Goma : Reprise scolaire incertaine face à l’insécurité

À Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo, la reprise des activités scolaires annoncée pour le lundi 10 février 2025 est loin d’être effective. Malgré l’appel du M23-AFC à la relance des activités socio-économiques et éducatives, plusieurs écoles restent closes en raison de la situation sécuritaire précaire.

Beaucoup de parents hésitent à envoyer leurs enfants en classe, redoutant une dégradation soudaine de la situation. « Nous ne pouvons pas exposer nos enfants tant que les conditions ne sont pas sûres », témoigne un parent.

La réticence touche aussi les enseignants, dont plusieurs sont encore absents de la ville ou refusent de reprendre le travail sans garanties sur leur sécurité et leur rémunération. « Beaucoup ont fui avec leurs familles et s’inquiètent de leur prise en charge salariale », explique un responsable d’école publique.

Malgré ces craintes, le Proved du Nord-Kivu 1 a insisté sur la nécessité de sauver l’année scolaire, appelant les écoles à rouvrir et les parents à prendre les dispositions nécessaires. Cependant, sur le terrain, la reprise reste chaotique et incertaine, illustrant le climat d’angoisse qui pèse encore sur Goma et le territoire de Nyiragongo.

Guy Kabombo appelle à la mobilisation totale pour la province

En visite à Beni ce lundi 10 février 2025, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale, Guy Kabombo Mwadiamvita, a exhorté le gouverneur du Nord-Kivu et son équipe à garantir le bon fonctionnement de la province, malgré la crise sécuritaire causée par l’occupation de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.

« Il ne s’agit pas d’aller plaider, mais de faire ce qu’il faut pour que la province fonctionne », a-t-il insisté, saluant les initiatives déjà mises en place.

Devant plusieurs officiers militaires et commandants de grandes unités de l’armée, il a appelé à une mobilisation totale pour défendre l’intégrité de la République démocratique du Congo. « Si nous devons vivre, c’est ici au Congo. Si nous devons mourir, c’est ici au Congo », a-t-il affirmé avec détermination, promettant un soutien logistique et stratégique renforcé aux forces sur le terrain.

Cet appel à la résistance intervient alors que l’insécurité reste préoccupante dans le Nord-Kivu, mettant à rude épreuve l’administration provinciale et les forces armées.

Nord-Kivu : Le chef du village Kiziba II et sa famille assassinés dans une attaque meurtrière

La nuit du 10 au 11 février 2025 a été marquée par une attaque sanglante dans le village de Kiziba II, situé dans le groupement Mudja, territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu). Le chef du village, Kimanuka Musekura Prosper , a été sauvagement assassiné aux côtés de sa femme et de ses trois enfants par des individus lourdement armés.

D’après les témoignages recueillis, les assaillants ont criblé de balles leur victime avant de s’en prendre à ses enfants, Benjamin, Sifa et Iragi . Les cinq corps ont été transférés à la morgue en attendant de nouvelles dispositions.

L’attaque a plongé les habitants du village dans une profonde consternation. « Toute la population est sous le choc et vit dans la terreur après ce drame. Nous avons perdu un homme juste et honnête », confie un habitant meurtri.

Réagissant à ce drame, la députée nationale élue du territoire de Nyiragongo, Adèle Bazizane Maheshe , a exprimé sa tristesse et rendu hommage au chef de village assassiné. « Il était un leader respecté, engagé pour le développement et la cohésion sociale de son village », a-t-elle déclaré.

Cette attaque soulève de nombreuses inquiétudes sur la sécurité dans la région, où l’insécurité demeure une menace persistante pour les populations locales.

Le Conseil des Droits de l’Homme condamne unanimement le Rwanda

Le lundi 10 février la Cité de l’Union Africaine , le Président Félix Tshisekedi a reçu une délégation gouvernementale venu lui faire la restitution de leur participation à la session extraordinaire du Conseil des Droits de l’Homme (CDH) , tenue le lundi 7 février 2025 à Genève, en Suisse. Cette réunion était consacrée à la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est de la RDC .

Une résolution unanime contre le Rwanda

Le ministre de la Communication et des Médias , Patrick Muyaya , porte-parole du gouvernement, a annoncé une victoire diplomatique majeure :

 « Nous avons obtenu un vote unanime du Conseil des Droits de l’Homme sur la résolution condamnant le Rwanda et exigeant le retrait de ses troupes de la RDC. »

Les États membres ont exprimé leur solidarité envers la RDC et ont exprimé fermement les agissements du Rwanda . Cette résolution prévoit également l’ envoi d’une mission d’enquête pour établir les crimes commis depuis janvier 2022 .

Échanges sur le Sommet EAC-SADC et le cessez-le-feu

Outre la résolution adoptée à Genève, la délégation gouvernementale a également échangé avec le Chef de l’État sur les conclusions du Sommet conjoint EAC-SADC . Ce sommet a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et d’un arrêt total des hostilités dans l’Est de la RDC.

Cette avancée diplomatique renforce la position de la RDC sur la scène internationale et ouvre la voie à des mesures concrètes pour restaurer la paix et la justice .

Félix Tshisekedi rend hommage au patriarche Donatien Kabanga Kabadi

Ce lundi, au Palais du Peuple de Kinshasa, le Président Félix Tshisekedi a rendu un dernier hommage à Donatien Kabanga Kabadi, député national honoraire, décédé le 4 février 2025 à l’âge de 81 ans.

Le Chef de l’État s’est recueilli devant la dépouille mortelle de l’illustre disparu, déposant une couronne de fleurs en signe de respect et de reconnaissance. Il a ensuite exprimé son soutien à la famille endeuillée, soulignant le rôle majeur joué par Kabanga Kabadi dans la politique, l’économie et le sport en République Démocratique du Congo.

De nombreuses personnalités publiques, députés et sénateurs étaient présents pour honorer sa mémoire et saluer un parcours marqué par l’engagement et le dévouement au service de la nation.

L’hommage national rendu à Donatien Kabanga Kabadi témoigne de l’impact de son action et de l’estime qu’il suscitait au sein de la société congolaise. Son héritage restera gravé dans l’histoire politique et sociale du pays.

Bras de fer entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 : vers un enseignement à distance à Goma

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) envisage de mettre en place des enseignements à distance dans les universités situées dans des territoires occupés par les rebelles du M23. Cette mesure vise à garantir l’éducation des étudiants malgré l’instabilité et les violences dans ces zones, notamment à Goma.

Le soutien de la ministre Marie-Thérèse Sombo

Lors du conseil des ministres du vendredi 7 février, la ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Marie-Thérèse Sombo, a proposé cette solution pour maintenir la continuité de l’éducation. Elle a souligné l’importance du droit à l’éducation pour les jeunes, malgré la situation sécuritaire difficile, notamment liée aux agressions des rebelles soutenus par le Rwanda.

La ministre a précisé que la loi n°14/004 du 1er février 2014 et la Stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation (SSEF) 2016-2025 permettent d’organiser des cours en ligne. Un arrêté ministériel a été signé pour formaliser cette démarche.

Les mesures urgentes proposées

Pour que ce projet soit réalisable, Marie-Thérèse Sombo a proposé plusieurs mesures urgentes :

  1. La mise en place de plateformes numériques adaptées aux besoins des étudiants.
  2. La formation des enseignants et étudiants à l’utilisation des outils numériques.
  3. La création d’accords avec des partenaires techniques et financiers pour soutenir cette initiative avec des infrastructures adéquates.
  4. La création de centres d’apprentissage sécurisés pour les étudiants dans certaines régions.

Le M23 et la reprise des cours à Goma

Pendant ce temps, à Goma, la ville principale sous contrôle des rebelles du M23, ces derniers ont annoncé la reprise des activités scolaires. Ils ont encouragé les étudiants et les enseignants à reprendre le travail dans tous les secteurs, y compris l’éducation.

Cependant, certains parents d’élèves préfèrent attendre quelques jours avant de prendre une décision, préférant observer l’évolution de la situation avant de permettre à leurs enfants de retourner à l’école.

La proposition d’enseignement à distance est une réponse pragmatique aux défis sécuritaires auxquels fait face la RDC. Mais elle soulève des interrogations quant à son efficacité dans un contexte aussi complexe. Le gouvernement congolais devra relever de nombreux défis pour mettre en œuvre cette mesure, alors que le M23 poursuit ses activités dans l’est du pays.

Réseaux sociaux bloqués en RDC : une mesure controversée divise les internautes

Depuis le 1er février, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a pris la décision de restreindre l’accès aux réseaux sociaux TikTok et X. Cette mesure, motivée par le souhait de limiter la propagation de fausses informations, notamment concernant le M23 dans l’Est du pays, soulève de vifs débats au sein de la population.

Certains internautes, surtout ceux dans les zones touchées par l’insécurité, soutiennent cette initiative. Ils estiment qu’elle fait partie d’une stratégie de lutte contre la désinformation en période de guerre. Pour eux, ces plateformes numériques sont devenues un canal privilégié pour la diffusion de rumeurs et de mensonges.

Cependant, une autre partie de la population, en particulier les jeunes créateurs de contenu et entrepreneurs, se montre fortement opposée à cette restriction. Pour ces utilisateurs, TikTok et X ne sont pas seulement des moyens de communication, mais également des sources de revenus vitales. Ils dénoncent la fermeture de ces plateformes qui perturbe gravement leurs activités professionnelles.

Gédéon, un jeune entrepreneur et créateur de contenu, partage son désarroi : « Nous avons créé nos PME par nos propres efforts. Si c’est pour la sécurité, dites-nous au moins combien de temps cela va durer », s’interroge-t-il, déplorant la fermeture de son outil de travail.

De son côté, Vero Mikobi, une utilisatrice régulière de TikTok, exprime sa frustration. Elle voit cette restriction comme une entrave à son droit de divertissement après une longue journée de travail : « Si certaines personnes utilisent mal l’application, il serait plus juste de les sanctionner individuellement », suggère-t-elle.

Enfin, Élysée Loombe, gérante du compte TikTok de la chorale Cœur des anges de Mbudi, craint que la mesure ne mène à une baisse importante du nombre d’abonnés, ce qui pourrait nuire à la visibilité de son groupe.

Ces utilisateurs partagent un même appel : réexaminer cette décision afin de trouver un équilibre entre sécurité nationale et respect des droits individuels.

Retour à l’école à Goma : les autorités annoncent la reprise des cours ce lundi

Après deux semaines de suspension des cours en raison de l’insécurité à Goma et ses environs, les autorités scolaires annoncent officiellement la reprise des enseignements ce lundi 10 février. Dans un message diffusé vendredi dernier, le directeur de la province éducationnelle Nord-Kivu 1, Luc Gbaweza, a confirmé cette décision après consultation avec les instances de l’éducation nationale et de la nouvelle citoyenneté.

La reprise concernera toutes les écoles primaires et secondaires de la ville de Goma, ainsi que les bureaux gestionnaires épargnés par les récents combats. Cependant, pour les établissements endommagés, les chefs d’établissement devront collaborer avec les comités des parents afin d’évaluer les dégâts et planifier des réparations urgentes.

Les autorités insistent sur une gestion efficace de cette rentrée. Les écoles complètement détruites, comme l’école du Cinquantenaire située dans le quartier Mugunga, reprendront progressivement en fonction des travaux de réhabilitation. En parallèle, il est strictement interdit d’organiser des séances de double vacation, et les horaires de cours devront respecter scrupuleusement le programme national.

Le directeur de la province éducationnelle Nord-Kivu 1 appelle les gestionnaires, inspecteurs, chefs d’établissements, enseignants et parents à unir leurs efforts pour garantir une reprise scolaire réussie malgré les défis posés par la crise sécuritaire.

L’Afrique du Sud Plaide pour la Diplomatie en RDC : Retrait des Troupes et Dialogue Direct

L’Afrique du Sud réaffirme son soutien au peuple congolais et plaide pour une solution pacifique à la crise qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo. Ce lundi 10 février, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que son pays préconise la diplomatie comme voie la plus viable pour instaurer une paix durable.

Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), la présidence sud-africaine a souligné la nécessité de privilégier une solution politique qui garantirait la stabilité de la RDC et de ses voisins. Ramaphosa, de retour d’un sommet en Tanzanie sur le conflit congolais, estime que les conclusions de cette rencontre représentent « une lueur d’espoir » pour la région.

L’Afrique du Sud, qui a déployé des troupes sous la bannière de la SAMIDRC aux côtés de la Tanzanie et du Malawi, a perdu 14 soldats dans cette mission. Désormais, Prétoria mise sur le dialogue et préconise un retrait progressif de ses forces. « Ces mesures de confiance conduiront finalement au retrait des troupes de la SAMIDRC », a confirmé le président sud-africain.

Priorité au Dialogue et au Cessez-le-feu

Le sommet conjoint SADC-EAC, tenu à Dar es Salam, a recommandé un cessez-le-feu immédiat ainsi que l’ouverture de l’aéroport international de Goma. Ramaphosa insiste sur le fait que « si toutes les parties au conflit ne sont pas réunies autour de la table des négociations, aucune solution diplomatique ne sera viable à long terme ». Le processus de paix devrait s’inscrire dans le cadre des accords de Luanda et de Nairobi.

Les chefs d’état-major de la SADC et de l’EAC se réuniront cette semaine pour définir les modalités techniques de l’application de ce cessez-le-feu.

Un Tournant dans la Stratégie Sud-africaine

Historiquement engagée dans les efforts de paix en Afrique, l’Afrique du Sud réaffirme son engagement en faveur d’une approche diplomatique. Ramaphosa rappelle l’héritage panafricain de figures emblématiques comme Patrice Lumumba, soulignant que « l’Afrique et les peuples libres seront toujours aux côtés des Congolais dans leur lutte ».

Avec ce repositionnement, Prétoria espère favoriser un dénouement pacifique à une crise qui dure depuis des décennies. Reste à savoir si les parties prenantes saisiront cette opportunité pour mettre fin aux hostilités et ouvrir un nouveau chapitre pour l’Est de la RDC.

Sommet EAC-SADC : La RDC exige le retrait des troupes rwandaises et une solution immédiate

Ce samedi, le Président Félix Tshisekedi participe, par visioconférence depuis Kinshasa, au sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Organisée à Dar-es-Salam, en Tanzanie, cette réunion vise à discuter de la crise sécuritaire et humanitaire qui frappe l’Est de la République démocratique du Congo, notamment dans la ville de Goma.

Un appel à l’unité et à l’action

Lors de l’ouverture du sommet, la Présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a exhorté les dirigeants de l’EAC et de la SADC à s’unir pour trouver une solution durable à ce conflit. « L’histoire nous jugera durement si nous ne faisons rien », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité d’une réponse africaine aux problèmes du continent.

Le Président kényan William Ruto a quant à lui reconnu que la situation en RDC affecte non seulement l’Afrique de l’Est, mais aussi l’ensemble de la communauté internationale. Il a souligné que bien que la crise soit complexe, elle doit impérativement être résolue.

Le Président du Zimbabwe et actuel dirigeant de la SADC, Emmerson Mnangagwa, a rappelé l’importance de la solidarité entre les nations africaines, comparant la situation actuelle à la lutte contre la colonisation. « Nous devons aborder ce sujet avec honnêteté, ouverture d’esprit et flexibilité », a-t-il insisté.

Les attentes de la RDC : condamnation du Rwanda et retrait des troupes étrangères

Le Président Tshisekedi prendra la parole pour exposer la position de la RDC et ses attentes à l’issue de ce sommet. Parmi ses principales revendications :

  • Un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt des offensives dans l’Est de la RDC.
  • La condamnation officielle du Rwanda pour son implication dans l’occupation de Goma.
  • Le retrait immédiat des troupes rwandaises des localités congolaises occupées illégalement.
  • La réouverture de l’aéroport de Goma pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.
  • La restitution complète de Goma aux autorités congolaises légitimes.

Une pression diplomatique croissante sur le Rwanda

Ce sommet s’inscrit dans une dynamique diplomatique intense pour la RDC. Vendredi 7 février, deux événements majeurs ont marqué des avancées significatives :

  • À Genève, en Suisse, lors de la session extraordinaire du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, la communauté internationale a reconnu et condamné l’implication du Rwanda dans l’instabilité de l’Est de la RDC.
  • À Malabo, en Guinée équatoriale, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a également exigé le retrait immédiat des troupes rwandaises et la normalisation du fonctionnement de l’aéroport de Goma.

Vers une solution régionale durable ?

Les chefs d’État africains réaffirment leur soutien aux initiatives diplomatiques existantes, notamment les Processus de Luanda et de Nairobi, ainsi qu’à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba de 2013. Ils appellent la RDC et le Rwanda à respecter leurs engagements et plaident pour un sommet quadripartite réunissant la CEEAC, la SADC, l’EAC et la CIRGL, sous l’égide de l’Union africaine.

Face à l’aggravation de la crise humanitaire dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, les dirigeants de la CEEAC demandent également l’instauration d’un couloir humanitaire sécurisé pour acheminer l’aide aux populations affectées.

Alors que la pression diplomatique s’intensifie, la question demeure : cette réunion marquera-t-elle un tournant décisif dans la résolution de la crise en RDC ?