KINSHASA. – Le parcours est sans faute. À 57 ans, Aimé Boji Sangara Bamanyirue accède à la présidence de l’Assemblée nationale, couronnant une ascension politique méthodiquement construite. Élu jeudi 13 novembre avec 413 voix sur 423, ce technocrate discret succède à son mentor Vital Kamerhe, contraint à la démission il y a deux mois. Derrière le candidat unique se cache un héritier : fils de Boji Dieudonné, ancien gouverneur du Kivu en 1966, Sangara incarne une nouvelle génération d’hommes politiques congolais, formés à l’étranger mais ancrés dans les réalités locales.
Un parcours académique international
Né à Kabare au Sud-Kivu, le jeune Aimé Boji décroche son diplôme d’État en mathématiques et physique au prestigieux Collège Alfajiri de Bukavu avant de traverser la Manche. En Angleterre, il obtient une licence en économie et gestion à l’Université Oxford Brookes, puis une maîtrise en économie du développement à l’Université d’East Anglia. Un bagage qui fera de lui l’un des rares économistes de haut niveau dans l’arène politique congolaise.
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L’appareil du pouvoir maîtrisé
Son entrée en politique en 2006 comme député national sous la bannière de l’UNC de Vital Kamerhe marque le début d’une progression constante. Réélu en 2011 et 2023, il gravit les échelons : secrétaire général de l’UNC, ministre du Commerce extérieur en 2016, ambassadeur itinérant du président Tshisekedi en 2019. Les portes du gouvernement s’ouvrent : ministre du Budget de 2021 à 2025, puis ministre de l’Industrie en août 2025. Une démission stratégique en octobre lui permet de briguer – et d’obtenir – le perchoir.
Les défis de la succession
Le successeur de Kamerhe hérite d’une institution en quête de crédibilité. Dans son discours d’investiture, Sangara a promis de « travailler pour l’intérêt du peuple congolais », prônant une Assemblée « inclusive » et un espace d’expression « apaisé ». Il s’engage à replacer « les députés nationaux au centre des actions de l’Assemblée nationale », un message qui résonne comme une promesse d’autonomie face à l’exécutif.
Mais derrière les déclarations de principe, le nouveau président devra composer avec les réalités d’un parlement souvent miné par les divisions et les jeux d’influence. Son expérience d’économiste et sa connaissance des arcanes de l’État seront-elles des atouts décisifs ? L’avenir le dira. Pour l’heure, Aimé Boji Sangara incarne la continuité d’un système où la compétence technique et le réseautage politique font bon ménage.

Vital Kamerhe, l’actuel président de l’Assemblée, a pris acte de cette passation de pouvoir. Dans un communiqué officiel, le chef de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a rappelé que cette décision émanait du présidium de l’Union sacrée de la Nation, sous l’arbitrage de la « Haute Autorité de référence » – une formule désignant clairement le président Tshisekedi.
La convocation était formelle. Il devait se présenter ce mardi 21 octobre. Il ne pouvait pas se soustraire à cette invitation. Pendant deux heures, les enquêteurs ont interrogé l’ancien ministre de l’Intérieur. Ils l’ont questionné sur sa participation à un événement précis. La réunion de Nairobi du 14 octobre dernier fait trembler les cercles du pouvoir. Plusieurs figures de l’opposition s’y étaient retrouvées autour de Joseph Kabila. Cela ressemble de plus en plus à un conclave stratégique. Sa présence à ces discussions a visiblement alerté les services de renseignement.