Naissance à Nairobi d’un front anti-Tshisekedi

NAIROBI – Loin du tumulte de Kinshasa, l’ancien président Joseph Kabila a repris son rôle de rassembleur. Les 14 et 15 octobre, il a convoqué des figures politiques et de la société civile congolaise pour un conclave sur « l’avenir du Congo ». De cette rencontre est né un nouveau front : le « Mouvement Sauvons la RDC ».

Les participants, unanimes face à une situation jugée « alarmante », ont dressé le portrait d’un pays en crise. Ils dénoncent une « crise multiforme » mêlant dérives politiques, économiques et sociales. Dans leur déclaration finale, ils critiquent sévèrement le président Félix Tshisekedi, l’accusant d’avoir « violé la Constitution », « restreint l’espace démocratique » et « instrumentalisé la justice à des fins politiques ».

Une stratégie claire et un appel au peuple

Le choix de Nairobi n’est pas anodin. En organisant ce rassemblement à l’étranger, le mouvement affirme sa dimension panafricaine et son intention de porter le combat au-delà des frontières. Son objectif : mettre fin à la tyrannie, restaurer la démocratie et favoriser la réconciliation nationale.

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Le mouvement rejette le « monologue politique » du président Tshisekedi et demande un « dialogue inclusif et sincère », parrainé par les Églises. Ainsi, il se pose comme interlocuteur légitime face au pouvoir. Sous les acronymes Tobikisa Ekolo, Tuokowe Taifa et Tupandishayi Ditunga, l’offensive vise à coordonner les actions des partis et forces sociales opposés au régime.

Autour de Joseph Kabila, des figures de l’ancien régime, telles que Raymond Tshibanda, Matata Ponyo et Michel Mwika Banza, ont appelé au retrait immédiat des troupes étrangères et à la mobilisation populaire pour résister à ce qu’ils qualifient de dictature.

Dans les rues de Nairobi, la naissance du « Mouvement Sauvons la RDC » marque un nouveau chapitre de l’opposition congolaise, ouvertement défiant le pouvoir en place. Le duel politique entre Tshisekedi et l’ombre de son prédécesseur entre désormais dans une phase décisive.

Nairobi, nouveau QG de l’opposition Congolaise

NAIROBI – Ils se sont donné rendez-vous dans la discrétion des hôtels kényans. Ce mardi 14 octobre, l’ancien président Joseph Kabila a ouvert un conclave de deux jours réunissant une frange de l’opposition congolaise. Une rencontre qui tient du défi : son initiateur a été condamné à mort par contumace il y a quelques semaines par la justice militaire congolaise pour « trahison, apologie du terrorisme et participation à un mouvement insurrectionnel ».

Le retour des fidèles

Autour de l’ancien chef de l’État, on trouve les fidèles du Front commun pour le Congo (FCC). La liste des présents ressemble à un who’s who de l’ancien régime : José Makila, Raymond Tshibanda, Moïse Nyarugabo, et jusqu’à l’ancien premier ministre Matata Ponyo, condamné à dix ans de prison puis disparu de la circulation. Tous ont répondu présent à l’appel de leur leader, en terre kényane.

Pourtant, cette réunion de « famille » masque mal les fractures de l’opposition congolaise. Absents de marque : Moise Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga ou Jean Marc Kabund. Leur boycott dessine les limites de l’influence de Kabila, qui ne parvient à rassembler qu’une partie de la mouvance anti-Tshisekedi.

Un dialogue sous tension

Officiellement, l’objectif affiché est noble : « écouter tout le monde et proposer des idées pour la sortie de crise actuelle ». Mais dans le contexte brûlant de l’est de la RDC, où la rébellion AFC/M23 – que Kinshasa accuse Kabila de soutenir – affronte l’armée congolaise, chaque mot pèse son poids de suspicions.

Le choix de Nairobi comme terre d’accueil n’est pas innocent. Il s’inscrit dans une longue série de tensions diplomatiques entre la RDC et le Kenya. Depuis les propos insultants de William Ruto en 2022 – qualifiant les Congolais de « chanteurs » sans « une seule vache » –, les relations n’ont cessé de se dégrader.

Les conséquences diplomatiques

Kinshasa accuse Nairobi de complaisance envers les rebelles. Le refus du Kenya d’arrêter Corneille Nangaa lors de l’annonce de la création de l’AFC/M23 en décembre 2023, puis la nomination contestée d’un consul à Goma en août 2025, ont achevé de tendre les rapports entre les deux capitales.

Pour Kabila, ce rassemblement est un double pari. D’abord, redonner une visibilité à une opposition en exil, à quelques mois de la fin du mandat de Tshisekedi. Ensuite, tester la solidité des alliances régionales dans un contexte où la crise sécuritaire à l’est mobilise toutes les attentions.

Mais la manœuvre est périlleuse. En s’affichant à Nairobi, Kabila risque de conforter les accusations de collusion avec des puissances étrangères hostiles à Kinshasa. Sa condamnation à mort plane comme une ombre sur les discussions, rappelant que le dialogue se noue désormais sous la menace du peloton d’exécution.

Alors que les délégués planchent sur « des idées pour la sortie de crise », une question demeure : ce conclave kényan est-il le prélude à une réunification de l’opposition ou le chant du cygne d’un homme politique acculé ? La réponse se joue peut-être moins dans les salles climatisées de Nairobi que sur les collines du Nord-Kivu, où le sort de la RDC se décide dans le bruit des armes.

Processus de paix RDC-Rwanda : Washington relance la dynamique, Doha en appui

WASHINGTON – La diplomatie américaine tente de redonner un souffle au processus de paix entre Kinshasa et Kigali. Le 2 octobre, Washington a accueilli la troisième réunion du Comité conjoint de surveillance de l’accord du 27 juin. Des représentants des deux pays africains et de leurs facilitateurs étaient présents.

Obstacles persistants et premiers résultats

Selon le Département d’État américain, le Comité a reconnu des « obstacles persistants » à la mise en œuvre de l’accord. Deux dossiers dominent : la neutralisation du groupe armé des FDLR, exigée par Kigali, et le désengagement des forces rwandaises, réclamé par Kinshasa.

Malgré ces blocages, une avancée technique a été notée. La RDC et le Rwanda ont validé l’ordre d’opération proposé par le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité. Sa mise en application a débuté le 1er octobre.

Le Comité a également insisté sur l’accès du CICR « à tous les détenus ». Les deux capitales ont accepté de faciliter ce point. En parallèle, face aux tensions à Uvira (Sud-Kivu) et Walikale (Nord-Kivu), les participants ont lancé un appel « au calme et à la retenue ».

Doha, l’autre levier de paix

Le Qatar a rappelé que les négociations de Doha entre la RDC et l’AFC/M23 sont un « levier essentiel ». Le Comité a salué l’accord sur l’échange de prisonniers et la reprise des discussions prévue la semaine du 6 octobre. La Commission de l’Union africaine a exprimé son soutien à ce processus jugé complémentaire.

La patience reste de mise, mais la régularité des réunions témoigne de la persévérance des facilitateurs. La quatrième rencontre du Comité suivra celle du Mécanisme conjoint, prévue les 21 et 22 octobre.

Dans un rare moment d’unité, Kinshasa et Kigali ont exprimé leur « gratitude » envers les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Les deux gouvernements affirment chercher une « paix durable » dans l’est de la RDC, preuve que le dialogue reste la seule voie ouverte.

Procès Joseph Kabila : la chute d’un président, la peine capitale comme épilogue

La sentence est tombée, lourde comme un couperet dans le silence feutré de la Haute cour militaire. Ce mardi, l’ombre de Joseph Kabila, qui planait sur la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, a été officiellement condamnée à la peine de mort. Pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel », la justice militaire a tranché. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Le principal concerné, affirmant vivre en exil, n’était qu’un fantôme au procès.

Le réquisitoire, impitoyable, dressait le portrait d’un homme non plus en chef d’État, mais en chef de guerre. La Cour a épousé ces allégations, peignant une réalité sombre. Elle affirme que, dans l’ombre, l’ancien président tenait à Goma et Bukavu de « véritables réunions d’état-major ». Il inspectait des centres d’instruction de rebelles et se comportait en « chef incontesté de tous les mouvements rebelles » depuis la rébellion de Mutebusi. Le jugement est sans appel : Joseph Kabila est désormais qualifié de « chef de la coalition AFC/M23 ».

Un verdict lourd de conséquences

Ce procès, haletant, a connu ses rebondissements. Après un réquisitoire du ministère public réclamant la peine capitale fin août, la défense de l’ex-président avait tenté, mi-septembre, un coup de théâtre. Elle avait demandé la production de nouvelles preuves, ce qui avait conduit au report du verdict, attendu le 19 septembre. Le suspense est resté entier jusqu’à la décision finale du 30 septembre.

Au-delà des accusations de rébellion, le procès a aussi effleuré la question brûlante de l’identité. Les parties civiles ont brandi l’argument d’une nationalité rwandaise, complexifiant encore le portrait de l’ancien homme fort du pays. La Cour, en arbitre prudent, s’est déclarée incompétente. Elle a rappelé qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ».

Le verdict ne s’arrête pas à la seule peine capitale. Dans un ultime coup de force judiciaire, la Cour a rejeté la demande de mise sous séquestre de ses biens. Mais elle a prononcé une sanction financière vertigineuse : Joseph Kabila doit verser 33 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais. Elle a également ordonné son arrestation immédiate.

Alors que l’encre du jugement sèche, une question persiste, plus lancinante que jamais. Ce verdict, historique, résonnera-t-il jusqu’aux confins de l’exil où se terre l’ancien président ? Ou restera-t-il une condamnation théorique, le jugement d’un tribunal face à l’absence d’un homme qui, pour la justice de son pays, n’est plus qu’un condamné en fuite ? L’histoire, désormais, est entre les mains du temps et de la géopolitique.

Suminwa au Kongo Central : la souveraineté et le développement au cœur d’une visite

Le geste est politique, le symbole, fort. Ce lundi 29 septembre, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka entame une visite de travail hautement stratégique dans le Kongo Central, une province longtemps considérée comme le parent pauvre des investissements publics. Au programme : inspections de chantiers structurants, hommages historiques et lancements de projets attendus depuis des décennies – une manière concrète de réparer un oubli territorial et d’affirmer une nouvelle approche du développement.

Première étape : Muanda, la porte océane de la RDC. La cheffe du gouvernement y inspectera le chantier du port en eau profonde de Banana, un projet phare qui doit permettre au pays de se doter d’une infrastructure maritime compétitive, capable de désengorger le port de Matadi et de renforcer la souveraineté économique nationale. Elle visitera également les ouvrages antiérosion et rencontrera la population locale, souvent en première face face aux conséquences du changement climatique.

Souveraineté et mémoire

La souveraineté sera aussi au menu avec la visite du site de relocalisation de la Base navale de Banana à Kindofula. Un déplacement stratégique, à quelques encablures de l’embouchure du fleuve Congo, qui témoigne de la volonté du gouvernement de moderniser et sécuriser ses dispositifs de défense.

Le volet mémoriel ne sera pas en reste. Judith Suminwa se recueillera au Mausolée du Président Joseph Kasa-Vubu à Singini, rendant hommage au premier chef de l’État congolais. Un geste fort, qui s’inscrit dans une démarche de réconciliation avec l’histoire et ses figures tutélaires.

Désenclaver pour développer

Le développement des infrastructures routières sera l’autre temps fort de cette tournée. La Première ministre inspectera la route Manterne–Tshela–Singini et visitera le port de Boma. Mais le clou de sa visite sera sans conteste le lancement des travaux de la route Kwilu-Ngongo – Kimpangu, un axe attendu « depuis des décennies » par les populations locales et qui doit libérer le potentiel économique de toute une région.

Cette tournée, accueillie avec ferveur dans la province, illustre la vision d’un développement équilibré et la reconnaissance du rôle historique et économique du Kongo Central. Judith Suminwa ne vient pas seulement inaugurer des chantiers ; elle vient écrire une nouvelle page du pacte entre l’État central et ses territoires. La balle est maintenant dans le camp des entreprises et des exécutants. Mais le signal, lui, est déjà passé.

Tête-à-tête entre Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron à l’ONU : sécurité, paix et conférence sur les Grands Lacs

New York, 24 septembre 2025 – En marge de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies, le Président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’est entretenu mercredi en tête-à-tête avec son homologue français Emmanuel Macron au siège de l’ONU.

Pendant près d’une heure, les deux chefs d’État ont échangé sur les relations bilatérales et surtout sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Emmanuel Macron a annoncé son initiative d’organiser, en octobre prochain à Paris, une conférence internationale sur la situation humanitaire dans la région des Grands Lacs.

Félix Tshisekedi a salué cette démarche et exprimé sa reconnaissance au président français pour son plaidoyer en faveur du respect de la souveraineté de la RDC lors de son discours à la tribune des Nations Unies.

Les deux dirigeants ont également fait le point sur le processus de paix en cours, soulignant les avancées enregistrées et réaffirmant leur volonté commune de parvenir à une paix durable dans la région.

À l’issue de leur échange, Emmanuel Macron a lancé avec humour devant les caméras de la presse présidentielle : « Bandal, c’est Paris », clin d’œil à la commune kinoise de Bandalungwa.

Tshisekedi à l’ONU : la RDC exige justice pour un « génocide silencieux » et deux sièges permanents pour l’Afrique

 La voix a porté, grave et ferme, dans le temple du multilatéralisme. Ce mardi, devant l’Assemblée générale des Nations Unies réunie pour sa 80e session, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a transformé le podium onusien en tribune pour la cause congolaise. Durant une vingtaine de minutes, il a placé son pays au cœur des enjeux mondiaux, avec des mots rares et une exigence de justice historique.

D’entrée, le chef de l’État a campé son credo : le multilatéralisme n’est « plus une option, mais une exigence incontournable ». Une conviction qui guidera l’action de la RDC lorsqu’elle siégera au Conseil de sécurité à partir de janvier 2026. Une participation qui se veut « constructive et holistique », articulée autour de deux priorités : la paix et la sécurité, et la prévention des conflits.

L’Afrique doit siéger au Conseil, avec droit de veto

Mais le discours a rapidement pris une tournure plus revendicative. Tshisekedi a remis sur la table la réforme du Conseil de sécurité, une vieille lune de la diplomatie africaine. Pour lui, l’Afrique, forte de 54 États et 1,2 milliard d’habitants, doit obtenir « deux sièges supplémentaires de membres non permanents et deux sièges de membres permanents », avec les mêmes droits, y compris le droit de veto. Un message clair : le continent ne peut plus rester en marge des décisions qui engagent la paix mondiale.

« Un génocide silencieux » documenté par l’ONU

Le moment le plus poignant fut sans conteste son plaidoyer pour la reconnaissance du « génocide congolais ». « Les Nations Unies elles-mêmes, à travers le Rapport Mapping, ont documenté l’ampleur des atrocités. Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans », a-t-il déclaré, devant une assemblée silencieuse.

Un terme lourd, qu’il a assorti d’un appel solennel : « La communauté internationale a le devoir moral et politique de soutenir cette démarche essentielle afin d’établir la vérité, rendre justice aux victimes et jeter les assises d’une paix durable. »

Plaidoyer pour une paix juste, pas une « accalmie factice »

Évoquant le processus de paix avec le Rwanda, Tshisekedi a salué le « leadership » de l’ancien président américain Donald Trump, dont la médiation a conduit à la signature de l’accord de Washington le 27 juin 2025. Mais il a tempéré cet optimisme officiel en précisant que la RDC veut « une paix juste, durable et vérifiable — non une accalmie factice et éphémère ».

Enfin, le président a présenté le bassin du Congo comme une « solution mondiale » face au dérèglement climatique, rappelant le rôle crucial de ses forêts dans l’équilibre planétaire.

Ce discours marque un tournant. Tshisekedi n’est plus seulement le président d’un pays en crise ; il se pose en chef d’État exigeant réparation pour son peuple et une place équitable pour son continent. La balle est maintenant dans le camp de la communauté internationale. Acceptera-t-elle d’entendre ce cri venu du cœur de l’Afrique ?

Tshisekedi se défend : « Je ne suis pas à l’origine de la démission de Kamerhe »

 À des milliers de kilomètres de Kinshasa, c’est une affaire congolaise qui a résonné dans les couloirs de l’ONU. Interrogé ce lundi 22 septembre en marge de la conférence de haut niveau sur les 80 ans des Nations Unies, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’est pour la première fois exprimé sur la démission de Vital Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale. Et sa réponse est sans équivoque : le chef de l’État se défend toute implication.

« Je ne suis pas à la base de sa démission ni de tous ses problèmes », a-t-il déclaré face aux journalistes, cherchant à distance toute responsabilité dans la chute de son ancien allié. « Je continue toujours à le considérer comme un allié, comme un frère ».

« Une cuisine interne »

Pour Tshisekedi, l’affaire des pétitions ayant visé Kamerhe et quatre autres membres du bureau relève de la « cuisine interne » de l’Assemblée nationale. Une expression qui minimise la portée politique de la crise et suggère que le pouvoir exécutif n’y a joué aucun rôle.

Le président congolais a même maintenu que leur partenariat politique restait intact – sauf si Kamerhe décidait d’y mettre fin. « Je ne vois pas pourquoi il va vouloir me tourner le dos, je n’y suis pour rien », a-t-il plaidé, dans un ton qui se voulait conciliant.

Un désaveu en douceur

Pourtant, dans la réalité, la démission de Kamerhe intervient après une fronde parlementaire menée par des députés de l’UDPS, le parti de Tshisekedi. Une coïncidence qui interroge, tant sur l’indépendance réelle du législatif que sur la sincérité des dénégations présidentielles.

En qualifiant cette crise de simple « cuisine interne », Tshisekedi tente visiblement de désamorcer les accusations de mainmise sur l’Assemblée nationale. Mais il évite soigneusement de s’étendre sur les véritables raisons de la chute de Kamerhe : la mauvaise gestion des fonds parlementaires et le manque d’alignement sur les priorités du pouvoir.

L’après-Kamerhe en suspens

Reste que cette prise de distance publique pose question. Soit Tshisekedi dit vrai, et il a perdu le contrôle de sa majorité parlementaire ; soit il maîtrise les événements, et son discours vise à préserver les apparences d’une démocratie apaisée.

Une chose est sûre : le départ de Kamerhe ouvre une période d’incertitude politique majeure. Et les prochains jours diront si le « frère » et « allié » déchu accepte de jouer le jeu de la loyauté – ou s’il décide, au contraire, de devenir un opposant de poids.

À New York, Tshisekedi a parlé en chef d’État soucieux de son image internationale. Mais à Kinshasa, c’est une tout autre musique qui se joue – celle du pouvoir, brut et sans concession.

Dialogue RDC-M23 à Doha : l’échec qui cache la guerre

Ils sont repartis comme ils étaient venus : la méfiance au creux de la poitrine, et la guerre en ligne de mire. Ce week-end, les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion du M23 ont quitté la capitale qatarie sans avoir réussi à enclencher la seule machine qui compte : celle du dialogue véritable. Un cinquième round de discussions qui s’achève sur un constat d’échec, masqué par la signature a minima d’un mécanisme d’échange de prisonniers.

Le principal – et seul – « acquis » de cette session est en effet la paraphe d’un texte technique organisant un futur échange de captifs. Mais ce document, aussi nécessaire soit-il, reste lettre morte. Aucun calendrier précis n’est fixé, aucune liste validée. Surtout, il évite soigneusement la question centrale : celle d’un accord de paix global qui était pourtant la raison d’être de ces rencontres.

Un dialogue fantôme

Le calendrier initial, pourtant limpide, vole en éclats. Les discussions directes devaient débuter au plus tard le 8 août. L’accord final devait être signé le 18 août. Nous sommes fin septembre, et rien – ou presque – n’a avancé. « Les discussions de fond n’ont toujours pas commencé », confirme une source proche du dossier. Un responsable qatarien, joint par RFI, annonce même que les pourparlers ne reprendront physiquement que dans deux semaines. Le temps, pour les belligérants, de continuer à se battre.

Sur le terrain, la guerre en crescendo

Car pendant que les diplomates s’égosillent dans les palaces climatisés de Doha, le terrain, lui, s’embrase. Les hostilités ont repris avec une intensité qu’on n’avait plus vue depuis des mois. Avancées des troupes au sol, déploiement de l’aviation militaire, batailles acharnées pour le contrôle des territoires : l’Est de la RDC vit au rythme du fracas des armes, pas des communiqués lénifiants.

Cette reprise des combats va à l’encontre de l’esprit même de la Déclaration de principes signée à Doha. Elle prouve, s’il en était encore besoin, que ni Kinshasa ni le M23 ne croient vraiment à la paix – ou du moins, pas aux conditions actuelles.

La médiation qatarie en difficulté

Face à ce double jeu, la médiation qatarie montre ses limites. Les efforts de Doha, bien réels, se heurtent à une réalité implacable : sans pression internationale forte et sans volonté politique claire des parties, tout processus est voué à l’enlisement.

Certains diplomates occidentaux tentent bien, dans l’ombre, de maintenir les canaux ouverts par des appels téléphoniques insistants. Mais c’est insuffisant. Loin des capitales, une autre solution émerge : le dialogue national proposé par les Églises catholique et protestante. Lui aussi, pour l’instant, semble au point mort.

La conclusion s’impose d’elle-même : à Doha, on n’a pas parlé de paix. On a géré l’apparence de la paix. Et pendant ce temps, dans les collines du Nord-Kivu, des hommes meurent pour des lignes de front qui ne cessent de bouger. Le dialogue n’a pas échoué ; il n’a tout simplement jamais commencé.

Kamerhe jette l’éponge : la démission qui ébranle l’Assemblée nationale congolaise

La chute était annoncée, elle est désormais actée. Vital Kamerhe a présenté ce lundi sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, mettant fin à des jours de tension parlementaire extrême. Une décision lourde de conséquences, qui intervient après le dépôt d’une pétition par des députés de l’UDPS et d’autres formations de la majorité, l’accusant de mauvaise gestion et d’entrave au contrôle parlementaire.

L’homme qui dirigeait l’institution depuis des années n’a pas résisté à la fronde. Malgré ses tentatives d’apaisement et sa défense vigoureuse, Kamerhe n’a pas réussi à rallier suffisamment de soutiens pour contrer l’offensive. Les pétitionnaires lui reprochaient notamment son manque d’alignement sur les priorités du pouvoir et une gestion opaque des fonds parlementaires – des griefs qui ont trouvé écho bien au-delà des simples rivalités politiciennes.

Un règlement de comptes au sein de l’Union sacrée

Derrière les accusations techniques, nombreux sont les observateurs qui voient dans cette démission forcée un règlement de comptes interne à la majorité présidentielle. L’UDPS, parti du président Félix Tshisekedi, aurait manœuvré pour reprendre le contrôle total de l’Assemblée nationale, estimant que Kamerhe faisait obstacle à son agenda législatif.

« C’est la fin d’un équilibre précaire au sein de l’Union sacrée », analyse un député sous couvert d’anonymat. « Kamerhe incarnait une certaine indépendance ; son départ consacre la mainmise de l’UDPS sur toutes les institutions. »

Tshilumbayi aux commandes, l’incertaine succession

Conformément au règlement intérieur, la direction de l’Assemblée nationale passe désormais entre les mains du vice-président Isaac Tshilumbayi, qui assurera l’intérim en attendant l’élection d’un nouveau président. Cette élection, qui devrait intervenir rapidement, s’annonce comme un véritable test pour la cohésion de la majorité.

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Plusieurs noms circulent déjà dans les couloirs du People’s Palace, mais aucun candidat ne fait pour l’instant l’unanimité. La bataille pour le perchoir promet d’être âpre, et pourrait révéler de nouvelles fractures au sein de la coalition au pouvoir.

Une institution à la croisée des chemins

La démission de Kamerhe ouvre une période d’incertitude pour l’Assemblée nationale. Elle relance surtout le débat sur la réforme institutionnelle et la lutte contre l’impunité au plus haut niveau de l’État.

Le départ de Kamerhe est plus qu’un simple changement de personnel : c’est un séisme politique qui redéfinit les rapports de force à Kinshasa. Reste à savoir si cette nouvelle donne apaisera les tensions ou, au contraire, accentuera les fractures d’une majorité déjà fragile.

Loi « Mutiki » : le Parlement Congolais veut bannir les ex-rebelles des institutions régaliennes

Et si la porte des institutions sécuritaires se refermait définitivement pour ceux qui ont pris les armes contre l’État ? Ce lundi 22 septembre, le député national Trésor Mutiki Lutala a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi aussi radicale que symbolique : interdire l’intégration d’anciens membres de groupes armés insurrectionnels ou terroristes dans les institutions régaliennes de la RDC. Armée, police, services de renseignement – tous les corps qui incarnent la souveraineté de l’État sont concernés.

« Cette loi est une réponse à l’urgence de protéger le cœur de l’État contre ceux qui ont semé la violence », a déclaré le parlementaire, justifiant une initiative qui entend tourner la page des intégrations massives et souvent précipitées ayant marqué les dernières décennies.

Une continuité avec la loi électorale de 2006

Le texte, déjà surnommé « loi Mutiki », s’inscrit dans la droite ligne de la loi électorale de 2006, qui rend inéligibles les auteurs de crimes internationaux. Mais il va plus loin : il vise spécifiquement les institutions régaliennes, considérées comme le dernier rempart de la République.

Pour Mutiki Lutala, les intégrations sans filtrage judiciaire ont « compromis l’éthique républicaine, fragilisé la cohésion nationale et légitimé la violence comme moyen d’accéder au pouvoir ». Des mots forts, qui visent directement une pratique ayant souvent miné la crédibilité des forces de sécurité et alimenté l’instabilité chronique dans l’Est du pays.

Des sanctions et des garde-fous clairs

La proposition de loi détaille avec précision les entités concernées, instaure des sanctions contre les soutiens aux groupes armés et définit les poursuites judiciaires applicables aux ex-insurgés. Elle ne ferme pas pour autant toute porte à la réinsertion : des « mécanismes encadrés de réinsertion sociale » sont prévus, mais hors des secteurs régaliens.

« Cette loi n’exclut pas la réconciliation, mais elle pose des garde-fous clairs », explique son auteur. L’objectif est de briser les cycles de violence et d’impunité tout en renforçant un système sécuritaire fragilisé.

Un signal politique fort

Au-delà de son contenu juridique, la proposition « Mutiki » envoie un message politique sans ambiguïté : la violence ne doit plus payer. Elle ne doit plus être une voie d’accès au pouvoir, ni une monnaie d’échange dans les négociations de paix.

« Nous voulons des forces de sécurité exemplaires, loyales à la Nation et dignes de la confiance des citoyens », martèle le député. Un vœu pieux dans un pays où de nombreux chefs militaires ou policiers sont d’anciens rebelles recyclés.

Reste à savoir si cette proposition sera votée – et surtout appliquée. Mais son dépôt seul marque une prise de conscience : pour reconstruire un État fort, il faut d’abord purger ses fondations. La balle est maintenant dans le camp des députés.

Kamerhe face à ses juges : le bureau de l’Assemblée nationale au bord de l’implosion

Dans l’hémicycle surchauffé du People’s Palace, c’est une séance qui pourrait bien sceller des destins. Ce lundi 22 septembre, les députés nationaux examinent en séance plénière le rapport de la commission spéciale chargée d’analyser les pétitions réclamant la destitution de cinq membres du bureau de l’Assemblée nationale. Au centre de la cible : son président, Vital Kamerhe, dont la carrière politique se joue en ce moment même, sous le regard de ses pairs.

Convoquée par le premier vice-président, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, cette plénière est l’aboutissement de trois jours de procédure accélérée, presque fébrile. Pendant 72 heures, la commission présidée par Peter Kazadi – député influent de l’UDPS – a écouté, questionné, pesé chaque mot. Elle a entendu les accusateurs, puis les accusés. Vendredi, Kamerhe s’est présenté pour sa défense, revenant samedi pour compléter ses arguments, comme un boxeur qui enchaîne les rounds dans un combat dont il ne maîtrise plus les règles.

Des accusations qui frappent fort

Les griefs sont lourds, très lourds. Les pétitionnaires – plus de 250 députés – accusent le bureau de mauvaise gestion financière, de non-respect du règlement intérieur et, plus grave encore, de suspension abusive des soins médicaux destinés aux élus et à leurs familles. Une charge qui touche à l’intime, à la dignité même de la fonction parlementaire.

Face à eux, les cinq mis en cause – Kamerhe, le rapporteur Jacques Djoli, la rapporteure adjointe Dominique Munongo, la questeure Chimène Polipoli et la questeure adjointe Grâce Neema – ont défendu leur bilan, dénonçant une procédure bâclée, motivée par des calculs politiques plus que par la recherche de la vérité.

Une procédure minée par la controverse

Car dans les couloirs, on chuchote que ce rapport est déjà écrit. Que la majorité présidentielle, lassée de l’indépendance tatillonne de Kamerhe, a décidé de lui régler son compte. Certains députés, pourtant, estiment que la défense a été convaincante, que les arguments des pétitionnaires sont fragiles, et que la procédure est entachée d’irrégularités.

La commission de 22 membres, majoritairement issue des groupes parlementaires, a donc œuvré dans un climat de défiance mutuelle. Son rapport, aujourd’hui sur le bureau de l’hémicycle, est une bombe à retardement. Chaque ligne, chaque conclusion sera disséquée, contestée, instrumentalisée.

Le verdict des urnes… parlementaires

La séance de ce lundi s’annonce donc comme un moment de vérité. Les députés devront trancher : suivre les recommandations – probablement sévères – de la commission, ou au contraire, rejeter le rapport et donner raison à Kamerhe et son équipe.

Quelle que soit l’issue, une chose est sûre : l’Assemblée nationale ne sortira pas indemne de cette épreuve. Soit elle congédie son président, au risque de se déchirer ; soit elle le blanchit, au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de l’opinion.

À quelques mètres de là, dans son bureau, Vital Kamerhe attend. Le maître des lieux est devenu l’accusé. Et c’est désormais à ses juges – ses collègues députés – de décider de son sort. La démocratie congolaise, ce lundi, tient en haleime.

Peter Kazadi préside la commission d’enquête sur les pétitions contre Kamerhe

L’Assemblée nationale a franchi une étape décisive dans la crise qui secoue son bureau. Mercredi, en pleine tourmente politique, les députés ont créé une commission spéciale temporaire. Elle doit examiner les pétitions visant cinq membres de l’institution, dont le président Vital Kamerhe. Le député Peter Kazadi, élu de Mont-Amba et cadre influent de l’UDPS, en prend la tête.

Pour équilibrer la composition, les élus ont confié la vice-présidence à Christian Mwando Nsimba (opposition, Ensemble pour la République) et le poste de rapporteur à Yannick Mambu Mbasa (UDPS). Cette répartition veut montrer une ouverture au-delà des clivages partisans, même si beaucoup y voient surtout un calcul politique.

72 heures pour décider du sort du bureau

La commission compte 22 membres. Elle dispose seulement de trois jours pour auditionner les pétitionnaires et les responsables visés. Vendredi, les accusateurs ouvriront le bal, suivis de Vital Kamerhe et de son rapporteur Jacques Djoli. Les trois autres membres concernés se présenteront samedi.

À la fin des auditions, Peter Kazadi et son équipe remettront leur rapport au bureau provisoire dirigé par Isaac Tshilumbayi. La plénière devra ensuite trancher dans un délai de trois jours maximum, comme le prévoit le règlement intérieur.

L’enjeu dépasse la simple procédure. Les pétitions signées par plus de 250 députés pourraient déboucher sur une motion de censure. Kamerhe et ses proches risquent donc la destitution pure et simple.

Une bataille politique sous haute tension

La désignation de Peter Kazadi n’a rien d’anodin. Proche du président Tshisekedi, il incarne la ligne loyaliste de l’UDPS. Ses tensions passées avec Vital Kamerhe nourrissent déjà les soupçons d’un règlement de comptes déguisé.

Vendredi, Kamerhe fera face à ses accusateurs. Son audition pèsera lourd sur son avenir, mais aussi sur l’équilibre des forces au sein de la majorité. Dans les couloirs du People’s Palace, beaucoup murmurent que la décision finale se joue en coulisses, bien avant le rapport officiel.

Une chose reste certaine : l’issue de cette crise redessinera les rapports de force à Kinshasa. Elle pourrait aussi fragiliser durablement la stabilité de la majorité présidentielle.

Tshisekedi – Ramaphosa : deux heures de huis clos sur la sécurité régionale à Pretoria

– Dans le cadre feutré du palais présidentiel Mahlamba Ndlopfu, les deux hommes se sont parlé sans témoin. Pendant plus de deux heures, jeudi, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, ont confronté leurs visions et aligné leurs stratégies. Au menu de ce déjeuner de travail strictement confidentiel : la sécurité régionale, et surtout, la crise persistante qui ravage l’Est de la RDC.

Aucune déclaration publique n’a filtré à l’issue de l’entretien. Mais selon les entourages présidentiels, la coopération sécuritaire a dominé les discussions. Face à la recrudescence des violences et à l’expansion de groupes armés dans la région des Grands Lacs, Kinshasa et Pretoria ont convenu d’intensifier leurs efforts communs pour stabiliser la zone.

L’Est de la RDC, priorité absolue

La situation dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri était au cœur des préoccupations. Les deux chefs d’État ont évoqué les moyens de renforcer l’appui militaire, logistique et diplomatique de l’Afrique du Sud aux forces armées congolaises, dans un contexte où la communauté internationale peine à endiguer la crise.

Au-delà de l’urgence sécuritaire, les discussions ont aussi porté sur les enjeux économiques et politiques liés à cette instabilité. Les richesses minières de l’Est congolais attisent les convoitises et alimentent les conflits – une réalité que Pretoria et Kinshasa entendent désormais aborder de front.

Une alliance stratégique qui se consolide

Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des efforts de rapprochement entre les deux géants africains. Elle confirme la volonté de Tshisekedi et de Ramaphosa de transformer leur partenariat en une alliance solide et opérationnelle, capable de peser sur les équilibres régionaux.

Diplomatie, économie, sécurité : les domaines de coopération se multiplient, signe que la RDC et l’Afrique du Sud misent sur une approche intégrée pour faire face aux défis communs.

Et après ?

Si les détails opérationnels restent secrets, une chose est sûre : ce huis clos à Pretoria marque une nouvelle étape dans l’engagement de l’Afrique du Sud aux côtés de la RDC. Reste à savoir comment cette volonté affichée se traduira sur le terrain – et si elle suffira à infléchir la dynamique de violence qui mine la région depuis des décennies.

La balle est maintenant dans le camp des experts et des militaires. Ils devront donner corps à cette alliance présidentielle. Dans l’Est congolais, on attend plus que des mots.

Tshisekedi à Pretoria : une visite éclair pour une alliance stratégique

 À peine le temps de poser le pied sur le tarmac de l’aéroport militaire de Waterkloof, ce jeudi matin, que le président Félix Tshisekedi s’est engouffré dans le cortège officiel en direction des Union Buildings. Invité par son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, le chef de l’État congolais effectue une visite éclair à Pretoria, condensé de diplomatie et de realpolitik, destinée à resserrer les liens entre Kinshasa et Pretoria.

Accueilli avec les honneurs militaires par la vice-ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Thandi Moreka, Tshisekedi s’est immédiatement rendu au siège du gouvernement pour un tête-à-tête suivi d’un déjeuner de travail avec Ramaphosa. Une rencontre directe, sans fioriture, qui témoigne de l’urgence et de l’importance des sujets à aborder.

Une délégation ciblée pour des enjeux précis

Le choix des accompagnants du président congolais est, à lui seul, un message. À ses côtés : le vice-Premier ministre en charge de la Défense, Guy Kabongo ; la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner ; et le ministre des Finances, Doudou Fwamba. Un triumvirate stratégique qui couvre les trois piliers de la coopération bilatérale : la sécurité, la diplomatie et l’économie.

Des domaines où les deux pays entretiennent une relation à la fois ancienne et cruciale. L’Afrique du Sud reste l’un des premiers investisseurs en RDC, notamment dans les mines, les télécommunications et la banque. Mais au-delà des chiffres, c’est le partenariat sécuritaire et géopolitique qui semble primer aujourd’hui.

Stabilité régionale et sécurisation de l’Est : les dossiers chauds

Alors que l’Est de la RDC sombre chaque jour un peu plus dans la violence, et que la rébellion du M23 défie ouvertement Kinshasa, le soutien de Pretoria – puissance militaire et diplomatique majeure du continent – est plus que jamais essentiel. Les deux chefs d’État devraient aborder la situation sécuritaire, les moyens de renforcer la coopération militaire et le soutien sud-africain aux processus de paix en cours.

Sur le plan économique, les discussions porteront sans doute sur les investissements, la facilitation des échanges et les grands projets d’infrastructures communs. La RDC, poumon économique potentiel de l’Afrique centrale, a besoin de partenaires solides et stables ; l’Afrique du Sud, elle, cherche à consolider son leadership continental.

Une visite brève, mais lourde d’enjeux

Quelques heures seulement. C’est le temps que durera cette visite, mais sa brièveté n’enlève rien à sa portée symbolique et politique. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts de Tshisekedi pour internationaliser la crise sécuritaire qui frappe son pays et mobiliser le soutien des capitales influentes.

À quelques semaines de l’ouverture de la session parlementaire et dans un contexte de tension extrême à l’Est, ce déplacement éclair est aussi un signal fort envoyé à l’intérieur : celui d’un président actif, qui place la diplomatie et la sécurité au cœur de son action.

Le retour de Tshisekedi à Kinshasa sera sans doute suivi d’annonces concrètes. Reste à savoir si Pretoria accordera à Kinshasa le soutien espéré – et si cette visite, aussi brève soit-elle, portera ses fruits sur le terrain.

Crise à l’Assemblée nationale : une commission spéciale créée pour examiner les pétitions contre Kamerhe

L’heure n’est plus aux rumeurs de couloir. La procédure parlementaire contre Vital Kamerhe et son bureau vient de franchir une étape cruciale. Ce mercredi, l’Assemblée nationale a installé une commission spéciale temporaire pour examiner les pétitions visant cinq membres éminents du bureau, dont son président. Jean-Claude Tshilumbayi, premier vice-président de la chambre, a dirigé la plénière en présence de Christophe Mboso, resté hors de la tourmente.

Cinq figures du bureau dans la ligne de mire

La commission réunit 22 membres : un par groupe parlementaire, plus un non-inscrit. Son mandat est clair : auditionner les parties, analyser les accusations, confronter les versions et remettre un rapport dans les 72 heures. Ce délai express traduit l’urgence politique.

Les pétitions, signées par plus de 250 députés, visent directement Vital Kamerhe, Djoli Eseng’ekeli, Dominique Munongo, Polipoli Chimène et Grâce Neema. Ces piliers de la majorité parlementaire voient désormais leur avenir menacé. Avec une telle majorité mobilisée, la stabilité de l’institution chancelle.

Tshilumbayi a présidé la séance pour éviter tout soupçon de conflit d’intérêt, Mboso n’étant pas concerné par les requêtes. Mais dans un hémicycle polarisé, chaque geste et chaque silence nourrissent les spéculations.

72 heures pour sceller le sort du bureau

La mission confiée à la commission dépasse la simple vérification de la régularité des pétitions. Elle engage la légitimité politique du bureau et la confiance que les députés accordent encore à leur président.

Le compte à rebours est lancé : trois jours pour auditionner, conclure et présenter un rapport à la plénière. Trois jours pour décider si le bureau de Kamerhe survivra à cette tempête. Dans les couloirs du People’s Palace, certains murmurent que ce délai traduit autant la volonté d’agir vite que l’impatience d’en finir.

L’avenir de l’Assemblée nationale se joue désormais dans cette commission. Ses conclusions, attendues avec fébrilité, pourraient sceller le sort de Vital Kamerhe et bouleverser l’équilibre politique du pays.

Kamitatu dévoile les dessous de la fronde contre Kamerhe

Dans l’arène politique congolaise, où chaque coup résonne comme un ébranlement, la tribune d’Olivier Kamitatu a fait l’effet d’une déflagration. Ce mardi, l’ancien président de l’Assemblée nationale, fine lame de l’opposition et proche de Moïse Katumbi, a déposé des mots comme des charges explosives. Selon lui, la pétition visant à destituer Vital Kamerhe de son perchoir n’est qu’un leurre, le premier acte d’une manœuvre autrement plus vaste : ouvrir la voie à une révision de la Constitution en 2026.

Le véritable objectif ? Dégager l’obstacle que représente Kamerhe, figure influente et « dauphin naturel », pour « déverrouiller l’article 220 » de la Loi fondamentale – cet verrou sacré qui limite le nombre de mandats présidentiels. Un ambition que le président Félix Tshisekedi avait lui-même affichée fin 2024, avant que la tourmente sécuritaire dans l’Est ne impose un silence temporaire.

André Mbata dans le rôle de l’architecte

Du haut de sa tribune sur X, Kamitatu pointe un homme : le professeur André Mbata, secrétaire permanent de l’Union sacrée. C’est lui qui, dans l’ombre, orchestrerait ce « déverrouillage ». Le plan serait déjà ficelé : instaurer un septennat, supprimer le poste de Premier ministre, lui substituer un vice-président de la République. « Le ticket est déjà écrit », assène Kamitatu : « Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba ».

Une reconfiguration totale du pouvoir qui sonnerait le glas de l’équilibre actuel. Pour y parvenir, il faut une chambre parlementaire docile. D’où la nécessité de évincer Kamerhe, jugé trop indépendant, et de le remplacer par un personnage plus malléable. Kamitatu avance un nom : Christophe Mboso, 85 ans, doyen de l’Assemblée, qui serait chargé de « tenir la barre parlementaire et de garantir la docilité des délibérations ».

Les députés pétitionnaires, « pions » d’un jeu plus grand

Quant aux députés qui signent la motion de destitution contre le bureau de l’Assemblée ? Kamitatu n’y va pas par le dos de la cuillère. Il les décrit comme des « pions. Aveuglés ou corrompus », issus d’une « mascarade électorale la plus grossière de notre histoire récente ». Ils offriraient au pouvoir une « majorité fabriquée, non représentative », prête à voter les réformes les plus sensibles sans sourciller.

La narration de Kamitatu se fait alors plus sombre, presque tragique. Il convoque le spectre de 2015, quand une partie de la classe politique avait résisté à la dérive autoritaire. Aujourd’hui, prévient-il, modifier la Constitution dans un contexte de guerre à l’Est, d’ethnicisme et de corruption généralisée, « c’est accélérer la chute, fracturer le social, effondrer l’État ».

Une manœuvre à haut risque géopolitique

Ce n’est pas une simple réforme technique, insiste-t-il. C’est « un acte politique aux conséquences géopolitiques »« Graver dans le marbre une prolongation de pouvoir »« fermer les marges démocratiques »« bâtir un laboratoire de l’auto-suffisance présidentielle ». Les institutions deviendraient accessoires ; le chef de l’État, seul juge.

La machine à réviser semblait pourtant lancée fin 2024. Tshisekedi avait alors annoncé sans ambages son intention, évoquant même une commission scientifique pour début 2025. Le pouvoir justifiait cette urgence par le caractère étranger de la Constitution actuelle – « écrite par les étrangers ». Puis les rebelles du M23 ont pris Goma et Bukavu. Et le projet, trop sensible, est passé en mode veille.

Mais selon Kamitatu, il n’a jamais été abandonné. Juste repensé, recalibré, en attendant des jours meilleurs. L’éviction de Kamerhe en serait le premier signal, faible mais distinct, adressé à ceux qui savent écouter.

La suite appartient aux acteurs de cette tragédie à plusieurs actes. Mais une chose est sûre : le récit vient de basculer. Et Kamitatu, en souffleur inquiet, vient de jeter une lumière crue sur les coulisses de la République.

Crispin Mbindule : Le frondeur aux multiples visages

Kinshasa, le 15 septembre – Son nom circule dans tous les couloirs du Palais du Peuple. Crispin Mbindule, député de Butembo, est devenu en quelques semaines le visage de la fronde contre Vital Kamerhe. Pourtant, cet homme au parcours sinueux fut jadis l’un des plus fidèles lieutenants du président de l’Assemblée nationale. Retour sur un destin politique aussi surprenant qu’imprévisible.

L’ancien fidèle devenu ennemi intime

L’histoire entre les deux hommes relève du paradoxe. Élu pour la première fois en 2011 sous la bannière de l’UNC de Kamerhe, Mbindule semblait incarner la loyauté absolue. Réélu en 2018 sous la même étiquette, il accomplissait un premier revirement spectaculaire lors de la présidentielle de la même année : tout en restant à l’UNC, il campagnait activement pour Martin Fayulu, le principal adversaire de Félix Tshisekedi – pourtant soutenu par Kamerhe himself.

Le climax de cette trahison : son appel à la population de Butembo à « jeter des pierres » sur Tshisekedi si ce dernier venait dans la ville. Une déclaration qui aurait dû sceller son destin politique. Pourtant, en 2023, le voilà qui rejoint l’UDPS, le parti présidentiel, et se représente avec succès sous cette nouvelle couleur.

Le triste héritage de la négation d’Ebola

L’homme qui today se présente en champion de la moralisation de la vie politique porte pourtant un lourd passé. En 2019-2020, alors que l’épidémie d’Ebola ravageait Beni et Butembo, Mbindule choisissait la théorie du complot. « Ebola n’existe pas », affirmait-il, qualifiant la crise sanitaire de « coup monté » des autorités.

Les conséquences furent tragiques : refus du vaccin, attaques contre les équipes médicales, propagation accélérée du virus. Des centaines de vies perdues, en partie à cause de ses déclarations irresponsables. Un passé qui continue de hanter l’image publique du député.

Le stratège de la fronde parlementaire

Aujourd’hui, Mbindule semble avoir trouvé une nouvelle cause : la chute de Vital Kamerhe. Selon plusieurs sources, il aurait déjà convaincu plus de 250 députés de signer sa pétition. Une performance qui révèle son talent de manœuvrier parlementaire, sinon ses convictions politiques.

Ses motivations restent obscures. Règlement de comptes personnel ? Ambition démesurée ? Ou simple opportunisme dans le jeu complexe des alliances kinoises ? Quoi qu’il en soit, Mbindule incarne ces figures politiques congolaises capables des plus surprenantes métamorphoses.

Alors que la crise à l’Assemblée nationale s’intensifie, Crispin Mbindule se retrouve propulsé sur le devant de la scène. Derrière le frondeur apparent se cache un stratège redoutable, dont le passé contrasté interroge sur les véritables motivations de ce nouveau combat. Son histoire rappelle que dans les arènes politiques congolaises, les loyalités sont souvent aussi changeantes que les alliances.

« Sans l’armée congolaise, le Rwanda n’existerait pas » : le coup de gueule d’un ministre

Uvira, le 15 septembre – La déclaration a fait l’effet d’une grenade dégoupillée dans le paysage diplomatique déjà tendu de la région. Eliezer Ntambwe, ministre délégué aux Anciens combattants, a affirmé ce lundi que plusieurs pays devaient leur existence même à l’armée congolaise. Un révisionnisme historique qui pourrait bien enflammer les relations entre Kinshasa et ses voisins.

Une leçon d’histoire géopolitique en forme de provocation

Devant la dépouille du colonel Michel Mbavu Dogo, figure de la résistance congolaise, le ministre a livré une version pour le moins personnelle de l’histoire continentale. « Grâce à l’armée congolaise, le Rwanda existe, l’Ouganda existe, la Tanzanie existe et l’Éthiopie existe. Même la Belgique a été sauvée par cette force publique ».

Ces propos, prononcés lors d’une cérémonie d’hommage à Uvira, dans l’est troublé de la RDC, semblent vouloir réécire les livres d’histoire. Le ministre convoque le passé pour mieux légitimer les revendications présentes de son pays.

La quête d’une reconnaissance internationale

Derrière la provocation apparente se cache une demande plus fondamentale : celle de la reconnaissance. « Nous attendons que ces nations nous remercient pour le sacrifice de nos soldats », a insisté Ntambwe. Cette sortie intervient dans un contexte de tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23.

Le ministre répond ainsi aux perceptions qu’il juge dévalorisantes de l’armée congolaise. « Mettez les Congolais dans de bonnes conditions, ils vous montreront de quoi ils sont capables », lance-t-il, défiant ceux qui doutent des capacités des FARDC.

Entre révisionnisme historique et realpolitik

Si les affirmations du ministre peuvent sembler excessives, elles s’inscrivent dans une tradition congolaise de réclamation d’une dette historique. La RDC, riche en ressources mais minée par les conflits, cherche par tous les moyens à affirmer sa souveraineté et son importance géostratégique.

Cette déclaration pourrait cependant compliquer davantage les relations déjà tendues avec les pays voisins. Le Rwanda, particulièrement visé, n’a pas encore réagi officiellement à ces propos.

Alors que l’est de la RDC reste en proie à la violence, les mots du ministre Ntambwe jettent de l’huile sur le feu des tensions régionales. Entre quête de reconnaissance et realpolitik agressive, Kinshasa semble choisir la confrontation verbale comme instrument de sa diplomatie. Reste à savoir si cette stratégie servira les intérêts congolais ou alimentera les cycles de méfiance qui minent la région depuis des décennies.

Tempête sous le perchoir : le pari de l’apaisement de Vital Kamerhe

Kinshasa, le 15 septembre – L’atmosphère était électrique dans l’hémicycle du Palais du Peuple. Alors que s’ouvrait la session parlementaire de septembre, tous les regards se braquaient sur lui. Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale congolaise, faisait face à la tempête. Visé par une pétition réclamant son départ, l’homme a choisi l’arme de la conciliation.

Le spectre de 2007 et la défense d’un patriote

D’entrée, le ton est donné. Kamerhe puise dans son histoire personnelle pour étayer sa défense. Évoquant son départ forcé de la présidence en 2007, en pleine crise des opérations militaires conjointes avec le Rwanda, il se présente en patriote inflexible. « Ma loyauté envers la nation n’a jamais faibli », affirme-t-il, voix chargée d’émotion.

Le message est subtil : l’homme qui avait préféré démissionner plutôt que trahir ses convictions serait aujourd’hui la cible d’attaques tout aussi injustes. Un parallèle historique qui n’est pas sans rappeler les fractures toujours vives de la politique congolaise.

La stratégie de l’apaisement : pardon et promesses

La surprise vient ensuite. Dans un mouvement rare dans l’arène politique congolaise, Kamerhe tend la main à ses détracteurs. « S’il y en a parmi vous qui se sont sentis froissés […] j’implore leur pardon ». Le « pacificateur », comme il se nomme lui-même, joue sa carte maîtresse : celle de la réconciliation.

Mais au-delà des mots, des actes. Annonce concrète : la création d’une académie de formation en partenariat avec l’ENA, répondant directement aux doléances des jeunes députés. Une manière habile de désamorcer une partie de la critique tout en modernisant l’institution.

La contre-offensive des pétitionnaires

Pendant ce temps, les initiateurs de la pétition ne désarment pas. Leur stratégie : obtenir le soutien de l’UDPS, pilier de la majorité présidentielle. La rencontre avec Augustin Kabuya, secrétaire général du parti présidentiel, marque une escalade dans le conflit. La balle est désormais dans le camp de Félix Tshisekedi.

Le président de la République se trouve face à un dilemme delicate : soutenir son allié Kamerhe au risque de diviser sa majorité, ou accompagner un mouvement de renouvellement qui pourrait fragiliser un pilier de son régime.

Alors que la session parlementaire s’annonce mouvementée, le sort de Vital Kamerhe dépasse la simple question personnelle. Il engage l’équilibre entier de la majorité présidentielle et pourrait redéfinir les rapports de force au sein des institutions congolaises. Le « pacificateur » parviendra-t-il à éteindre l’incendie qu’il affirme vouloir apaiser ? 

Félix Tshisekedi déploie de nouveaux ambassadeurs à l’étranger

Ce lundi 8 septembre 2025, la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) a annoncé une décision présidentielle majeure. Félix Tshisekedi a signé de nouvelles ordonnances nommant trois ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la RDC.

Ces nominations paraissent routinières, mais elles s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à consolider les alliances internationales.

Les profils choisis sont désormais connus :

  • Botswana : Mutombo Kambila Patrick représentera les intérêts de Kinshasa.

  • Chypre : Micheline Matadi NeMuleba Mukaji prendra ses fonctions sur l’île méditerranéenne stratégique.

  • Portugal : Tshiala Tshisuku Fanny assurera la représentation auprès de ce partenaire historique et économique majeur.

Ces ordonnances entrent en vigueur immédiatement après leur publication. Elles témoignent d’une volonté de placer des personnalités compétentes à des postes-clés pour renforcer la coopération bilatérale.

Une diplomatie proactive dans un contexte régional tendu

Derrière ces annonces se cache une réalité complexe. L’Est de la RDC reste instable, et le pays cherche activement la reconnaissance internationale des crimes commis sur son territoire, comme l’a souligné la conférence Genocost à Genève. Chaque nomination constitue un maillon d’une stratégie diplomatique plus vaste.

Renforcer la présence à Portugal et à Chypre n’est pas anodin. Le Portugal reste un partenaire historique avec des liens économiques privilégiés dans la région lusophone, tandis que Chypre joue un rôle clé en Europe et dans le secteur financier. Ces postes permettent à la RDC de consolider ses appuis, d’élargir ses réseaux et de sécuriser des partenariats dans la sécurité, l’économie et le commerce.

Sous la mandature de Félix Tshisekedi, la diplomatie congolaise semble vouloir passer à la vitesse supérieure. L’envoi de ces nouveaux ambassadeurs en est le premier signal. Leurs actions sur le terrain et les résultats qu’ils obtiendront seront scrutés de près par les partenaires comme par les détracteurs.

Genève : hommage aux victimes des génocides congolais

Dans l’enceinte feutrée et chargée d’histoire du Palais des Nations Unies à Genève, la salle XVII Emirates Room a accueilli, ce lundi, une conférence d’une gravité exceptionnelle. Sous le nom de « Genocost », cette initiative se consacre à un plaidoyer poignant : faire mémoire, et surtout obtenir la reconnaissance internationale des souffrances infligées aux populations congolaises, victimes de génocides et de crimes contre l’humanité sur trois décennies.

Une délégation officielle de haut niveau venue de Kinshasa, comprenant les ministres de la Justice, des Droits humains, de la Communication et Médias, ainsi que la vice-ministre des Affaires étrangères, a porté la voix de la RDC. Leur présence silencieuse et déterminée a donné le ton avant même les premiers mots.

Le plaidoyer enregistré du président Tshisekedi : un appel à la justice réparatrice

La conférence s’est ouverte par la projection du message enregistré du président Félix Tshisekedi. Son discours, axé sur l’impérieuse nécessité d’une « justice réparatrice et d’une paix durable », a fixé le cap. Il a insisté sur la prise en compte de la cartographie des faits à caractère génocidaire, l’établissement de leur existence au regard du droit international et la mise en place d’une architecture de justice transitionnelle « adaptée aux réalités congolaises ». Pour lui, il s’agit ni plus ni moins de garantir aux victimes la trilogie indispensable : vérité, poursuite et réparation.

L’ONU et l’UA engagent leur voix : le Rapport Mapping au centre des débats

La représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keïta, a suivi en plaidant sans détour pour la prise en compte du fameux Rapport Mapping – ce document accablant de l’ONU qui dresse l’inventaire des violations massives des droits de l’homme entre 1993 et 2003. Elle a réaffirmé « l’engagement des Nations unies à accompagner la RDC dans sa quête de vérité et de justice », appelant à un processus de justice transitionnelle « crédible, inclusive et conforme aux standards internationaux ».

Un appel relayé et amplifié par Adama Dieng, premier envoyé spécial de l’Union africaine pour la prévention du crime de génocide. Il a rappelé les conclusions sans équivoque du Rapport Mapping, qui met en lumière des crimes susceptibles d’être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : massacres, viols systématiques et autres formes de violences. « Le constat a conduit à des appels à la justice, à la fin de l’impunité », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence de réformes face à la « répétition des violations graves ».

Un contexte onusien marqué par l’alerte sévère de Volker Türk

Cette conférence s’inscrit dans l’ombre portée de la 60e session du Conseil des droits de l’homme. En ouverture, le Haut-Commissaire Volker Türk a dressé un constat sévère, plaçant la RDC au cœur de ses préoccupations. S’appuyant sur les preuves « accablantes » du rapport de la mission d’établissement des faits, il a dénoncé les violations graves qui se poursuivent « par toutes les parties au conflit » dans l’Est du pays, fustigeant particulièrement le rôle du M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF).

Son message résonne comme un écho aux discussions de la conférence Genocost : la communauté internationale ne peut plus fermer les yeux. L’impératif est clair : « enquêter rapidement et de manière indépendante » pour garantir vérité, justice et réparations.

Alors que les débats se poursuivront à Genève, un message fort est envoyé : le temps de l’impunité pour les crimes commis en RDC doit prendre fin. La conférence Genocost n’est pas qu’un symposium ; elle est devenu le catalyseur d’une exigence historique de justice pour les millions de victimes congolaises.

Qatar-Afrique : Sheikh Almansour entame une tournée historique à Kinshasa

Kinshasa accueille ce mardi 2 août 2025 un visiteur de marque : Sheikh Almansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani, membre influent de la famille royale du Qatar, entamant une tournée africaine de sept pays. Cette mission vise à officialiser des accords bilatéraux stratégiques et à lancer des investissements majeurs sur le continent.

Selon un communiqué consulté par ACTUALITE.CD, ces accords marquent le début d’une série de projets structurants dans chaque pays visité. Sheikh Almansour est accompagné d’une délégation de 19 experts internationaux spécialisés dans l’énergie, l’agriculture, les mines, la finance, l’élevage, le développement des infrastructures et les partenariats économiques.

Le document qualifie ce programme de « projet historique », fruit d’une coopération diplomatique intense. Il souligne que cette tournée représente une avancée majeure dans les relations entre le Qatar et plusieurs États africains, illustrant une volonté commune de partenariats gagnant-gagnant, concrets et durables entre gouvernements et acteurs économiques.

À son arrivée à l’aéroport international de Ndjili, Sheikh Almansour a été accueilli par le vice-premier ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba Gombo, marquant le début officiel de cette mission stratégique à Kinshasa et ouvrant la voie à de nouvelles perspectives d’investissement.

TICAD 9 : la RDC mise gros au Japon

Kinshasa, 19 août 2025 — La Première Ministre, Cheffe du Gouvernement Judith Suminwa Tuluka, se rendra à Yokohama au Japon pour représenter le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Cette rencontre se déroulera du 20 au 22 août 2025.

Une rencontre stratégique pour l’Afrique

La TICAD 9 est un moment clé de réflexion sur les priorités de développement du continent africain. Elle constitue également une plateforme de concertation entre l’Afrique et le Japon. De plus, elle ouvre la voie à un renforcement des partenariats dans les domaines économique, éducatif et technologique.

Un partenariat RDC–Japon en expansion

Pour la République démocratique du Congo, cette conférence représente une opportunité majeure. Le gouvernement congolais souhaite consolider ses échanges économiques avec le Japon. En outre, il ambitionne de développer une coopération plus globale, basée sur le partage d’expériences et l’innovation.

Une délégation gouvernementale ciblée

La Première Ministre sera accompagnée de cinq ministres. Il s’agit de ceux en charge de l’Économie, de la Formation professionnelle, du Commerce extérieur, des Mines et des Affaires étrangères. Ainsi, la RDC met en avant des secteurs stratégiques, directement liés aux thématiques centrales de la TICAD.

Inspirations croisées et vision partagée

Les discussions mettront en lumière une ambition commune : faire de l’éducation et de l’innovation des leviers de développement durable et inclusif. Par ailleurs, cette conférence permettra un échange d’inspirations. Le Japon apporte sa discipline et sa rigueur. La RDC partage, pour sa part, sa créativité et sa résilience.

Une coopération tournée vers l’avenir

Il s’agit de la deuxième visite officielle de Judith Suminwa au Japon. Ce déplacement illustre la volonté du Gouvernement congolais d’approfondir une coopération équilibrée et respectueuse avec Tokyo. Enfin, cette présence à la TICAD 9 confirme l’engagement de Kinshasa à inscrire la RDC dans une dynamique d’ouverture internationale, au service de son développement et de celui du continent africain.

Doha relance la médiation entre Kinshasa et l’AFC/M23 : espoir fragile pour un accord de paix

Kinshasa/Doha, 17 août 2025 — Un projet d’accord de paix a été transmis à la fois au mouvement armé AFC/M23 et au gouvernement congolais par le médiateur qatari. L’annonce a été faite dimanche, alors que les discussions, prévues initialement pour le 8 août, pourraient enfin s’ouvrir cette semaine dans la capitale qatarie.

Des positions toujours éloignées

Si les deux parties ont confirmé leur disponibilité à relancer les pourparlers, les divergences restent profondes. L’AFC/M23 exige la libération de ses membres détenus avant toute reprise des discussions, considérant que cette étape conditionne l’application de la déclaration de principes. Kinshasa, au contraire, campe sur sa ligne : « pas un seul prisonnier libéré avant, revenez d’abord à Doha et on en discute ».

Un dialogue délicat mais nécessaire

Du côté du Qatar, l’optimisme demeure prudent. « Nous reconnaissons les difficultés sur le terrain et espérons qu’elles pourront être surmontées rapidement grâce au dialogue et à un engagement sincère », a confié un responsable qatari impliqué dans la médiation. Selon nos informations, les deux délégations pourraient se retrouver dès mercredi à Doha, même si la composition exacte de la délégation de l’AFC/M23 reste incertaine.

L’agenda des discussions

La médiation qatarie prévoit deux étapes principales : d’abord, suivre la mise en œuvre complète de la déclaration de principes, ensuite finaliser un accord de paix. Pour Kinshasa, la priorité demeure la restauration de l’autorité de l’État dans les zones encore occupées. Une position que l’AFC/M23 ne partage pas, préférant mettre l’accent sur le règlement des causes profondes du conflit.

Un processus semé d’incertitudes

Cette nouvelle séquence de négociations s’annonce donc délicate. Entre préalables exigés par l’AFC/M23 et fermeté du gouvernement congolais, il reste à savoir si les concessions nécessaires pourront être trouvées. Le Qatar mise sur le dialogue pour débloquer la situation, mais la route vers un accord définitif paraît encore longue.

Moïse Katumbi prépare la bataille politique de 2028 depuis Bruxelles

Réuni à Bruxelles les 12 et 13 août, le parti Ensemble pour la République, dirigé par Moïse Katumbi, a fixé le cap : préparer une offensive politique pour les élections générales de 2028. Refusant de rejoindre le gouvernement de Félix Tshisekedi, l’opposant en exil veut « préparer avec lucidité et fermeté la riposte politique et citoyenne face aux menaces qui pèsent sur notre nation ».

Durant ce conclave, Katumbi a multiplié les attaques contre le chef de l’État. Son parti dénonce « une tentative persistante de modification de la Constitution pour prolonger indéfiniment le mandat présidentiel » et accuse le pouvoir de refuser le dialogue national proposé par la Cenco et l’ECC.

Un plan d’action contre la dérive autoritaire

Pour contrer ce qu’il perçoit comme un recul démocratique, Ensemble pour la République met en place un mécanisme d’alerte destiné à recenser les plaintes et à engager des actions en justice contre toute restriction des libertés ou atteinte au patrimoine commun.

Sur le terrain, la stratégie est claire : renforcer l’organisation interne, s’implanter dans tous les territoires, élargir la base militante et fédérer les forces du changement avec l’appui de la diaspora.

Un appel à l’unité pour « mettre fin à la dictature »

Moïse Katumbi exhorte « toutes les forces démocratiques, les mouvements citoyens et la société civile » à unir leurs efforts pour « restaurer un pouvoir légitime issu d’élections crédibles ». Pour lui, la mobilisation doit être totale et s’inscrire dans la durée afin de peser sur le paysage politique congolais.

Gouvernement Suminwa II : Qui sont les nouveaux visages de l’exécutif Congolais ?

Le gouvernement Suminwa II, dévoilé dans la nuit du 7 au 8 août 2025, conserve une structure large de 53 membres, mais s’ouvre à de nouveaux profils : militants de la société civile, experts internationaux ou encore leaders religieux. Parmi eux, quatre nouveaux visages clés attirent l’attention du public congolais par leur histoire singulière et leur potentiel à incarner un changement profond.

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Adolphe Muzito – Vice-Premier ministre en charge du Budget

Économiste chevronné et ancien Premier ministre sous Joseph Kabila (2008-2012), Adolphe Muzito fait un retour remarqué au gouvernement après plusieurs années dans l’opposition. Fondateur du parti Nouvel Élan, il a été l’un des piliers de la plateforme Lamuka. Connu pour ses analyses critiques sur la gouvernance et même ses suggestions controversées sur une éventuelle partition de la RDC, Muzito est aussi un ancien inspecteur des finances, formé à l’Université de Kinshasa.

Sa nomination, après des années de franc-parler contre le régime, est un signal fort : l’expérience et la rigueur économique sont de nouveau recherchées au sommet de l’État, dans un contexte de crise budgétaire chronique.

Guillaume Ngefa-Atondoko – Ministre de la Justice et Garde des Sceaux

Militant des droits humains depuis les années Mobutu, Guillaume Ngefa est l’un des fondateurs de l’ASADHO (1986). Courageux et souvent menacé, il a dénoncé les violences sous Mobutu, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila. Il a publié plusieurs rapports-chocs, notamment sur les massacres de réfugiés rwandais dans les années 1996-1997.

Contraint à l’exil, il poursuivra sa carrière aux Nations Unies, occupant plusieurs postes de direction en Afrique. En 2023, il est expulsé du Mali après avoir dénoncé les exactions du régime local. Sa désignation au ministère de la Justice symbolise une volonté de lutter contre l’impunité, de restaurer la crédibilité des institutions et de réconcilier l’appareil judiciaire congolais avec les droits fondamentaux.

Floribert Anzuluni – Ministre de l’Intégration régionale

Né à Kinshasa en 1983, Floribert Anzuluni a grandi en Belgique avant d’étudier les sciences politiques à l’Université de Montréal. De retour en RDC, il se fait connaître par son engagement citoyen au sein du mouvement Filimbi, qu’il cofonde en 2015 pour sensibiliser la jeunesse à la démocratie et à la transparence. Harcelé par le régime Kabila, il s’exile jusqu’au retour au pouvoir de Tshisekedi.

En 2023, il se présente à l’élection présidentielle comme candidat indépendant, soutenu par plusieurs mouvements de la société civile. Il fonde le parti Alternative Citoyenne (AC-Congo) et devient un symbole de la reconquête démocratique par les citoyens.

Par son profil, il incarne une nouvelle génération de dirigeants, issus de la société civile mais formés aux meilleures pratiques internationales, avec une forte volonté de réformer la gouvernance régionale et de renforcer l’ancrage de la RDC dans les mécanismes d’intégration africaine.

Grâce Emi Kutinho – Ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique

Pasteure évangélique active dans les quartiers populaires de Kinshasa, Grâce Emi Kutinho est une figure montante de la jeunesse chrétienne. Influente au sein des Églises de réveil, elle prêche une citoyenneté responsable et une jeunesse morale et engagée.

Bien que sans expérience politique, elle a su gagner la confiance de plusieurs jeunes leaders et figures religieuses. Sa nomination est interprétée comme une tentative d’attirer la jeunesse croyante dans la construction d’un patriotisme moderne et non-violent.

Elle devient l’une des plus jeunes ministres du gouvernement Suminwa II, et peut jouer un rôle de passerelle entre les institutions et la jeunesse en quête de repères.

Ce remaniement stratégique montre une volonté de rassembler plusieurs pôles de la société congolaise : l’opposition, la société civile, les milieux religieux et la diaspora. Judith Suminwa et le président Tshisekedi semblent vouloir donner un second souffle au quinquennat à travers ces figures à la fois populaires, expérimentées et symboliques.

Mais les défis sont immenses : insécurité à l’Est, tensions sociales, défis économiques, et pression de la jeunesse. C’est désormais à ces nouveaux visages de prouver que l’espoir qu’ils incarnent peut se transformer en action concrète.

Liste complète du Gouvernement Suminwa II (Août 2025)

Vice-Premiers ministres

  1. Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières : Jacquemain Shabani

  2. Transports et Voies de communication : Jean-Pierre Bemba

  3. Défense nationale et anciens combattants : Guy Kabombo Mwadimvita

  4. Économie nationale : Daniel Mukoko

  5. Budget : Adolphe Muzito

  6. Fonction publique, Modernisation de l’administration et Innovation : Jean-Pierre Lihau

Ministres d’État

  1. Plan : Guylain Nyembo

  2. Affaires étrangères : Thérèse Kayikwamba

  3. Agriculture : Muhindo Nzangi Butondo

  4. Industrie : Aimé Boji

  5. Affaires sociales : Ève Bazaiba

  6. Justice : Guillaume Ngefa Atondoko

  7. Hydrocarbures : Acacia Bandubola

  8. Éducation nationale : Raïssa Malu

  9. Formation professionnelle : Marc Ekila

  10. Urbanisme : Alexis Gisaro

  11. Développement rural : Grégoire Mutshail Mutond Kangaji

  12. Relations avec le Parlement : Guy Loando

Ministres

  1. Finances : Doudou Fwamba

  2. Santé : Samuel Roger Kamba

  3. Commerce extérieur : Julien Paluku

  4. Environnement : Marie Niangé Ndambo

  5. Infrastructures : John Banza Lunda

  6. Enseignement supérieur : Marie-Thérèse Sombo

  7. Emploi : Ferdinand Massamba

  8. PTNTIC : José Panda Kabangu

  9. Économie numérique : Augustin Kibasa Maliba

  10. Mines : Louis Kabamba Watum

  11. Ressources hydrauliques : Aimé Molendo Sakombi

  12. Communication : Patrick Muyaya

  13. PME : Justin Kalumba

  14. Aménagement du territoire : Jean-Lucien Busa

  15. Tourisme : Didier Manzenga

  16. Pêche et Élevage : Jean-Pierre Tshimanga

  17. Culture et Arts : Yolande Elebe

  18. Droits humains : Samuel Mbemba

  19. Intégration régionale : Floribert Anzuluni

  20. Affaires foncières : Onège Nsele Mpimpa

  21. Sports et Loisirs : Didier Budimbu

  22. Portefeuille : Julie Mbuyi Shiku

  23. Genre, Famille et Enfant : Micheline Ombahe Kalama

  24. Jeunesse et Éveil patriotique : Grâce Emi Kutinho

Ministres délégués

  1. Francophonie et Diaspora : Crispin Mbadu Panzu

  2. Nouvelle économie durable & Climat : Arlette Bahati Tito

  3. Politique de la ville : Angel Bangasa Yogo

  4. Personnes handicapées : Irène Esambo

  5. Anciens combattants : Eliezer Tambwe

Vice-ministres

  1. Budget : Élysée Bokumwana

  2. Intérieur : Eugénie Tshela Kamba

  3. Affaires étrangères : Noëlla Ayeganato

  4. Finances : Gracia Yamba Kazadi

  5. Éducation nationale : Théodore Kazadi Muyahila

  6. Affaires coutumières : Mwami Ndeze Katurebe Jean-Baptiste

Gouvernement Suminwa II : Félix Tshisekedi joue la carte de la continuité et de l’ouverture

Dans la nuit du 7 au 8 août 2025, le président Félix Tshisekedi a levé le voile sur la composition très attendue du gouvernement Suminwa II, dirigé par la Première ministre Judith Suminwa. Une équipe remaniée, resserrée, et légèrement ouverte à de nouveaux profils, mais qui conserve les équilibres du précédent exécutif avec 53 membres.

Un retour politique remarqué : Adolphe Muzito au Budget

La principale surprise de ce gouvernement est le retour d’Adolphe Muzito, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, nommé vice-Premier ministre en charge du Budget. Absent du pouvoir depuis treize ans, Muzito revient dans un ministère qu’il connaît bien, pour l’avoir déjà dirigé entre 2007 et 2008, avant son passage à la Primature. Son profil technocratique et ses récentes positions d’ouverture envers la majorité présidentielle laissaient présager ce rapprochement.

Nominations inédites : Filimbi entre au gouvernement

Autre entrée notable, celle de Floribert Anzuluni, ancien coordinateur du mouvement citoyen Filimbi et candidat à la présidentielle de 2023. Il devient ministre de l’Intégration régionale, preuve d’un certain renouvellement générationnel dans l’équipe. De même, Guillaume Ngefa-Atondoko, ex-responsable des droits de l’homme de l’ONU au Mali expulsé en 2023, prend les rênes du ministère de la Justice.

À la Jeunesse, le président Tshisekedi mise sur Grâce Emi Kutinho, jeune pasteure d’Église de réveil, dans un portefeuille symbolique de l’éveil patriotique.

Continuité stratégique dans les postes clés

Malgré ces nouveautés, le gouvernement Suminwa II reste marqué par une large reconduction des figures de la précédente équipe. Les vice-Premiers ministres Jacquemain Shabani (Intérieur), Jean-Pierre Bemba (Transports), Guy Kabongo (Défense) et Jean-Pierre Lihau (Fonction publique) conservent tous leur poste.

Du côté des ministres d’État, Thérèse Kayikwamba (Affaires étrangères), Doudou Fwamba (Finances), Julien Paluku (Commerce extérieur), ou encore Patrick Muyaya (Communication) restent également en fonction.

Ce remaniement s’inscrit donc dans une logique d’équilibre politique, avec une ouverture maîtrisée à des profils plus technocratiques, tout en maintenant les piliers du régime.

un dosage entre nouveauté et continuité

Avec ce gouvernement Suminwa II, Félix Tshisekedi tente de combiner stabilité, ouverture modérée et efficacité technocratique, à neuf mois d’une année charnière pour la RDC. Le retour d’Adolphe Muzito et l’entrée de figures issues de la société civile donnent une nouvelle tonalité à l’exécutif. Mais l’absence de véritables figures issues de l’opposition radicale ou de la société civile indépendante laisse planer une interrogation sur l’ampleur réelle de cette ouverture.

RDC–Rwanda : Premiers pas concrets vers la paix à Washington

Le processus de paix entre la RDC et le Rwanda entre dans sa phase opérationnelle. La première réunion du comité mixte de surveillance de l’accord de paix s’est tenue à Washington, selon un communiqué conjoint publié samedi par les deux gouvernements. Des observateurs des États-Unis, du Qatar et du Togo — ce dernier agissant comme facilitateur de l’Union africaine — ont assisté à la session.

« Pendant la première rencontre, les parties ont discuté des progrès dans la mise en place de l’accord de paix », précise le document, sans davantage de détails.

Cet échange marque une étape importante dans la mise en œuvre de l’accord signé le 27 juin à Washington par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, sous la médiation du Qatar et des États-Unis. L’accord engage Kinshasa et Kigali à respecter l’intégrité territoriale, à cesser toute activité militaire hostile, à désarmer et encadrer les groupes armés non étatiques, et à mettre en place un mécanisme conjoint de sécurité.

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Le texte prévoit que la mise en œuvre du processus débute dans les 30 jours suivant sa signature.

Parallèlement, des négociations ont lieu à Doha entre le gouvernement congolais et le groupe armé M23. Une déclaration de principes a été signée le 19 juillet, engageant les deux parties à respecter une feuille de route pour le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’Est de la RDC. Les discussions pour un accord de paix détaillé doivent débuter au plus tard le 8 août, pour une signature prévue autour du 18 août.

Enfin, une rencontre au sommet entre les présidents de la RDC et du Rwanda est attendue fin août à Washington, dans l’espoir de sceller un règlement global et durable de la crise dans la région des Grands Lacs.

RDC–Rwanda : Un nouvel accord économique pour la paix

Un pas décisif vers la stabilité et la prospérité régionale. La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé à Washington le Cadre d’intégration économique régionale (CER), un pilier central de l’accord de paix entre les deux pays. L’annonce a été faite ce vendredi dans un communiqué du département d’État américain.

Sous l’égide des États-Unis, les deux pays s’engagent à coopérer dans des domaines stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures, l’exploitation minière, la gestion des parcs nationaux, le tourisme et la santé publique. L’objectif affiché : libérer le potentiel économique de la région des Grands Lacs et créer les conditions d’une paix durable.

“Des représentants de la RDC et du Rwanda, sous l’égide des États-Unis, ont paraphé le texte des principes du cadre d’intégration économique régional”, précise le communiqué.

Cette signature s’inscrit dans la mise en œuvre progressive de l’accord de paix et a été saluée par Washington comme une “avancée significative”. Jeudi, les délégations des deux pays ont également participé à Washington à la première réunion du Comité conjoint de suivi de l’accord, renforçant ainsi le climat de coopération bilatérale.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a relayé la nouvelle sur X (ex-Twitter), en repartageant un message de Massad Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique. À ce jour, les autorités congolaises n’ont pas encore réagi officiellement.