À l’Assemblée nationale, la bataille pour le bureau est ouverte

KINSHASA – Le processus pour pourvoir les postes stratégiques laissés vacants à l’Assemblée nationale a pris un cap décisif. Jacques Djoli, le Rapporteur de la chambre basse, a annoncé la publication imminente des listes définitives des candidats pour les fonctions de Président et de Rapporteur adjoint du Bureau, rendues vacantes après les démissions de Vital Kamerhe et Dominique Munongo.

La date est maintenant connue : ce lundi 10 novembre 2025, les noms des prétendants retenus seront dévoilés. Une annonce faite ce vendredi 7 novembre, alors que l’opération de dépôt des candidatures s’achevait à minuit. « Nous pouvons aller jusqu’à minuit pour recevoir les candidatures », avait précisé Jacques Djoli, garant du processus.

Une candidature pour la présidence, deux pour le rapporteur adjoint

Le Rapporteur a levé un coin du voile sur la physionomie de la course. Une candidature pour la présidence, émanant de la majorité, a été enregistrée. Pour le poste de Rapporteur adjoint, réservé à l’opposition, deux candidatures sont sur la table.

« Les critères sont décrits dans la décision du président ; c’est sur base de ces critères fixés par l’article 27 de notre règlement intérieur », a rappelé Jacques Djoli, soulignant le cadre strict qui régit cette élection.

Campagne et consensus en vue

La campagne électorale officielle s’ouvrira dès lundi, promettant d’être scrutée à la loupe. Les équilibres politiques au sein de l’institution sont en jeu.

Si un consensus semble se dégager autour d’Aimé Boji Sangara pour la présidence, la situation apparaît moins lisse au sein de l’opposition, où les ambitions seraient « dispersées ». Ce double scrutin, crucial pour la gouvernance de l’Assemblée nationale, déterminera la nouvelle équipe qui pilotera les travaux parlementaires dans un contexte politique congolais aussi dynamique que sensible.

Thérèse Kayikwamba Wagner : la ministre qui fait taire les calomnies

KINSHASA – La sentence est tombée, froide et déterminée. Vendredi, Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre congolaise des Affaires étrangères, a transformé sa silence en arme. Lassée des « publications et vidéos mensongères » qui souillent les réseaux sociaux, la cheffe de la diplomatie a choisi la voie judiciaire pour réponse. Une décision qui marque un tournant dans la lutte contre la diffamation numérique en République Démocratique du Congo.

Dans une déclaration personnelle rendue publique à Kinshasa, la ministre a dégainé les noms de ceux qu’elle estime être ses calomniateurs. Le cabinet d’avocats ALTUS, basé à Bruxelles, est désormais chargé de poursuivre M. Pero Luwara de la chaîne CPL TV en Belgique, M. Emmanuel Banzunzi de Bishop National en Suède, et le site CongoIntelligence.com. La bataille s’annonce transcontinentale.

Une offensive juridique méthodique

L’approche est tout sauf improvisée. « Des preuves ont été saisies par des huissiers », a précisé la ministre, verrouillant ainsi toute tentative de faire disparaître les contenus incriminés. La manœuvre vise non seulement les auteurs présumés, mais aussi les plateformes numériques qui ont hébergé – et parfois monétisé – ces attaques.

« J’assume pleinement ma responsabilité de protéger mon enfant, de préserver ma famille », a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, révélant la dimension intime de cette affaire. Derrière la stature de ministre se cache une mère déterminée à défendre son foyer.

Un combat pour toutes les femmes

Le geste dépasse largement le cadre personnel. La ministre y voit une contribution au combat plus large « contre les violences et le dénigrement visant les femmes ». Particulièrement lorsqu’elles occupent des postes de pouvoir. Les attaques, estime-t-elle, cherchent à « la décrédibiliser » et à « affaiblir sa voix » dans l’exercice de ses fonctions.

Alors que la RDC traverse une période marquée par « la guerre et la souffrance », comme elle le rappelle, Thérèse Kayikwamba Wagner assure qu’elle continuera d’exercer ses responsabilités ministérielles. La justice suivra son cours en parallèle.

Cette décision crée un précédent dans le paysage politique congolais. Elle envoie un message clair à tous ceux qui pensaient pouvoir user impunément des réseaux sociaux comme armes de déstabilisation : l’ère de l’impunité numérique touche peut-être à sa fin.

Saint-Nicolas Iracan : la revanche d’un indépendant

KINSHASA – Le geste est lourd de symbole. Ce jeudi 6 novembre, le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan a déposé sa candidature au poste de Rapporteur adjoint de l’Assemblée nationale. Un pari audacieux pour cet élu de Bunia, récemment radié du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, qui tente aujourd’hui d’écrire un nouveau chapitre de sa carrière politique.

Un candidat en terrain miné

Dans les couloirs feutrés du Palais du Peuple, l’annonce a fait l’effet d’une petite bombe. Saint-Nicolas Iracan se présente en indépendant pour un poste réservé à l’opposition, affirmant ainsi sa rupture définitive avec son ancienne famille politique. « Je revendique désormais une indépendance totale », confie-t-il, sans amertume apparente.

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Pourtant, le chemin vers la vice-rapoporture s’annonce semé d’embûches. L’homme conserve son mandat de député national, mais doit désormais composer sans le soutien de la machine politique qui l’avait porté au pouvoir. Un exercice d’équilibriste dans l’arène parlementaire congolaise, où les allégeances comptent souvent plus que les compétences.

Un processus électoral sous tension

La course aux postes clés du bureau de l’Assemblée nationale suit un calendrier précis, presque militaire. Du dépôt des candidatures à l’élection finale, chaque étape est scrutée à la loupe. Les candidats doivent remplir des conditions strictes : lettre d’investiture, pièce d’identité, photo, CV détaillé avec serment sur l’honneur.

Le député Jacques Djoli a lu le chronogramme en plénière, rappelant l’urgence de la situation. Les élections interviennent après les démissions forcées de Vital Kamerhe et Dominique Munongo, emportés par une pétition de destitution. L’Assemblée cherche à tourner la page, mais les cicatrices restent vives.

La bataille de l’opposition

Si la majorité parlementaire a déjà choisi son candidat unique en la personne d’Aimé Boji pour la présidence, le camp de l’opposition reste divisé sur le poste de Rapporteur adjoint. Saint-Nicolas Iracan y voit une opportunité : celle de s’imposer comme une voix indépendante capable de rassembler au-delà des clivages partisans.

Son parcours, de l’activisme local à la députation nationale, en fait un profil atypique. Formé aux rouages du pouvoir, mais désormais libéré des contraintes partisanes, il incarne peut-être ce renouveau que certains appellent de leurs vœux.

Alors que la campagne officielle débutera mardi, les tractations vont bon train dans les coulisses. Saint-Nicolas Iracan devra convaincre qu’il peut être ce trait d’union entre une opposition morcelée et une majorité soucieuse de stabilité. Sa candidature, audacieuse, pourrait bien révéler les nouvelles fractures et les alliances inattendues qui se dessinent dans le paysage politique congolais.

Kinshasa se prépare pour deux sommets diplomatiques majeurs

KINSHASA – La République Démocratique du Congo s’apprête à jouer les hôtes de prestige. En novembre, Kinshasa accueillera deux événements diplomatiques d’envergure, plaçant le pays au cœur des enjeux régionaux et continentaux. Le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, appelle à une mobilisation générale pour réussir ces rendez-vous cruciaux.

La diplomatie congolaise à l’honneur

Le calendrier diplomatique congolais s’annonce chargé. Le 15 novembre, la capitale congolaise recevra le 9e sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). À cette occasion, le président Félix Tshisekedi endossera la présidence tournante de l’organisation, succédant ainsi à son homologue angolais.

Trois jours plus tard, du 18 au 22 novembre, Kinshasa abritera la réunion des présidents des Parlements membres de l’Union parlementaire africaine (UPA). Deux rendez-vous majeurs qui consacrent le retour de la RDC sur la scène diplomatique internationale.

L’urgence de l’assainissement de la capitale

Face à ces défis organisationnels, le président du Sénat a lancé un appel pressant aux autorités urbaines et provinciales. Dans une note officielle, il les exhorte à intensifier les efforts d’assainissement de la ville. La lutte contre l’insalubrité et les embouteillages chroniques devient une priorité absolue.

Cet appel fait écho aux récentes perturbations observées au Sénat. La semaine dernière, une plénière avait été retardée de trois heures en raison d’inondations causées par de fortes pluies. Un incident qui souligne la vulnérabilité des infrastructures de la capitale face aux intempéries.

Le combat contre le cancer du sein salué

En marge de ces préparatifs diplomatiques, Jean-Michel Sama Lukonde est revenu sur la clôture d’« Octobre Rose ». Il a salué la mobilisation exceptionnelle des acteurs engagés dans la lutte contre le cancer du sein. « À travers les campagnes de dépistage, les conférences et les témoignages, les Congolaises et les Congolais ont démontré que la santé de la femme est une cause nationale », a-t-il déclaré.

Les chiffres rappellent l’urgence de ce combat. Selon la Ligue nationale congolaise contre le cancer, la RDC enregistre près de 58 450 cas annuels de cancer du sein, avec plus de 12 000 décès par an. Cette maladie demeure la première cause de mortalité chez les femmes congolaises.

Le président du Sénat a réaffirmé l’engagement de son institution à soutenir les politiques de prévention. Il s’est engagé à accompagner les réformes nécessaires pour garantir l’accès aux soins à toutes les femmes, sans obstacles financiers, logistiques ou informationnels.

Alors que Kinshasa se pare pour recevoir ses hôtes internationaux, ces annonces rappellent que les défis diplomatiques ne doivent pas éclipser les enjeux sanitaires et sociaux du pays. Le mois de novembre s’annonce décisif pour l’image internationale de la RDC.

Johan Borgstam : « Rouvrez l’aéroport de Goma »

KINSHASA – La voix de l’Europe s’est élevée, ferme et claire, pour exiger un geste humanitaire. Johan Borgstam, Représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, a lancé un appel pressant, mercredi, pour la réouverture immédiate de l’aéroport de Goma. Un plaidoyer poignant adressé aux parties en conflit, alors que des millions de vies dépendent de ce couloir aérien vital.

Un appel direct aux signataires des accords de paix

Devant les médias réunis à la résidence de l’UE, le diplomate européen n’a pas pris de détours. S’appuyant sur le poids des engagements internationaux, il a rappelé à la RDC, au Rwanda et au groupe M23 leurs obligations inaliénables.

« Toutes les parties dans la région ont des obligations très claires par rapport à l’importance d’alléger la souffrance de la population sur le terrain », a-t-il martelé, faisant explicitement référence aux accords de Washington et de Doha. Son message, simple et direct, ne souffre d’aucune ambiguïté : « Pour nous, il est d’une importance extrême que l’aéroport de Goma soit ouvert, même à petite échelle ».

Cet appel intervient alors que la fermeture prolongée de l’aéroport de Goma asphyxie l’aide humanitaire dans une région où les civils paient le plus lourd tribut aux combats. Médicaments, nourriture, personnel soignant : tout transite habituellement par cette porte d’entrée, aujourd’hui verrouillée.

L’UE s’engage pour l’avenir avec le « couloir vert »

Au-delà de l’urgence, Johan Borgstam a aussi esquissé une vision à long terme pour stabiliser la région. Il a officialisé le soutien de l’Union européenne au projet de « couloir vert » Kivu-Kinshasa, une ambitieuse artère économique destinée à relier l’Est congolais à la capitale.

« Nous restons engagés pour une plus forte intégration économique et régionale. Et des exemples, il y en a beaucoup, comme notre soutien pour l’établissement du projet de couloir vert Kivu-Kinshasa », a-t-il affirmé.

Ce projet pharaonique vise à désenclaver les provinces du Kivu, dont les immenses potentialités agricoles et minières restent prisonnières de l’insécurité et du manque d’infrastructures. En soutenant cette initiative, l’UE mise sur le développement économique comme rempart contre la violence.

Par ce double message, Johan Borgstam envoie une signal fort : l’Europe ne se contente pas de gérer les crises, elle investit dans les solutions durables. Mais pour cela, encore faut-il que les canaux humanitaires soient rouverts. La balle est désormais dans le camp des belligérants.

Le chronomètre est enclenché pour la course au perchoir

KINSHASA – L’Assemblée nationale lance une course contre la montre. Les députés doivent élire leur nouveau président jeudi 13 novembre. Ils remplaceront ainsi Vital Kamerhe et Dominique Munongo, qui ont démissionné après des pétitions demandant leur destitution.

Un calendrier très serré

Le Rapporteur Jacques Djoli a présenté ce mardi 4 novembre le programme accéléré. Les candidats disposent de seulement quatre jours pour déposer leur dossier. Une commission spéciale examinera les candidatures ce samedi 8 novembre.

La campagne électorale durera à peine 48 heures, les 11 et 12 novembre. Les députés voteront finalement jeudi 13 novembre lors d’une séance plénière. Ils auditionneront d’abord les messages des candidats avant de procéder à l’élection.

Boji, candidat unique de la majorité

La majorité présidentielle a rapidement choisi son champion. L’Union sacrée de la Nation (USN) a désigné Aimé Boji comme candidat unique. Douze personnalités avaient initialement postulé pour le poste.

Boji incarne la continuité pour la majorité présidentielle. Son élection permettrait au pouvoir de garder le contrôle du perchoir, position stratégique dans le jeu institutionnel congolais.

L’opposition multiplie les candidats

Cinq députés d’opposition au moins briguent la présidence. Gratien de Saint-Nicolas Iracan, Van Kapenga et Christelle Vuanga comptent parmi les postulants. Zéphyrin Mfumumampanda complète cette liste non exhaustive.

Cette division risque de favoriser le candidat de la majorité. Les voix de l’opposition pourraient en effet se disperser entre plusieurs prétendants. Les 48 heures de campagne détermineront les possibilités de ralliement.

Un test démocratique

Ce scrutin express mesure la maturité politique de l’institution parlementaire. La capacité des députés à organiser une transition rapide et transparente intéresse autant la population congolaise que les partenaires internationaux.

Le futur président devra rapidement gérer plusieurs dossiers sensibles. Les relations entre le législatif et l’exécutif figurent en tête des priorités, dans un contexte où l’Assemblée cherche à affirmer son indépendance.

Le compte à rebours a commencé. Dans neuf jours, la RDC connaîtra le successeur de Vital Kamerhe. Ce scrutin express pourrait redéfinir les équilibres politiques au Palais du Peuple.

Tshisekedi à Doha : La justice sociale en actes

DOHA – Dans l’écrin climatisé du Centre national des congrès du Qatar, face à une assemblée de diplomates et de dirigeants du monde entier, la voix de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a porté, ce mardi 4 novembre, un message singulier. Celui d’un chef d’État venu d’un pays meurtri, mais résolu à placer la dignité humaine au cœur de l’action publique. À l’occasion du Deuxième sommet mondial pour le développement social, le Président de la République Démocratique du Congo a transformé la tribune onusienne en chambre de résonance pour un projet national audacieux : reconstruire une nation plus juste, coûte que coûte.

Rompre avec le passé : un nouveau modèle de développement

L’intervention du Chef de l’État Congolais s’est articulée autour d’une conviction profonde : le développement ne se mesure pas seulement à l’aune de la croissance économique, mais à celle de la justice sociale. Il a planté le décor en évoquant une rupture salutaire avec les anciens schémas.

« Dès le début de mon mandat, j’ai engagé le pays dans une transformation profonde de notre modèle de développement : rompre avec une vision purement extractive et centralisée, pour bâtir une économie tournée vers l’humain, vers la justice sociale, vers l’égalité des chances entre territoires, et vers la paix », a-t-il affirmé, dessinant les contours d’une ambition qui dépasse le simple discours politique.

Cette refondation passe par des actes concrets, présentés comme les piliers d’un État-providence en reconstruction. Face aux défis colossaux nés de « plus de trente années de cycles de violences armées », la RDC a choisi d’investir sur son capital humain.

La santé et l’éducation : piliers de la refondation congolaise

Au chapitre de la santé, le Président Tshisekedi a annoncé une avancée majeure. « Depuis 2023, les soins sont gratuits pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés. Cela signifie que donner la vie ne doit plus être un risque financier ni une condamnation à la précarité », a-t-il déclaré, présentant cette mesure comme une étape historique vers la Couverture Santé Universelle.

Sur le front de l’éducation, le ton s’est fait tout aussi volontariste. La gratuité de l’enseignement primaire, instaurée dès 2020, est un succès quantifiable. « Plus de 5 millions d’enfants ont pu aller à l’école ou y retourner. 5 millions d’enfants : ce sont 5 millions d’histoires individuelles qui ne basculeront pas dans l’analphabétisme et l’exclusion », a-t-il souligné, donnant une dimension profondément humaine à une statistique administrative. Pour consolider cet acquis, un programme national d’alimentation scolaire est en cours de déploiement, afin qu’aucun enfant ne quitte les bancs de l’école le ventre vide.

Un pacte mondial réinventé : le coup de gueule diplomatique

Au-delà du bilan national, le discours a pris une tournure résolument géopolitique. Félix Tshisekedi a adressé à la communauté internationale une remise en cause cinglante des logiques d’assistance traditionnelles.

« La coopération internationale ne doit pas être un système permanent de dépendance. Elle doit être un pacte d’égal à égal où chacun rend des comptes à l’autre », a-t-il lancé, appelant à une relation plus équitable et responsable. C’était un appel clair à une forme de co-développement, rompant avec le schéma donateur-bénéficiaire.

Pour conclure, le Président a livré une vision sans compromis pour l’avenir. « La RDC croit en un avenir où la justice sociale cessera d’être une promesse et deviendra un droit collectif et effectif », a-t-il assuré, avant de lancer un ultime message de courage politique : « Cela exige de regarder en face nos contradictions, et de mettre fin à l’idée que certains peuples seraient condamnés à l’instabilité, à la pauvreté ou à la guerre ».

Trente ans après le premier sommet de Copenhague, la voix de la RDC, portée par son président, a ainsi rappelé avec force que le développement social n’est pas une question technique, mais éminemment politique. Un plaidoyer qui résonne bien au-delà des sables de Doha.

Tshisekedi relance le dialogue avec le M23 à Doha : entre diplomatie, espoir et fermeté

Les pourparlers entre la République démocratique du Congo et la rébellion du M23 reprennent cette semaine à Doha, marquant une nouvelle étape dans la quête de paix conduite par le président Félix-Antoine Tshisekedi.

Depuis le Caire, où il a rencontré la communauté congolaise vivant en Égypte ce dimanche 2 novembre, le chef de l’État a confirmé la relance du processus de Doha. Devant un auditoire composé d’étudiants, de travailleurs, de commerçants et de militaires en formation, il a esquissé les contours d’une diplomatie patiente mais déterminée.

« Ce n’est qu’après cela que Washington, qui attend la conclusion de cet accord, va convoquer le Président rwandais et moi-même pour qu’on aille autour du Président Donald Trump afin d’entériner finalement les deux accords : Doha et Washington », a-t-il expliqué, plaçant ainsi Doha au cœur du processus menant à la paix définitive.

Vols humanitaires pour Goma : un souffle d’espoir

Au-delà des négociations, Félix Tshisekedi a tenu à rappeler la dimension humaine du conflit. Il a réaffirmé son engagement à venir en aide aux populations meurtries de Goma, théâtre d’un drame humanitaire prolongé.
Selon lui, les démarches entreprises depuis février ont permis d’amorcer la réouverture de l’aéroport de la ville et la préparation de vols humanitaires destinés à acheminer vivres et assistance médicale.

Une initiative qui s’inscrit dans sa volonté d’alléger les souffrances des civils, tout en maintenant la pression diplomatique sur Kigali.

M23 Doha : entre ambitions rwandaises et résistance congolaise

Revenant sur l’échec de l’accord de paix de Luanda en décembre 2024, Tshisekedi a pointé du doigt la responsabilité du président rwandais Paul Kagame, absent lors de la signature :

« Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. Son objectif est de scinder notre pays et d’occuper, voire d’annexer la partie Est, qui est une terre très riche en ressources minérales et agricoles », a-t-il dénoncé.

Mais loin de céder au découragement, le président congolais a réaffirmé la détermination de Kinshasa à poursuivre la voie diplomatique :

« Nous avons développé une diplomatie efficace, car nous avons réussi à impulser une dynamique dans la communauté internationale visant à sanctionner le Rwanda. Depuis lors, il y a eu deux autres processus de paix : celui de Doha et celui de Washington. »

Alors que les projecteurs se tournent vers Doha, le peuple congolais retient son souffle. La paix est encore fragile, mais pour la première fois depuis longtemps, l’espoir semble reprendre son envol.

Boji, l’héritier de Kamerhe à l’Assemblée

Le jeu des chaises musicales au sommet de l’État congolais connaît un nouvel acte. Aimé Boji Sangara, ancien ministre de l’Industrie et fidèle parmi les fidèles du président Félix Tshisekedi, s’apprête à prendre les rênes de l’Assemblée nationale. Sa désignation comme candidat unique par la majorité présidentielle scelle une transition orchestrée depuis le palais de la Nation.

La manœuvre, minutieusement préparée, a contraint l’ancien ministre à démissionner du gouvernement pour retrouver son siège de député de Walungu, condition indispensable pour briguer la présidence de la chambre basse. Un sacrifice calculé qui lui ouvre désormais la voie vers le perchoir.

Kamerhe, le départ en douceur

Vital Kamerhe, l’actuel président de l’Assemblée, a pris acte de cette passation de pouvoir. Dans un communiqué officiel, le chef de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a rappelé que cette décision émanait du présidium de l’Union sacrée de la Nation, sous l’arbitrage de la « Haute Autorité de référence » – une formule désignant clairement le président Tshisekedi.

« Resserrons les rangs », a lancé Kamerhe à ses troupes, appelant à rester mobilisés autour des « idéaux de paix et de reconstruction nationale ». Un discours de sortie qui évite soigneusement toute amertume, preuve que le sort de son successeur était scellé depuis longtemps dans les arcanes du pouvoir.

La préservation des équilibres

Ce remplacement n’est pas anodin. En choisissant Boji, originaire comme Kamerhe du Sud-Kivu, la majorité présidentielle maintient un équilibre régional crucial. Le message est clair : le bassin politique du Sud-Kivu conserve son influence au plus haut niveau de l’État, une manière d’éviter les frustrations dans cette région stratégique.

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Pourtant, la désignation n’a pas fait l’unanimité. Dans les couloirs du Palais du Peuple, plusieurs députés dénoncent une procédure manquant de transparence. « Tout s’est décidé en petit comité, sans véritable consultation », confie un élu sous couvert d’anonymat.

L’élection, prévue dans les prochains jours, ne semble pourtant laisser place à aucun suspense. Boji devrait hériter sans encombre du perchoir, tandis que la session budgétaire en cours patine, paralysée par ces recompositions politiques.

Ce remaniement parlementaire s’inscrit dans un vaste mouvement de consolidation du pouvoir présidentiel. En plaçant un homme de confiance à la tête de l’Assemblée, Tshisekedi s’assure le contrôle absolu de la machine législative. Le nouveau président de la chambre basse aura pour mission de traduire en lois la vision du chef de l’État, dans un pays où l’exécutif et le législatif marchent désormais en parfaite symbiose.

Grands Lacs : l’Allemagne et la Belgique ouvrent leur bourse

Dans le cadre feutré du Centre de conférences ministériel à Paris, les annonces se sont succédé comme autant de bouées lancées à une région en détresse. Jeudi, l’Allemagne a promis 53,5 millions d’euros d’aide humanitaire pour les Grands Lacs, tandis que la Belgique engageait plus de 51 millions sur deux ans. Des montants substantiels qui soulignent l’urgence d’une crise qualifiée par Berlin de « l’une des plus graves au monde ».

Le représentant allemand a fixé le cadre : cet argent doit couvrir la période 2025-2027 et s’accompagne d’une exigence claire : garantir un accès humanitaire sécurisé et trouver des solutions durables. « La communauté internationale ne peut rester sourde aux cris des millions de déplacés de l’est de la RDC », a-t-il martelé.

La Belgique, partenaire historique

À ses côtés, la Belgique a réaffirmé son attachement indéfectible au droit international humanitaire. Bruxelles débloque 26,6 millions d’euros pour 2025 et 24,6 millions pour 2026. Une contribution qui s’inscrit dans la continuité historique des relations privilégiées entre l’ancienne puissance coloniale et la région des Grands Lacs.

Le diplomate belge a insisté sur deux priorités : la protection des civils et le renforcement des médiations. « L’aide d’urgence reste essentielle, mais elle ne suffira pas sans une solution politique », a-t-il prévenu, appelant à « créer les conditions d’un retrait des groupes armés ».

Une mobilisation internationale inédite

Ces annonces s’inscrivent dans un effort collectif plus large. Le président français Emmanuel Macron a clôturé la conférence en annonçant une mobilisation internationale dépassant les 1,5 milliard d’euros. Une somme colossale qui témoigne de la prise de conscience face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire.

Cette conférence, qui réunissait une cinquantaine de pays et d’organisations, marque un tournant dans l’approche de la crise des Grands Lacs. Elle aura permis de conjuguer urgence humanitaire et vision à long terme, mêlant aide immédiate et soutien aux processus de paix.

Reste maintenant le plus difficile : transformer ces engagements en actions concrètes. Les humanitaires sur le terrain attendent ces fonds comme une bouffée d’oxygène, tandis que les diplomates espèrent que cette mobilisation financière créera un momentum politique décisif. La route sera longue, mais Paris, Berlin et Bruxelles viennent d’envoyer un signal fort : les Grands Lacs ne sombreront pas dans l’indifférence.

Tshisekedi à Paris : un énième plaidoyer pour la paix à l’Est du Congo

La voix porte, ferme et déterminée, dans le Centre de Conférence ministériel parisien. Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, adresse ce jeudi un message sans détour à la communauté internationale. Face aux diplomates du monde entier, il dresse un constat accablant : le Rwanda et son soutien au groupe M23 alimentent directement la crise humanitaire qui ravage l’Est congolais.

« La crise humanitaire dans mon pays découle directement des actions militaires que mène le groupe armé AFC/M23. Et le Rwanda soutient ce groupe sur les plans logistique, financier et opérationnel. » Les mots du chef de l’État congolais frappent l’assistance. Plus qu’un discours, c’est un réquisitoire.

Trente ans d’une crise qui n’en finit pas

Le président congolais replace la crise actuelle dans une temporalité douloureuse. « L’Est de la RDC saigne depuis trente ans d’une plaie qui ne se referme pas. Nous ne vivons pas une simple crise, mais une tragédie permanente. » Cette déclaration sonne comme un aveu d’échec pour la diplomatie internationale.

Dans la salle, les représentants d’une vingtaine de nations écoutent, attentifs. Les États-Unis ont envoyé Massad Boulos, conseiller présidentiel pour les affaires arabes et africaines. La France participe avec son ministre Jean-Noël Barrot. Même le Rwanda écoute, par la voix de son ministre des Affaires étrangères.

Trois demandes cruciales

Tshisekedi structure son intervention autour de trois exigences précises. Première urgence : l’accès humanitaire. « Nous réclamons des corridors humanitaires sécurisés pour apporter des soins, de la nourriture et des abris aux populations prisonnières des combats. »

Deuxième priorité : le financement. « J’exige des engagements financiers supplémentaires, ciblés et durables. Ces fonds doivent couvrir les besoins vitaux. Ne voyez pas cela comme une simple aide, mais comme un investissement pour stabiliser une région stratégique. »

Enfin, troisième point, le plus politique : l’alignement diplomatique. « Chaque partenaire présent doit soutenir l’application de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité. Tous doivent exiger le retrait immédiat du M23. Une paix durable exige d’abord la fin de l’occupation. Sur ce principe, je ne tolérerai aucun double langage. »

L’heure des comptes

Les organisateurs de la conférence rappellent l’ampleur des besoins. Le plan humanitaire 2025 pour la RDC nécessite 2,54 milliards de dollars. Or, les donateurs n’ont financé que 16% de ce montant. « Le succès de cette conférence se mesurera à l’ampleur de la mobilisation financière », avait prévenu Jérémy Robert, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron.

Plus tôt dans la journée, le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey avait insisté : « Cette crise révèle notre échec collectif. L’action humanitaire ne relève pas de la charité, mais de la solidarité essentielle. »

Les annonces de financement arriveront dans l’après-midi. Mais Tshisekedi le sait : sans pression réelle sur Kigali, l’aide humanitaire ne sera qu’un soulagement temporaire. La communauté internationale doit maintenant choisir : accompagner verbalement la RDC ou contraindre réellement le Rwanda à cesser son ingérence. Le compte à rebours pour l’Est congolais a commencé.

l’Assemblée nationale valide six nouveaux visages

C’est un changement de garde discret qui s’est opéré, ce jeudi, sous le dôme de l’Assemblée nationale. La plénière a acté le remplacement de six députés, emportés par les verdicts de la justice, les arcanes du pouvoir ou la fatalité du destin. Une séance administrative qui dessine, en creux, les soubresauts de la vie politique congolaise.

La transition la plus symbolique concerne l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon. L’arrêt définitif de la Cour constitutionnelle, tombé le 20 mai et notifié à l’Assemblée le 10 juin, a scellé son sort : condamnation et interdiction de toute fonction publique. Son premier suppléant, Ibrahim Assani Émile, hérite mécaniquement du siège. Un héritage que l’intéressé semble accueillir avec une certaine distance, lui qui n’a pas daigné se présenter devant la Commission politique, administrative et juridique (PAJ) pour les formalités d’usage. L’institution, pragmatique, a jugé que les données de la CENI suffisaient à valider son mandat.

Ce remaniement parlementaire ne se limite pas à cette seule affaire. Le rapport de la Commission PAJ a dévoilé un véritable jeu de chaises musicales, reflétant les réalités du pouvoir. Le gouvernement Suminwa II, en puisant dans le vivier des élus, a créé des vacances que des suppléants s’empressent de combler. Randall Muzito succède ainsi à Adolphe Muzito, nommé Vice-Premier ministre. Papy Kitenge prend la place d’Éliezer Ntambwe, promu ministre délégué. Cyrille Kotongo hérite du siège de Jean-Bosco Kotongo, devenu gouverneur du Nord-Ubangi. Enfin, Behn Mulolo remplace John Banza, propulsé ministre des Infrastructures.

Dans ce ballet des ambitions et des carrières, une note tragique résonne.

 Le sixième remplacement acte l’absence définitive de Sophie Kakudji, l’élue de Kabalo, tragiquement disparue dans l’incendie de sa résidence à Lubumbashi au mois d’août dernier. C’est Éric Ngoyi qui prendra sa suite, dans un hémicycle où son souvenir plane.

Pour ces six nouveaux entrants, le calendrier est désormais limpide. Un délai de huit jours leur est imparti pour faire un choix crucial : siége ou portefeuille ? Ils doivent se prononcer sur le maintien de leur mandat, au regard des fonctions incompatibles qu’ils pourraient exercer. Passé ce délai, le silence vaudra renoncement. La séance est levée, le compte à rebours est lancé.

Union Sacrée : Aimé Boji en lice pour la présidence de l’Assemblée

KINSHASA – L’Union sacrée de la nation a officialisé ce mercredi 20 octobre 2025 son choix pour la présidence de l’Assemblée nationale : Aimé Boji Sangara, qui succédera à Vital Kamerhe après sa démission.

L’annonce a été faite par le professeur André Mbata, secrétaire permanent de l’Union Sacrée, lors d’une conférence de presse tenue au siège du regroupement politique à Kinshasa.

« Je suis heureux de vous annoncer que l’Union Sacrée de la nation présentera à l’élection au poste de président de l’Assemblée nationale l’honorable Boji Sangara Aimé, candidat numéro un sur la liste des dossiers dans l’ordre alphabétique. Il sera donc, à partir de cet instant, le candidat de l’Union Sacrée de la nation pour présider l’Assemblée nationale », a déclaré André Mbata.

Le calendrier officiel des élections à la tête de la chambre basse du Parlement devrait être annoncé dans les prochains jours, marquant le lancement formel de la course pour un poste stratégique dans la vie politique congolaise.

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Grands Lacs : Le pari diplomatique de la France

PARIS – Ils viennent de Washington, de Doha, de Luanda. Ce jeudi 30 octobre, la France réunit autour d’une même table près de soixante pays et organisations internationales pour tenter de sortir la région des Grands Lacs de l’impasse. Une conférence inédite, née d’un constat amer : malgré les accords signés, les combats continuent de déchirer l’est de la République démocratique du Congo.

L’initiative française, portée personnellement par le président Emmanuel Macron, dépasse le seul cadre de la crise congolaise. Elle englobe l’ensemble de la région des Grands Lacs, avec une ambition triple : mobiliser l’aide humanitaire, stimuler les investissements et raviver le dialogue politique. « Un format élargi pour une crise régionale », résume un diplomate français.

Le pari est audacieux. Alors que les processus de Washington (27 juin) et de Doha (14 octobre) peinent à produire des résultats concrets, Paris assure ne vouloir ni les concurrencer ni les remplacer. Bien au contraire : la présence attendue de Massad Boulos pour les États-Unis, de Mohamed Bin Mubarak Al-Khulaifi pour le Qatar et de Tètè Antonio pour l’Angola témoigne d’une volonté de synergie.

La conférence s’articulera autour de trois temps forts. Le segment humanitaire, d’abord, crucial alors que les financements internationaux s’amoindrissent dramatiquement. Le volet économique, ensuite, au Palais de Chaillot, où il sera question d’intégration régionale et d’investissements structurants. Enfin, le cœur diplomatique : un dîner au Quai d’Orsay visant à reconstruire la confiance entre acteurs régionaux.

La présence possible du président congolais Félix Tshisekedi, qui s’est récemment entretenu avec Emmanuel Macron, donnerait à cette rencontre un relief particulier. Signe que Kinshasa, malgré ses réticences passées, pourrait adhérer à cette nouvelle initiative.

Les débats finaux se tiendront à huis clos, gage de sincérité selon les organisateurs. « Éviter l’effet tribune » pour privilégier le dialogue franc : tel est le credo de cette conférence qui, dans l’ombre des chancelleries, tente d’allumer une lumière au bout du tunnel des Grands Lacs.

Tshopo : le coup de force des députés contre un gouverneur absent

KISANGANI, TSHOPO – Ils étaient dix-huit. Dix-huit députés provinciaux réunis dans l’hémicycle, face à un siège vide. Celui de Paulin Lendongolia Lebabonga, gouverneur de la Tshopo, dont le destin politique s’est joué en son absence. Ce lundi 27 octobre, la machine institutionnelle a agi, implacable, pour signifier sa défiance. Verdict : 18 voix pour, zéro contre. La motion, portée comme un couperet, a atteint sa cible.

Une destitution sans appel

Le président de l’Assemblée provinciale, le Dr Mateus Kanga Londimo, a prononcé l’acte d’une voix neutre, citant l’article 42 de la loi sur la libre administration des provinces. La procédure a suivi son cours, le sort s’est scellé. Lendongolia, absent de Kisangani et n’ayant délégué personne pour le représenter, est désormais réputé démissionnaire. Son gouvernement chute avec lui.

L’offensive, menée par le député Bienvenu Bolongue, a frappé fort. Incapacité, détournements de fonds, mauvaise gestion, multiplication des foyers de conflits coutumiers : la liste des griefs a dressé l’image d’un pouvoir provincial en déliquescence. Des accusations lourdes, restées sans contradiction, faute de défense du gouverneur.

Une province en attente de transition

Dans les coulisses de ce coup de force parlementaire, la bataille des procédures s’est enflammée. Le gouverneur déchu, dans une correspondance adressée au président de l’assemblée, a plaidé son absence. Il affirmait ne pas avoir été officiellement convié à la plénière et en réclamait le report. Un argument balayé par des élus pressés d’en finir.

Le compte à rebours est lancé. Paulin Lendongolia dispose de 48 heures pour présenter sa lettre de démission au Président de la République. En attendant, le vice-gouverneur gère les affaires courantes d’une province désormais orpheline de son autorité suprême.

Cet après-midi à Kisangani, le soleil a brillé sur un paysage politique redessiné. La démocratie locale a montré ses muscles, et ses limites. Elle a aussi mis en scène l’absence : un fauteuil vide, des accusations sans réplique et le silence lourd d’un gouverneur dépassé par la tempête. La Tshopo entre en interrègne, sur les cendres d’un pouvoir qui n’a pas su voir venir la chute.

Crispin Mbindule, le candidat qui défia Kamerhe

L’ironie de l’histoire est palpable. Crispin Mbindule, le député qui fut à l’initiative de la pétition ayant conduit à la destitution de Vital Kamerhe, veut désormais occuper son fauteuil. Ce vendredi 24 octobre, le parlementaire a officiellement déposé sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale, soumettant son dossier au présidium de l’Union Sacrée.

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L’initiateur de la pétition contre Kamerhe entre en piste

L’homme ne manque pas d’audace. Fort de quinze années d’expérience parlementaire, Mbindule se présente en héritier légitime du mouvement qui a fait chuter l’ancien président de l’Assemblée. « Ma candidature émane des pétitionnaires », affirme-t-il, assumant pleinement son rôle dans la destitution de Kamerhe. Une revendication qui sonne comme un pied de nez dans les couloirs du Palais du Peuple.

Un programme axé sur l’anti-régionalisme

Face aux rumeurs de candidatures régionalistes, Mbindule oppose un discours résolument unitaire. « Je ne viens pas déposer ma candidature parce que je suis swahiliphone ou parce que je viens de l’Est », martèle-t-il, se présentant en rempart contre le régionalisme. Un positionnement stratégique dans une institution où les équilibres géopolitiques pèsent souvent lourd dans les élections internes.

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Le député promet d’incarner les « valeurs républicaines » s’il est élu, se disant « convaincu d’être le candidat idéal » pour servir à la fois les députés et le peuple congolais. Un discours de rassemblement qui contraste avec son image de pourfendeur de l’ancien président.

La course au perchoir prend ainsi une nouvelle dimension. Mbindule, en se portant candidat, transforme son rôle de destructeur en prétendant constructeur. Reste à savoir si les députés lui feront confiance pour reconstruire ce qu’il a contribué à défaire.

« Sauvons la RDC » : l’opposition passe à l’offensive

Plus de dix jours après le conclave tenu à Nairobi autour de l’ancien président Joseph Kabila, le rideau se lève enfin. Ce vendredi 24 octobre, à Kinshasa, le mouvement « Sauvons la RDC » a fait sa sortie officielle, promettant de « restaurer l’État et sauver la Nation ».

Un conclave des vérités

Les figures de l’opposition présentes à Nairobi — Seth Kikuni, Théophile Mbemba, Franklin Tshamala, Aubin Minaku — ont livré le contenu de leurs échanges. Selon eux, le conclave fut « un moment des vérités », une réflexion « sincère et rigoureuse » sur l’avenir du pays.

Le diagnostic est sans appel :

« La RDC est en crise totale, multidimensionnelle, qui menace le fondement même de la Nation. Un homme, Félix Tshisekedi, en est le responsable. Il incarne à lui seul la crise et les tensions persistantes », a déclaré Seth Kikuni, porte-parole du mouvement.

Une opposition rassemblée face à la crise

Les membres de « Sauvons la RDC » accusent le pouvoir en place d’avoir violé la Constitution et faussé les élections de 2023, refermant ainsi l’espace démocratique.

« Sa tentative unilatérale de changement de Constitution n’a fait qu’approfondir la fracture nationale », ont-ils ajouté.

Sur le plan sécuritaire, le mouvement dresse un tableau sombre : l’Est en guerre, l’Ouest en insécurité, Kinshasa sous tension. « Les négociations actuelles sont opaques, sans réelle volonté de paix », dénonce encore Kikuni.

L’heure de l’alternative

Sous la présidence de Joseph Kabila, le mouvement « Sauvons la RDC » se veut l’alternative à ce qu’il qualifie de « naufrage national ».

« Face à ce désastre, l’alternative ne peut plus être silencieuse ni dispersée. Nous avons décidé de créer le mouvement “Sauvons la RDC” pour mettre fin à la tyrannie, restaurer l’autorité de l’État et réconcilier la Nation », a-t-il martelé.

Le mouvement prévoit une série d’actions : campagnes de communication, manifestations publiques et offensive diplomatique internationale. Selon ses fondateurs, les acteurs politiques n’ayant pas pris part au conclave de Nairobi ont déjà reçu les actes et sont invités à se joindre à cette nouvelle dynamique.

Ainsi, dans une capitale sous tension, « Sauvons la RDC » s’annonce comme le fer de lance d’une opposition rassemblée, prête à défier le pouvoir de Félix Tshisekedi sur le terrain politique comme diplomatique.

Boji Sangara officialise ses ambitions pour le perchoir

Les murmures deviennent certitudes. Sans bruit, sans communiqué, Aimé Boji Sangara a quitté le gouvernement. Ce départ, aussi feutré qu’un souffle, dissimulait pourtant une ambition plus éclatante : celle de présider l’Assemblée nationale.

Un départ discret, une ambition assumée

Lundi 20 octobre, l’ancien ministre de l’Industrie a remis sa lettre de démission à la Première Ministre Judith Suminwa. Officiellement, pour « convenance personnelle ». Officieusement, chacun y voyait déjà les prémices d’un nouveau chapitre. Trois jours plus tard, le 23 octobre, Aimé Boji dépose sa candidature au bureau de l’Union sacrée. Objectif : briguer le perchoir laissé vacant par Vital Kamerhe.

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« J’ai siégé plus de treize ans dans cette maison », rappelle-t-il avec assurance. « J’apporte aussi l’expérience de l’exécutif. Ces deux parcours me préparent à bien diriger cette institution. Je travaillerai avec assiduité et dans un esprit patriotique pour le bien du pays. »

La reconnaissance du gouvernement, la méfiance du camp majoritaire

À la Primature, Judith Suminwa salue « les services éminents rendus à la Nation » et l’engagement constant de l’homme, aussi bien au Budget qu’à l’Industrie. Une sortie honorable pour celui qui fut l’un des piliers technocratiques du Gouvernement Suminwa.

Mais dans les rangs de la majorité, la sérénité n’est pas totale. Certains députés dénoncent déjà une tentative d’imposition du candidat. Willy Mishiki, l’un des élus les plus critiques, plaide pour que « le choix du futur président de l’Assemblée nationale reste l’expression libre des députés ».

Un enjeu politique dans un Parlement sous tension

La démission de Vital Kamerhe a ouvert une séquence politique cruciale. Tandis que la majorité cherche son nouveau leader, l’opposition se prépare à récupérer le poste de rapporteur adjoint. Pendant ce temps, la session budgétaire de septembre s’enlise, minée par les incertitudes politiques.

Aimé Boji Sangara avance, silencieux mais déterminé. Dans les couloirs du Palais du Peuple, son nom circule, ses soutiens s’activent. Entre fidélité à l’Union sacrée et quête de légitimité, l’homme du Sud-Kivu joue désormais sa plus grande partition.

Succession de Kamerhe : le discret pari de Christophe Mboso

Ce jeudi 23 octobre, dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale, une candidature est née dans la plus pure tradition congolaise. Christophe Mboso, actuel deuxième vice-président de la Chambre basse, a officialisé ses ambitions. L’élu de Kenge, visant plus haut, souhaite désormais prendre les rênes de l’institution, laissées vacantes par la démission de Vital Kamerhe.

« Je suis convaincu que cette Chambre basse nécessite une personne digne, intègre et serviable », a déclaré le député, dessinant les contours de son propre portrait. Ses mots, soigneusement choisis, résonnent comme un programme : expérience, vision, intégrité. Mais surtout, il a insisté sur une qualité essentielle dans le paysage politique congolais : la loyauté. « Fidèle et loyal au Chef de l’État », a-t-il répété, comme pour sceller son allégeance.

La stratégie de l’apaisement

Face aux inévitables questions de géopolitique interne, Christophe Mboso a choisi la modération. « Je ne viens pas prendre la place de quelqu’un », a-t-il assuré, adressant un message de sérénité à ses pairs. Une déclaration qui contraste avec les luttes d’influence habituelles, et qui pourrait bien constituer sa meilleure carte.

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Sa démarche, immédiatement après son annonce, l’a conduit au Secrétariat permanent de l’Union sacrée. Un passage obligé, symbolique, pour celui qui entend incarner l’unité derrière le président de la République.

Un fauteuil, deux postes vacants

L’opportunité se présente dans un contexte particulier. Le Bureau de l’Assemblée nationale compte deux sièges vides : celui de président, laissé par Vital Kamerhe, et celui de rapporteure adjointe, précédemment occupé par Dominique Munongo. Le président intérimaire, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, a déjà engagé le processus de remplacement.

Christophe Mboso, en se portant candidat, mise sur son expérience parlementaire et sa fidélité affichée. Reste à savoir si cette légitimité de l’intérieur suffira face aux autres ambitions qui ne manqueront pas de se manifester. Dans le jeu d’échecs qu’est devenue la succession de Kamerhe, le deuxième vice-président vient de déplacer son pion. La réponse des autres joueurs se fait attendre.

Patrick Muyaya : « Kabila est un homme du passé »

La voix était calme, mais les mots portaient loin. Ce jeudi 23 octobre sur les ondes d’Africa Radio, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, a transformé le studio en tribune diplomatique. Devant le micro, il a dessiné les nouvelles lignes de front : Washington pour le Rwanda, Doha pour le M23, et Nairobi pour l’opposition regroupée autour de Joseph Kabila.

Washington-Doha, la double pression diplomatique

Le ministre a d’abord rappelé la feuille de route. Les discussions de Washington s’inscrivent dans le prolongement du processus de Luanda, avec un objectif clair : l’exécution du CONOPS, ce plan opérationnel qui prévoit le désengagement des forces rwandaises et la lutte contre les FDLR. « Nous voulons la paix », a répété Muyaya, tout en dénonçant les « mauvaises habitudes du Rwanda ».

Sur Doha, où un mécanisme de suivi du cessez-le-feu avec le M23 a été signé, le ton s’est fait plus ferme. « Nous avons fait notre part », a assuré le ministre, avant de rappeler la ligne rouge : « Le M23 reste un mouvement terroriste ». Une contradiction apparente qui résume le dilemme congolais : négocier sans légitimer.

L’ombre de Nairobi et la menace judiciaire

C’est sur le terrain politique intérieur que le porte-parole s’est montré le plus tranchant. Évoquant la réunion de Nairobi organisée par Joseph Kabila, il a balayé d’un revers de main toute crainte : « Il n’y a pas de menace politique ». Puis est venu le réquisitoire. L’ancien président est « un homme du passé » qui a « enfreint les règles », montré sa « connivence avec ceux qui tuent », et réuni « des personnes condamnées, des fugitifs ».

La question qui brûlait toutes les lèvres a finalement été posée : Kabila risque-t-il l’arrestation s’il rentre au pays ? La réponse est tombée, sèche et définitive : « Conséquence logique de la décision judiciaire ». Une phrase qui résonne comme un ultimatum et dessine peut-être le prochain acte du feuilleton politique congolais.

Entre les lignes de ce discours se lit une stratégie : montrer la main tendue de Tshisekedi vers l’extérieur tout en durçant le ton contre l’opposition intérieure. Le gouvernement congolais semble jouer sur deux tableaux – la diplomatie internationale et la fermeté judiciaire – pour consolider sa position à l’approche d’échéances politiques décisives.

L’énigmatique succession de Vital Kamerhe

Dans les couloirs du pouvoir congolais, les démissions les plus silencieuses sont souvent les plus éloquentes. Lundi, sans communiqué, sans annonce officielle, Aimé Boji Sangara a quitté le gouvernement. Un départ discret qui pourrait bien annoncer une arrivée bien plus retentissante : celle à la présidence de l’Assemblée nationale.

La scène se joue en trois actes discrets. D’abord, la démission du ministre – confirmée par plusieurs sources, mais jamais officiellement portée sur la place publique. Ensuite, le retour au siège de député national, nécessaire pour prétendre à la magistrature suprême du Parlement. Enfin, ce nom qui circule dans tous les cercles politiques : Aimé Boji Sangara, membre de l’UNC de Vital Kamerhe, mais aussi proche du président Tshisekedi.

Un choix qui pose question

Les raisons de cette prédilection supposée alimentent toutes les spéculations. Le député cumulerait-il les atouts ? Même parti que Kamerhe, même province d’origine – le Sud-Kivu –, mais une ambition personnelle jugée plus contenue. Un profil qui pourrait convenir à différents camps, sans en menacer aucun.

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D’autres y verraient la marque de Félix Tshisekedi. Le président, qui se présente en « arbitre des crises institutionnelles », aurait-il trouvé dans cette nomination un moyen de fragmenter les leaderships régionaux ? Au Sud-Kivu comme ailleurs, la stratégie serait de faire émerger plusieurs figures, plutôt que de laisser un seul homme incarner une province entière.

Les zones d’ombre persistent

Pourtant, dans cette affaire, les certitudes sont rares. Si les sources s’accordent sur la démission, elles divergent sur les motivations réelles. Le silence du gouvernement et de la primature laisse la place à toutes les interprétations. Et la date du scrutin présidentiel à l’Assemblée reste inconnue.

Une question demeure surtout : cette succession est-elle véritablement jouée d’avance, ou les ambitions contrariées au sein de l’Union sacrée pourraient-elles encore réserver des surprises ? La discrétion qui entoure ce dossier suggère que les véritables négociations se déroulent encore dans l’ombre. Et que le dernier mot n’a peut-être pas encore été dit.

« Sauvons la RDC » : la machine de reconquête de Kabila se met en marche

La décision est tombée ce mardi 21 octobre, à l’issue d’une réunion inter-organes dont l’enjeu dépassait les simples querelles de appareil. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), pilier historique de l’ancien régime, a officiellement rallié la bannière. Sous la double présidence d’Aubin Minaku et d’Emmanuel Ramazani Shadary, le parti a annoncé son adhésion totale au mouvement « Sauvons la RDC », cette plateforme née dans le secret feutré d’un conclave à Nairobi, sous le parrainage incontesté de Joseph Kabila.

Le communiqué final, porté par la voix d’Aristote Ngarime, est sans équivoque. Le PPRD « souscrit et encourage » la nouvelle feuille de route, et en appelle au soutien massif du peuple pour « sauver la République ». Les mots sont forts, choisis avec soin. Il ne s’agit plus seulement de s’opposer, mais de « reconquérir le pouvoir par la voie démocratique ». Une formule qui sonne comme une déclaration de guerre politique adressée directement au pouvoir de Félix Tshisekedi.

La Constitution, ligne de front politique

Dans la même salle, les cadres du parti se sont livrés à un « réarmement moral ». Le mot est lâché, teinté d’une urgence martiale. Premier ordre de mobilisation : la défense acharnée de la Constitution du 18 février 2006. Le PPRD brandit la Loi fondamentale comme un étendard et fustige toute velléité de révision, qualifiée sans ambages d’« initiative inopportune et suicidaire ». La bataille pour le pouvoir se dessine déjà comme une bataille pour l’âme juridique de la nation.

L’appel de Nairobi, un catalyseur d’alliances

Cette prise de position ne tombe pas du ciel. Elle fait écho à l’appel lancé quinze jours plus tôt depuis la capitale kényane. Du 14 au 15 octobre, autour de la figure tutélaire de Joseph Kabila, un aréopage de politiques et de membres de la société civile avait dressé un diagnostic sans appel : la RDC vit une « crise multiforme », minée par les « dérives » et la « restriction de l’espace démocratique ». Face à ce qu’ils dépeignent comme une tyrannie, ils ont proposé une antidote : le dialogue, mais pas n’importe lequel. Un dialogue « inclusif et sincère », par opposition au « monologue » qu’ils prêtent au président Tshisekedi.

La manœuvre est en marche. Tandis que le PPRD s’aligne à Kinshasa, une autre réunion de la famille Kabila se prépare, cette fois sous l’égide du Front commun pour le Congo (FCC). Les pièces de l’échiquier oppositionnel se mettent en place, lentement mais sûrement, orchestrées depuis Nairobi. « Sauvons la RDC » n’est plus un simple slogan ; c’est désormais le nom d’une machine politique qui se veut fédératrice, et dont l’ombre commence à s’étendre, longue et menaçante, sur les rives du fleuve Congo.

Théophile Mbemba : les deux heures qui ébranlent l’opposition congolaise

Ce mardi matin à Kinshasa, l’étau s’est resserré autour de l’opposition congolaise. Des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont interpellé Théophile Mbemba Fundu à son domicile. Cet ancien ministre est une figure politique respectée.

La convocation était formelle. Il devait se présenter ce mardi 21 octobre. Il ne pouvait pas se soustraire à cette invitation. Pendant deux heures, les enquêteurs ont interrogé l’ancien ministre de l’Intérieur. Ils l’ont questionné sur sa participation à un événement précis. La réunion de Nairobi du 14 octobre dernier fait trembler les cercles du pouvoir. Plusieurs figures de l’opposition s’y étaient retrouvées autour de Joseph Kabila. Cela ressemble de plus en plus à un conclave stratégique. Sa présence à ces discussions a visiblement alerté les services de renseignement.

Un passeport confisqué, une liberté conditionnelle

Théophile Mbemba a pu regagner son domicile après son audition. Mais sa liberté reste relative. La Direction générale de migration (DGM) a retenu son passeport. Ce geste signifie clairement que les autorités gardent un moyen de pression sur lui. Son entourage affirme que les services pourraient le « rappeler à tout moment ».

Cette interpellation ciblée survient dans un contexte politique tendu. Le pouvoir en place scrute avec méfiance toute rencontre entre opposants. La réunion de Nairobi cristallise les craintes du gouvernement. Il y voit peut-être l’ébauche d’une nouvelle coalition.

Le spectre de Nairobi

Théophile Mbemba n’est pas un opposant quelconque. Son parcours lui donne une stature nationale. Il fut ministre de l’Intérieur sous la transition, puis de l’Enseignement supérieur. Sa présence aux côtés de Joseph Kabila à Nairobi ne pouvait pas passer inaperçue. Les deux heures d’interrogatoire qu’il vient de subir en sont la preuve.

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Cette brève détention envoie un message clair à toute la classe politique. Les autorités considéreront certaines alliances avec la plus grande vigilance. À Kinshasa, chaque geste politique est décrypté. L’interpellation de Théophile Mbemba résonne comme un avertissement.

Washington, le pari de la dernière chance entre le Rwanda et la RDC

L’avertissement avait claqué comme un coup de feu dans l’air tranquille de septembre. Le 1er octobre, le « Concept des Opérations » – ce plan militaire secret qui détaille l’art de la guerre – devait entrer en vigueur. Le compte à rebours contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) était lancé. Les Forces armées de la RDC avaient même lancé un ultimatum solennel aux rebelles : se rendre, ou affronter la tempête.

Un mois plus tard, le silence règne sur les collines du Kivu. Aucune reddition. Ni devant les casques bleus de la Monusco, ni aux avant-postes des FARDC. Le vide. C’est sur ce constat d’échec que les délégations de la RDC et du Rwanda se retrouvent, les 21 et 22 octobre, dans le bureau feutré de Washington. Pour la troisième session du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, l’heure n’est plus aux protocoles mais au bilan. Un bilan amer.

L’heure des comptes a sonné

Cette réunion est un test de vérité. Les deux jours de discussions vont se nourrir d’une question simple, mais terrible : pourquoi la « phase de sensibilisation » n’a-t-elle produit aucun résultat ? Était-ce un vœu pieux, un leurre, ou l’amer constat que la persuasion ne suffit pas face à des décennies de conflit ?

Les agendas seront scrutés à la loupe. Le « Conops », lui, est sans ambages : après la planification et l’échange de renseignements doit venir le temps de l’action. « La conduite des opérations ». Des mots qui signifient, dans la langue crue des stratèges, des frappes ciblées, la fin des postures défensives du Rwanda, et l’arrêt des opérations transfrontalières ponctuelles. Le saut dans l’inconnu.

La méfiance, ombre portée des négociations

Pourtant, dans les couloirs de Washington, une ombre plane : celle de la tension verbale qui, ces dernières semaines, n’a cessé de crisper les relations entre Kinshasa et Kigali. Les sourires de façade peinent à masquer la défiance tenace. Comment croire à une action militaire conjointe, coordonnée, lorsque les capitales s’affrontent par communiqués interposés ?

Le processus de paix signé en juin sous l’égide américaine arrive à un moment de vérité. Washington, médiateur et garant, presse les deux parties de passer de la parole aux actes. Les diplomates américains le savent : si cette troisième session n’aboutit pas à une feuille de route crédible et acceptée par tous, le mécanisme tout entier risque de se bloquer.

Le pari est donc immense. Il s’agit de transformer un échec – l’absence de reddition – en une nouvelle dynamique. De convaincre les généraux et les ministres que la prochaine étape, bien que périlleuse, est inévitable. À Washington, ce n’est pas seulement un calendrier qui se joue, c’est la crédibilité même d’une paix qui, pour l’instant, reste une promesse sans preuve.

Honorine Porsche : Berlin rappelle Kinshasa à l’ordre sur les droits humains

KINSHASA – Le silence était devenu trop lourd. Ce lundi 20 octobre, l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne a brisé un mutisme qui commençait à peser sur les relations entre Kinshasa et Berlin. Dans un communiqué sobre mais cinglant, la représentation diplomatique a réagi à l’arrestation troublante d’Honorine Porsche, une citoyenne allemande actuellement détenue en République Démocratique du Congo.

Le texte, soigneusement calibré, commence par un constat : l’ambassade a « pris note » des nombreux messages de solidarité et de l’émoi suscité par cette affaire. Mais derrière la langue de bois diplomatique perce une inquiétude réelle. Berlin assure « apporter son assistance consulaire », comme le prévoient les conventions internationales. Puis, le couperet tombe : « aucune information supplémentaire » ne sera fournie, invoquant la « protection de la vie privée » de sa ressortissante.

Une condamnation sans équivoque

Ce qui suit n’est plus de la diplomatie, mais de la fermeté. La mission allemande lance un appel direct aux forces de sécurité congolaises : respecter les droits humains et les normes internationales. Les mots choisis sont forts. L’Allemagne condamne « fermement leurs violations présumées », laissant entendre que les faits reprochés aux autorités congolaises sont suffisamment graves pour justifier une telle sortie.

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Dans un ultime mouvement, habile, l’ambassade salue les déclarations des autorités congolaises qui affirment vouloir poursuivre les « auteurs présumés de tels actes ». Une manière de rappeler Kinshasa à ses propres engagements, en lui tendant un miroir où se reflètent ses promesses.

Un contexte explosif

Cette prise de position intervient dans un climat déjà surchauffé. Les conditions d’arrestation et de détention d’Honorine Porsche ont suscité l’indignation de plusieurs organisations internationales de défense des droits humains, alertant sur des méthodes qui dépassent les bornes du droit.

En quelques phrases, l’Allemagne a donc ouvert un front discret mais déterminé. Sans crier, mais sans reculer. Elle place désormais la RDC face à ses responsabilités, dans une affaire où l’enjeu dépasse le cas individuel pour toucher à la crédibilité même de l’État de droit congolais. Les prochains jours diront si Kinshasa a saisi l’avertissement.

Naissance à Nairobi d’un front anti-Tshisekedi

NAIROBI – Loin du tumulte de Kinshasa, l’ancien président Joseph Kabila a repris son rôle de rassembleur. Les 14 et 15 octobre, il a convoqué des figures politiques et de la société civile congolaise pour un conclave sur « l’avenir du Congo ». De cette rencontre est né un nouveau front : le « Mouvement Sauvons la RDC ».

Les participants, unanimes face à une situation jugée « alarmante », ont dressé le portrait d’un pays en crise. Ils dénoncent une « crise multiforme » mêlant dérives politiques, économiques et sociales. Dans leur déclaration finale, ils critiquent sévèrement le président Félix Tshisekedi, l’accusant d’avoir « violé la Constitution », « restreint l’espace démocratique » et « instrumentalisé la justice à des fins politiques ».

Une stratégie claire et un appel au peuple

Le choix de Nairobi n’est pas anodin. En organisant ce rassemblement à l’étranger, le mouvement affirme sa dimension panafricaine et son intention de porter le combat au-delà des frontières. Son objectif : mettre fin à la tyrannie, restaurer la démocratie et favoriser la réconciliation nationale.

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Le mouvement rejette le « monologue politique » du président Tshisekedi et demande un « dialogue inclusif et sincère », parrainé par les Églises. Ainsi, il se pose comme interlocuteur légitime face au pouvoir. Sous les acronymes Tobikisa Ekolo, Tuokowe Taifa et Tupandishayi Ditunga, l’offensive vise à coordonner les actions des partis et forces sociales opposés au régime.

Autour de Joseph Kabila, des figures de l’ancien régime, telles que Raymond Tshibanda, Matata Ponyo et Michel Mwika Banza, ont appelé au retrait immédiat des troupes étrangères et à la mobilisation populaire pour résister à ce qu’ils qualifient de dictature.

Dans les rues de Nairobi, la naissance du « Mouvement Sauvons la RDC » marque un nouveau chapitre de l’opposition congolaise, ouvertement défiant le pouvoir en place. Le duel politique entre Tshisekedi et l’ombre de son prédécesseur entre désormais dans une phase décisive.

Nairobi, nouveau QG de l’opposition Congolaise

NAIROBI – Ils se sont donné rendez-vous dans la discrétion des hôtels kényans. Ce mardi 14 octobre, l’ancien président Joseph Kabila a ouvert un conclave de deux jours réunissant une frange de l’opposition congolaise. Une rencontre qui tient du défi : son initiateur a été condamné à mort par contumace il y a quelques semaines par la justice militaire congolaise pour « trahison, apologie du terrorisme et participation à un mouvement insurrectionnel ».

Le retour des fidèles

Autour de l’ancien chef de l’État, on trouve les fidèles du Front commun pour le Congo (FCC). La liste des présents ressemble à un who’s who de l’ancien régime : José Makila, Raymond Tshibanda, Moïse Nyarugabo, et jusqu’à l’ancien premier ministre Matata Ponyo, condamné à dix ans de prison puis disparu de la circulation. Tous ont répondu présent à l’appel de leur leader, en terre kényane.

Pourtant, cette réunion de « famille » masque mal les fractures de l’opposition congolaise. Absents de marque : Moise Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga ou Jean Marc Kabund. Leur boycott dessine les limites de l’influence de Kabila, qui ne parvient à rassembler qu’une partie de la mouvance anti-Tshisekedi.

Un dialogue sous tension

Officiellement, l’objectif affiché est noble : « écouter tout le monde et proposer des idées pour la sortie de crise actuelle ». Mais dans le contexte brûlant de l’est de la RDC, où la rébellion AFC/M23 – que Kinshasa accuse Kabila de soutenir – affronte l’armée congolaise, chaque mot pèse son poids de suspicions.

Le choix de Nairobi comme terre d’accueil n’est pas innocent. Il s’inscrit dans une longue série de tensions diplomatiques entre la RDC et le Kenya. Depuis les propos insultants de William Ruto en 2022 – qualifiant les Congolais de « chanteurs » sans « une seule vache » –, les relations n’ont cessé de se dégrader.

Les conséquences diplomatiques

Kinshasa accuse Nairobi de complaisance envers les rebelles. Le refus du Kenya d’arrêter Corneille Nangaa lors de l’annonce de la création de l’AFC/M23 en décembre 2023, puis la nomination contestée d’un consul à Goma en août 2025, ont achevé de tendre les rapports entre les deux capitales.

Pour Kabila, ce rassemblement est un double pari. D’abord, redonner une visibilité à une opposition en exil, à quelques mois de la fin du mandat de Tshisekedi. Ensuite, tester la solidité des alliances régionales dans un contexte où la crise sécuritaire à l’est mobilise toutes les attentions.

Mais la manœuvre est périlleuse. En s’affichant à Nairobi, Kabila risque de conforter les accusations de collusion avec des puissances étrangères hostiles à Kinshasa. Sa condamnation à mort plane comme une ombre sur les discussions, rappelant que le dialogue se noue désormais sous la menace du peloton d’exécution.

Alors que les délégués planchent sur « des idées pour la sortie de crise », une question demeure : ce conclave kényan est-il le prélude à une réunification de l’opposition ou le chant du cygne d’un homme politique acculé ? La réponse se joue peut-être moins dans les salles climatisées de Nairobi que sur les collines du Nord-Kivu, où le sort de la RDC se décide dans le bruit des armes.

Processus de paix RDC-Rwanda : Washington relance la dynamique, Doha en appui

WASHINGTON – La diplomatie américaine tente de redonner un souffle au processus de paix entre Kinshasa et Kigali. Le 2 octobre, Washington a accueilli la troisième réunion du Comité conjoint de surveillance de l’accord du 27 juin. Des représentants des deux pays africains et de leurs facilitateurs étaient présents.

Obstacles persistants et premiers résultats

Selon le Département d’État américain, le Comité a reconnu des « obstacles persistants » à la mise en œuvre de l’accord. Deux dossiers dominent : la neutralisation du groupe armé des FDLR, exigée par Kigali, et le désengagement des forces rwandaises, réclamé par Kinshasa.

Malgré ces blocages, une avancée technique a été notée. La RDC et le Rwanda ont validé l’ordre d’opération proposé par le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité. Sa mise en application a débuté le 1er octobre.

Le Comité a également insisté sur l’accès du CICR « à tous les détenus ». Les deux capitales ont accepté de faciliter ce point. En parallèle, face aux tensions à Uvira (Sud-Kivu) et Walikale (Nord-Kivu), les participants ont lancé un appel « au calme et à la retenue ».

Doha, l’autre levier de paix

Le Qatar a rappelé que les négociations de Doha entre la RDC et l’AFC/M23 sont un « levier essentiel ». Le Comité a salué l’accord sur l’échange de prisonniers et la reprise des discussions prévue la semaine du 6 octobre. La Commission de l’Union africaine a exprimé son soutien à ce processus jugé complémentaire.

La patience reste de mise, mais la régularité des réunions témoigne de la persévérance des facilitateurs. La quatrième rencontre du Comité suivra celle du Mécanisme conjoint, prévue les 21 et 22 octobre.

Dans un rare moment d’unité, Kinshasa et Kigali ont exprimé leur « gratitude » envers les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Les deux gouvernements affirment chercher une « paix durable » dans l’est de la RDC, preuve que le dialogue reste la seule voie ouverte.

Procès Joseph Kabila : la chute d’un président, la peine capitale comme épilogue

La sentence est tombée, lourde comme un couperet dans le silence feutré de la Haute cour militaire. Ce mardi, l’ombre de Joseph Kabila, qui planait sur la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, a été officiellement condamnée à la peine de mort. Pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel », la justice militaire a tranché. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Le principal concerné, affirmant vivre en exil, n’était qu’un fantôme au procès.

Le réquisitoire, impitoyable, dressait le portrait d’un homme non plus en chef d’État, mais en chef de guerre. La Cour a épousé ces allégations, peignant une réalité sombre. Elle affirme que, dans l’ombre, l’ancien président tenait à Goma et Bukavu de « véritables réunions d’état-major ». Il inspectait des centres d’instruction de rebelles et se comportait en « chef incontesté de tous les mouvements rebelles » depuis la rébellion de Mutebusi. Le jugement est sans appel : Joseph Kabila est désormais qualifié de « chef de la coalition AFC/M23 ».

Un verdict lourd de conséquences

Ce procès, haletant, a connu ses rebondissements. Après un réquisitoire du ministère public réclamant la peine capitale fin août, la défense de l’ex-président avait tenté, mi-septembre, un coup de théâtre. Elle avait demandé la production de nouvelles preuves, ce qui avait conduit au report du verdict, attendu le 19 septembre. Le suspense est resté entier jusqu’à la décision finale du 30 septembre.

Au-delà des accusations de rébellion, le procès a aussi effleuré la question brûlante de l’identité. Les parties civiles ont brandi l’argument d’une nationalité rwandaise, complexifiant encore le portrait de l’ancien homme fort du pays. La Cour, en arbitre prudent, s’est déclarée incompétente. Elle a rappelé qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ».

Le verdict ne s’arrête pas à la seule peine capitale. Dans un ultime coup de force judiciaire, la Cour a rejeté la demande de mise sous séquestre de ses biens. Mais elle a prononcé une sanction financière vertigineuse : Joseph Kabila doit verser 33 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais. Elle a également ordonné son arrestation immédiate.

Alors que l’encre du jugement sèche, une question persiste, plus lancinante que jamais. Ce verdict, historique, résonnera-t-il jusqu’aux confins de l’exil où se terre l’ancien président ? Ou restera-t-il une condamnation théorique, le jugement d’un tribunal face à l’absence d’un homme qui, pour la justice de son pays, n’est plus qu’un condamné en fuite ? L’histoire, désormais, est entre les mains du temps et de la géopolitique.

Suminwa au Kongo Central : la souveraineté et le développement au cœur d’une visite

Le geste est politique, le symbole, fort. Ce lundi 29 septembre, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka entame une visite de travail hautement stratégique dans le Kongo Central, une province longtemps considérée comme le parent pauvre des investissements publics. Au programme : inspections de chantiers structurants, hommages historiques et lancements de projets attendus depuis des décennies – une manière concrète de réparer un oubli territorial et d’affirmer une nouvelle approche du développement.

Première étape : Muanda, la porte océane de la RDC. La cheffe du gouvernement y inspectera le chantier du port en eau profonde de Banana, un projet phare qui doit permettre au pays de se doter d’une infrastructure maritime compétitive, capable de désengorger le port de Matadi et de renforcer la souveraineté économique nationale. Elle visitera également les ouvrages antiérosion et rencontrera la population locale, souvent en première face face aux conséquences du changement climatique.

Souveraineté et mémoire

La souveraineté sera aussi au menu avec la visite du site de relocalisation de la Base navale de Banana à Kindofula. Un déplacement stratégique, à quelques encablures de l’embouchure du fleuve Congo, qui témoigne de la volonté du gouvernement de moderniser et sécuriser ses dispositifs de défense.

Le volet mémoriel ne sera pas en reste. Judith Suminwa se recueillera au Mausolée du Président Joseph Kasa-Vubu à Singini, rendant hommage au premier chef de l’État congolais. Un geste fort, qui s’inscrit dans une démarche de réconciliation avec l’histoire et ses figures tutélaires.

Désenclaver pour développer

Le développement des infrastructures routières sera l’autre temps fort de cette tournée. La Première ministre inspectera la route Manterne–Tshela–Singini et visitera le port de Boma. Mais le clou de sa visite sera sans conteste le lancement des travaux de la route Kwilu-Ngongo – Kimpangu, un axe attendu « depuis des décennies » par les populations locales et qui doit libérer le potentiel économique de toute une région.

Cette tournée, accueillie avec ferveur dans la province, illustre la vision d’un développement équilibré et la reconnaissance du rôle historique et économique du Kongo Central. Judith Suminwa ne vient pas seulement inaugurer des chantiers ; elle vient écrire une nouvelle page du pacte entre l’État central et ses territoires. La balle est maintenant dans le camp des entreprises et des exécutants. Mais le signal, lui, est déjà passé.