Kagame dénonce l’« incohérence » diplomatique sur la RDC

KIGALI – Le président rwandais Paul Kagame a livré une analyse sans concession de la crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 27 novembre. Fustigeant l’« incohérence » des acteurs internationaux, il a néanmoins salué la perspective d’une rencontre à Washington comme un « progrès », tout en réaffirmant fermement la position de Kigali.

« Vous dites une chose dans la salle, puis, une fois dehors, devant les médias, vous dites complètement autre chose ou vous revenez sur vos engagements », a déploré le chef de l’État rwandais, pointant du doigt le double langage qu’il perçoit dans la gestion diplomatique du conflit.

Washington et Doha : un espoir de progrès concret

Malgré ce constat sévère, M. Kagame a exprimé un optimisme mesuré concernant les processus de paix en cours. « Le simple fait qu’il y ait une possibilité de se rencontrer à Washington est déjà un progrès », a-t-il estimé, tout en rappelant que les initiatives passées n’avaient produit « rien de tangible ».

Le président a évoqué les deux processus parallèles de Washington et de Doha, laissant entendre que ces discussions pourraient enfin déboucher sur des engagements concrets, à condition que les parties prenantes fassent preuve d’une réelle volonté politique.

Une défense ferme de la position rwandaise

Sur la forme comme sur le fond, le ton est resté ferme. Répondant aux menaces de sanctions, M. Kagame a lancé : « Si vous sanctionnez le Rwanda, en quoi cela résout-il vos problèmes ? En quoi cela remédie-t-il à la mauvaise gestion des affaires de votre pays ? »

Il est également revenu sur plusieurs points de friction :

  • Sur les FDLR : « Certains membres des FDLR exploitent des mines dans l’est de la RDC. Où vont leurs minéraux ? »

  • Sur l’aéroport de Goma : « Vous voulez maintenant ouvrir un aéroport dans un espace aérien fermé ? »

  • Sur les causes profondes : « On a toujours évité d’aborder les causes profondes du problème car, au final, cela expose les gens. »

Un appel à la responsabilité africaine

Dans une réflexion plus large, le président Kagame s’est interrogé sur le paradoxe africain : « En réalité, l’Afrique possède tout. Ces lacunes me surprennent et je me demande pourquoi. Pourquoi sommes-nous toujours en deçà de nos capacités, y compris en matière de sécurité de nos populations ? »

Cette intervention, diffusée sur les médias de la RBA, montre un leader déterminé à porter son diagnostic sur la crise régionale, tout en maintenant la porte ouverte à une solution diplomatique, sous réserve que les engagements soient cette fois respectés.

Guinée-Bissau : le Général Horta N’Tam Investi président de la transition

BISSAU – Le putsch de la veille a désormais son chef. Ce jeudi 27 novembre, le général Horta N’Tam, jusqu’alors chef d’état-major de l’armée de terre, a été investi président de la transition. Il prend aussi la tête du Haut commandement militaire pour diriger la Guinée-Bissau pendant les douze prochains mois. Une cérémonie sobre, organisée au siège de l’état-major des armées, a officialisé cette transition placée sous contrôle militaire.

LIRE AUSSI : https://www.journaldekinshasa.com/bissau-sous-tension-le-president-embalo-annonce-son-arrestation/

Devant les cadres de l’armée réunis dans une salle de conférence, le général N’Tam a prêté serment. « Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement », a-t-il déclaré. La cérémonie s’est déroulée sous un important dispositif sécuritaire et sans hymne national, signe d’une légitimité encore fragile.

Une prise de pouvoir justifiée par la « menace » des narcotrafiquants

Dans une allocution d’une dizaine de minutes, le nouveau strongman a expliqué la prise du pouvoir par l’armée. Il a évoqué un « effort commun » et affirmé que les militaires avaient agi face à une « menace de déstabilisation du pays menée par des narcotrafiquants ». Ce discours vise à légitimer l’opération de la veille, présentée comme une nécessité pour sauver l’État.

Peu après l’investiture, les militaires au pouvoir ont annoncé la réouverture des frontières. Ce geste se veut apaisant. La capitale Bissau reste toutefois silencieuse et fortement contrôlée par les forces de l’ordre. La tension pourrait augmenter car le principal parti d’opposition, le PAIGC, a appelé à un rassemblement.

Un pouvoir qui muselle les médias et s’attire les foudres de la CEDEAO

Le nouveau régime a déjà imposé des restrictions sévères à la liberté de la presse. Il interdit aux médias de diffuser « des commentaires politiques et des reportages sur la situation ». Cette décision vise surtout les radios, très influentes dans le pays.

La réaction internationale a été immédiate. La CEDEAO a qualifié la prise de pouvoir de « coup d’État ». Elle y voit « une grave violation de l’ordre constitutionnel » et « une menace directe pour la stabilité du pays et de la région ». Le général N’Tam…

Le Gouvernement interdit la chirurgie BBL pour raisons de sécurité

KINSHASA – Le gouvernement congolais a pris une mesure radicale pour protéger la santé des citoyens. Ce mercredi 26 novembre, lors de son passage à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé Publique, Roger Kamba, a officiellement annoncé l’interdiction de la pratique des chirurgies esthétiques de type BBL (Brazilian Butt Lift) sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo.

Cette décision, qui prend effet immédiatement, répond aux interrogations du député Guy Mafuta sur la prolifération des interventions esthétiques à Kinshasa. Le ministre a justifié cette interdiction par un constat alarmant : l’absence de personnel médical qualifié pour réaliser ces opérations délicates.

Une mesure de protection face à un vide médical

« Dans 17 provinces du pays, il n’existe aucun médecin dûment formé et disponible pour pratiquer ce type d’opération », a déclaré Roger Kamba, soulignant les risques graves et les complications vitales associés à ces chirurgies lorsqu’elles sont pratiquées par du personnel non qualifié.

Le ministre a été particulièrement direct dans son analyse : « Les cliniques [qui pratiquent ces interventions] ne sont pas médicales. Il n’y a aucun chirurgien spécialiste en chirurgie esthétique en RDC. Nous ne pouvons pas leur demander d’exercer car elles ne sont pas médicales. »

Double offensive sanitaire : BBL et choléra

La même séance parlementaire a permis au ministre Kamba de répondre aux préoccupations du député Yangotikala concernant la recrudescence de l’épidémie de choléra dans le pays. Le gouvernement présente ainsi un front sanitaire actif sur deux tableaux : la régulation des pratiques médicales à risque et la lutte contre les épidémies traditionnelles.

Cette interdiction des BBL marque une volonté du gouvernement de reprendre le contrôle sur un secteur médical parfois informel, quitte à priver la population d’interventions considérées comme non essentielles face aux enjeux de sécurité sanitaire.

Guinée-Bissau : l’armée prend le pouvoir et gèle le processus électoral

BISSAU – La Guinée-Bissau a basculé. Ce mercredi 26 novembre 2025, un groupe d’officiers se présentant sous le nom de « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre » a annoncé prendre le « contrôle total du pays », suspendre le processus électoral en cours et fermer les frontières. Cette prise de pouvoir par la force intervient à la veille de la publication des résultats de l’élection présidentielle de dimanche dernier, plongeant le pays dans une nouvelle crise institutionnelle.

LIRE AUSSI : https://www.journaldekinshasa.com/bissau-sous-tension-le-president-embalo-annonce-son-arrestation/

La déclaration, lue par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, depuis le siège de l’état-major des armées, acte un coup d’État. Les militaires ont décrété la suspension des programmes dans les médias et appelé la population au calme, alors que le président Umaro Sissoco Embalo et ses deux principaux rivaux, Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa, seraient aux arrêts.

Un putsch après une élection contestée

La prise de pouvoir militaire met un terme brutal à l’attente des résultats des scrutins présidentiel et législatif du 23 novembre. Dès mardi, le président sortant et son concurrent Fernando Dias da Costa avaient tous deux revendiqué la victoire, créant un climat de tension prévisible dans un pays où la crise post-électorale de 2019 avait duré plusieurs mois.

Plus tôt dans la journée, des tirs nourris avaient retenti près du palais présidentiel et de la Commission électorale. Selon Jeune Afrique, le président Embalo avait alors contacté le média pour annoncer son arrestation et celle de son ministre de l’Intérieur et des plus hauts gradés de l’armée, dénonçant un coup d’État.

Un pays coutumier des crises politiques

La Guinée-Bissau, indépendante depuis 1974, a connu quatre coups d’État réussis et de nombreuses tentatives, faisant de l’instabilité politique une triste constante. La dernière tentative de putsch remonte à 2023 et visait déjà le président Embalo.

Alors que les rues de Bissau sont désormais calmes et que la Garde présidentielle occupe les artères stratégiques, l’avenir politique immédiat du pays repose entre les mains d’un haut commandement militaire qui promet de rétablir l’ordre, sans préciser pour l’instant la durée de cette transition ni les prochaines étapes.

Nord-Kivu : le M23 utilise l’aéroport de Goma comme arme de pression

GOMA – Le sort de centaines de milliers de civils pris au piège dans le Nord-Kivu se joue sur une piste d’atterrissage. Ce mercredi 26 novembre, l’Alliance Fleuve Congo/M23 a fermement rejeté tout argument humanitaire pour justifier la réouverture de l’aéroport international de Goma, qu’il contrôle depuis janvier 2025. Une position qui transforme cette infrastructure vitale en instrument de pression politique et isole un peu plus une région au bord de la catastrophe humanitaire.

Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du mouvement rebelle a balayé d’un revers de main les appels internationaux, dont ceux répétés du président français Emmanuel Macron. Pour le M23, l’urgence humanitaire invoquée par la communauté internationale ne serait qu’un prétexte masquant des « objectifs politiques et logistiques autres ».

Une crise humanitaire délibérément ignorée

Cette prise de position place les organisations humanitaires dans une impasse critique. L’aéroport de Goma est le poumon logistique de toute la région, permettant l’acheminement rapide de vivres, de médicaments et le transport du personnel urgentiste. Sa fermeture force les convois à emprunter des routes terrestres périlleuses, rallongeant considérablement les délais et le coût des opérations de secours.

« La situation dans les camps de déplacés autour de Goma est catastrophique. Le choléra et la malnutrition progressent. Chaque jour de fermeture de l’aéroport se compte en vies perdues », témoigne sous couvert d’anonymat un travailleur humanitaire présent sur place.

Un levier stratégique pour le M23

En niant la réalité de l’urgence humanitaire, le M23 envoie un message clair à Kinshasa et à ses partenaires internationaux : toute concession, même humanitaire, devra passer par une négociation politique. Le contrôle de l’aéroport représente pour la rébellion un atout stratégique majeur dans le bras de fer qui l’oppose au gouvernement congolais.

Cette position intransigeante intervient alors que le mouvement, qui a récemment formé l’AFC et consolidé ses positions avec la prise de Katoyi, semble vouloir durcir le ton. La communauté internationale, qui espérait une ouverture humanitaire, se retrouve face à un mur.

Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU suit la situation avec inquiétude, la balle est désormais dans le camp des diplomates. Mais pour les populations civiles du Nord-Kivu, le temps presse bien plus vite que celui des négociations.

Bissau sous tension : le Président Embalo annonce son arrestation

BISSAU – La Guinée-Bissau replonge dans l’incertitude. Ce mercredi 26 novembre 2025, des tirs nourris ont retenti près du palais présidentiel de Bissau, annonçant un nouveau coup de force dans un pays coutumier des putschs. Selon le média Jeune Afrique, le président Umaro Sissoco Embalo lui-même a confirmé son arrestation, ainsi que celle de ses plus proches collaborateurs militaires et civils.

Dans un récit direct au média panafricain, le chef de l’État sortant a indiqué avoir été appréhendé vers midi dans son bureau. Il affirme que le ministre de l’Intérieur, Botché Candé, le chef d’état-major général des armées, le général Biague Na Ntan, et son adjoint, le général Mamadou Touré, ont subi le même sort. Le président Embalo dénonce un « coup d’État » orchestré, selon lui, par le chef d’état-major de l’armée de terre.

Une capitale sous tension

Plus tôt dans la journée, des hommes en tenue militaire avaient pris position sur l’axe principal menant au palais présidentiel. Des coups de feu ont également visé les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, selon des témoins sur place. Si les tirs se sont arrêtés en milieu d’après-midi, la situation reste extrêmement confuse. Des éléments de la Garde présidentielle occupent désormais les artères stratégiques, et le président Embalo serait toujours introuvable.

Un putsch dans l’attente des résultats électoraux

Ce coup de force survient dans un contexte politique hautement inflammable. Trois jours après l’élection présidentielle de dimanche dernier, le président sortant et son principal rival, Fernando Dias da Costa, ont tous deux revendiqué la victoire. Les résultats officiels provisoires n’étaient attendus que le jeudi 27 novembre.

Selon un porte-parole du président, cité par Reuters, des hommes armés non identifiés auraient attaqué la commission électorale pour empêcher l’annonce des résultats. Ce scénario rappelle la crise post-électorale de 2019, qui avait durablement paralysé le pays.

Avec neuf coups d’État ou tentatives depuis son indépendance, la Guinée-Bissau semble une fois de plus succomber à ses vieux démons, alors même que le pays tentait de tourner la page des crises institutionnelles à répétition.

RDC-Rwanda : le dialogue des sourds

KINSHASA/KIGALI – Le scénario se répète inlassablement. Chaque camp reste ferme sur ses positions. La région espérait une avancée après l’accord de Washington du 27 juin. Pourtant, le Rwanda et la République démocratique du Congo s’enferment dans un dialogue de sourds. Les deux pays s’accusent mutuellement de bloquer le processus de paix.

Sur RFI, le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, dresse un constat dur. Il affirme que la paix signée reste ignorée sur le terrain. Il accuse l’aviation congolaise de mener des « bombardements quotidiens », non seulement contre le M23, mais aussi, de façon plus grave, « contre les villages banyamulenge » du Sud-Kivu. Selon Kigali, Kinshasa joue double jeu : signer un accord tout en poursuivant les attaques.

Les FDLR, le point de rupture central

Le cœur du désaccord reste le sort des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le ministre rwandais se montre catégorique : « Il n’y aura la paix dans l’est du Congo que si les génocidaires FDLR sont neutralisés. » Il rejette les déclarations de Kinshasa qui affirme avoir commencé cette neutralisation. Pour lui, ces propos relèvent du mensonge. Il accuse le gouvernement congolais de « soutenir » les FDLR.

En face, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, soutient que la RDC respecte ses engagements. Elle rappelle les appels adressés aux FDLR pour qu’ils déposent les armes. Elle renvoie Kigali à ses responsabilités : « Si le Rwanda veut vraiment en finir avec les FDLR, il doit aussi créer des conditions favorables. » Elle fait référence à la demande des rebelles qui réclament un dialogue direct avec Kigali, une option que le Rwanda exclut totalement.

Une rencontre Tshisekedi–Kagame qui patine

Dans ce climat de méfiance, une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, annoncée « dans quelques jours », semble désormais incertaine. Le ministre Nduhungirehe minimise son importance immédiate. Il rappelle que la paix est déjà signée et qu’il faut d’abord l’appliquer.

Cette nouvelle confrontation verbale, dans les médias internationaux , montre l’impasse actuelle. Chaque camp cherche à gagner la bataille du récit. Pendant ce temps, les combats continuent et les civils paient le prix fort, loin des discours diplomatiques.

Kabila, l’ombre qui plane sur Goma

KINSHASA/GOMA – L’Est de la République Démocratique du Congo fait face à une nouvelle équation politique et sécuritaire. Joseph Kabila, condamné à mort par contumace fin septembre, pourrait revenir à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Cette perspective inquiète, car elle pourrait aggraver la tension déjà intense dans une région au bord du précipice.

La situation sur le terrain reste volatile. L’armée congolaise et la rébellion du M23 s’affrontent régulièrement, provoquant des déplacements massifs de population et une crise humanitaire aiguë. Dans ce contexte, le retour possible de Kabila constitue un geste hautement provocateur.

Un verdict historique et ses conséquences

Le 30 septembre 2025, la cour militaire de Kinshasa a condamné Joseph Kabila à la peine de mort pour trahison, crimes de guerre, insurrection, torture, viol et meurtre. Le tribunal l’accuse également de soutenir le M23. La justice exige, en plus de la peine capitale, des dommages et intérêts évalués à plusieurs dizaines de milliards de dollars au profit de l’État et des provinces du Kivu.

Cette sentence a choqué l’opinion publique. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) l’a qualifiée d’« incompatible avec la dignité humaine » et a appelé au dialogue national. De nombreux observateurs estiment que ce verdict pourrait fragiliser la cohésion nationale et radicaliser certaines positions, tant Kabila conserve une influence considérable dans le pays.

Goma, déjà instable, deviendrait le point focal de toutes les tensions si Kabila y revenait. Sa présence pourrait accentuer les clivages politiques et renforcer l’instabilité. Certains analystes y voient une manœuvre stratégique pour contester la légitimité du pouvoir depuis une région où l’autorité de l’État reste fragile face aux rebelles.

Alors que la RDC s’efforce de protéger sa souveraineté dans l’Est, l’ombre de Joseph Kabila plane. Son retour éventuel à Goma n’est pas seulement un enjeu politique : il constitue une étincelle potentielle dans une poudrière déjà surchauffée.

Tshisekedi à Luanda : « La Paix d’Abord ! »

LUANDA – Le ton était posé et direct. Face aux dirigeants africains et européens réunis pour le 7ᵉ Sommet UA-UE, le Président Félix Tshisekedi a lancé un avertissement clair. Dès son intervention dans le panel « Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme », il a affirmé que la prospérité reste impossible sans sécurité.

« Si nous voulons parler de croissance, de mobilité ou d’investissement, nous devons d’abord admettre une réalité simple : la paix est devenue une urgence vitale », a-t-il déclaré. Il a ensuite évoqué la situation dans l’Est de la RDC, marquée selon lui par des violences alimentées par des ingérences extérieures. Pour le chef de l’État, aucun partenariat crédible ne peut ignorer cette vérité.

Un sommet qui tourne au test de sincérité

Le sommet marque les 25 ans du partenariat UA-UE. Au lieu d’une célébration, Félix Tshisekedi a transformé ce moment en examen de conscience. Il a demandé une évaluation sincère des résultats et un changement profond des bases de la coopération. « C’est un moment de vérité pour reconnaître ce qui doit être corrigé », a-t-il insisté, appelant à un avenir commun plus solide et plus équilibré.

Son discours a résonné dans la salle. Il a rappelé que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, pourtant inscrits dans les chartes internationales, restent bafoués en RDC. Ce rappel ferme visait autant les partenaires que les acteurs régionaux.

Le sommet, coprésidé par João Lourenço et António Costa, s’étale sur deux jours. La première journée, centrée sur la paix, a mis en lumière l’intervention du président congolais. La seconde portera sur les citoyens, les migrations et la mobilité.
Bien que Costa ait appelé à un partenariat « robuste et équilibré », Félix Tshisekedi a posé une condition claire : cet équilibre commence par la sécurité et le respect de la souveraineté des États.

À Luanda, il n’a pas seulement défendu la RDC. Il a porté la voix d’une Afrique qui exige dignité, justice et un partenariat plus honnête.

Ilambo, l’Homme de l’Ombre qui Parle pour Tshisekedi

KINSHASA – Par une ordonnance présidentielle signée le 22 novembre, Félix Tshisekedi a choisi son nouveau porte-voix. Dans le paysage souvent bruyant de la politique congolaise, son choix s’est porté sur un technicien de l’ombre, réputé pour sa discrétion et son efficacité : Bienvenu Ilambo Bwaka. À seulement 36 ans, cet administrateur civil se voit confier le rang de ministre et la lourde tâche d’incarner la voix du chef de l’État.

La nomination d’Ilambo à ce poste stratégique est bien plus qu’un simple remaniement ; c’est un signal fort. Elle consacre l’ascension d’une nouvelle génération de technocrates formés à l’École nationale d’administration de la RDC (ENA-RDC), dont la légitimité repose sur la compétence plus que sur l’exposition médiatique.

Du bureau de la Première Dame au cœur du pouvoir

Le parcours d’Ilambo est un modèle de progression méthodique. Repéré en 2019 au sein du Bureau du Conjoint du Chef de l’État, il a su se rendre indispensable en professionnalisant la communication de la Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi. Il a piloté des campagnes nationales comme « Excellentia » et « Congo au Féminin », et a construit, dans la plus grande discrétion, sa visibilité internationale.

Son passage en 2025 à la Fondation LONA, comme Directeur de cabinet adjoint chargé des questions techniques, a été une étape décisive. Il y a affûté ses compétences en coordination stratégique et en gestion opérationnelle, se préparant sans doute inconsciemment à la mission qui l’attend aujourd’hui.

Le défi : Structurer la voix présidentielle dans un océan de bruit

La mission confiée à Bienvenu Ilambo est colossale. Il devra concevoir et piloter la stratégie globale de communication de la Présidence, un appareil souvent critiqué pour son manque de cohérence. Dans un environnement médiatique congolais hyperactif, rongé par les fake news et la surenchère politique, son défi sera de garantir un alignement parfait des messages avec les priorités nationales.

Son style, fait de rigueur et de faible exposition, contraste avec celui des communicants politiques traditionnels. C’est probablement ce qui a séduit le président Tshisekedi : la promesse d’une communication recentrée sur le fond, plus structurée, et capable de restaurer la lisibilité de l’action présidentielle auprès d’une opinion souvent sceptique.

Pour de nombreux observateurs, cette nomination marque un tournant. Le président a choisi un expert du « comment » plutôt qu’un stratège du « pourquoi ». L’enjeu est désormais de taille : transformer un technicien de l’ombre en architecte d’une narration présidentielle capable d’embarquer toute une nation.