RCA : 12 combattants d’un groupe armé tués des Casques bleus (gouvernement)

Ces combattants qui tentaient de pénétrer dans une ville du nord-est sont morts dans des combats avec les Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).

«Suite à l’entrée des combattants lourdement armés du Front Populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) dans la ville de Birao les Casques bleus de la MINUSCA, accompagnés des Forces armées centrafricaines (FACA), ont repoussé ces éléments», selon un communiqué de la Minusca.

«Le bilan fait état de 12 morts côté FPRC», a précisé le porte-parole du gouvernement Ange-Maxime Kazagui dans un deuxième communiqué publié mardi.

Dimanche, le FPRC avait lancé une nouvelle offensive sur cette ville située dans le nord-est du pays et tenue par le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), une milice rivale.

Birao est le théâtre d’affrontement régulier entre ces deux mouvements pourtant signataires à Khartoum d’un accord de paix il y a un an entre 14 groupes armés, et aussi entre ces rebelles et le gouvernement.

Cet accord, censé mettre fin à une guerre civile meurtrière qui a commencé en 2013, a abouti à une baisse conséquente des combats, mais les deux tiers du territoire sont encore tenus par des groupes rebelles.

Des combats sporadiques ainsi que les exactions contre les civils persistent, malgré la présence des Casques bleus de la Minusca depuis 2014.

Dimanche, «le FPRC a fait une incursion par trois axes dans la localité de Birao. Les objectifs de ces attaques étaient vraisemblablement le site de déplacés ainsi que la base des Forces armées centrafricaines», a déclaré Kazagui dans ce communiqué.

Jeudi, déjà, la Minusca avait fait appel à des avions de combat français qui avaient effectué une démonstration de force au-dessus de Birao pour dissuader une première offensive du FPRC, avait déclaré samedi le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro.

La Minusca dispose d’une base à Birao, ville sous surveillance d’un contingent de Casques bleus zambiens.

En Centrafrique près du quart des 4,7 millions d’habitants du pays ont fui leur domicile en raison des combats et de l’insécurité. Une élection présidentielle est prévue en décembre 2020.

RCA : cinq chefs de milice condamnés à perpétuité

Cinq chefs d’une milice centrafricaine ont été condamnés, vendredi 07février à Bangui, aux travaux forcés à perpétuité pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » pour le massacre de dizaines de civils en 2017.

Une condamnation inédite en République centrafricaine. Cinq chefs de milice ont été condamnés à des travaux forcés à perpétuité pour des « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », pour leur rôle dans le massacre de dizaines de civils en 2017, dans ce pays endeuillé par une guerre civile depuis sept ans.

Deux des hommes condamnés par la Cour criminelle de Bangui sont Crépin Wakanam, dit « Pino Pino », et Kevin Bere Bere, dit « Béré-Béré », soit les principaux chefs d’un groupe armé anti-balaka. Ces milices d’auto-défense à majorité chrétienne et animiste avaient perpétré un massacre à Bangassou, dans le sud, contre des civils musulmans le 13 mai 2017.

« C’est la première fois qu’une condamnation pour crimes contre l’humanité est prononcée par un tribunal centrafricain », a déclaré par téléphone à l’AFP le ministre de la Justice Flavien Mbata, ce qu’a confirmé la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH).

Le « général Pino-Pino » et le « lieutenant Béré-Béré » étaient à la tête d’une milice anti-balaka qui avait notamment attaqué le 13 mai 2017 le quartier de Tokoyo et une base de l’ONU dans la localité de Bangassou.

Selon l’ONU, l’assaut ce jour-là, ainsi que des heurts les jours d’avant et d’après, avaient fait 72 morts, 76 blessés et 4 400 déplacés. Les membres de la communauté musulmane qui se trouvaient réfugiés dans l’église catholique de cette ville avaient été particulièrement visés le 13 mai.

Dix casques bleus ont également été tués au cours d’attaques menées par des miliciens entre mai et novembre 2017 dans Bangassou et ses environs.

Les verdicts, lus par le président de la Cour pour chacun des accusés devant une salle de tribunal remplie de policiers et militaires, ne sont susceptibles que d’un recours en cassation.

En tout, 28 accusés étaient jugés par la Cour criminelle du tribunal de Bangui pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, pillages et meurtres ». Trois autres ont été condamnés à la même peine et pour les mêmes chefs que Béré-Béré et Pino-Pino en tant que cadres de la milice : Romaric Mandago, Patrick Gbiako et Yembeline Mbenguia Alpha.

Le reste des accusés, des combattants du groupe, ont été condamnés à des peines allant de 10 à 15 années de travaux forcés notamment pour assassinats et détention illégale d’armes.

Deux tiers de la Centrafrique aux mains de groupes armés

La FIDH a salué dans un communiqué « ce verdict, qui démontre la volonté grandissante des autorités judiciaires centrafricaines à mener à leur terme des procès de premier plan contre les responsables des violences et crimes internationaux qui endeuillent » ce pays parmi les plus pauvres du monde depuis plus de sept années.

La Centrafrique est plongée dans une guerre civile meurtrière depuis que le président François Bozizé a été renversé en 2013 par la Séléka, une coalition de groupes rebelles à dominante musulmane. Des milices populaires, les anti-balaka, avaient été créées pour combattre la Séléka, entraînant le pays dans une spirale infernale de violences et combats.

La signature, il y a un an, d’un accord de paix à Khartoum entre le pouvoir de Bangui et 14 groupes armés a permis une baisse significative des affrontements. Mais le pays reste secoué par des combats réguliers et des crimes dont sont encore victimes de nombreux civils. Deux tiers du territoire restent aux mains de groupes armés rivaux.

RCA : l’opposition crée une coalition

Elle se compose de 16 partis d’opposition, dont 14 ont signé une liste qui pourrait être appelée à grandir.

Initiée en novembre 2019, la Coalition de l’opposition démocratique 20-20 (COD 20-20) a été officiellement créée lundi 10 février à Bangui. Des partis d’opposition traditionnels (URCA, KNK, CRPS) se sont ainsi alliés avec des partis plus récents.

La Coalition de l’opposition démocratique 20-20, qui a vu le jour lundi 10 février, veut défendre et surveiller les questions de paix, de sécurité, de libertés publiques en République centrafricaine. Anicet-Georges Dologuélé, chef du parti URCA, est à la tête de sa présidence tournante. La coalition a surtout en ligne de mire les élections générales de fin 2020.

« Nous avons vocation à conquérir le pouvoir. L’opposition se définit au Parlement, et dans la vie de tous les jours. Les hommes politiques de l’opposition sont regroupés pour avoir des actions d’oppositions démocratiques contre le pouvoir en place. Chacun de nous prend des positions de manière isolée, ce qui affaiblit nos prises de position. En se mettant ensemble, on forme un bloc puissant puisque nous réunissons nos énergies, nous réunissons nos voix. »

« Le temps des élections bâclées et mal organisées est révolu »

Solennellement, les leaders des partis d’opposition ont signé une charte. L’ancien Premier ministre, Mahamat Kamoun, à la tête du récent parti Be Afrika ti é Kwè, compte parmi eux.

« L’union fait la force et nous avons décidé de nous retrouver pour planifier des actions. Naturellement, nous n’avons pas d’armes. Mais les moyens légaux dont nous disposons, c’est quoi ? C’est les meetings, les marches, des prises de position, des sit-in. C’est la mobilisation de nos électeurs, de nos populations, puisque le point important pour nous, c’est les élections. Nous voulons qu’il y ait des bonnes élections tout simplement parce que le temps des élections bâclées et mal organisées est déjà révolu en Afrique. »

La coalition se laisse aussi la possibilité de discuter d’une candidature unique pour la présidentielle à venir.

RCA : le CICR réduit ses activités pour des raisons de sécurité

L’organisation caritative internationale a réduit certaines de ses activités humanitaires à Kaga-Bandoro et dans la préfecture de Nana-Grébizi, dans le centre-nord du pays.

Bruce Biber le chef adjoint de la délégation du CICR en République centrafricaine a confirmé leur décision.

Pour des raisons de sécurité, le CICR a réduit certaines de ses activités humanitaires à Kaga-Bandoro et dans la préfecture de Nana-Grébizi, dans le centre-nord du pays.

Le Comité international de la Croix Rouge a été l’objet de plusieurs attaques ces derniers temps attribués à des bandes armées opérant dans la région.

Une vingtaine de miliciens tués dans des combats en Centrafrique. Difficile accès aux antirétroviraux en Centrafrique

Biber signale que leur mesure a été prise pour permettre une meilleure mobilisation des forces locales dans la lutte contre la hausse de la criminalité.

Il estime qu’en dehors de son organisation, les populations expriment leur ras le bol face aux attaques répétées perpétrées par les groupes armés.

Bruce Biber qui révèle que les structures de l’état sont encore faibles à Kaga-Bandoro, fait appel à l’implication des leaders religieux, des membres de la société civile, des responsables communautaires pour venir à bout de la criminalité en hausse.

RCA : Caritas menacé à la suite à une affaire d’abus sexuels

Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti parce que les soutiens financiers n’arrivent plus après la condamnation du père Luk Delft.

Le père Luk Delft, établi en Centrafrique depuis 2013, avait officié pendant deux ans à Kaga Bandoro, une ville située dans le Nord du pays, avant d‘être nommé en 2015 secrétaire exécutif national de l’association Caritas en Centrafrique.

Le prêtre avait été condamné en Belgique pour pédophilie. Libéré, il est parti travailler pour Caritas en Centrafrique où il aurait encore abusé d’enfants. Depuis plusieurs semaines, les activités de Caritas fonctionnent au ralenti car les soutiens financiers n’arrivent plus depuis que cette affaire a été révélée.

Dans le site ATIB à Bimbo, (ouest de Bangui), qui accueille les victimes des inondations d’octobre dernier, les rires des femmes bénéficiaires de l’aide de la Caritas cachent mal les douleurs d’une population qui, depuis plusieurs semaines, ne mange pas à sa faim ou ne peut se soigner lorsqu’elle tombe malade. Caleb, un des sinistrés du site témoigne. «  Caritas nous a aidé dans des moments difficiles. Caritas nous a amenés des bâches, des couvertures, des ustensiles et même des vivres. Cela va faire un mois qu’on ne reçoit plus d’aide ni financière ni matérielle » se lamente Caleb.

Les populations civiles grandes victimes de la faiblesse des appuis financiers à la Cariatas

Situation difficile pour Caritas

L’assistance à ces sinistrés est aujourd’hui réduite de moitié, conséquence des mesures conservatoires prises par les partenaires qui ont préféré suspendre leurs financements à Caritas Centrafrique.

Pour Fiacre Sieng chargé de communication à la Caritas diocésaine de Bangui, « Caritas Bangui intervient dans plusieurs domaines : dans le cas des catastrophes naturelles et, si le pays est en situation de conflit. Suite aux dernières inondations, on avait prévu d’aider au moins 1.000 sinistrés. Mais on n’a pas pu atteindre cet objectif parce que les partenaires ont suspendu leurs partenariats et on n’a plus de financement », dit le responsable communication à la Caritas.

Un Centrafricain dans un camp pour réfugiés

Un coup dur pour le personnel de l’institution qui, en plus du manque d’argent, doit affronter les questions et les reproches de la population.

L’abbé Alain Bienvenu Bangbanzi est le secrétaire national de Caritas Centrafrique : « Les activités pour la plupart sont au ralenti, les salaires ne sont plus payés et certains de nos collaborateurs sont tentés d’aller trouver mieux ailleurs. D’autres  sont aujourd’hui stigmatisés et l’organisation aussi est l’objet de stigmatisation parce que beaucoup pensent que Caritas est devenue une structure de péché et qu’il ne faut pas s’approcher de nous. »

En octobre dernier, la conférence des évêques de Centrafrique a déposé une plainte auprès du Parquet de Bangui contre ce prêtre. Une procédure qui pourrait se greffer à celle entamée par la justice belge qui a condamné dans un premier temps le père Delft à 18 mois de prison avec sursis.

Reserve d’or en RCA : la Russie nie la présence des entreprises russe

L’ambassadeur de Russie en Centrafrique M.Titorenko dans une interview qu’il a accordé à Sputnik, a déclaré qu’aucune entreprise russe ne travaille en République centrafricaine.

« À l’heure actuelle, aucune entreprise russe ne travaille en République centrafricaine », a déclaré à Sputnik l’ambassadeur de Russie en République centrafricaine. Il a  souligné que les informations sur les réserves de diamants et d’or dans ce pays étaient exagérées. Selon lui, les Chinois sont le principal acteur économique en RCA.

En outre, la plupart des mines se trouvent dans la zone non contrôlée par le gouvernement, a-t-il ajouté.

«Il n’y a pas d’entreprises russes ici. Il y a une entreprise qui a été créée avec la participation d’hommes d’affaires russes particuliers, elle est enregistrée en vertu des lois de la République centrafricaine, elle n’a qu’une seule licence pour rechercher et extraire des diamants. Pour autant que je sache, cette entreprise fonctionne à perte», a déclaré M.Titorenko.

Données exagérées

Selon lui, les données sur les réserves de diamants et d’or en République centrafricaine sont largement exagérées:

«Par le passé la République centrafricaine était un producteur relativement moyen de diamants, par exemple à l’époque de Bokassa [ancien dirigeant, 1966-1979, ndlr] et avant les événements qui ont commencé dans les années 1990, le pays exportait de 350 à 360.000 carats de diamants bruts, cela ne représentait que 11% des recettes budgétaires de l’État. C’est loin de la Namibie, loin de notre région russe de Yakoutie. Il y a des diamants, mais il y en a peu».

D’après l’ambassadeur, de 35.000 à 36 000 carats sont exportés par an, soit dix fois moins qu’auparavant. «Naturellement, il existe une contrebande de diamants, des experts de l’Onu le soulignent également, mais cela se fait dans des zones qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement», a déclaré le diplomate.

Extraction de l’or

Quant à l’or, a-t-il noté, si 91 tonnes sont extraites au Soudan voisin, il s’agit d’environ 500-600 kilogrammes «et bien moins» en RCA, et encore, dans les conditions les plus favorables.

«Et la plupart des mines sont situées dans une zone échappant au contrôle du gouvernement. Par conséquent, la Russie a peu dans ce domaine. Alors que la Chine possède 12 licences pour l’exploration et la production de diamants, quatre licences pour l’extraction de l’or, et les Chinois sont le principal acteur économique en RCA, comme partout en Afrique», a conclu le diplomate.

RCA : la Minusca lance l’opération Mokiri

Cette opération vise à démanteler des barrières illégales de l’UPC sur l’axe Bambari Alindao.

Les forces internationales en Centrafrique ont lancé, le 1er février, l’opération militaire dénommée « Mokiri » pour démanteler des barrières illégales de l’UPC sur l’axe Bambari Alindao, quelques heures après la fin de l’ultimatum.

Les casques bleus de la Minusca ont contraint l’’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darrassa à abandonner ses positions au centre d’Alindao et à mettre fin à toute circulation de ses éléments armés dans la ville. Par ailleurs, ce groupe armé a annoncé son retrait de Bambouti (sud-est de la République centrafricaine) au plus tard le 5 février, ville qu’il occupait depuis novembre 2019. Peu avant, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) a constaté que l’UPC a effectivement démantelé sa base située près du camp des Forces armées centrafricaines (Faca) et ses barrières à l’entrée et à la sortie d’Alindao. Le groupe s’est, en outre, engagé à informer la Minusca de tous ses mouvements.

Les opérations se sont principalement déroulées au croisement Digui, non loin du village Ngakobo, menées conjointement par les forces spéciales portugaises et népalaises, appuyées par les soldats du contingent gabonais et quelques éléments des Faca. «La Minusca continuera à maintenir la pression sur l’UPC ainsi que d’autres groupes armés, conformément à son mandat de protection des populations civiles et de soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix », a affirmé Mankeur Ndiaye, chef de la Minusca et représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RCA.

En plus de cette pression militaire, « l’opération lancée contre l’UPC se poursuit sur le front politique », a indiqué la Minusca. « Elle vise à contraindre l’UPC à cesser toute entrave à la sécurité d’Alindao. L’objectif final est de restaurer l’autorité de l’Etat et de protéger les populations civiles menacées. Il est aussi exigé de l’UPC de stopper ses velléités d’expansion vers d’autres régions comme Bambouti et Markounda et de s’engager auprès de la Minusca et du gouvernement pour ramener la quiétude dans la Haute-Kotto », a fait valoir la mission onusienne en Centrafrique. Selon la Minusca, l’opération « Mo kiri » va maintenir le renforcement de son dispositif et sa posture à Bambari et Alindao en vue de la mise en œuvre de l’accord de paix.

RCA : 2600 soldats seront recrutés en 2020

L’annonce a été faite par la ministre centrafricaine de la Défense et de la Restructuration de l’armée, Marie- Noëlle Koyara, lors d’une conférence de presse.

Le gouvernement centrafricain entend recruter 2.600 soldats dans les Forces armées centrafricaines (FACA) en cette année 2020. C’est la ministre de la Défense et de la restauration de l’armée,  Marie- Noëlle Koyara qui a fait cette déclaration à la presse lundi 03 février 2020.

L’objectif de ce recrutement est de disposer d’une armée comprenant d’ici 2023 quelque 9.800 hommes et femmes compétents.

La ministre a tenu à préciser que la loi de programmation militaire centrafricaine prévoit un recrutement annuel de 1.300 soldats entre 2019 et 2023. Selon elle, le pays a accusé un retard l’année dernière, c’est cette raison qui amène le gouvernement à multiplier par deux le nombre des recrues en 2020.

RCA : à l’ONU, la France fait des concessions à la Russie sur l’embargo militaire

Le Conseil de sécurité a voté pour l’allègement de la suspension de certaines armes, instaurée en décembre 2013, et autorisé, entre autres, la livraison de blindés armés.

« C’est avec déception que la République Centrafricaine a accueilli la décision du Conseil de Sécurité des Nations-Unies du maintien de l’embargo qui pèse sur nos forces de défense et de sécurité », a estimé le porte-parole de la présidence centrafricaine, Albert Yaloké Mokpeme. Vendredi soir 31 janvier à New York, le Conseil de sécurité a pourtant voté l’allègement de l’embargo instauré en décembre 2013 et a autorisé, entre autres, la livraison de blindés armés à ce petit pays d’Afrique centrale. De plus, un expert devait être dépêché lundi 3 février pour examiner l’application de l’accord de paix signé le 6 février 2019 entre Bangui et quatorze groupes armés.

En fait, c’est avant ce vote que le sujet a fait couler le plus d’encre. Des voix favorables à la levée des sanctions se sont à nouveau élevées sur cette zone d’Afrique centrale où le sentiment antifrançais est en partie nourri par la volonté de Paris d’empêcher la dissémination des armes. La semaine dernière, la « une » de Centrafric Matin s’interrogeait sur ce « Que veut réellement la France de ce pays et de son peuple ? Le génocide ? » et le site du journal Ndjoni Sango estimait, lui, que « la France décide de maudire la RCA par tous les moyens ». Des critiques qui avaient eu tendance à s’atténuer ces derniers temps, après les fortes tensions diplomatiques suscitées par l’irruption de la Russie sur l’échiquier centrafricain en 2018.

Une situation trop instable

Si Bangui s’est ému, c’est dans les couloirs de l’ONU, à New York, que s’est joué le vrai lobbying. Là, de l’avis général, le combat a été rude. La nouvelle levée partielle de l’embargo, qui fait suite à une première en septembre (date à laquelle les livraisons d’un certain type d’armes ont été autorisées), représente une vraie concession pour la France, rédactrice du texte soumis au vote. Estimant la situation sur le terrain encore trop instable, le pays auteur de la résolution, conscient que de nombreux membres du Conseil de sécurité partageaient sa vision, pensait bien reconduire l’embargo tel qu’il avait été formulé en septembre 2019. Mais c’était compter sans le lobbying russe.

A quelques jours du vote, la Russie a proposé un contreprojet de résolution, allant dans le sens du gouvernement centrafricain. Démarche « vraiment pas honnête », estime un diplomate européen à New York, à l’heure où les Forces armées centrafricaines (FACA) commencent à reconquérir le territoire national dans ce pays de cinq millions d’habitants qui avait basculé dans une profonde crise politico-militaire en 2013 après la prise de la capitale par une coalition de groupes armés – la Séléka.

Si la situation s’améliore depuis l’accord de paix du 6 février 2019, reste que les fonctionnaires, encore trop peu nombreux à l’intérieur du pays, ont besoin d’une sécurisation des zones pour se réinstaller. Or, les forces de sécurité qui accompagnent cette reconquête sont formées par l’Union européenne et, aussi, depuis 2018, par des « instructeurs privés » russes dans le cadre d’un accord de coopération militaire signé avec Moscou.

Des compromis de la France

La levée partielle, à plusieurs reprises déjà, de l’embargo onusien a donc permis de les équiper en armes et matériels, mais dans une proportion jugée encore insuffisante, alors que le territoire reste en grande partie sous contrôle de groupes qui, eux, continuent de s’armer par des voies illégales. Ce qui explique que beaucoup ne comprennent pas, à Bangui, pourquoi l’embargo n’est pas intégralement levé.

Les négociations new-yorkaises étant « musclées », selon l’avis de plusieurs observateurs, la France a dû jouer le compromis sur les véhicules blindés (ils pourront être équipés d’armes dont le calibre ne dépasse pas 14,5 millimètres) et sur la durée du renouvellement ramenée à six mois, pour ne pas risquer le veto et la levée totale de l’embargo. Le Conseil de sécurité voulait éviter de réexaminer la résolution lors de l’élection présidentielle centrafricaine dont le deuxième tour est prévu pour février 2021. Les Français espéraient même sécuriser l’accord pour quatorze mois. Mais les Russes ont réussi à en fixer l’échéance à l’été.

Après ces compromis majeurs, la représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies, Anne Gueguen, a « profondément » regretté l’absence d’adoption unanime, la Russie et la Chine s’étant abstenues. Elle a rappelé au passage que « le Conseil de sécurité est pleinement à l’écoute des autorités centrafricaines » dans le domaine de la sécurité et a souligné la nécessité d’une « approche responsable ». Rendez-vous dans six mois.