Procès des crimes de Bangassou en RCA: des anti-balaka accusés de crimes

En Centrafrique, suite du procès des anti-balaka accusés de crimes commis à Bangassou en 2017. A la barre, se sont succédé plusieurs membres importants du groupe, dont Kévin Béré Béré, l’un des commandants. La salle était pleine et de nombreuses victimes étaient également présentes.

Dans la salle d’audience, le public écoute religieusement, réagit parfois aux commentaires des accusés. Dans l’auditoire, parmi les plaignants, un homme suit attentivement les débats. Si lui vit aujourd’hui à Bangui, où se déroule ce procès, il est accompagné de sa sœur qui a fait exprès le déplacement de Bangassou.

« Ils ont brûlé tous nos biens. Nous venons pour que ce procès soit vraiment correct et que nous ayons gain de cause. Ils sont en train de nier pour rien. Ça me choque, je ne peux pas. En tout cas, ça m’énerve quand je les entends tout nier. »

Mettre fin à une certaine impunité

Ce procès est très suivi dans le pays. Il est même retransmis en direct sur la radio nationale centrafricaine. Une bonne chose pour Maître Albert Panda, membre du collectif des avocats dédié à la défense des victimes.

« Ce procès doit aussi avoir un caractère éducatif, faire en sorte que les gens comprennent que à un moment donné, on se sent très fort, on a les armes et on fait n’importe quoi, mais tout ça, ça finit par s’arrêter un jour. Et ceux qui ont posé ces actes-là, il y a de très fortes chances pour qu’ils soient rattrapés par la justice. Et maintenant, ils doivent rendre des comptes. Les gens [doivent comprendre] que poser de tels actes dans une société, ce n’est pas acceptable et ça doit pouvoir être sanctionné. Et ils sont là pour ça justement. »

Il s’agit aussi pour ces victimes que l’on reconnaisse officiellement leurs pertes.

RCA : ouverture du procès des crimes de Bangassou

Le procès des crimes commis à Bangassou en 2017 s’est ouvert ce 15 janvier à Bangui, en Centrafrique. Kévin Béré Béré, l’un des commandants de zone de la milice anti-balaka de la ville, était le premier appelé à la barre.

Un grand procès concernant les crimes commis à Bangassou et sa région en 2017 s’est ouvert ce 15 janvier à Bangui, en Centrafrique, devant la cour criminelle. Plus de 30 prévenus sont présents devant la barre, dont le général Pino Pino ou Kevin Béré-Béré, jugés pour différents crimes, notamment le meurtre d’une dizaine de casques bleus ou l’attaque du quartier de Tokoyo à Bangassou qui a fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de déplacés.

Ce 15 janvier, Kevin Béré-Béré était le premier appelé à la barre. Connu sous le titre de « général », il était l’un des commandants de zone de la milice anti-balaka de Bangassou. L’une des principales preuves à conviction consiste en son journal signé et tamponné dans lequel sont précisés les droits de passage aux barrières, les délits que ses hommes pouvaient taxer ou l’organisation de son état-major.

Simple artisan minier

Après quelques minutes, il a dit être pris de vertiges. Une chaise lui a été apportée et l’audience a pu continuer. Face aux accusations, il a tout nié en bloc. Il n’a jamais été chef de milice, a-t-il affirmé : il était médiateur dans cette ville en crise. « J’ai vu mon nom partout, disant que je suis l’auteur de ce qui s’est passé à Bangassou, a-t-il raconté. On dit que je fais partie des généraux mais c’est faux. Je ne reconnais pas ces faits ».

Le procureur général, Eric Didier Tambo, a rappelé les conditions de sa reddition à la Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique, preuve, selon lui, de son appartenance à un groupe armé. « Jusqu’à sa reddition, il a demandé qu’il soit pris en compte avec ses 52 éléments, a-t-il précisé. Ils sont trois à se constituer prisonniers au niveau de la Minusca parce que les autres factions voulaient en découdre avec lui. Alors qu’ils ne viennent pas faire les malins. Ils seront jugés ».

Le procureur a rappelé son parcours, notamment sa position d’ancien garde présidentiel de François Bozizé, ce que Kévin Béré-Béré ne reconnaît pas, lui qui affirme n’être qu’un simple artisan minier.