RDC Rwanda la paix en marche ou jeu stratégique américain

Lundi 5 mai 2025, Washington a salué un pas de plus vers la paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique à la Maison Blanche, a qualifié les propositions reçues des deux pays d’« étape importante » dans la mise en œuvre de la Déclaration de principes signée le 25 avril dernier sous l’égide des États-Unis.

Mais au-delà de cet optimisme diplomatique, de nombreuses questions demeurent. Où en est réellement ce processus ? Quel est le rôle exact du comité de suivi annoncé ? Et surtout, quels intérêts se cachent derrière l’engagement américain ?

Un comité de suivi encore flou

Le 1er mai, quelques jours après la réunion tenue à Doha à l’initiative des États-Unis, un comité de suivi a été annoncé. Ce mécanisme inclut les États-Unis, le Qatar, la France et le Togo – ce dernier agissant au nom de l’Union africaine. Il est censé accompagner les discussions et la mise en œuvre du processus de paix entre Kigali et Kinshasa.

Cependant, ce comité reste pour l’heure théorique. Aucun calendrier n’a été fixé, aucune réunion programmée, et aucune feuille de route n’a été dévoilée. Son rôle concret, ses responsabilités, et ses modalités d’action demeurent flous.

Un agenda américain sous surveillance

Washington se veut moteur de la paix, mais ses intentions soulèvent des doutes. Certains partenaires pointent une diplomatie trop centrée sur la défense des intérêts américains. D’ailleurs, la déclaration de principes du 25 avril souligne déjà que ce processus vise aussi à

« protéger les intérêts stratégiques des États-Unis dans les minerais critiques ».

Cette dimension économique, notamment liée aux ressources de l’Est congolais (cobalt, coltan, etc.), alimente les interrogations sur la sincérité du processus. La réorganisation actuelle de la diplomatie américaine en Afrique complexifie également la lisibilité des rôles de chacun dans ce dossier sensible.

Et maintenant ?

Une nouvelle rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda est envisagée dans les trois prochaines semaines. Mais aucune date n’a encore été confirmée. De leur côté, la France, le Qatar et le Togo attendent désormais de Washington plus de clarté sur la suite du processus, tant sur le fond que sur la forme.

Si la paix semble sur la table, elle reste encore suspendue à des engagements concrets. Et aux intentions réelles des puissances qui s’en font les garantes.

 

À Paris, la RDC exige sa place dans la transition énergétique mondiale

La République démocratique du Congo ne veut plus être reléguée au rôle de simple fournisseur de matières premières. À Paris, lors de la 18ᵉ édition du Forum de l’OCDE sur les chaînes d’approvisionnement responsables en minerais, le vice-ministre des Mines, Godard Motemona, a porté une voix ferme : celle d’un pays stratégique, mais trop souvent oublié dans les décisions mondiales sur la transition énergétique.

Du 5 au 7 mai 2025, les salons internationaux de l’OCDE accueillent décideurs et experts venus du monde entier. Et au centre des discussions : les minerais critiques, essentiels à l’économie verte de demain. Sur scène, le représentant congolais ne cache pas ses ambitions.

« La RDC est un pays-solution », déclare-t-il, martelant le rôle incontournable du sous-sol congolais dans l’approvisionnement mondial en cobalt, cuivre et lithium.

Mais le message va plus loin qu’un simple rappel géologique.

Le gouvernement congolais appelle à une refonte des relations internationales : plus de partenariats d’égal à égal, plus de transformation locale, et surtout, une meilleure reconnaissance du poids économique et géopolitique de la RDC dans la chaîne énergétique mondiale. Sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi et de la Première ministre Judith Suminwa, Kinshasa plaide pour des accords plus équilibrés et une valorisation sur place de ses richesses.

Justice sociale, traçabilité et gouvernance au cœur du plaidoyer

Le vice-ministre met également en lumière les réalités complexes du terrain : exploitation artisanale, insécurité à l’Est, contrebande, et impacts sur l’environnement et les communautés. Pour lui, une transition énergétique qui oublie les populations locales serait « une illusion ». Il insiste sur la nécessité de renforcer la traçabilité des minerais, d’intégrer les petits exploitants dans l’économie formelle, et d’impliquer les ONG dans la gouvernance du secteur.

L’enjeu est aussi institutionnel : le renforcement des cadres réglementaires, la lutte contre la corruption et l’exigence de transparence dans les contrats sont présentés comme des conditions essentielles pour rompre avec la logique d’extraction brutale au service de l’exportation.

Un appel à la paix pour un avenir durable

Dans une intervention solennelle, Godard Motemona a également évoqué la situation dramatique à l’Est du pays. La paix, rappelle-t-il, est une condition sine qua non pour toute ambition de développement durable. Car sans stabilité, ni industrialisation ni transition énergétique ne peuvent prospérer.

À Paris, la RDC ne quémande pas. Elle revendique. Elle exige que sa voix soit entendue, que ses ressources soient respectées, et que sa population bénéficie enfin des fruits de la révolution verte que ses minerais rendent possible.

Journalisme congolais : bientôt une nouvelle loi pour mieux encadrer la profession

La 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 5 mai 2025 à Kinshasa, a été le théâtre d’une annonce de taille. Devant un parterre de journalistes, d’autorités politiques et d’invités de marque, dont le Président Félix Tshisekedi et la Première ministre Judith Suminwa, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a révélé l’imminence d’une réforme attendue depuis plus de 40 ans.

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« Le projet des textes portant sur le statut du journaliste congolais, destiné à remplacer l’ordonnance-loi de 1981, est en voie de finalisation », a-t-il déclaré avec assurance. Le texte, désormais entre les mains des commissions gouvernementales compétentes, sera bientôt soumis au Conseil des ministres pour adoption.

Vers une meilleure structuration du métier de journaliste

Selon Patrick Muyaya, cette réforme vise à moderniser l’exercice du journalisme en République Démocratique du Congo. L’un des piliers de cette nouvelle législation portera sur l’identification claire des journalistes, un enjeu majeur dans un contexte marqué par la prolifération de fausses informations et l’émergence de l’intelligence artificielle dans le traitement de l’information.

Mais le ministre ne s’est pas arrêté là. Il a évoqué d’autres textes complémentaires, essentiels pour assainir et structurer le secteur des médias. Parmi eux :

  • Un décret fixant les modalités pratiques des redevances, licences et autorisations applicables aux médias communautaires, associatifs et confessionnels.

  • Un arrêté interministériel pour encadrer l’exonération des droits de douane à l’importation des intrants destinés à la production médiatique.

  • Un arrêté sur les redevances à percevoir au nom du ministère de la Communication.

  • Et enfin, un texte spécifique sur l’accréditation des journalistes étrangers, précisant la procédure, les frais et la durée d’autorisation de travail en RDC.

Une modernisation indispensable face aux défis de l’ère numérique

Dans un monde où l’intelligence artificielle bouleverse les pratiques journalistiques, cette réforme tombe à point nommé. Le thème même de cette 32ᵉ édition — « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle, information et désinformation en ce temps de guerre d’agression rwandaise » — montre à quel point l’information devient un champ de bataille stratégique.

Patrick Muyaya, en tant que président du comité de suivi des recommandations issues des états généraux de la communication, a également annoncé la relance imminente de ses travaux. Des orientations gouvernementales sont attendues dans les prochains jours pour renforcer le rôle et la sécurité des journalistes dans ce contexte tendu.

Les journalistes, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que de nombreuses personnalités politiques et médiatiques, ont salué ces annonces comme une avancée majeure. La RDC semble vouloir franchir un cap décisif dans la reconnaissance et la protection du métier de journaliste, en lui donnant enfin un cadre légal à la hauteur des enjeux du XXIᵉ siècle.

Et si on repensait ensemble les transferts d’argent vers l’Afrique ?

Chaque année, la diaspora africaine envoie des dizaines de milliards de dollars vers le continent (près de 100 milliards en 2023).

 

Des milliards qui représentent des montants plus importants que l’aide publique au développement et plus importants que les investissements directs étrangers.

Ces transferts d’argent sont bien plus que de simples transactions : ils sont le reflet d’un lien fort, d’une solidarité constante, d’une volonté d’agir, même à distance.

Ils racontent les sacrifices de celles et ceux qui, installés ailleurs, continuent de porter l’Afrique dans leur cœur, dans leurs responsabilités et dans leur portefeuille.

Mais quel est l’impact réel de cet argent ?

C’est une des nombreuses questions que beaucoup parmi nous ressentons au fond de nous-même.

  • Au vu des montants importants de transferts d’argent vers l’Afrique, à quel point sommes-nous satisfaits de leur utilisation ?
  • Ces transferts peuvent-ils être servir pour réellement développer le continent ? Si oui, comment pouvons-nous faire pour y parvenir ?

Et si on y réfléchissait ensemble ?

Nous lançons une grande étude sur les transferts d’argent vers l’Afrique par la diaspora dans une démarche de réflexion collective pour explorer ces questions cruciales.

Parce que nous sommes convaincus que les meilleures idées viennent de ceux qui vivent la réalité des situations et parce que nous croyons fermement que des réponses et solutions existent déjà dans nos esprits, nous avons mis en place ce questionnaire ouvert à tous les membres de la diaspora.

A travers ce questionnaire, nous souhaitons engager un dialogue fécond avec toute la diaspora africaine qu’elle soit basée en Afrique, Aux Amériques, En Asie, Dans la Caraïbe, en Europe, En Océanie ou ailleurs.

Nous le pensons comme un outil pour comprendre les réalités, identifier les blocages et les leviers, capter les idées.

Ce questionnaire n’est pas une fin mais Il est un début : le début d’une réflexion structurée, le début vision partagée, le début d’une communauté d’action et pourquoi pas le début de nouveaux modèles de solidarité.

Pourquoi répondre ?

  • Parce que chaque voix de la diaspora africaine compte dans ce débat essentiel
  • Pour partager nos expériences, nos visions et nos idées sur les transferts d’argent vers l’Afrique
  • Pour participer à la co-construction de réponses concrètes et adaptées à nos réalités

Prenons le temps de la réflexion.

Répondons au questionnaire en cliquant sur le lien suivant : https://tally.so/r/mOkJ98

Partageons le questionnaire autour de nous, à toute la diaspora.

Chaque contribution est indispensable pour atteindre l’objectif de 2 000 réponses minimum.

Merci infiniment

Steve Pentang pour The Seeds

PS :

Une version en anglais du questionnaire est disponible sur le lien suivant : https://tally.so/r/mVDWQM

Qui sommes-nous ?

Nous sommes The Seeds (www.the-seeds.net), une initiative africaine visant à contribuer à la libération du potentiel de l’Afrique à travers notamment l’accompagnement de l’entreprenariat.

Source : https://www.un.org/osaa/news/digital-remittances-africa

Tshisekedi tranche : « Jamais je ne braderai les minerais de la RDC »

Lors de la célébration de la 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse, le 5 mai 2025 à Kinshasa, le Président Félix Tshisekedi a pris la parole pour répondre publiquement aux critiques visant le partenariat stratégique en discussion entre la République démocratique du Congo et les États-Unis d’Amérique. Ce partenariat, présenté comme un accord « minerais contre sécurité », suscite de vifs débats dans le pays. Il prévoit un accès privilégié de Washington aux minerais stratégiques congolais en échange d’un appui sécuritaire, notamment pour stabiliser l’Est du pays.

Face aux rumeurs croissantes d’un bradage des ressources nationales, le Chef de l’État a tenu à rassurer l’opinion publique. Il a rappelé son engagement solennel envers le peuple congolais : « Jamais je ne braderai les richesses de la République démocratique du Congo. J’en ai fait le serment devant la Nation et je m’y tiendrai jusqu’au bout. » Pour lui, ces accusations s’inscrivent dans une campagne orchestrée visant à discréditer son action et à miner la souveraineté économique du pays.

Une réponse ferme face aux campagnes de désinformation

Félix Tshisekedi a fermement dénoncé ce qu’il considère comme une offensive médiatique, fondée sur des allégations non vérifiées. Selon lui, ces campagnes de désinformation compromettent non seulement la stabilité nationale, mais elles sapent également les efforts déployés pour sécuriser l’Est de la RDC, en proie depuis des décennies à l’instabilité et aux violences armées.

Le Président a insisté sur la nécessité de défendre les intérêts stratégiques du Congo dans le cadre de tout partenariat international. Il a souligné que les discussions avec les États-Unis visent à établir une coopération équitable, transparente et bénéfique pour le peuple congolais. « Il ne s’agit pas de vendre nos minerais, mais d’en faire un levier de développement et de paix durable. »

En évoquant le traumatisme encore vif du contrat sino-congolais surnommé « le contrat du siècle », Tshisekedi a voulu montrer qu’il reste vigilant. Il a assuré que toute décision liée aux ressources naturelles sera prise dans l’intérêt du pays et fera l’objet d’un débat ouvert avec les institutions compétentes et la société civile.

Appel à la responsabilité des médias et engagement pour la transparence

Profitant de cette Journée mondiale de la liberté de la presse, le Président a lancé un appel fort aux professionnels de l’information. Il les a invités à plus de rigueur, d’éthique et de responsabilité. « La liberté d’informer est sacrée, mais elle exige loyauté envers la vérité et respect de l’intérêt supérieur de notre peuple », a-t-il martelé.

Tshisekedi a critiqué les médias qui publient des rumeurs sans vérification. Il les a exhortés à consulter les sources officielles et à croiser les informations avant diffusion. Pour lui, la désinformation représente une menace réelle dans un contexte marqué par les tensions géopolitiques et l’essor de l’intelligence artificielle, qui facilite la propagation des fausses nouvelles.

En conclusion, le Chef de l’État a réaffirmé son engagement à bâtir un Congo fort, maître de ses ressources, respecté sur la scène internationale. Il a appelé à l’unité nationale pour relever les défis de sécurité, de gouvernance et de développement. À travers ses propos, il cherche à rassurer une population de plus en plus exigeante sur la gestion des ressources naturelles, tout en défendant une vision souveraine de la coopération internationale.

Intelligence artificielle, désinformation et guerre : la presse congolaise au cœur du combat pour la vérité

Kinshasa s’est transformée en symbole de résistance médiatique ce lundi. Le Président Félix Tshisekedi a présidé la cérémonie de la 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse au Fleuve Congo Hôtel. Le thème national, plus que jamais d’actualité : « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en temps de guerre d’agression rwandaise. »

Sous haute tension géopolitique, la presse congolaise se mobilise. Chefs d’institutions, ministres et figures de la société civile ont répondu présents. Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a salué le courage des professionnels des médias, engagés face aux campagnes de manipulation et à la guerre de l’information.

« Jamais les journalistes congolais n’ont été aussi mobilisés. Caméras, micros et stylos en main, ils défendent la vérité, la cohésion nationale et le patriotisme », a-t-il affirmé.

Le président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Baudoin Kamanda, a remercié le Chef de l’État pour ses efforts dans la résolution de la crise sécuritaire à l’Est, reconnaissant son impact direct sur la liberté d’expression.

Félix Tshisekedi, déterminé et ferme, a lancé un message clair. Il a exprimé son indignation face à la désinformation autour du partenariat minier entre la RDC et les États-Unis. Il a mis en garde contre les journalistes complices de la propagande ennemie :

« Jamais, au grand jamais, je ne braderai les richesses de la République. »

Le Chef de l’État a invité les journalistes à se faire les gardiens de la mémoire collective et les sentinelles de la vérité, appelant à leur responsabilité dans la consolidation de la démocratie :

« Il n’y a pas de paix durable sans liberté de la presse. Pas de démocratie réelle sans pluralité de l’information. »

Il a également encouragé à poursuivre les réformes en cours dans le secteur des médias, citant des avancées obtenues grâce à un dialogue républicain, et appelant à bâtir une presse libre, éthique et responsable.

Dans un pays encore meurtri par la guerre, la presse congolaise devient un rempart contre la manipulation. Face à l’intelligence artificielle, au mensonge et à l’agression, la vérité reste l’arme principale. Le combat de l’information continue.

Vers la fin du conflit RDC-Rwanda : un accord de paix en préparation sous l’égide des États-Unis

La RDC et le Rwanda franchissent un cap décisif dans leur quête de paix. Le 5 mai 2025, les deux pays ont remis à Washington un avant-projet d’accord, respectant ainsi l’engagement pris dans la Déclaration de principes du 26 avril. Ce texte commun pose les bases d’une sortie de crise encadrée par les États-Unis.

Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au Département d’État américain, a salué cette démarche. Selon lui, cette proposition marque une étape importante. Il a également exprimé sa confiance dans la volonté des deux parties de poursuivre leur engagement.

Lors de leur rencontre à Washington, les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda) avaient promis de livrer un document conjoint avant le 2 mai. Ils ont tenu parole.

Ce processus ne se limite pas à Washington. Il s’inscrit dans une dynamique plus large, soutenue par les initiatives de Nairobi, Luanda et Doha. Ces efforts sont coordonnés par la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA), la SADC et l’Union africaine.

Le projet d’accord couvre plusieurs domaines clés :

  • le respect de la souveraineté,

  • la sécurité aux frontières,

  • la coopération économique régionale,

  • le retour des déplacés,

  • et le renforcement de la mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO).

En cas de désaccord, une réunion ministérielle pourra avoir lieu à Washington. Le Secrétaire d’État américain jouera alors un rôle de médiateur.

Cette nouvelle étape diplomatique relance l’espoir d’une stabilité durable dans l’Est congolais. Cette région reste marquée par des violences impliquant des groupes armés, dont le M23. Mais désormais, un cadre clair de dialogue émerge, appuyé par une volonté commune de paix et un solide soutien international.

FARDC en action : frappes aériennes contre la milice CRP à Djugu

L’armée congolaise intensifie la pression sur la milice Convention pour la révolution populaire (CRP), dirigée par Thomas Lubanga, dans la région instable de Djugu, en Ituri.

Le dimanche 4 mai, les FARDC ont lancé des frappes aériennes ciblées sur les positions de la CRP à Nyamamba, après une attaque contre l’un de leurs postes. Appuyée par des hélicoptères de combat, l’armée affirme avoir infligé de lourdes pertes au groupe armé, actif depuis plusieurs semaines dans les zones lacustres de Nyamamba, Café et Datule.

Selon le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des FARDC en Ituri, plusieurs miliciens ont été tués et des armes saisies. Il assure que « les opérations vont se poursuivre jusqu’au démantèlement total de la CRP », dont les membres seraient déjà en débandade.

Dans la soirée de dimanche, des explosions d’armes lourdes ont été entendues à Tchomia, à une soixantaine de kilomètres de Bunia, semant la panique parmi les habitants.

Face à cette montée de la violence, le gouvernement provincial lance un appel à la CRP pour qu’elle dépose les armes et rejoigne le processus de paix en cours. La société civile locale, notamment dans les camps de pêche, alerte sur un climat de peur permanent qui pèse sur les populations civiles, toujours sous la menace.

Contrebande de minerais : la RDC arrache une commission d’enquête internationale contre le Rwanda

Lors d’une réunion extraordinaire des ministres des Mines de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), tenue le 3 mai 2025 à Lusaka, en Zambie, le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba, a annoncé la mise en place d’une commission d’enquête conjointe pour investiguer les exploitations et trafics illicites de minerais congolais vers le Rwanda.

Cette décision historique fait suite à deux sessions préparatoires majeures, tenues à Nairobi : la 26ᵉ réunion du Comité d’Audit de la CIRGL et la 30ᵉ du Comité Régional de l’Initiative Régionale contre l’Exploitation Illégale des Ressources Naturelles (IRRN). Ces réunions techniques ont jeté les bases d’une réaction diplomatique coordonnée.

Selon une dépêche de l’Agence Congolaise de Presse, c’est à la demande expresse de Kinshasa, preuves à l’appui, que le sujet a été inscrit à l’ordre du jour. La RDC accuse en effet le Rwanda de recevoir clandestinement d’importants volumes de minerais issus de son sol, alimentant ainsi un commerce illicite qui affaiblit son économie.

« Cette décision marque un pas important vers la justice économique et la défense de notre souveraineté minière », a déclaré Kizito Pakabomba, appelant à une application rigoureuse du mécanisme régional de traçabilité des minerais.

Le ministre a salué cette avancée comme le fruit d’une mobilisation diplomatique et technique déterminée de la part de la RDC. Il s’est dit confiant que cette commission permettra de révéler toute la chaîne de la contrebande, de proposer des solutions concrètes et d’endiguer le pillage systématique des ressources congolaises.

Avec cette démarche, Kinshasa entend renforcer la transparence, la coopération régionale et le respect des règles internationales en matière de gestion des ressources naturelles. Une dynamique diplomatique forte s’amorce dans la région, avec pour enjeu central : le contrôle et la valorisation légitime des richesses minières du Congo.

Kabila rattrapé par l’Est : vers une levée d’immunité ?

Le président du Sénat de la République démocratique du Congo, Sama Lukonde, a annoncé vendredi que la requête de levée d’immunité visant le sénateur à vie Joseph Kabila serait étudiée « conformément à la Constitution et au règlement intérieur du Sénat ». Cette démarche fait suite à un réquisitoire transmis par l’Auditeur général des FARDC, agissant sur ordre du ministre de la Justice, Constant Mutamba.

Selon le ministre, Joseph Kabila est poursuivi pour des faits présumés de trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il est accusé d’implication dans les violences armées dans l’Est du pays, notamment en lien avec l’agression imputée au Rwanda à travers le groupe rebelle M23, qualifié de mouvement terroriste par Kinshasa.

En tant que sénateur à vie, Joseph Kabila bénéficie d’une immunité parlementaire. Pour engager des poursuites judiciaires, une autorisation du Sénat est indispensable. Aucune date n’a encore été fixée pour l’examen officiel de cette requête par la Chambre haute.

Déjà le 18 avril, le ministre Mutamba avait ordonné la saisie des biens de l’ex-président et imposé des restrictions de mouvement à plusieurs de ses proches. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dirigé par Kabila, a également vu ses activités suspendues par le ministère de l’Intérieur, qui dénonce une posture ambiguë face à l’occupation de l’Est congolais.

L’affaire, à la croisée du politique et du judiciaire, pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire institutionnelle de la RDC.