ainsi, il se pose comme interlocuteur légitime face au pouvoir. Sous les acronymes Tobikisa Ekolo, Tuokowe Taifa et Tupandishayi Ditunga, l’offensive vise à coordonner les actions des partis et forces sociales opposés au régime.

Autour de Joseph Kabila, des figures de l’ancien régime, telles que Raymond Tshibanda, Matata Ponyo et Michel Mwika Banza, ont appelé au retrait immédiat des troupes étrangères et à la mobilisation populaire pour résister à ce qu’ils qualifient de dictature.

Dans les rues de Nairobi, la naissance du « Mouvement Sauvons la RDC » marque un nouveau chapitre de l’opposition congolaise, ouvertement défiant le pouvoir en place. Le duel politique entre Tshisekedi et l’ombre de son prédécesseur entre désormais dans une phase décisive.

Nairobi, nouveau QG de l’opposition Congolaise

NAIROBI – Ils se sont donné rendez-vous dans la discrétion des hôtels kényans. Ce mardi 14 octobre, l’ancien président Joseph Kabila a ouvert un conclave de deux jours réunissant une frange de l’opposition congolaise. Une rencontre qui tient du défi : son initiateur a été condamné à mort par contumace il y a quelques semaines par la justice militaire congolaise pour « trahison, apologie du terrorisme et participation à un mouvement insurrectionnel ».

Le retour des fidèles

Autour de l’ancien chef de l’État, on trouve les fidèles du Front commun pour le Congo (FCC). La liste des présents ressemble à un who’s who de l’ancien régime : José Makila, Raymond Tshibanda, Moïse Nyarugabo, et jusqu’à l’ancien premier ministre Matata Ponyo, condamné à dix ans de prison puis disparu de la circulation. Tous ont répondu présent à l’appel de leur leader, en terre kényane.

Pourtant, cette réunion de « famille » masque mal les fractures de l’opposition congolaise. Absents de marque : Moise Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga ou Jean Marc Kabund. Leur boycott dessine les limites de l’influence de Kabila, qui ne parvient à rassembler qu’une partie de la mouvance anti-Tshisekedi.

Un dialogue sous tension

Officiellement, l’objectif affiché est noble : « écouter tout le monde et proposer des idées pour la sortie de crise actuelle ». Mais dans le contexte brûlant de l’est de la RDC, où la rébellion AFC/M23 – que Kinshasa accuse Kabila de soutenir – affronte l’armée congolaise, chaque mot pèse son poids de suspicions.

Le choix de Nairobi comme terre d’accueil n’est pas innocent. Il s’inscrit dans une longue série de tensions diplomatiques entre la RDC et le Kenya. Depuis les propos insultants de William Ruto en 2022 – qualifiant les Congolais de « chanteurs » sans « une seule vache » –, les relations n’ont cessé de se dégrader.

Les conséquences diplomatiques

Kinshasa accuse Nairobi de complaisance envers les rebelles. Le refus du Kenya d’arrêter Corneille Nangaa lors de l’annonce de la création de l’AFC/M23 en décembre 2023, puis la nomination contestée d’un consul à Goma en août 2025, ont achevé de tendre les rapports entre les deux capitales.

Pour Kabila, ce rassemblement est un double pari. D’abord, redonner une visibilité à une opposition en exil, à quelques mois de la fin du mandat de Tshisekedi. Ensuite, tester la solidité des alliances régionales dans un contexte où la crise sécuritaire à l’est mobilise toutes les attentions.

Mais la manœuvre est périlleuse. En s’affichant à Nairobi, Kabila risque de conforter les accusations de collusion avec des puissances étrangères hostiles à Kinshasa. Sa condamnation à mort plane comme une ombre sur les discussions, rappelant que le dialogue se noue désormais sous la menace du peloton d’exécution.

Alors que les délégués planchent sur « des idées pour la sortie de crise », une question demeure : ce conclave kényan est-il le prélude à une réunification de l’opposition ou le chant du cygne d’un homme politique acculé ? La réponse se joue peut-être moins dans les salles climatisées de Nairobi que sur les collines du Nord-Kivu, où le sort de la RDC se décide dans le bruit des armes.

Processus de paix RDC-Rwanda : Washington relance la dynamique, Doha en appui

WASHINGTON – La diplomatie américaine tente de redonner un souffle au processus de paix entre Kinshasa et Kigali. Le 2 octobre, Washington a accueilli la troisième réunion du Comité conjoint de surveillance de l’accord du 27 juin. Des représentants des deux pays africains et de leurs facilitateurs étaient présents.

Obstacles persistants et premiers résultats

Selon le Département d’État américain, le Comité a reconnu des « obstacles persistants » à la mise en œuvre de l’accord. Deux dossiers dominent : la neutralisation du groupe armé des FDLR, exigée par Kigali, et le désengagement des forces rwandaises, réclamé par Kinshasa.

Malgré ces blocages, une avancée technique a été notée. La RDC et le Rwanda ont validé l’ordre d’opération proposé par le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité. Sa mise en application a débuté le 1er octobre.

Le Comité a également insisté sur l’accès du CICR « à tous les détenus ». Les deux capitales ont accepté de faciliter ce point. En parallèle, face aux tensions à Uvira (Sud-Kivu) et Walikale (Nord-Kivu), les participants ont lancé un appel « au calme et à la retenue ».

Doha, l’autre levier de paix

Le Qatar a rappelé que les négociations de Doha entre la RDC et l’AFC/M23 sont un « levier essentiel ». Le Comité a salué l’accord sur l’échange de prisonniers et la reprise des discussions prévue la semaine du 6 octobre. La Commission de l’Union africaine a exprimé son soutien à ce processus jugé complémentaire.

La patience reste de mise, mais la régularité des réunions témoigne de la persévérance des facilitateurs. La quatrième rencontre du Comité suivra celle du Mécanisme conjoint, prévue les 21 et 22 octobre.

Dans un rare moment d’unité, Kinshasa et Kigali ont exprimé leur « gratitude » envers les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Les deux gouvernements affirment chercher une « paix durable » dans l’est de la RDC, preuve que le dialogue reste la seule voie ouverte.

Procès Joseph Kabila : la chute d’un président, la peine capitale comme épilogue

La sentence est tombée, lourde comme un couperet dans le silence feutré de la Haute cour militaire. Ce mardi, l’ombre de Joseph Kabila, qui planait sur la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, a été officiellement condamnée à la peine de mort. Pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel », la justice militaire a tranché. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Le principal concerné, affirmant vivre en exil, n’était qu’un fantôme au procès.

Le réquisitoire, impitoyable, dressait le portrait d’un homme non plus en chef d’État, mais en chef de guerre. La Cour a épousé ces allégations, peignant une réalité sombre. Elle affirme que, dans l’ombre, l’ancien président tenait à Goma et Bukavu de « véritables réunions d’état-major ». Il inspectait des centres d’instruction de rebelles et se comportait en « chef incontesté de tous les mouvements rebelles » depuis la rébellion de Mutebusi. Le jugement est sans appel : Joseph Kabila est désormais qualifié de « chef de la coalition AFC/M23 ».

Un verdict lourd de conséquences

Ce procès, haletant, a connu ses rebondissements. Après un réquisitoire du ministère public réclamant la peine capitale fin août, la défense de l’ex-président avait tenté, mi-septembre, un coup de théâtre. Elle avait demandé la production de nouvelles preuves, ce qui avait conduit au report du verdict, attendu le 19 septembre. Le suspense est resté entier jusqu’à la décision finale du 30 septembre.

Au-delà des accusations de rébellion, le procès a aussi effleuré la question brûlante de l’identité. Les parties civiles ont brandi l’argument d’une nationalité rwandaise, complexifiant encore le portrait de l’ancien homme fort du pays. La Cour, en arbitre prudent, s’est déclarée incompétente. Elle a rappelé qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ».

Le verdict ne s’arrête pas à la seule peine capitale. Dans un ultime coup de force judiciaire, la Cour a rejeté la demande de mise sous séquestre de ses biens. Mais elle a prononcé une sanction financière vertigineuse : Joseph Kabila doit verser 33 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais. Elle a également ordonné son arrestation immédiate.

Alors que l’encre du jugement sèche, une question persiste, plus lancinante que jamais. Ce verdict, historique, résonnera-t-il jusqu’aux confins de l’exil où se terre l’ancien président ? Ou restera-t-il une condamnation théorique, le jugement d’un tribunal face à l’absence d’un homme qui, pour la justice de son pays, n’est plus qu’un condamné en fuite ? L’histoire, désormais, est entre les mains du temps et de la géopolitique.

Suminwa au Kongo Central : la souveraineté et le développement au cœur d’une visite

Le geste est politique, le symbole, fort. Ce lundi 29 septembre, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka entame une visite de travail hautement stratégique dans le Kongo Central, une province longtemps considérée comme le parent pauvre des investissements publics. Au programme : inspections de chantiers structurants, hommages historiques et lancements de projets attendus depuis des décennies – une manière concrète de réparer un oubli territorial et d’affirmer une nouvelle approche du développement.

Première étape : Muanda, la porte océane de la RDC. La cheffe du gouvernement y inspectera le chantier du port en eau profonde de Banana, un projet phare qui doit permettre au pays de se doter d’une infrastructure maritime compétitive, capable de désengorger le port de Matadi et de renforcer la souveraineté économique nationale. Elle visitera également les ouvrages antiérosion et rencontrera la population locale, souvent en première face face aux conséquences du changement climatique.

Souveraineté et mémoire

La souveraineté sera aussi au menu avec la visite du site de relocalisation de la Base navale de Banana à Kindofula. Un déplacement stratégique, à quelques encablures de l’embouchure du fleuve Congo, qui témoigne de la volonté du gouvernement de moderniser et sécuriser ses dispositifs de défense.

Le volet mémoriel ne sera pas en reste. Judith Suminwa se recueillera au Mausolée du Président Joseph Kasa-Vubu à Singini, rendant hommage au premier chef de l’État congolais. Un geste fort, qui s’inscrit dans une démarche de réconciliation avec l’histoire et ses figures tutélaires.

Désenclaver pour développer

Le développement des infrastructures routières sera l’autre temps fort de cette tournée. La Première ministre inspectera la route Manterne–Tshela–Singini et visitera le port de Boma. Mais le clou de sa visite sera sans conteste le lancement des travaux de la route Kwilu-Ngongo – Kimpangu, un axe attendu « depuis des décennies » par les populations locales et qui doit libérer le potentiel économique de toute une région.

Cette tournée, accueillie avec ferveur dans la province, illustre la vision d’un développement équilibré et la reconnaissance du rôle historique et économique du Kongo Central. Judith Suminwa ne vient pas seulement inaugurer des chantiers ; elle vient écrire une nouvelle page du pacte entre l’État central et ses territoires. La balle est maintenant dans le camp des entreprises et des exécutants. Mais le signal, lui, est déjà passé.

Tête-à-tête entre Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron à l’ONU : sécurité, paix et conférence sur les Grands Lacs

New York, 24 septembre 2025 – En marge de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, le Président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est entretenu mercredi en tête-à-tête avec son homologue français Emmanuel Macron au siège de l’ONU.

Pendant près d’une heure, les deux chefs d’État ont échangé sur les relations bilatérales et surtout sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Emmanuel Macron a annoncé son initiative d’organiser, en octobre prochain à Paris, une conférence internationale sur la situation humanitaire dans la région des Grands Lacs.

Félix Tshisekedi a salué cette démarche et exprimé sa reconnaissance au président français pour son plaidoyer en faveur du respect de la souveraineté de la RDC lors de son discours à la tribune des Nations Unies.

Les deux dirigeants ont également fait le point sur le processus de paix en cours, soulignant les avancées enregistrées et réaffirmant leur volonté commune de parvenir à une paix durable dans la région.

À l’issue de leur échange, Emmanuel Macron a lancé avec humour devant les caméras de la presse présidentielle : « Bandal, c’est Paris », clin d’œil à la commune kinoise de Bandalungwa.

Tshisekedi à l’ONU : la RDC exige justice pour un « génocide silencieux » et deux sièges permanents pour l’Afrique

 La voix a porté, grave et ferme, dans le temple du multilatéralisme. Ce mardi, devant l’Assemblée générale des Nations Unies réunie pour sa 80e session, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a transformé le podium onusien en tribune pour la cause congolaise. Durant une vingtaine de minutes, il a placé son pays au cœur des enjeux mondiaux, avec des mots rares et une exigence de justice historique.

D’entrée, le chef de l’État a campé son credo : le multilatéralisme n’est « plus une option, mais une exigence incontournable ». Une conviction qui guidera l’action de la RDC lorsqu’elle siégera au Conseil de sécurité à partir de janvier 2026. Une participation qui se veut « constructive et holistique », articulée autour de deux priorités : la paix et la sécurité, et la prévention des conflits.

L’Afrique doit siéger au Conseil, avec droit de veto

Mais le discours a rapidement pris une tournure plus revendicative. Tshisekedi a remis sur la table la réforme du Conseil de sécurité, une vieille lune de la diplomatie africaine. Pour lui, l’Afrique, forte de 54 États et 1,2 milliard d’habitants, doit obtenir « deux sièges supplémentaires de membres non permanents et deux sièges de membres permanents », avec les mêmes droits, y compris le droit de veto. Un message clair : le continent ne peut plus rester en marge des décisions qui engagent la paix mondiale.

« Un génocide silencieux » documenté par l’ONU

Le moment le plus poignant fut sans conteste son plaidoyer pour la reconnaissance du « génocide congolais ». « Les Nations Unies elles-mêmes, à travers le Rapport Mapping, ont documenté l’ampleur des atrocités. Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans », a-t-il déclaré, devant une assemblée silencieuse.

Un terme lourd, qu’il a assorti d’un appel solennel : « La communauté internationale a le devoir moral et politique de soutenir cette démarche essentielle afin d’établir la vérité, rendre justice aux victimes et jeter les assises d’une paix durable. »

Plaidoyer pour une paix juste, pas une « accalmie factice »

Évoquant le processus de paix avec le Rwanda, Tshisekedi a salué le « leadership » de l’ancien président américain Donald Trump, dont la médiation a conduit à la signature de l’accord de Washington le 27 juin 2025. Mais il a tempéré cet optimisme officiel en précisant que la RDC veut « une paix juste, durable et vérifiable — non une accalmie factice et éphémère ».

Enfin, le président a présenté le bassin du Congo comme une « solution mondiale » face au dérèglement climatique, rappelant le rôle crucial de ses forêts dans l’équilibre planétaire.

Ce discours marque un tournant. Tshisekedi n’est plus seulement le président d’un pays en crise ; il se pose en chef d’État exigeant réparation pour son peuple et une place équitable pour son continent. La balle est maintenant dans le camp de la communauté internationale. Acceptera-t-elle d’entendre ce cri venu du cœur de l’Afrique ?

Tshisekedi se défend : « Je ne suis pas à l’origine de la démission de Kamerhe »

 À des milliers de kilomètres de Kinshasa, c’est une affaire congolaise qui a résonné dans les couloirs de l’ONU. Interrogé ce lundi 22 septembre en marge de la conférence de haut niveau sur les 80 ans des Nations Unies, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’est pour la première fois exprimé sur la démission de Vital Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale. Et sa réponse est sans équivoque : le chef de l’État se défend toute implication.

« Je ne suis pas à la base de sa démission ni de tous ses problèmes », a-t-il déclaré face aux journalistes, cherchant à distance toute responsabilité dans la chute de son ancien allié. « Je continue toujours à le considérer comme un allié, comme un frère ».

« Une cuisine interne »

Pour Tshisekedi, l’affaire des pétitions ayant visé Kamerhe et quatre autres membres du bureau relève de la « cuisine interne » de l’Assemblée nationale. Une expression qui minimise la portée politique de la crise et suggère que le pouvoir exécutif n’y a joué aucun rôle.

Le président congolais a même maintenu que leur partenariat politique restait intact – sauf si Kamerhe décidait d’y mettre fin. « Je ne vois pas pourquoi il va vouloir me tourner le dos, je n’y suis pour rien », a-t-il plaidé, dans un ton qui se voulait conciliant.

Un désaveu en douceur

Pourtant, dans la réalité, la démission de Kamerhe intervient après une fronde parlementaire menée par des députés de l’UDPS, le parti de Tshisekedi. Une coïncidence qui interroge, tant sur l’indépendance réelle du législatif que sur la sincérité des dénégations présidentielles.

En qualifiant cette crise de simple « cuisine interne », Tshisekedi tente visiblement de désamorcer les accusations de mainmise sur l’Assemblée nationale. Mais il évite soigneusement de s’étendre sur les véritables raisons de la chute de Kamerhe : la mauvaise gestion des fonds parlementaires et le manque d’alignement sur les priorités du pouvoir.

L’après-Kamerhe en suspens

Reste que cette prise de distance publique pose question. Soit Tshisekedi dit vrai, et il a perdu le contrôle de sa majorité parlementaire ; soit il maîtrise les événements, et son discours vise à préserver les apparences d’une démocratie apaisée.

Une chose est sûre : le départ de Kamerhe ouvre une période d’incertitude politique majeure. Et les prochains jours diront si le « frère » et « allié » déchu accepte de jouer le jeu de la loyauté – ou s’il décide, au contraire, de devenir un opposant de poids.

À New York, Tshisekedi a parlé en chef d’État soucieux de son image internationale. Mais à Kinshasa, c’est une tout autre musique qui se joue – celle du pouvoir, brut et sans concession.

Dialogue RDC-M23 à Doha : l’échec qui cache la guerre

Ils sont repartis comme ils étaient venus : la méfiance au creux de la poitrine, et la guerre en ligne de mire. Ce week-end, les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion du M23 ont quitté la capitale qatarie sans avoir réussi à enclencher la seule machine qui compte : celle du dialogue véritable. Un cinquième round de discussions qui s’achève sur un constat d’échec, masqué par la signature a minima d’un mécanisme d’échange de prisonniers.

Le principal – et seul – « acquis » de cette session est en effet la paraphe d’un texte technique organisant un futur échange de captifs. Mais ce document, aussi nécessaire soit-il, reste lettre morte. Aucun calendrier précis n’est fixé, aucune liste validée. Surtout, il évite soigneusement la question centrale : celle d’un accord de paix global qui était pourtant la raison d’être de ces rencontres.

Un dialogue fantôme

Le calendrier initial, pourtant limpide, vole en éclats. Les discussions directes devaient débuter au plus tard le 8 août. L’accord final devait être signé le 18 août. Nous sommes fin septembre, et rien – ou presque – n’a avancé. « Les discussions de fond n’ont toujours pas commencé », confirme une source proche du dossier. Un responsable qatarien, joint par RFI, annonce même que les pourparlers ne reprendront physiquement que dans deux semaines. Le temps, pour les belligérants, de continuer à se battre.

Sur le terrain, la guerre en crescendo

Car pendant que les diplomates s’égosillent dans les palaces climatisés de Doha, le terrain, lui, s’embrase. Les hostilités ont repris avec une intensité qu’on n’avait plus vue depuis des mois. Avancées des troupes au sol, déploiement de l’aviation militaire, batailles acharnées pour le contrôle des territoires : l’Est de la RDC vit au rythme du fracas des armes, pas des communiqués lénifiants.

Cette reprise des combats va à l’encontre de l’esprit même de la Déclaration de principes signée à Doha. Elle prouve, s’il en était encore besoin, que ni Kinshasa ni le M23 ne croient vraiment à la paix – ou du moins, pas aux conditions actuelles.

La médiation qatarie en difficulté

Face à ce double jeu, la médiation qatarie montre ses limites. Les efforts de Doha, bien réels, se heurtent à une réalité implacable : sans pression internationale forte et sans volonté politique claire des parties, tout processus est voué à l’enlisement.

Certains diplomates occidentaux tentent bien, dans l’ombre, de maintenir les canaux ouverts par des appels téléphoniques insistants. Mais c’est insuffisant. Loin des capitales, une autre solution émerge : le dialogue national proposé par les Églises catholique et protestante. Lui aussi, pour l’instant, semble au point mort.

La conclusion s’impose d’elle-même : à Doha, on n’a pas parlé de paix. On a géré l’apparence de la paix. Et pendant ce temps, dans les collines du Nord-Kivu, des hommes meurent pour des lignes de front qui ne cessent de bouger. Le dialogue n’a pas échoué ; il n’a tout simplement jamais commencé.

Kamerhe jette l’éponge : la démission qui ébranle l’Assemblée nationale congolaise

La chute était annoncée, elle est désormais actée. Vital Kamerhe a présenté ce lundi sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, mettant fin à des jours de tension parlementaire extrême. Une décision lourde de conséquences, qui intervient après le dépôt d’une pétition par des députés de l’UDPS et d’autres formations de la majorité, l’accusant de mauvaise gestion et d’entrave au contrôle parlementaire.

L’homme qui dirigeait l’institution depuis des années n’a pas résisté à la fronde. Malgré ses tentatives d’apaisement et sa défense vigoureuse, Kamerhe n’a pas réussi à rallier suffisamment de soutiens pour contrer l’offensive. Les pétitionnaires lui reprochaient notamment son manque d’alignement sur les priorités du pouvoir et une gestion opaque des fonds parlementaires – des griefs qui ont trouvé écho bien au-delà des simples rivalités politiciennes.

Un règlement de comptes au sein de l’Union sacrée

Derrière les accusations techniques, nombreux sont les observateurs qui voient dans cette démission forcée un règlement de comptes interne à la majorité présidentielle. L’UDPS, parti du président Félix Tshisekedi, aurait manœuvré pour reprendre le contrôle total de l’Assemblée nationale, estimant que Kamerhe faisait obstacle à son agenda législatif.

« C’est la fin d’un équilibre précaire au sein de l’Union sacrée », analyse un député sous couvert d’anonymat. « Kamerhe incarnait une certaine indépendance ; son départ consacre la mainmise de l’UDPS sur toutes les institutions. »

Tshilumbayi aux commandes, l’incertaine succession

Conformément au règlement intérieur, la direction de l’Assemblée nationale passe désormais entre les mains du vice-président Isaac Tshilumbayi, qui assurera l’intérim en attendant l’élection d’un nouveau président. Cette élection, qui devrait intervenir rapidement, s’annonce comme un véritable test pour la cohésion de la majorité.

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Plusieurs noms circulent déjà dans les couloirs du People’s Palace, mais aucun candidat ne fait pour l’instant l’unanimité. La bataille pour le perchoir promet d’être âpre, et pourrait révéler de nouvelles fractures au sein de la coalition au pouvoir.

Une institution à la croisée des chemins

La démission de Kamerhe ouvre une période d’incertitude pour l’Assemblée nationale. Elle relance surtout le débat sur la réforme institutionnelle et la lutte contre l’impunité au plus haut niveau de l’État.

Le départ de Kamerhe est plus qu’un simple changement de personnel : c’est un séisme politique qui redéfinit les rapports de force à Kinshasa. Reste à savoir si cette nouvelle donne apaisera les tensions ou, au contraire, accentuera les fractures d’une majorité déjà fragile.

Loi « Mutiki » : le Parlement Congolais veut bannir les ex-rebelles des institutions régaliennes

Et si la porte des institutions sécuritaires se refermait définitivement pour ceux qui ont pris les armes contre l’État ? Ce lundi 22 septembre, le député national Trésor Mutiki Lutala a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi aussi radicale que symbolique : interdire l’intégration d’anciens membres de groupes armés insurrectionnels ou terroristes dans les institutions régaliennes de la RDC. Armée, police, services de renseignement – tous les corps qui incarnent la souveraineté de l’État sont concernés.

« Cette loi est une réponse à l’urgence de protéger le cœur de l’État contre ceux qui ont semé la violence », a déclaré le parlementaire, justifiant une initiative qui entend tourner la page des intégrations massives et souvent précipitées ayant marqué les dernières décennies.

Une continuité avec la loi électorale de 2006

Le texte, déjà surnommé « loi Mutiki », s’inscrit dans la droite ligne de la loi électorale de 2006, qui rend inéligibles les auteurs de crimes internationaux. Mais il va plus loin : il vise spécifiquement les institutions régaliennes, considérées comme le dernier rempart de la République.

Pour Mutiki Lutala, les intégrations sans filtrage judiciaire ont « compromis l’éthique républicaine, fragilisé la cohésion nationale et légitimé la violence comme moyen d’accéder au pouvoir ». Des mots forts, qui visent directement une pratique ayant souvent miné la crédibilité des forces de sécurité et alimenté l’instabilité chronique dans l’Est du pays.

Des sanctions et des garde-fous clairs

La proposition de loi détaille avec précision les entités concernées, instaure des sanctions contre les soutiens aux groupes armés et définit les poursuites judiciaires applicables aux ex-insurgés. Elle ne ferme pas pour autant toute porte à la réinsertion : des « mécanismes encadrés de réinsertion sociale » sont prévus, mais hors des secteurs régaliens.

« Cette loi n’exclut pas la réconciliation, mais elle pose des garde-fous clairs », explique son auteur. L’objectif est de briser les cycles de violence et d’impunité tout en renforçant un système sécuritaire fragilisé.

Un signal politique fort

Au-delà de son contenu juridique, la proposition « Mutiki » envoie un message politique sans ambiguïté : la violence ne doit plus payer. Elle ne doit plus être une voie d’accès au pouvoir, ni une monnaie d’échange dans les négociations de paix.

« Nous voulons des forces de sécurité exemplaires, loyales à la Nation et dignes de la confiance des citoyens », martèle le député. Un vœu pieux dans un pays où de nombreux chefs militaires ou policiers sont d’anciens rebelles recyclés.

Reste à savoir si cette proposition sera votée – et surtout appliquée. Mais son dépôt seul marque une prise de conscience : pour reconstruire un État fort, il faut d’abord purger ses fondations. La balle est maintenant dans le camp des députés.

Kamerhe face à ses juges : le bureau de l’Assemblée nationale au bord de l’implosion

Dans l’hémicycle surchauffé du People’s Palace, c’est une séance qui pourrait bien sceller des destins. Ce lundi 22 septembre, les députés nationaux examinent en séance plénière le rapport de la commission spéciale chargée d’analyser les pétitions réclamant la destitution de cinq membres du bureau de l’Assemblée nationale. Au centre de la cible : son président, Vital Kamerhe, dont la carrière politique se joue en ce moment même, sous le regard de ses pairs.

Convoquée par le premier vice-président, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, cette plénière est l’aboutissement de trois jours de procédure accélérée, presque fébrile. Pendant 72 heures, la commission présidée par Peter Kazadi – député influent de l’UDPS – a écouté, questionné, pesé chaque mot. Elle a entendu les accusateurs, puis les accusés. Vendredi, Kamerhe s’est présenté pour sa défense, revenant samedi pour compléter ses arguments, comme un boxeur qui enchaîne les rounds dans un combat dont il ne maîtrise plus les règles.

Des accusations qui frappent fort

Les griefs sont lourds, très lourds. Les pétitionnaires – plus de 250 députés – accusent le bureau de mauvaise gestion financière, de non-respect du règlement intérieur et, plus grave encore, de suspension abusive des soins médicaux destinés aux élus et à leurs familles. Une charge qui touche à l’intime, à la dignité même de la fonction parlementaire.

Face à eux, les cinq mis en cause – Kamerhe, le rapporteur Jacques Djoli, la rapporteure adjointe Dominique Munongo, la questeure Chimène Polipoli et la questeure adjointe Grâce Neema – ont défendu leur bilan, dénonçant une procédure bâclée, motivée par des calculs politiques plus que par la recherche de la vérité.

Une procédure minée par la controverse

Car dans les couloirs, on chuchote que ce rapport est déjà écrit. Que la majorité présidentielle, lassée de l’indépendance tatillonne de Kamerhe, a décidé de lui régler son compte. Certains députés, pourtant, estiment que la défense a été convaincante, que les arguments des pétitionnaires sont fragiles, et que la procédure est entachée d’irrégularités.

La commission de 22 membres, majoritairement issue des groupes parlementaires, a donc œuvré dans un climat de défiance mutuelle. Son rapport, aujourd’hui sur le bureau de l’hémicycle, est une bombe à retardement. Chaque ligne, chaque conclusion sera disséquée, contestée, instrumentalisée.

Le verdict des urnes… parlementaires

La séance de ce lundi s’annonce donc comme un moment de vérité. Les députés devront trancher : suivre les recommandations – probablement sévères – de la commission, ou au contraire, rejeter le rapport et donner raison à Kamerhe et son équipe.

Quelle que soit l’issue, une chose est sûre : l’Assemblée nationale ne sortira pas indemne de cette épreuve. Soit elle congédie son président, au risque de se déchirer ; soit elle le blanchit, au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de l’opinion.

À quelques mètres de là, dans son bureau, Vital Kamerhe attend. Le maître des lieux est devenu l’accusé. Et c’est désormais à ses juges – ses collègues députés – de décider de son sort. La démocratie congolaise, ce lundi, tient en haleime.

Peter Kazadi préside la commission d’enquête sur les pétitions contre Kamerhe

L’Assemblée nationale a franchi une étape décisive dans la crise qui secoue son bureau. Mercredi, en pleine tourmente politique, les députés ont créé une commission spéciale temporaire. Elle doit examiner les pétitions visant cinq membres de l’institution, dont le président Vital Kamerhe. Le député Peter Kazadi, élu de Mont-Amba et cadre influent de l’UDPS, en prend la tête.

Pour équilibrer la composition, les élus ont confié la vice-présidence à Christian Mwando Nsimba (opposition, Ensemble pour la République) et le poste de rapporteur à Yannick Mambu Mbasa (UDPS). Cette répartition veut montrer une ouverture au-delà des clivages partisans, même si beaucoup y voient surtout un calcul politique.

72 heures pour décider du sort du bureau

La commission compte 22 membres. Elle dispose seulement de trois jours pour auditionner les pétitionnaires et les responsables visés. Vendredi, les accusateurs ouvriront le bal, suivis de Vital Kamerhe et de son rapporteur Jacques Djoli. Les trois autres membres concernés se présenteront samedi.

À la fin des auditions, Peter Kazadi et son équipe remettront leur rapport au bureau provisoire dirigé par Isaac Tshilumbayi. La plénière devra ensuite trancher dans un délai de trois jours maximum, comme le prévoit le règlement intérieur.

L’enjeu dépasse la simple procédure. Les pétitions signées par plus de 250 députés pourraient déboucher sur une motion de censure. Kamerhe et ses proches risquent donc la destitution pure et simple.

Une bataille politique sous haute tension

La désignation de Peter Kazadi n’a rien d’anodin. Proche du président Tshisekedi, il incarne la ligne loyaliste de l’UDPS. Ses tensions passées avec Vital Kamerhe nourrissent déjà les soupçons d’un règlement de comptes déguisé.

Vendredi, Kamerhe fera face à ses accusateurs. Son audition pèsera lourd sur son avenir, mais aussi sur l’équilibre des forces au sein de la majorité. Dans les couloirs du People’s Palace, beaucoup murmurent que la décision finale se joue en coulisses, bien avant le rapport officiel.

Une chose reste certaine : l’issue de cette crise redessinera les rapports de force à Kinshasa. Elle pourrait aussi fragiliser durablement la stabilité de la majorité présidentielle.

Tshisekedi – Ramaphosa : deux heures de huis clos sur la sécurité régionale à Pretoria

– Dans le cadre feutré du palais présidentiel Mahlamba Ndlopfu, les deux hommes se sont parlé sans témoin. Pendant plus de deux heures, jeudi, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, ont confronté leurs visions et aligné leurs stratégies. Au menu de ce déjeuner de travail strictement confidentiel : la sécurité régionale, et surtout, la crise persistante qui ravage l’Est de la RDC.

Aucune déclaration publique n’a filtré à l’issue de l’entretien. Mais selon les entourages présidentiels, la coopération sécuritaire a dominé les discussions. Face à la recrudescence des violences et à l’expansion de groupes armés dans la région des Grands Lacs, Kinshasa et Pretoria ont convenu d’intensifier leurs efforts communs pour stabiliser la zone.

L’Est de la RDC, priorité absolue

La situation dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri était au cœur des préoccupations. Les deux chefs d’État ont évoqué les moyens de renforcer l’appui militaire, logistique et diplomatique de l’Afrique du Sud aux forces armées congolaises, dans un contexte où la communauté internationale peine à endiguer la crise.

Au-delà de l’urgence sécuritaire, les discussions ont aussi porté sur les enjeux économiques et politiques liés à cette instabilité. Les richesses minières de l’Est congolais attisent les convoitises et alimentent les conflits – une réalité que Pretoria et Kinshasa entendent désormais aborder de front.

Une alliance stratégique qui se consolide

Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des efforts de rapprochement entre les deux géants africains. Elle confirme la volonté de Tshisekedi et de Ramaphosa de transformer leur partenariat en une alliance solide et opérationnelle, capable de peser sur les équilibres régionaux.

Diplomatie, économie, sécurité : les domaines de coopération se multiplient, signe que la RDC et l’Afrique du Sud misent sur une approche intégrée pour faire face aux défis communs.

Et après ?

Si les détails opérationnels restent secrets, une chose est sûre : ce huis clos à Pretoria marque une nouvelle étape dans l’engagement de l’Afrique du Sud aux côtés de la RDC. Reste à savoir comment cette volonté affichée se traduira sur le terrain – et si elle suffira à infléchir la dynamique de violence qui mine la région depuis des décennies.

La balle est maintenant dans le camp des experts et des militaires. Ils devront donner corps à cette alliance présidentielle. Dans l’Est congolais, on attend plus que des mots.

Tshisekedi à Pretoria : une visite éclair pour une alliance stratégique

 À peine le temps de poser le pied sur le tarmac de l’aéroport militaire de Waterkloof, ce jeudi matin, que le président Félix Tshisekedi s’est engouffré dans le cortège officiel en direction des Union Buildings. Invité par son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, le chef de l’État congolais effectue une visite éclair à Pretoria, condensé de diplomatie et de realpolitik, destinée à resserrer les liens entre Kinshasa et Pretoria.

Accueilli avec les honneurs militaires par la vice-ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Thandi Moreka, Tshisekedi s’est immédiatement rendu au siège du gouvernement pour un tête-à-tête suivi d’un déjeuner de travail avec Ramaphosa. Une rencontre directe, sans fioriture, qui témoigne de l’urgence et de l’importance des sujets à aborder.

Une délégation ciblée pour des enjeux précis

Le choix des accompagnants du président congolais est, à lui seul, un message. À ses côtés : le vice-Premier ministre en charge de la Défense, Guy Kabongo ; la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner ; et le ministre des Finances, Doudou Fwamba. Un triumvirate stratégique qui couvre les trois piliers de la coopération bilatérale : la sécurité, la diplomatie et l’économie.

Des domaines où les deux pays entretiennent une relation à la fois ancienne et cruciale. L’Afrique du Sud reste l’un des premiers investisseurs en RDC, notamment dans les mines, les télécommunications et la banque. Mais au-delà des chiffres, c’est le partenariat sécuritaire et géopolitique qui semble primer aujourd’hui.

Stabilité régionale et sécurisation de l’Est : les dossiers chauds

Alors que l’Est de la RDC sombre chaque jour un peu plus dans la violence, et que la rébellion du M23 défie ouvertement Kinshasa, le soutien de Pretoria – puissance militaire et diplomatique majeure du continent – est plus que jamais essentiel. Les deux chefs d’État devraient aborder la situation sécuritaire, les moyens de renforcer la coopération militaire et le soutien sud-africain aux processus de paix en cours.

Sur le plan économique, les discussions porteront sans doute sur les investissements, la facilitation des échanges et les grands projets d’infrastructures communs. La RDC, poumon économique potentiel de l’Afrique centrale, a besoin de partenaires solides et stables ; l’Afrique du Sud, elle, cherche à consolider son leadership continental.

Une visite brève, mais lourde d’enjeux

Quelques heures seulement. C’est le temps que durera cette visite, mais sa brièveté n’enlève rien à sa portée symbolique et politique. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts de Tshisekedi pour internationaliser la crise sécuritaire qui frappe son pays et mobiliser le soutien des capitales influentes.

À quelques semaines de l’ouverture de la session parlementaire et dans un contexte de tension extrême à l’Est, ce déplacement éclair est aussi un signal fort envoyé à l’intérieur : celui d’un président actif, qui place la diplomatie et la sécurité au cœur de son action.

Le retour de Tshisekedi à Kinshasa sera sans doute suivi d’annonces concrètes. Reste à savoir si Pretoria accordera à Kinshasa le soutien espéré – et si cette visite, aussi brève soit-elle, portera ses fruits sur le terrain.

Crise à l’Assemblée nationale : une commission spéciale créée pour examiner les pétitions contre Kamerhe

L’heure n’est plus aux rumeurs de couloir. La procédure parlementaire contre Vital Kamerhe et son bureau vient de franchir une étape cruciale. Ce mercredi, l’Assemblée nationale a installé une commission spéciale temporaire pour examiner les pétitions visant cinq membres éminents du bureau, dont son président. Jean-Claude Tshilumbayi, premier vice-président de la chambre, a dirigé la plénière en présence de Christophe Mboso, resté hors de la tourmente.

Cinq figures du bureau dans la ligne de mire

La commission réunit 22 membres : un par groupe parlementaire, plus un non-inscrit. Son mandat est clair : auditionner les parties, analyser les accusations, confronter les versions et remettre un rapport dans les 72 heures. Ce délai express traduit l’urgence politique.

Les pétitions, signées par plus de 250 députés, visent directement Vital Kamerhe, Djoli Eseng’ekeli, Dominique Munongo, Polipoli Chimène et Grâce Neema. Ces piliers de la majorité parlementaire voient désormais leur avenir menacé. Avec une telle majorité mobilisée, la stabilité de l’institution chancelle.

Tshilumbayi a présidé la séance pour éviter tout soupçon de conflit d’intérêt, Mboso n’étant pas concerné par les requêtes. Mais dans un hémicycle polarisé, chaque geste et chaque silence nourrissent les spéculations.

72 heures pour sceller le sort du bureau

La mission confiée à la commission dépasse la simple vérification de la régularité des pétitions. Elle engage la légitimité politique du bureau et la confiance que les députés accordent encore à leur président.

Le compte à rebours est lancé : trois jours pour auditionner, conclure et présenter un rapport à la plénière. Trois jours pour décider si le bureau de Kamerhe survivra à cette tempête. Dans les couloirs du People’s Palace, certains murmurent que ce délai traduit autant la volonté d’agir vite que l’impatience d’en finir.

L’avenir de l’Assemblée nationale se joue désormais dans cette commission. Ses conclusions, attendues avec fébrilité, pourraient sceller le sort de Vital Kamerhe et bouleverser l’équilibre politique du pays.