Thérèse Kaikwamba Wagner met en garde Kigali sur le M23 après l’accord de Washington

À Washington, quelques heures à peine après la signature historique de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kaikwamba Wagner, a lancé un avertissement sans ambages à Kigali concernant le M23. Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 4 décembre 2025 dans la capitale américaine, la cheffe de la diplomatie congolaise a clairement désigné les responsabilités en cas de non-collaboration de la rébellion.

Un avertissement direct à Kigali

Répondant à une question sur l’éventuelle non-collaboration du M23 – groupe armé non signataire de l’accord de Washington – Thérèse Kaikwamba n’a pas mâché ses mots : « Nous savons quelles sont les ramifications du M23. Nous savons d’où il tire ses ressources et ses capacités d’action ». Une déclaration qui vise directement le Rwanda, régulièrement accusé par Kinshasa et plusieurs rapports internationaux de soutenir la rébellion.

La ministre a ajouté, dans un langage diplomatique mais sans équivoque : « Si la situation ne change pas, nous saurons qui sont les acteurs qui ont refusé d’exercer leur influence », précisant que les responsabilités seront « clairement » établies. Cet avertissement intervient à un moment particulièrement sensible, alors que les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame viennent tout juste de signer l’accord de paix et de prospérité sous les auspices du président américain Donald Trump.

Le paradoxe du double processus : Washington et Doha

Cette sortie médiatique souligne le paradoxe majeur du processus de paix : tandis qu’un accord est signé à Washington entre les États, un autre doit l’être à Doha entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 dans le cadre de la médiation qatarie. Comment expliquer cette double négociation ?

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La réponse réside peut-être dans la nature même du conflit. L’accord de Washington règle les relations interétatiques entre la RDC et le Rwanda, mais n’aborde pas directement le sort du M23, considéré officiellement comme un problème interne congolais. C’est à Doha que doit se décider l’issue pacifique de la guerre menée dans l’Est de la RDC par la rébellion.

Les défis de la mise en œuvre

L’avertissement de la ministre Kaikwamba révèle les défis immenses qui attendent la mise en œuvre des accords. Plusieurs questions cruciales restent en suspens :

  1. Comment le Rwanda utilisera-t-il son influence sur le M23 pour garantir sa participation au processus de Doha ?

  2. Quels mécanismes de vérification seront mis en place pour s’assurer que Kigali cesse tout soutien à la rébellion ?

  3. Comment harmoniser les processus de Washington et de Doha pour éviter les contradictions ?

La ministre congolaise place ainsi Kigali face à ses responsabilités. En signant l’accord de Washington, Paul Kagame s’est engagé à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. Or, tant que le M23 – dont les ramifications et ressources sont, selon Kinshasa, liées au Rwanda – continuera ses activités, cet engagement restera théorique.

L’heure de vérité pour la paix dans les Grands Lacs

La conférence de presse de Washington marque un tournant dans la diplomatie congolaise. Plutôt que de célébrer prématurément la signature de l’accord, Thérèse Kaikwamba choisit de pointer du doigt les obstacles concrets à sa mise en œuvre. Son message est clair : la signature n’est qu’une première étape, la véritable paix se mesurera à la capacité du Rwanda à faire pression sur le M23 pour qu’il participe sincèrement au processus de Doha.

Les prochaines semaines seront déterminantes. Si le M23, malgré les pressions supposées de Kigali, refuse de collaborer ou continue ses opérations militaires, l’accord de Washington risque de rejoindre la longue liste des initiatives diplomatiques avortées dans la région. La ministre congolaise a posé les cartes sur la table : désormais, c’est au Rwanda de montrer, par des actes concrets, qu’il respecte ses engagements de Washington.

Washington : La RDC et Rwanda tournent la page des tensions

Jeudi 4 décembre 2025 restera gravé dans l’histoire de la région des Grands Lacs. À Washington, sous le regard du président américain Donald Trump, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont scellé un accord qui, espèrent-ils, mettra fin à trois décennies de conflits et de méfiance entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

La cérémonie a rassemblé plusieurs dirigeants africains, dont Faure Gnassingbé (Togo), João Lourenço (Angola), William Ruto (Kenya), Évariste Ndayishimiye (Burundi) et Jessica Alupo (Ouganda), aux côtés des deux principaux signataires.

Paul Kagame : la fin d’un cycle de 30 ans

Dans son allocution, le président rwandais a d’abord rendu hommage à la médiation américaine et au rôle du Qatar dans ce processus.

« Personne ne demandait au président Trump de se saisir de cette tâche. Notre région est loin des gros titres. Mais lorsqu’il a vu l’opportunité de contribuer à la paix, il l’a immédiatement saisie », a-t-il déclaré.

Kagame a rappelé la longue histoire de conflits et de médiations infructueuses, avant de saluer l’approche pragmatique et impartiale des États-Unis. Les accords, selon lui, constituent « la feuille de route la plus claire et la plus précieuse que nous ayons jamais eue », offrant des perspectives concrètes pour la prospérité et l’investissement régional.

Félix Tshisekedi : un engagement solennel pour la paix

De son côté, le président congolais a qualifié les Accords de Washington de tournant historique.

« Ces accords ne sont pas un document de plus. Ils réunissent une déclaration de principes, un accord de paix et un cadre d’intégration économique régionale », a-t-il expliqué, insistant sur l’importance de mettre fin aux violences et aux déplacements forcés.

Tshisekedi a pris un engagement ferme :

« La RDC mettra en œuvre toutes ses obligations avec sérieux, rigueur et souci constant de la paix et de la sécurité. Nous appelons le Rwanda à respecter pleinement la lettre et l’esprit de ces engagements. »

Il a également souligné la nécessité de mettre fin au soutien aux groupes armés et de bâtir une prospérité équitable au bénéfice des populations.

« Aujourd’hui marque le début d’un nouveau chemin, exigeant mais nécessaire, où la paix ne sera plus seulement un vœu », a-t-il ajouté.

Donald Trump : médiation et ouverture économique

Le président américain, fidèle à son style direct, a salué l’accord comme un succès inédit :

« Aujourd’hui, nous réussissons là où les autres ont échoué. Ces messieurs sont prêts à signer, et cela débloquera de nouvelles opportunités économiques pour la région et pour les États-Unis. »

Trump a insisté sur la rapidité du processus : moins d’un an a suffi pour parvenir à un accord, avec un accent sur la stabilité et l’investissement futur dans la région.

Une nouvelle ère pour la région des Grands Lacs

L’accord signé ce jeudi constitue bien plus qu’un document officiel. C’est un symbole d’espoir pour la RDC, le Rwanda et l’ensemble des pays des Grands Lacs, confrontés à des décennies de conflits.

Pour que cette paix soit durable, les engagements doivent être respectés, la coopération renforcée, et la lutte contre les forces négatives poursuivie avec vigilance.

La signature par Tshisekedi et Kagame, en présence de Donald Trump, marque ainsi le début d’une dynamique nouvelle, orientée vers la stabilité, la coopération économique et la prospérité partagée.

« Il s’agit d’un engagement irréversible pour tourner la page des affrontements et ouvrir une nouvelle ère de paix durable », a conclu Félix Tshisekedi.

RDC-Rwanda : Les détails du texte qui doit sceller la paix à Washington

Ce jeudi 4 décembre 2025, à Washington, les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda signent un ensemble d’accords historiques baptisé « Washington accords for peace and stability ». Ce dispositif, dont RFI a pu consulter les documents, représente une refonte complète du processus diplomatique engagé depuis le printemps, unifiant déclarations de principe, accords de paix et cadre économique dans une architecture unique.

Les trois piliers d’un accord fondateur

L’accord repose sur trois piliers interdépendants. Le premier concerne la neutralisation des FDLR, groupe armé d’origine hutu rwandaise que Kigali considère comme une menace existentielle. Le texte prévoit une approche graduelle, bien qu’aucune reddition n’ait été enregistrée lors de la phase de sensibilisation initiale.

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Le deuxième pilier, le plus sensible, traite du désengagement militaire et de la levée des mesures défensives du Rwanda. Kigali conditionne tout retrait à une neutralisation effective des FDLR, une position qui pourrait retarder les avancées concrètes sur le terrain.

Le troisième pilier, présenté comme « le cœur du processus », instaure une intégration économique régionale ambitieuse, avec les minerais stratégiques au centre des préoccupations.

Les minerais au cœur de la nouvelle architecture économique

Le cadre d’intégration économique régionale, signé ce jeudi, constitue l’ossature économique du processus de Washington. Son objectif : réorganiser de manière transparente et contrôlée les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques (étain, tantale, tungstène, niobium, or, lithium) qui alimentent depuis des décennies les économies informelles et les groupes armés dans la région.

Le dispositif prévoit la création de centres de « tolling » publics-privés aux postes-frontières ou dans des zones économiques spéciales, chargés de vérifier la traçabilité des minerais, certifier les flux, appliquer automatiquement taxes et droits, et sécuriser les cargaisons destinées au commerce international.

Des projets concrets dans le secteur minier et énergétique

Le cadre finalise des initiatives détaillées incluant des systèmes d’inspection des sites miniers, le suivi complet de la chaîne de custody, la certification des exportations et l’harmonisation des politiques fiscales. S’y ajoutent des propositions de zones économiques spéciales transfrontalières et de mécanismes d’investissement conjoints destinés à attirer les grands groupes miniers internationaux.

Sur le plan énergétique, Kinshasa et Kigali réactivent des projets structurants comme Ruzizi III et prévoient une exploitation coordonnée du méthane du lac Kivu, avec la perspective de constituer un véritable pool énergétique régional.

Deux accords bilatéraux parallèles

Ce dispositif régional sera doublé de deux accords bilatéraux distincts avec les États-Unis. Le premier, entre Kigali et Washington, formalise une coopération minière déjà avancée, avec la société Trinity Metals au centre des échanges. En septembre, une première cargaison de tungstène rwandais est arrivée aux États-Unis.

Le second, le Partenariat stratégique RDC-États-Unis en 17 articles, récapitule les projets de coopération engagés depuis l’élection de Donald Trump, incluant le barrage d’Inga, le Corridor de Lobito et, surtout, un programme d’exploration minérale à grande échelle en RDC. La société KoBold Metals, active dans le lithium, figure au centre de ce dispositif, avec le soutien américain pour développer le gisement de Roche Dure à Manono.

Une gouvernance complexe pour la mise en œuvre

La mise en œuvre reposera sur une architecture institutionnelle sophistiquée : un sommet annuel de haut niveau, un comité de pilotage (REIF Steering Committee) et plusieurs groupes de travail sectoriels chargés de traduire ces engagements en programmes opérationnels.

Cet accord, présenté comme une avancée symbolique majeure, laisse toutefois en suspens la transformation de ces engagements en faits concrets sur le terrain. La réussite dépendra autant de la volonté politique de Kinshasa et Kigali que de la capacité des États-Unis à maintenir une pression diplomatique constante sur les deux capitales, dans une région où les minerais stratégiques demeurent à la fois une malédiction et une promesse de développement.

Accord RDC-Rwanda : Kinshasa pose ses conditions, Kigali maintient son discours

À la veille de la signature historique de l’accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, les deux gouvernements ont tenu des briefings séparés à Washington, exposant des positions qui, malgré le processus diplomatique, restent marquées par des divergences fondamentales.

Kinshasa : « La paix d’abord, l’économie après »

Lors d’un briefing de presse tenu mercredi 3 décembre, la porte-parole du président Tshisekedi, Tina Salama, et le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, ont présenté ce qu’ils ont appelé un « paquet cohérent » d’accords. Leur message central : « La paix est le prérequis absolu. »

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« Nous sommes dans un processus de transparence. Le président vient entériner l’accord qui avait été signé en juin et non parapher un nouvel accord », a précisé Patrick Muyaya. Les lignes rouges congolaises sont claires : « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, la souveraineté de nos minéraux, pas de brassage et de mixage. »

Tina Salama a détaillé les trois objectifs des accords : mettre fin à une guerre de 30 ans, reprendre le contrôle territorial du pays avec toutes ses ressources naturelles, et transformer ces richesses pour qu’elles profitent aux Congolais. « Pour la RDC, seule la paix peut garantir le business », a-t-elle insisté, soulignant que le pays supporte « un coût humain inestimable » avec la destruction des infrastructures, les déplacements de populations et le pillage des richesses.

Sur le plan sécuritaire, les responsables congolais ont été catégoriques : « L’accord de paix ne légitime aucune présence des troupes étrangères. » Aucune cession territoriale, aucun brassage ou mixage collectif des forces n’est prévu. Toute réintégration d’anciens combattants sera « individuelle, conditionnelle et rigoureusement contrôlée », tirant les leçons des échecs de 2009 et 2013.

Concernant les ressources minières, Tina Salama a assuré que les accords « réaffirment la pleine souveraineté de la RDC sur son sol et son sous-sol« , avec un contrôle exclusif de l’exploitation et de la transformation des minerais. « Les partenaires apportent des technologies, des investissements, des accès, des marchés stratégiques, mais la décision stratégique reste congolaise », a-t-elle précisé.

Kigali : maintien du discours sur les FDLR

De son côté, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a maintenu le discours traditionnel de Kigali lors d’une intervention sur la chaîne américaine NewsMax. Elle a affirmé que le Rwanda « reste contraint de prendre des mesures défensives » face à ce qu’il considère comme une collaboration persistante entre Kinshasa et les FDLR, qu’elle décrit comme « un problème majeur pour la sécurité du Rwanda ».

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« Le gouvernement de la RDC doit faire ce qu’il s’est engagé à faire : neutraliser ce groupe qui a commis un génocide au Rwanda. Ensuite, nous pourrons alléger nos mesures défensives à la frontière », a déclaré Makolo. Elle a ajouté que « l’administration Trump a abordé ce dossier de manière appropriée« , car sa médiation se concentre « sur les causes profondes, sur les véritables problèmes qui entravent la paix ».

La porte-parole rwandaise a également minimisé le rôle de son pays dans les violences à l’Est de la RDC, affirmant que ces problématiques « relèvent d’abord de problématiques strictement congolaises » et « n’engagent en rien la responsabilité de Kigali ».

Un processus sous supervision internationale

Malgré ces positions contrastées, les deux parties reconnaissent l’importance du cadre international. Un calendrier opérationnel (CONOPS) doit définir le retrait des troupes et les engagements de transition économique, sous la supervision d’un comité conjoint, avec l’implication des États-Unis et du Qatar.

« Les américains suivent la situation sur le terrain. Cette fois-ci nous venons parce que le président Trump aura l’occasion d’écouter le président Tshisekedi », a déclaré Patrick Muyaya, soulignant le rôle clé de la médiation américaine.

Alors que les présidents Tshisekedi et Kagame se préparent à se rencontrer jeudi sous les auspices de Donald Trump, les briefings de mercredi ont révélé que la route vers la paix reste semée d’embûches. La réussite de l’accord dépendra de la capacité des deux parties à concilier des exigences parfois contradictoires : le retrait inconditionnel des troupes étrangères pour Kinshasa, et la neutralisation préalable des FDLR pour Kigali.

Trump réunit Kagame et Tshisekedi : la paix à l’épreuve des faits

Jeudi, la Maison Blanche se transformera en arène diplomatique. Le président américain Donald Trump y accueillera ses homologues Paul Kagame du Rwanda et Félix Tshisekedi de République démocratique du Congo, pour une tentative historique de sceller la paix dans la région des Grands Lacs. Objectif affiché : signer un accord global qui s’appuierait sur le texte négocié en juin et sur le cadre économique de novembre. Mais à sept jours de l’échéance, le fossé entre les deux capitales semble plus large que jamais.

Une médiation américaine sous tension

Washington joue gros. En organisant ce sommet, les États-Unis cherchent à stabiliser une région stratégique pour leurs chaînes d’approvisionnement en minerais critiques (cobalt, cuivre, lithium, tantale). La Maison Blanche évoque même la possibilité de faciliter des investissements de plusieurs milliards de dollars en contrepartie d’une paix durable.

Mais le décor est miné. Aucun progrès notable n’a été enregistré depuis septembre sur les engagements clés : la neutralisation des FDLR (rebelles hutus rwandais basés en RDC) et, surtout, le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Des points pourtant considérés comme préalables indispensables par Kinshasa.

Le face-à-face des récits

À Kigali, Paul Kagame affirme que « les blocages ne viennent pas du Rwanda ». Il accuse Kinshasa d’avoir renié des séquencements convenus et dénonce une position « fluctuante » des autorités congolaises. Le président rwandais, habitué des jeux d’influence, maintient son déni de tout soutien au M23, malgré un rapport accablant du groupe d’experts de l’ONU en juillet affirmant que le Rwanda exerce un « commandement et contrôle » sur cette rébellion.

À l’inverse, Kinshasa campe sur ses positions. Aucun déplacement de Tshisekedi à Washington ne serait possible sans un début de retrait des forces rwandaises, a répété le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya. Vendredi, depuis la Serbie, le président congolais a lui-même réitéré l’exigence, parlant de respect de la souveraineté et de rétablissement de la confiance.

Sur le terrain, la guerre continue

Pendant ce temps, dans l’est de la RDC, la réalité est immuable. Le M23 contrôle toujours Goma, Bukavu et plusieurs axes vitaux du Nord et Sud-Kivu. La médiation parallèle menée au Qatar entre Kinshasa et la rébellion, bien qu’ayant abouti à un accord-cadre, n’a produit aucun changement sur le terrain.

La coexistence des processus de Washington (entre États) et de Doha (avec le M23) illustre la complexité du conflit, tiraillé entre logique interétatique et dynamique politico-militaire.

Jeudi, sommet ou show ?

La rencontre du 4 décembre s’annonce donc comme un exercice d’équilibre périlleux. Washington mise sur une fenêtre diplomatique pour forcer un breakthrough. Mais les positions restent si éloignées que le sommet risque de mettre en lumière les contradictions plutôt que de les résoudre.

Entre la pression américaine, l’intransigeance affichée de Tshisekedi et la stratégie de déni de Kagame, l’issue est incertaine. Une signature serait une victoire pour la diplomatie de Trump. Un échec ouvrirait une période encore plus instable, avec le risque de voir la guerre s’enkyster, malgré l’urgence de la paix pour des millions de civis pris au piège. Jeudi, à Washington, ce n’est pas seulement un accord qui se joue, mais la crédibilité même de la médiation internationale dans les Grands Lacs.

RDC-Rwanda : le dialogue des sourds

KINSHASA/KIGALI – Le scénario se répète inlassablement. Chaque camp reste ferme sur ses positions. La région espérait une avancée après l’accord de Washington du 27 juin. Pourtant, le Rwanda et la République démocratique du Congo s’enferment dans un dialogue de sourds. Les deux pays s’accusent mutuellement de bloquer le processus de paix.

Sur RFI, le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, dresse un constat dur. Il affirme que la paix signée reste ignorée sur le terrain. Il accuse l’aviation congolaise de mener des « bombardements quotidiens », non seulement contre le M23, mais aussi, de façon plus grave, « contre les villages banyamulenge » du Sud-Kivu. Selon Kigali, Kinshasa joue double jeu : signer un accord tout en poursuivant les attaques.

Les FDLR, le point de rupture central

Le cœur du désaccord reste le sort des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Le ministre rwandais se montre catégorique : « Il n’y aura la paix dans l’est du Congo que si les génocidaires FDLR sont neutralisés. » Il rejette les déclarations de Kinshasa qui affirme avoir commencé cette neutralisation. Pour lui, ces propos relèvent du mensonge. Il accuse le gouvernement congolais de « soutenir » les FDLR.

En face, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, soutient que la RDC respecte ses engagements. Elle rappelle les appels adressés aux FDLR pour qu’ils déposent les armes. Elle renvoie Kigali à ses responsabilités : « Si le Rwanda veut vraiment en finir avec les FDLR, il doit aussi créer des conditions favorables. » Elle fait référence à la demande des rebelles qui réclament un dialogue direct avec Kigali, une option que le Rwanda exclut totalement.

Une rencontre Tshisekedi–Kagame qui patine

Dans ce climat de méfiance, une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, annoncée « dans quelques jours », semble désormais incertaine. Le ministre Nduhungirehe minimise son importance immédiate. Il rappelle que la paix est déjà signée et qu’il faut d’abord l’appliquer.

Cette nouvelle confrontation verbale, dans les médias internationaux , montre l’impasse actuelle. Chaque camp cherche à gagner la bataille du récit. Pendant ce temps, les combats continuent et les civils paient le prix fort, loin des discours diplomatiques.

Kabila, l’ombre qui plane sur Goma

KINSHASA/GOMA – L’Est de la République Démocratique du Congo fait face à une nouvelle équation politique et sécuritaire. Joseph Kabila, condamné à mort par contumace fin septembre, pourrait revenir à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Cette perspective inquiète, car elle pourrait aggraver la tension déjà intense dans une région au bord du précipice.

La situation sur le terrain reste volatile. L’armée congolaise et la rébellion du M23 s’affrontent régulièrement, provoquant des déplacements massifs de population et une crise humanitaire aiguë. Dans ce contexte, le retour possible de Kabila constitue un geste hautement provocateur.

Un verdict historique et ses conséquences

Le 30 septembre 2025, la cour militaire de Kinshasa a condamné Joseph Kabila à la peine de mort pour trahison, crimes de guerre, insurrection, torture, viol et meurtre. Le tribunal l’accuse également de soutenir le M23. La justice exige, en plus de la peine capitale, des dommages et intérêts évalués à plusieurs dizaines de milliards de dollars au profit de l’État et des provinces du Kivu.

Cette sentence a choqué l’opinion publique. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) l’a qualifiée d’« incompatible avec la dignité humaine » et a appelé au dialogue national. De nombreux observateurs estiment que ce verdict pourrait fragiliser la cohésion nationale et radicaliser certaines positions, tant Kabila conserve une influence considérable dans le pays.

Goma, déjà instable, deviendrait le point focal de toutes les tensions si Kabila y revenait. Sa présence pourrait accentuer les clivages politiques et renforcer l’instabilité. Certains analystes y voient une manœuvre stratégique pour contester la légitimité du pouvoir depuis une région où l’autorité de l’État reste fragile face aux rebelles.

Alors que la RDC s’efforce de protéger sa souveraineté dans l’Est, l’ombre de Joseph Kabila plane. Son retour éventuel à Goma n’est pas seulement un enjeu politique : il constitue une étincelle potentielle dans une poudrière déjà surchauffée.

Tshisekedi à Luanda : « La Paix d’Abord ! »

LUANDA – Le ton était posé et direct. Face aux dirigeants africains et européens réunis pour le 7ᵉ Sommet UA-UE, le Président Félix Tshisekedi a lancé un avertissement clair. Dès son intervention dans le panel « Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme », il a affirmé que la prospérité reste impossible sans sécurité.

« Si nous voulons parler de croissance, de mobilité ou d’investissement, nous devons d’abord admettre une réalité simple : la paix est devenue une urgence vitale », a-t-il déclaré. Il a ensuite évoqué la situation dans l’Est de la RDC, marquée selon lui par des violences alimentées par des ingérences extérieures. Pour le chef de l’État, aucun partenariat crédible ne peut ignorer cette vérité.

Un sommet qui tourne au test de sincérité

Le sommet marque les 25 ans du partenariat UA-UE. Au lieu d’une célébration, Félix Tshisekedi a transformé ce moment en examen de conscience. Il a demandé une évaluation sincère des résultats et un changement profond des bases de la coopération. « C’est un moment de vérité pour reconnaître ce qui doit être corrigé », a-t-il insisté, appelant à un avenir commun plus solide et plus équilibré.

Son discours a résonné dans la salle. Il a rappelé que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, pourtant inscrits dans les chartes internationales, restent bafoués en RDC. Ce rappel ferme visait autant les partenaires que les acteurs régionaux.

Le sommet, coprésidé par João Lourenço et António Costa, s’étale sur deux jours. La première journée, centrée sur la paix, a mis en lumière l’intervention du président congolais. La seconde portera sur les citoyens, les migrations et la mobilité.
Bien que Costa ait appelé à un partenariat « robuste et équilibré », Félix Tshisekedi a posé une condition claire : cet équilibre commence par la sécurité et le respect de la souveraineté des États.

À Luanda, il n’a pas seulement défendu la RDC. Il a porté la voix d’une Afrique qui exige dignité, justice et un partenariat plus honnête.

Ilambo, l’Homme de l’Ombre qui Parle pour Tshisekedi

KINSHASA – Par une ordonnance présidentielle signée le 22 novembre, Félix Tshisekedi a choisi son nouveau porte-voix. Dans le paysage souvent bruyant de la politique congolaise, son choix s’est porté sur un technicien de l’ombre, réputé pour sa discrétion et son efficacité : Bienvenu Ilambo Bwaka. À seulement 36 ans, cet administrateur civil se voit confier le rang de ministre et la lourde tâche d’incarner la voix du chef de l’État.

La nomination d’Ilambo à ce poste stratégique est bien plus qu’un simple remaniement ; c’est un signal fort. Elle consacre l’ascension d’une nouvelle génération de technocrates formés à l’École nationale d’administration de la RDC (ENA-RDC), dont la légitimité repose sur la compétence plus que sur l’exposition médiatique.

Du bureau de la Première Dame au cœur du pouvoir

Le parcours d’Ilambo est un modèle de progression méthodique. Repéré en 2019 au sein du Bureau du Conjoint du Chef de l’État, il a su se rendre indispensable en professionnalisant la communication de la Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi. Il a piloté des campagnes nationales comme « Excellentia » et « Congo au Féminin », et a construit, dans la plus grande discrétion, sa visibilité internationale.

Son passage en 2025 à la Fondation LONA, comme Directeur de cabinet adjoint chargé des questions techniques, a été une étape décisive. Il y a affûté ses compétences en coordination stratégique et en gestion opérationnelle, se préparant sans doute inconsciemment à la mission qui l’attend aujourd’hui.

Le défi : Structurer la voix présidentielle dans un océan de bruit

La mission confiée à Bienvenu Ilambo est colossale. Il devra concevoir et piloter la stratégie globale de communication de la Présidence, un appareil souvent critiqué pour son manque de cohérence. Dans un environnement médiatique congolais hyperactif, rongé par les fake news et la surenchère politique, son défi sera de garantir un alignement parfait des messages avec les priorités nationales.

Son style, fait de rigueur et de faible exposition, contraste avec celui des communicants politiques traditionnels. C’est probablement ce qui a séduit le président Tshisekedi : la promesse d’une communication recentrée sur le fond, plus structurée, et capable de restaurer la lisibilité de l’action présidentielle auprès d’une opinion souvent sceptique.

Pour de nombreux observateurs, cette nomination marque un tournant. Le président a choisi un expert du « comment » plutôt qu’un stratège du « pourquoi ». L’enjeu est désormais de taille : transformer un technicien de l’ombre en architecte d’une narration présidentielle capable d’embarquer toute une nation.

Tshisekedi à Luanda : Le Plaidoyer d’une Afrique Souveraine

LUANDA – Ce lundi, Luanda vibre au rythme d’un rendez-vous diplomatique majeur. Parmi les nombreuses délégations présentes au 7ᵉ Sommet Union Africaine – Union européenne, celle du Président Félix Antoine Tshisekedi attire les regards. Arrivé en milieu de matinée, il porte la voix d’une RDC stratégique et les attentes d’une Afrique en quête d’un partenariat renouvelé.

Pendant deux jours, les dirigeants des deux unions abordent des thèmes essentiels : paix, sécurité, intégration économique, transition écologique et transformation numérique. Ces enjeux imposent un dialogue franc pour refonder une relation vieille de 25 ans, mais désormais sous pression.

Un rôle central pour la RDC dans un moment clé

Le Président Tshisekedi ne vient pas en simple observateur. Au contraire, il doit intervenir lors de la première session thématique consacrée à « Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme ». Ce cadre lui permet de défendre une vision d’un multilatéralisme plus juste et plus inclusif, alors que la RDC reste au cœur des défis sécuritaires de l’Afrique centrale.

Dès l’ouverture, les discours du Président angolais Joâo Lourenço, de Charles Michel et d’Antonio Guterres ont donné le ton. Tous ont insisté sur la nécessité de repenser la relation Europe-Afrique. En effet, ce sommet doit dépasser les déclarations d’intention pour ouvrir la voie à une coopération plus équilibrée.

L’objectif final est clair : adopter une Déclaration commune capable de guider le partenariat pour la décennie à venir. Dans les couloirs, Félix Tshisekedi incarne une Afrique qui refuse désormais la marginalisation. Son intervention compte donc. Elle doit défendre les intérêts de la RDC tout en affirmant le rôle d’un continent souverain, prêt à peser dans les décisions mondiales.

RDC-Qatar : le chèque de 21 millions et la visite de l’Émir

KINSHASA – Les drapeaux vert et blanc du Qatar vont flotter sur Kinshasa. Ce vendredi, l’Émir Tamim ben Hamad Al Thani effectuera une visite officielle en République démocratique du Congo – une étape clé pour concrétiser des promesses d’investissement attentivement négociées.

Dans les coulisses, le ministre de l’Économie nationale, Mukoko Samba, a levé un coin du voile : « Nous pensons que la visite de l’Émir donnera l’impulsion nécessaire pour permettre la réalisation de ce projet dans les meilleurs délais. » Ce projet ? Un portefeuille de 21 millions de dollars, formalisé début septembre avec la société qatarie Al Mansour Holding.

Mobilisation populaire et enjeux économiques

Le pouvoir ne lésine pas sur les moyens pour accueillir l’hôte de marque. Le Secrétaire Permanent de l’Union Sacrée de la Nation, le professeur André Mbata Mangu, a appelé les partis et associations membres à « se mobiliser massivement » pour réserver à l’Émir un accueil « délirant ». De l’aéroport international de N’djili jusqu’au palais, le cortège royal doit être acclamé.

Cette visite s’inscrit dans une stratégie économique plus large. Al Mansour Holding, société d’investissement qatarie, s’est engagée à injecter des capitaux dans plusieurs secteurs – même si les détails restent encore flous. Pour Kinshasa, il s’agit de montrer que la RDC sait attirer les investisseurs de premier plan.

Au-delà du symbole, des attentes concrètes

Les 21 millions de dollars ne sont qu’un début. Les autorités congolaises espèrent que la visite de l’Émir ouvrira la voie à des engagements plus substantiels. Le Qatar, qui diversifie ses placements à l’international, voit dans la RDC un partenaire stratégique en Afrique centrale.

Reste à savoir si les fonds annoncés se matérialiseront rapidement. Les « lettres d’intention » signées en septembre doivent désormais se transformer en contrats fermes. La présence de l’Émir lui-même témoigne de la volonté qatarie d’avancer – mais aussi de l’importance des enjeux.

Vendredi, Kinshasa vivra au rythme du protocole et des espoirs économiques. Entre les acclamations de rue et les poignées de main officielles, c’est l’avenir du partenariat entre le Congo et le Qatar qui se jouera. Un avenir que les deux parties veulent fastueux – à commencer par l’accueil.

Martin Fayulu sonne l’alarme : « Le Congo se meurt, nos frontières s’effacent »

Kinshasa, ce mardi 18 novembre. La voix est grave, le ton sans appel. Martin Fayulu, figure inflexible de l’opposition congolaise, s’est adressé à la nation comme on lance un cri d’alarme. Dans un message solennel, le président de la coalition LAMUKA a dressé un réquisitoire cinglant contre la diplomatie du gouvernement, qu’il juge complice du dépeçage programmé de la République Démocratique du Congo.

Face caméra, l’homme semble incarner à lui seul la conscience troublée d’un pays qui se sent trahi. Les récents accords conclus à Washington et Doha ? Pour lui, ce ne sont que des « actes d’abdication » signés dans l’urgence, loin du sol congolais et de sa réalité sanglante.

« Comment pactiser avec ses bourreaux ? »

La question, lancinante, traverse tout son discours. « Comment peut-on parler de coopération lorsque les forces rwandaises et ougandaise occupent nos terres, exploitent nos ressources et provoquent les déplacement, la mort et la souffrance de nos concitoyens ? » interroge-t-il, chaque mot pesant comme une accusation.

Pour Fayulu, l’intégration régionale n’est qu’un leurre. Un concept vide de sens quand, dit-il, « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC sont bafouées ». Sa logique est implacable : on ne construit pas l’avenir avec ceux qui vous poignardent dans le présent.

L’accord de Doha, un « pacte avec le diable »

L’opposant voue aux gémonies l’accord-cadre signé à Doha le week-end dernier avec le M23. Ce texte, estime-t-il, « ne saurait constituer la base d’un accord de paix durable ». Il y voit au contraire le germe d’une capitulation, un document qui « mettrait en péril l’avenir de nos enfants ».

Sa colère est méthodique : pourquoi avoir ignoré la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU ? Pourquoi avoir contourné les véritables enjeux – le cessez-le-feu, le retrait des troupes – pour s’engager dans ce qu’il qualifie de marchandage indigne ?

L’ultimatum à Tshisekedi

Le message se fait plus pressant, presque prophétique. S’adressant directement au président Félix Tshisekedi, Fayulu lance : « Je vous invite à convoquer sans délai le dialogue national, sinon l’histoire vous tiendra responsable de la balkanisation du Congo. »

La menace est historique, lourde de sens. En associant dans une même condamnation le président rwandais Paul Kagame et l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, Fayulu dessine les contours d’une trahison qui, à ses yeux, dépasse les clivages politiques habituels.

L’appel au sursaut

Face à ce qu’il perçoit comme un naufrage programmé, l’opposant ne se contente pas de dénoncer. Il appelle le peuple congolais à se lever, à protéger « ce qui reste de la République Démocratique du Congo, valeur sacrée de son histoire et de son intégrité territoriale ».

Les mots sont choisis, lourds de symbolique : « nation », « dignité », « honneur ». Autant de concepts qu’il brandit comme des boucliers contre ce qu’il considère comme la grande braderie de la souveraineté congolaise.

Alors que Kinshasa bruisse de rumeurs et que l’Est du pays continue de brûler, la voix de Fayulu résonne comme celle d’un Cassandre. Son discours, tout en nuances absentes et en certitudes tranchantes, dessine les lignes de fracture d’un pays au bord de l’implosion. L’histoire, effectivement, jugera. Mais d’ici là, le Congo retient son souffle.

Kolwezi : l’atterrissage périlleux du ministre des Mines

Kolwezi, Lualaba. – Ce lundi 17 novembre 2025, à 11h38 précises, la piste de l’aéroport de Kolwezi a vécu des secondes de tension extrême. Un Embraer 145 de la société angolaise Airjet, affrété par le ministère des Mines, a effectué une sortie de piste lors de son atterrissage. À son bord, une précieuse délégation gouvernementale, menée par le ministre Louis Watum Kabamba, qui se rendait en urgence dans le Lualaba sur les lieux d’une autre tragédie, celle du site artisanal de Kalando.

Miraculeusement, aucune victime n’est à déplorer. Seuls des dégâts matériels endeuillent cette journée déjà lourde de sens pour la province minière.

Une mission de compassion, un vol à haut risque

Le ministre des Mines voyageait pour une mission aussi urgente que douloureuse. Deux jours plus tôt, le samedi 15 novembre, un drame survenait sur le site artisanal de Kalando, près du village de Mulondo, emportant plusieurs dizaines de vies de creuseurs. La mission de Louis Watum Kabamba était claire : porter le deuil et le soutien de la Nation, évaluer les pertes et coordonner des mesures d’urgence.

L’ironie du sort est cruelle : l’avion qui devait le conduire vers des familles en deuil a lui-même frôlé la catastrophe. Mais dans l’épreuve, la nouvelle est tombée, rapide et rassurante : « Son Excellence Louis Watum Kabamba ainsi que l’ensemble de sa délégation, présents à bord de l’appareil, sont sains et saufs. »

Mobilisation immédiate et enquête ouverte

Sur le tarmac, les secours se sont organisés sans délai. Les autorités provinciales, les services de sécurité et les équipes médicales ont sécurisé la zone et porté assistance aux 26 passagers et 3 membres d’équipage. Le ministre a tenu à les remercier, ainsi que la population, pour leur réactivité et les messages de sympathie reçus.

Sous le soleil du Lualaba, les enquêteurs du Bureau Permanent d’Enquêtes d’Accidents et Incidents d’Aviation (BPEA) sont déjà à l’œuvre. Leur mission : reconstituer les secondes critiques de l’approche, comprendre les origines de cette sortie de piste et en tirer toutes les leçons.

La détermination intacte d’un ministre sous le choc

Malgré le choc de l’incident, la détermination du ministre Watum Kabamba reste entière. Alors que l’enquête technique débute, lui a déjà engagé les réunions techniques promises avec les autorités locales. La tragédie de Kalando exige des réponses ; l’accident de Kolwezi n’a fait que renforcer sa résolution.

Le ministère des Transports, de son côté, affirme prendre l’événement « avec la plus grande gravité » et promet un suivi rigoureux. Dans un ciel congolais souvent fragilisé par des défis logistiques et techniques, cet incident rappelle la précarité des déplacements, même officiels.

Ce jour aura donc vu deux drames se frôler : celui, terrestre et meurtrier, des mines artisanales ; celui, aérien et évité de justesse, d’un avion gouvernemental. Deux réalités d’un pays où la richesse du sous-sol et les périls du quotidien too often se répondent.

Aimé Boji Sangara : l’ascension méthodique d’un héritier politique

KINSHASA. – Le parcours est sans faute. À 57 ans, Aimé Boji Sangara Bamanyirue accède à la présidence de l’Assemblée nationale, couronnant une ascension politique méthodiquement construite. Élu jeudi 13 novembre avec 413 voix sur 423, ce technocrate discret succède à son mentor Vital Kamerhe, contraint à la démission il y a deux mois. Derrière le candidat unique se cache un héritier : fils de Boji Dieudonné, ancien gouverneur du Kivu en 1966, Sangara incarne une nouvelle génération d’hommes politiques congolais, formés à l’étranger mais ancrés dans les réalités locales.

Un parcours académique international

Né à Kabare au Sud-Kivu, le jeune Aimé Boji décroche son diplôme d’État en mathématiques et physique au prestigieux Collège Alfajiri de Bukavu avant de traverser la Manche. En Angleterre, il obtient une licence en économie et gestion à l’Université Oxford Brookes, puis une maîtrise en économie du développement à l’Université d’East Anglia. Un bagage qui fera de lui l’un des rares économistes de haut niveau dans l’arène politique congolaise.

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L’appareil du pouvoir maîtrisé

Son entrée en politique en 2006 comme député national sous la bannière de l’UNC de Vital Kamerhe marque le début d’une progression constante. Réélu en 2011 et 2023, il gravit les échelons : secrétaire général de l’UNC, ministre du Commerce extérieur en 2016, ambassadeur itinérant du président Tshisekedi en 2019. Les portes du gouvernement s’ouvrent : ministre du Budget de 2021 à 2025, puis ministre de l’Industrie en août 2025. Une démission stratégique en octobre lui permet de briguer – et d’obtenir – le perchoir.

Les défis de la succession

Le successeur de Kamerhe hérite d’une institution en quête de crédibilité. Dans son discours d’investiture, Sangara a promis de « travailler pour l’intérêt du peuple congolais », prônant une Assemblée « inclusive » et un espace d’expression « apaisé ». Il s’engage à replacer « les députés nationaux au centre des actions de l’Assemblée nationale », un message qui résonne comme une promesse d’autonomie face à l’exécutif.

Mais derrière les déclarations de principe, le nouveau président devra composer avec les réalités d’un parlement souvent miné par les divisions et les jeux d’influence. Son expérience d’économiste et sa connaissance des arcanes de l’État seront-elles des atouts décisifs ? L’avenir le dira. Pour l’heure, Aimé Boji Sangara incarne la continuité d’un système où la compétence technique et le réseautage politique font bon ménage.

Élection à l’Assemblée nationale Congolaise : prime ou principe ?

KINSHASA. – Le vote a eu lieu, mais dans une atmosphère lourde. Aimé Boji Sangara a été élu président du bureau de l’Assemblée nationale ce jeudi 13 novembre avec 413 voix sur 423. Ce résultat ne surprend pas, car il était le seul candidat présenté par l’Union sacrée de la Nation (USN). Clotilde Mutita a aussi été élue rapporteure adjointe sans difficulté.
Pourtant, plusieurs médias locaux affirment que les coulisses du Palais du Peuple ont été le théâtre de négociations douteuses.

Un vote retardé par une querelle de primes

Le scrutin, prévu dans l’après-midi, a accusé un long retard. Selon des sources parlementaires , un groupe de députés de l’USN a refusé de siéger. Ils réclamaient le versement d’une prime promise avant de valider le ticket unique.

Ces sources évoquent une demande de 6 000 USD par parlementaire. Une avance de 2 500 USD aurait déjà été remise, et le solde devait suivre après le vote.
Ce bras de fer aurait provoqué le report de la séance plénière. L’opposition a condamné ce comportement et parle d’un « spectacle désolant » qui affaiblit la démocratie.

Une majorité fissurée malgré l’apparence d’unité

Cet épisode révèle une fracture interne au sein de l’USN. La majorité présidentielle ne montre pas l’image d’un bloc soudé, mais plutôt celle d’une coalition d’intérêts.
« On a la preuve que l’Union sacrée n’a pas garanti son unité. C’est un groupe d’opportunistes », a commenté un député, sous anonymat, dans un média local.

La question reste posée : comment des élus peuvent-ils réclamer une prime pour voter un ticket déjà validé par leur propre famille politique ? Observateurs et membres de l’opposition dénoncent une dérive inquiétante.

Un résultat acquis, mais une crédibilité fragilisée

Malgré les tensions, le vote s’est conclu. Aimé Boji Sangara succède à Vital Kamerhe à la tête de l’Assemblée nationale. Mais les révélations sur les tractations internes interrogent la gouvernance et l’éthique au plus haut niveau de l’État.

Ce bras de fer, centré sur des avantages financiers, risque d’entamer durablement la crédibilité du Parlement. Alors que la nouvelle équipe dirigeante entre en fonction, une ombre persiste : celle d’un vote peut-être obtenu au prix fort, et non sur la seule conviction politique.

BBL, la mode mortelle qui affole le parlement Congolais

KINSHASA. – Dans l’hémicycle du Palais du Peuple, la voix du député Guy Mafuta Kabongo a tracé comme un scalpel. Ce jeudi 13 novembre, l’élu du Kasaï a interpellé le ministre de la Santé publique sur un phénomène en pleine expansion : la multiplication inquiétante de cliniques fantômes et de « boutiques » médicales pratiquant des chirurgies esthétiques à haut risque. En ligne de mire : le Brazilian Butt Lift (BBL), cette opération de augmentation fessière qui séduit de plus en plus de Congolaises, au péril de leur vie.

« Ces interventions exposent nos citoyennes à des dangers mortels », a alerté le parlementaire, dénonçant des établissements non agréés, dirigés par du personnel non qualifié et dépourvus du moindre équipement adéquat. Derrière les vitrines clinquantes et les publicités alléchantes sur les réseaux sociaux se cacherait une réalité sordide : celle de praticiens improvisés jouant avec la santé des femmes, dans un pays où la régulation fait cruellement défaut.

L’urgence d’une réponse gouvernementale

Face au silence des autorités sanitaires, le député a adressé une série de questions précises au ministre Roger Kamba. Ces cliniques sont-elles ne serait-ce qu’autorisées ? Disposent-elles du plateau technique requis ? Quelles qualifications exigées des praticiens ? Autant de points restés sans réponse, alors que les complications post-opératoires – infections, embolies graisseuses, parfois décès – se multiplient dans l’ombre.

La mode du BBL, popularisée par des influenceuses et certaines figures médiatiques, crée une pression sociale dangereuse. « Il est impératif que le gouvernement assume sa responsabilité dans la protection des citoyens et la préservation de l’éthique médicale », a plaidé Mafuta, appelant à un encadrement urgent de ces pratiques.

Un cadre légal inexistant

L’initiative du député relance un débat crucial sur la régulation des pratiques esthétiques en RDC. Dans un contexte où la quête de beauté frôle souvent l’obsession, l’absence de cadre expose les femmes les plus vulnérables à des dérives prédateurs. Quelles sanctions contre les centres illégaux ? Quelles mesures de prévention ? La balle est désormais dans le camp du ministre Kamba.

Alors que les réseaux sociaux continuent de véhiculer des images idéalisées de silhouettes remodelées, la réalité, elle, est tout autre : celle de femmes risquant leur vie sur des tables d’opération de fortune. Le parlement a tiré la sonnette d’alarme. Reste à savoir si le gouvernement entendra cet appel à la raison.

Kinshasa, capitale de la démocratie Africaine

KINSHASA. – Ils arriveront de tout le continent, porteurs des aspirations de leurs peuples et des défis de leurs nations. Du 18 au 22 novembre 2025, la capitale congolaise devient l’épicentre de la réflexion démocratique africaine, accueillant la 47e Conférence des Présidents de Parlement et la 8e session du Comité exécutif de l’Union Parlementaire Africaine (UPA). Dans l’écrin moderne du Golden Tulip Kin Oasis Hôtel, se jouera une partie essentielle de l’avenir institutionnel du continent.

Créée il y a près d’un demi-siècle à Abidjan, l’UPA rassemble aujourd’hui 42 parlements membres. Sa mission : tisser des liens entre les législations nationales, consolider les démocraties encore fragiles et construire une communauté juridique adaptée aux réalités africaines. Cette session de Kinshasa, organisée sous le double patronage de l’Assemblée nationale et du Sénat congolais, s’inscrit dans la continuité des décisions prises à N’Djamena puis à Rabat. Elle vise à renforcer les mécanismes institutionnels de l’Union et à approfondir la coopération entre parlements.

Au menu des travaux : l’Afrique de demain

Les débats s’annoncent riches et substantiels. Les présidents d’assemblées et leurs délégations devront adopter le plan annuel de travail pour 2026, examiner le budget de l’organisation, et étudier les rapports des différentes commissions. Mais au-delà de ces aspects techniques, des questions stratégiques seront au cœur des échanges : la souveraineté nationale comme levier du développement durable, les défis de la transition énergétique, ou encore la gouvernance numérique et ses implications pour les droits des femmes.

La participation du Comité des femmes parlementaires apportera une dimension essentielle à ces réflexions. Placée sous le thème de « l’autonomisation des femmes par la bonne gouvernance digitale », leur contribution témoigne de l’engagement de l’UPA en faveur de l’égalité de genre et de la modernisation des pratiques institutionnelles.

Kinshasa, vitrine diplomatique

Pour la République Démocratique du Congo, l’organisation de cet événement revêt une importance particulière. Elle confirme le rôle de Kinshasa comme carrefour diplomatique et plateforme privilégiée du débat démocratique africain. Le pays y voit l’occasion d’affirmer son ambition de jouer un rôle moteur dans la diplomatie parlementaire continentale, tout en participant activement à l’évolution des textes fondamentaux de l’UPA.

Alors que les délégués s’apprêtent à débattre de l’avenir du continent, une certesse s’impose : c’est dans ces enceintes, par le dialogue et la coopération, que se construisent les fondations d’une Afrique plus unie, plus démocratique et plus souveraine. La voix des parlements, expression de la volonté populaire, résonnera pendant cinq jours dans la capitale congolaise, rappelant que la démocratie n’est pas un vain mot, mais un chantier permanent.

Herzog à Kinshasa : le renforcement des alliances Israël-RDC

KINSHASA – Le président israélien Isaac Herzog a atterri ce mardi à Kinshasa pour une visite éclair mais significative. Accueilli sur le tarmac par son homologue congolais Félix Tshisekedi, cette rencontre marque une étape cruciale dans le renforcement des relations entre les deux nations.

Après les honneurs militaires et un entretien privé à l’aéroport, les deux dirigeants se sont rendus à la Cité de l’Union africaine. Leur agenda chargé prévoit des discussions bilatérales suivies d’une conférence de presse conjointe.

Une relation qui s’approfondit

Cette visite s’inscrit dans la continuité des précédentes rencontres entre les deux présidents. En effet, ils s’étaient déjà retrouvés à Jérusalem en 2021, puis à Davos en janvier dernier. Chaque rencontre a permis d’approfondir leur dialogue stratégique.

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Leur partenariat couvre désormais plusieurs domaines prioritaires. Notamment la sécurité, l’agriculture et les infrastructures. L’expertise israélienne dans ces secteurs intéresse particulièrement la RDC.

Des enjeux multiples

Cette visite éclair témoigne de la volonté israélienne de renforcer sa présence en Afrique centrale. Par ailleurs, elle confirme l’ouverture diplomatique de la RDC vers de nouveaux partenaires.

Les discussions devraient aborder les défis régionaux et internationaux. De plus, la coopération dans le domaine numérique figure parmi les priorités affichées.

En conclusion, cette visite pourrait annoncer de nouveaux accords concrets. Le renforcement de cette alliance stratégique bénéficie aux deux pays, alors qu’Israël cherche à élargir son influence diplomatique sur le continent africain.

Diplomatie : Herzog ouvre un nouveau chapitre en Afrique

JERUSALEM – Le président israélien Isaac Herzog s’envole ce lundi pour une tournée éclair mais historique en Afrique centrale. Au programme : 24 heures intenses en République Démocratique du Congo et en Zambie, où il deviendra le premier chef d’État israélien à être reçu officiellement. Une visite qui s’inscrit dans la stratégie de Tel-Aviv de renforcer son ancrage diplomatique sur le continent africain.

Ce déplacement, soigneusement préparé, verra Herzog s’entretenir successivement avec les présidents Félix Tshisekedi et Hakainde Hichilema. Selon le communiqué de la présidence israélienne, les discussions porteront sur « les défis internationaux actuels, le renforcement de la position d’Israël sur la scène internationale et l’approfondissement des relations bilatérales ».

Une présence israélienne qui se consolide

Cette visite n’est pas un coup d’essai, mais l’aboutissement d’une patiente reconquête diplomatique. En août dernier, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa’ar inaugurait une ambassade à Lusaka, plus de trente ans après le rétablissement des relations entre les deux pays. Un signal fort qui matérialise la volonté d’Israël de s’implanter durablement dans une région stratégique.

La démarche israélienne s’appuie également sur un levier souvent sous-estimé : le rapprochement avec les communautés chrétiennes africaines. Plus tôt ce mois-ci, une délégation de 30 hauts responsables chrétiens du continent effectuait un voyage en Israël, mêlant dimensions religieuse et politique.

Un continent divisé sur la question israélienne

Cette offensive diplomatique intervient dans un contexte africain contrasté. Si l’Afrique du Sud s’est imposée comme le critique le plus virulent d’Israël, d’autres nations, comme la RDC et la Zambie, semblent au contraire soucieuses d’approfondir leur coopération.

Les enjeux sont multiples : sécurité, technologies agricoles, développement numérique et énergétique. Autant de domaines où l’expertise israélienne est reconnue et pourrait répondre aux besoins de développement de ses partenaires africains.

En à peine 24 heures, Isaac Herzog aura donc pour mission de sceller ce nouveau chapitre des relations Israël-Afrique. Une course contre la montre diplomatique qui pourrait modifier durablement les équilibres géopolitiques dans une région en pleine mutation.

À l’Assemblée nationale, la bataille pour le bureau est ouverte

KINSHASA – Le processus pour pourvoir les postes stratégiques laissés vacants à l’Assemblée nationale a pris un cap décisif. Jacques Djoli, le Rapporteur de la chambre basse, a annoncé la publication imminente des listes définitives des candidats pour les fonctions de Président et de Rapporteur adjoint du Bureau, rendues vacantes après les démissions de Vital Kamerhe et Dominique Munongo.

La date est maintenant connue : ce lundi 10 novembre 2025, les noms des prétendants retenus seront dévoilés. Une annonce faite ce vendredi 7 novembre, alors que l’opération de dépôt des candidatures s’achevait à minuit. « Nous pouvons aller jusqu’à minuit pour recevoir les candidatures », avait précisé Jacques Djoli, garant du processus.

Une candidature pour la présidence, deux pour le rapporteur adjoint

Le Rapporteur a levé un coin du voile sur la physionomie de la course. Une candidature pour la présidence, émanant de la majorité, a été enregistrée. Pour le poste de Rapporteur adjoint, réservé à l’opposition, deux candidatures sont sur la table.

« Les critères sont décrits dans la décision du président ; c’est sur base de ces critères fixés par l’article 27 de notre règlement intérieur », a rappelé Jacques Djoli, soulignant le cadre strict qui régit cette élection.

Campagne et consensus en vue

La campagne électorale officielle s’ouvrira dès lundi, promettant d’être scrutée à la loupe. Les équilibres politiques au sein de l’institution sont en jeu.

Si un consensus semble se dégager autour d’Aimé Boji Sangara pour la présidence, la situation apparaît moins lisse au sein de l’opposition, où les ambitions seraient « dispersées ». Ce double scrutin, crucial pour la gouvernance de l’Assemblée nationale, déterminera la nouvelle équipe qui pilotera les travaux parlementaires dans un contexte politique congolais aussi dynamique que sensible.

Thérèse Kayikwamba Wagner : la ministre qui fait taire les calomnies

KINSHASA – La sentence est tombée, froide et déterminée. Vendredi, Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre congolaise des Affaires étrangères, a transformé sa silence en arme. Lassée des « publications et vidéos mensongères » qui souillent les réseaux sociaux, la cheffe de la diplomatie a choisi la voie judiciaire pour réponse. Une décision qui marque un tournant dans la lutte contre la diffamation numérique en République Démocratique du Congo.

Dans une déclaration personnelle rendue publique à Kinshasa, la ministre a dégainé les noms de ceux qu’elle estime être ses calomniateurs. Le cabinet d’avocats ALTUS, basé à Bruxelles, est désormais chargé de poursuivre M. Pero Luwara de la chaîne CPL TV en Belgique, M. Emmanuel Banzunzi de Bishop National en Suède, et le site CongoIntelligence.com. La bataille s’annonce transcontinentale.

Une offensive juridique méthodique

L’approche est tout sauf improvisée. « Des preuves ont été saisies par des huissiers », a précisé la ministre, verrouillant ainsi toute tentative de faire disparaître les contenus incriminés. La manœuvre vise non seulement les auteurs présumés, mais aussi les plateformes numériques qui ont hébergé – et parfois monétisé – ces attaques.

« J’assume pleinement ma responsabilité de protéger mon enfant, de préserver ma famille », a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, révélant la dimension intime de cette affaire. Derrière la stature de ministre se cache une mère déterminée à défendre son foyer.

Un combat pour toutes les femmes

Le geste dépasse largement le cadre personnel. La ministre y voit une contribution au combat plus large « contre les violences et le dénigrement visant les femmes ». Particulièrement lorsqu’elles occupent des postes de pouvoir. Les attaques, estime-t-elle, cherchent à « la décrédibiliser » et à « affaiblir sa voix » dans l’exercice de ses fonctions.

Alors que la RDC traverse une période marquée par « la guerre et la souffrance », comme elle le rappelle, Thérèse Kayikwamba Wagner assure qu’elle continuera d’exercer ses responsabilités ministérielles. La justice suivra son cours en parallèle.

Cette décision crée un précédent dans le paysage politique congolais. Elle envoie un message clair à tous ceux qui pensaient pouvoir user impunément des réseaux sociaux comme armes de déstabilisation : l’ère de l’impunité numérique touche peut-être à sa fin.

Saint-Nicolas Iracan : la revanche d’un indépendant

KINSHASA – Le geste est lourd de symbole. Ce jeudi 6 novembre, le député Gratien de Saint-Nicolas Iracan a déposé sa candidature au poste de Rapporteur adjoint de l’Assemblée nationale. Un pari audacieux pour cet élu de Bunia, récemment radié du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, qui tente aujourd’hui d’écrire un nouveau chapitre de sa carrière politique.

Un candidat en terrain miné

Dans les couloirs feutrés du Palais du Peuple, l’annonce a fait l’effet d’une petite bombe. Saint-Nicolas Iracan se présente en indépendant pour un poste réservé à l’opposition, affirmant ainsi sa rupture définitive avec son ancienne famille politique. « Je revendique désormais une indépendance totale », confie-t-il, sans amertume apparente.

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Pourtant, le chemin vers la vice-rapoporture s’annonce semé d’embûches. L’homme conserve son mandat de député national, mais doit désormais composer sans le soutien de la machine politique qui l’avait porté au pouvoir. Un exercice d’équilibriste dans l’arène parlementaire congolaise, où les allégeances comptent souvent plus que les compétences.

Un processus électoral sous tension

La course aux postes clés du bureau de l’Assemblée nationale suit un calendrier précis, presque militaire. Du dépôt des candidatures à l’élection finale, chaque étape est scrutée à la loupe. Les candidats doivent remplir des conditions strictes : lettre d’investiture, pièce d’identité, photo, CV détaillé avec serment sur l’honneur.

Le député Jacques Djoli a lu le chronogramme en plénière, rappelant l’urgence de la situation. Les élections interviennent après les démissions forcées de Vital Kamerhe et Dominique Munongo, emportés par une pétition de destitution. L’Assemblée cherche à tourner la page, mais les cicatrices restent vives.

La bataille de l’opposition

Si la majorité parlementaire a déjà choisi son candidat unique en la personne d’Aimé Boji pour la présidence, le camp de l’opposition reste divisé sur le poste de Rapporteur adjoint. Saint-Nicolas Iracan y voit une opportunité : celle de s’imposer comme une voix indépendante capable de rassembler au-delà des clivages partisans.

Son parcours, de l’activisme local à la députation nationale, en fait un profil atypique. Formé aux rouages du pouvoir, mais désormais libéré des contraintes partisanes, il incarne peut-être ce renouveau que certains appellent de leurs vœux.

Alors que la campagne officielle débutera mardi, les tractations vont bon train dans les coulisses. Saint-Nicolas Iracan devra convaincre qu’il peut être ce trait d’union entre une opposition morcelée et une majorité soucieuse de stabilité. Sa candidature, audacieuse, pourrait bien révéler les nouvelles fractures et les alliances inattendues qui se dessinent dans le paysage politique congolais.

Kinshasa se prépare pour deux sommets diplomatiques majeurs

KINSHASA – La République Démocratique du Congo s’apprête à jouer les hôtes de prestige. En novembre, Kinshasa accueillera deux événements diplomatiques d’envergure, plaçant le pays au cœur des enjeux régionaux et continentaux. Le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, appelle à une mobilisation générale pour réussir ces rendez-vous cruciaux.

La diplomatie congolaise à l’honneur

Le calendrier diplomatique congolais s’annonce chargé. Le 15 novembre, la capitale congolaise recevra le 9e sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). À cette occasion, le président Félix Tshisekedi endossera la présidence tournante de l’organisation, succédant ainsi à son homologue angolais.

Trois jours plus tard, du 18 au 22 novembre, Kinshasa abritera la réunion des présidents des Parlements membres de l’Union parlementaire africaine (UPA). Deux rendez-vous majeurs qui consacrent le retour de la RDC sur la scène diplomatique internationale.

L’urgence de l’assainissement de la capitale

Face à ces défis organisationnels, le président du Sénat a lancé un appel pressant aux autorités urbaines et provinciales. Dans une note officielle, il les exhorte à intensifier les efforts d’assainissement de la ville. La lutte contre l’insalubrité et les embouteillages chroniques devient une priorité absolue.

Cet appel fait écho aux récentes perturbations observées au Sénat. La semaine dernière, une plénière avait été retardée de trois heures en raison d’inondations causées par de fortes pluies. Un incident qui souligne la vulnérabilité des infrastructures de la capitale face aux intempéries.

Le combat contre le cancer du sein salué

En marge de ces préparatifs diplomatiques, Jean-Michel Sama Lukonde est revenu sur la clôture d’« Octobre Rose ». Il a salué la mobilisation exceptionnelle des acteurs engagés dans la lutte contre le cancer du sein. « À travers les campagnes de dépistage, les conférences et les témoignages, les Congolaises et les Congolais ont démontré que la santé de la femme est une cause nationale », a-t-il déclaré.

Les chiffres rappellent l’urgence de ce combat. Selon la Ligue nationale congolaise contre le cancer, la RDC enregistre près de 58 450 cas annuels de cancer du sein, avec plus de 12 000 décès par an. Cette maladie demeure la première cause de mortalité chez les femmes congolaises.

Le président du Sénat a réaffirmé l’engagement de son institution à soutenir les politiques de prévention. Il s’est engagé à accompagner les réformes nécessaires pour garantir l’accès aux soins à toutes les femmes, sans obstacles financiers, logistiques ou informationnels.

Alors que Kinshasa se pare pour recevoir ses hôtes internationaux, ces annonces rappellent que les défis diplomatiques ne doivent pas éclipser les enjeux sanitaires et sociaux du pays. Le mois de novembre s’annonce décisif pour l’image internationale de la RDC.

Johan Borgstam : « Rouvrez l’aéroport de Goma »

KINSHASA – La voix de l’Europe s’est élevée, ferme et claire, pour exiger un geste humanitaire. Johan Borgstam, Représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, a lancé un appel pressant, mercredi, pour la réouverture immédiate de l’aéroport de Goma. Un plaidoyer poignant adressé aux parties en conflit, alors que des millions de vies dépendent de ce couloir aérien vital.

Un appel direct aux signataires des accords de paix

Devant les médias réunis à la résidence de l’UE, le diplomate européen n’a pas pris de détours. S’appuyant sur le poids des engagements internationaux, il a rappelé à la RDC, au Rwanda et au groupe M23 leurs obligations inaliénables.

« Toutes les parties dans la région ont des obligations très claires par rapport à l’importance d’alléger la souffrance de la population sur le terrain », a-t-il martelé, faisant explicitement référence aux accords de Washington et de Doha. Son message, simple et direct, ne souffre d’aucune ambiguïté : « Pour nous, il est d’une importance extrême que l’aéroport de Goma soit ouvert, même à petite échelle ».

Cet appel intervient alors que la fermeture prolongée de l’aéroport de Goma asphyxie l’aide humanitaire dans une région où les civils paient le plus lourd tribut aux combats. Médicaments, nourriture, personnel soignant : tout transite habituellement par cette porte d’entrée, aujourd’hui verrouillée.

L’UE s’engage pour l’avenir avec le « couloir vert »

Au-delà de l’urgence, Johan Borgstam a aussi esquissé une vision à long terme pour stabiliser la région. Il a officialisé le soutien de l’Union européenne au projet de « couloir vert » Kivu-Kinshasa, une ambitieuse artère économique destinée à relier l’Est congolais à la capitale.

« Nous restons engagés pour une plus forte intégration économique et régionale. Et des exemples, il y en a beaucoup, comme notre soutien pour l’établissement du projet de couloir vert Kivu-Kinshasa », a-t-il affirmé.

Ce projet pharaonique vise à désenclaver les provinces du Kivu, dont les immenses potentialités agricoles et minières restent prisonnières de l’insécurité et du manque d’infrastructures. En soutenant cette initiative, l’UE mise sur le développement économique comme rempart contre la violence.

Par ce double message, Johan Borgstam envoie une signal fort : l’Europe ne se contente pas de gérer les crises, elle investit dans les solutions durables. Mais pour cela, encore faut-il que les canaux humanitaires soient rouverts. La balle est désormais dans le camp des belligérants.

Le chronomètre est enclenché pour la course au perchoir

KINSHASA – L’Assemblée nationale lance une course contre la montre. Les députés doivent élire leur nouveau président jeudi 13 novembre. Ils remplaceront ainsi Vital Kamerhe et Dominique Munongo, qui ont démissionné après des pétitions demandant leur destitution.

Un calendrier très serré

Le Rapporteur Jacques Djoli a présenté ce mardi 4 novembre le programme accéléré. Les candidats disposent de seulement quatre jours pour déposer leur dossier. Une commission spéciale examinera les candidatures ce samedi 8 novembre.

La campagne électorale durera à peine 48 heures, les 11 et 12 novembre. Les députés voteront finalement jeudi 13 novembre lors d’une séance plénière. Ils auditionneront d’abord les messages des candidats avant de procéder à l’élection.

Boji, candidat unique de la majorité

La majorité présidentielle a rapidement choisi son champion. L’Union sacrée de la Nation (USN) a désigné Aimé Boji comme candidat unique. Douze personnalités avaient initialement postulé pour le poste.

Boji incarne la continuité pour la majorité présidentielle. Son élection permettrait au pouvoir de garder le contrôle du perchoir, position stratégique dans le jeu institutionnel congolais.

L’opposition multiplie les candidats

Cinq députés d’opposition au moins briguent la présidence. Gratien de Saint-Nicolas Iracan, Van Kapenga et Christelle Vuanga comptent parmi les postulants. Zéphyrin Mfumumampanda complète cette liste non exhaustive.

Cette division risque de favoriser le candidat de la majorité. Les voix de l’opposition pourraient en effet se disperser entre plusieurs prétendants. Les 48 heures de campagne détermineront les possibilités de ralliement.

Un test démocratique

Ce scrutin express mesure la maturité politique de l’institution parlementaire. La capacité des députés à organiser une transition rapide et transparente intéresse autant la population congolaise que les partenaires internationaux.

Le futur président devra rapidement gérer plusieurs dossiers sensibles. Les relations entre le législatif et l’exécutif figurent en tête des priorités, dans un contexte où l’Assemblée cherche à affirmer son indépendance.

Le compte à rebours a commencé. Dans neuf jours, la RDC connaîtra le successeur de Vital Kamerhe. Ce scrutin express pourrait redéfinir les équilibres politiques au Palais du Peuple.

Tshisekedi à Doha : La justice sociale en actes

DOHA – Dans l’écrin climatisé du Centre national des congrès du Qatar, face à une assemblée de diplomates et de dirigeants du monde entier, la voix de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a porté, ce mardi 4 novembre, un message singulier. Celui d’un chef d’État venu d’un pays meurtri, mais résolu à placer la dignité humaine au cœur de l’action publique. À l’occasion du Deuxième sommet mondial pour le développement social, le Président de la République Démocratique du Congo a transformé la tribune onusienne en chambre de résonance pour un projet national audacieux : reconstruire une nation plus juste, coûte que coûte.

Rompre avec le passé : un nouveau modèle de développement

L’intervention du Chef de l’État Congolais s’est articulée autour d’une conviction profonde : le développement ne se mesure pas seulement à l’aune de la croissance économique, mais à celle de la justice sociale. Il a planté le décor en évoquant une rupture salutaire avec les anciens schémas.

« Dès le début de mon mandat, j’ai engagé le pays dans une transformation profonde de notre modèle de développement : rompre avec une vision purement extractive et centralisée, pour bâtir une économie tournée vers l’humain, vers la justice sociale, vers l’égalité des chances entre territoires, et vers la paix », a-t-il affirmé, dessinant les contours d’une ambition qui dépasse le simple discours politique.

Cette refondation passe par des actes concrets, présentés comme les piliers d’un État-providence en reconstruction. Face aux défis colossaux nés de « plus de trente années de cycles de violences armées », la RDC a choisi d’investir sur son capital humain.

La santé et l’éducation : piliers de la refondation congolaise

Au chapitre de la santé, le Président Tshisekedi a annoncé une avancée majeure. « Depuis 2023, les soins sont gratuits pour les femmes enceintes, les mères et les nouveau-nés. Cela signifie que donner la vie ne doit plus être un risque financier ni une condamnation à la précarité », a-t-il déclaré, présentant cette mesure comme une étape historique vers la Couverture Santé Universelle.

Sur le front de l’éducation, le ton s’est fait tout aussi volontariste. La gratuité de l’enseignement primaire, instaurée dès 2020, est un succès quantifiable. « Plus de 5 millions d’enfants ont pu aller à l’école ou y retourner. 5 millions d’enfants : ce sont 5 millions d’histoires individuelles qui ne basculeront pas dans l’analphabétisme et l’exclusion », a-t-il souligné, donnant une dimension profondément humaine à une statistique administrative. Pour consolider cet acquis, un programme national d’alimentation scolaire est en cours de déploiement, afin qu’aucun enfant ne quitte les bancs de l’école le ventre vide.

Un pacte mondial réinventé : le coup de gueule diplomatique

Au-delà du bilan national, le discours a pris une tournure résolument géopolitique. Félix Tshisekedi a adressé à la communauté internationale une remise en cause cinglante des logiques d’assistance traditionnelles.

« La coopération internationale ne doit pas être un système permanent de dépendance. Elle doit être un pacte d’égal à égal où chacun rend des comptes à l’autre », a-t-il lancé, appelant à une relation plus équitable et responsable. C’était un appel clair à une forme de co-développement, rompant avec le schéma donateur-bénéficiaire.

Pour conclure, le Président a livré une vision sans compromis pour l’avenir. « La RDC croit en un avenir où la justice sociale cessera d’être une promesse et deviendra un droit collectif et effectif », a-t-il assuré, avant de lancer un ultime message de courage politique : « Cela exige de regarder en face nos contradictions, et de mettre fin à l’idée que certains peuples seraient condamnés à l’instabilité, à la pauvreté ou à la guerre ».

Trente ans après le premier sommet de Copenhague, la voix de la RDC, portée par son président, a ainsi rappelé avec force que le développement social n’est pas une question technique, mais éminemment politique. Un plaidoyer qui résonne bien au-delà des sables de Doha.

Tshisekedi relance le dialogue avec le M23 à Doha : entre diplomatie, espoir et fermeté

Les pourparlers entre la République démocratique du Congo et la rébellion du M23 reprennent cette semaine à Doha, marquant une nouvelle étape dans la quête de paix conduite par le président Félix-Antoine Tshisekedi.

Depuis le Caire, où il a rencontré la communauté congolaise vivant en Égypte ce dimanche 2 novembre, le chef de l’État a confirmé la relance du processus de Doha. Devant un auditoire composé d’étudiants, de travailleurs, de commerçants et de militaires en formation, il a esquissé les contours d’une diplomatie patiente mais déterminée.

« Ce n’est qu’après cela que Washington, qui attend la conclusion de cet accord, va convoquer le Président rwandais et moi-même pour qu’on aille autour du Président Donald Trump afin d’entériner finalement les deux accords : Doha et Washington », a-t-il expliqué, plaçant ainsi Doha au cœur du processus menant à la paix définitive.

Vols humanitaires pour Goma : un souffle d’espoir

Au-delà des négociations, Félix Tshisekedi a tenu à rappeler la dimension humaine du conflit. Il a réaffirmé son engagement à venir en aide aux populations meurtries de Goma, théâtre d’un drame humanitaire prolongé.
Selon lui, les démarches entreprises depuis février ont permis d’amorcer la réouverture de l’aéroport de la ville et la préparation de vols humanitaires destinés à acheminer vivres et assistance médicale.

Une initiative qui s’inscrit dans sa volonté d’alléger les souffrances des civils, tout en maintenant la pression diplomatique sur Kigali.

M23 Doha : entre ambitions rwandaises et résistance congolaise

Revenant sur l’échec de l’accord de paix de Luanda en décembre 2024, Tshisekedi a pointé du doigt la responsabilité du président rwandais Paul Kagame, absent lors de la signature :

« Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. Son objectif est de scinder notre pays et d’occuper, voire d’annexer la partie Est, qui est une terre très riche en ressources minérales et agricoles », a-t-il dénoncé.

Mais loin de céder au découragement, le président congolais a réaffirmé la détermination de Kinshasa à poursuivre la voie diplomatique :

« Nous avons développé une diplomatie efficace, car nous avons réussi à impulser une dynamique dans la communauté internationale visant à sanctionner le Rwanda. Depuis lors, il y a eu deux autres processus de paix : celui de Doha et celui de Washington. »

Alors que les projecteurs se tournent vers Doha, le peuple congolais retient son souffle. La paix est encore fragile, mais pour la première fois depuis longtemps, l’espoir semble reprendre son envol.

Boji, l’héritier de Kamerhe à l’Assemblée

Le jeu des chaises musicales au sommet de l’État congolais connaît un nouvel acte. Aimé Boji Sangara, ancien ministre de l’Industrie et fidèle parmi les fidèles du président Félix Tshisekedi, s’apprête à prendre les rênes de l’Assemblée nationale. Sa désignation comme candidat unique par la majorité présidentielle scelle une transition orchestrée depuis le palais de la Nation.

La manœuvre, minutieusement préparée, a contraint l’ancien ministre à démissionner du gouvernement pour retrouver son siège de député de Walungu, condition indispensable pour briguer la présidence de la chambre basse. Un sacrifice calculé qui lui ouvre désormais la voie vers le perchoir.

Kamerhe, le départ en douceur

Vital Kamerhe, l’actuel président de l’Assemblée, a pris acte de cette passation de pouvoir. Dans un communiqué officiel, le chef de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a rappelé que cette décision émanait du présidium de l’Union sacrée de la Nation, sous l’arbitrage de la « Haute Autorité de référence » – une formule désignant clairement le président Tshisekedi.

« Resserrons les rangs », a lancé Kamerhe à ses troupes, appelant à rester mobilisés autour des « idéaux de paix et de reconstruction nationale ». Un discours de sortie qui évite soigneusement toute amertume, preuve que le sort de son successeur était scellé depuis longtemps dans les arcanes du pouvoir.

La préservation des équilibres

Ce remplacement n’est pas anodin. En choisissant Boji, originaire comme Kamerhe du Sud-Kivu, la majorité présidentielle maintient un équilibre régional crucial. Le message est clair : le bassin politique du Sud-Kivu conserve son influence au plus haut niveau de l’État, une manière d’éviter les frustrations dans cette région stratégique.

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Pourtant, la désignation n’a pas fait l’unanimité. Dans les couloirs du Palais du Peuple, plusieurs députés dénoncent une procédure manquant de transparence. « Tout s’est décidé en petit comité, sans véritable consultation », confie un élu sous couvert d’anonymat.

L’élection, prévue dans les prochains jours, ne semble pourtant laisser place à aucun suspense. Boji devrait hériter sans encombre du perchoir, tandis que la session budgétaire en cours patine, paralysée par ces recompositions politiques.

Ce remaniement parlementaire s’inscrit dans un vaste mouvement de consolidation du pouvoir présidentiel. En plaçant un homme de confiance à la tête de l’Assemblée, Tshisekedi s’assure le contrôle absolu de la machine législative. Le nouveau président de la chambre basse aura pour mission de traduire en lois la vision du chef de l’État, dans un pays où l’exécutif et le législatif marchent désormais en parfaite symbiose.

Grands Lacs : l’Allemagne et la Belgique ouvrent leur bourse

Dans le cadre feutré du Centre de conférences ministériel à Paris, les annonces se sont succédé comme autant de bouées lancées à une région en détresse. Jeudi, l’Allemagne a promis 53,5 millions d’euros d’aide humanitaire pour les Grands Lacs, tandis que la Belgique engageait plus de 51 millions sur deux ans. Des montants substantiels qui soulignent l’urgence d’une crise qualifiée par Berlin de « l’une des plus graves au monde ».

Le représentant allemand a fixé le cadre : cet argent doit couvrir la période 2025-2027 et s’accompagne d’une exigence claire : garantir un accès humanitaire sécurisé et trouver des solutions durables. « La communauté internationale ne peut rester sourde aux cris des millions de déplacés de l’est de la RDC », a-t-il martelé.

La Belgique, partenaire historique

À ses côtés, la Belgique a réaffirmé son attachement indéfectible au droit international humanitaire. Bruxelles débloque 26,6 millions d’euros pour 2025 et 24,6 millions pour 2026. Une contribution qui s’inscrit dans la continuité historique des relations privilégiées entre l’ancienne puissance coloniale et la région des Grands Lacs.

Le diplomate belge a insisté sur deux priorités : la protection des civils et le renforcement des médiations. « L’aide d’urgence reste essentielle, mais elle ne suffira pas sans une solution politique », a-t-il prévenu, appelant à « créer les conditions d’un retrait des groupes armés ».

Une mobilisation internationale inédite

Ces annonces s’inscrivent dans un effort collectif plus large. Le président français Emmanuel Macron a clôturé la conférence en annonçant une mobilisation internationale dépassant les 1,5 milliard d’euros. Une somme colossale qui témoigne de la prise de conscience face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire.

Cette conférence, qui réunissait une cinquantaine de pays et d’organisations, marque un tournant dans l’approche de la crise des Grands Lacs. Elle aura permis de conjuguer urgence humanitaire et vision à long terme, mêlant aide immédiate et soutien aux processus de paix.

Reste maintenant le plus difficile : transformer ces engagements en actions concrètes. Les humanitaires sur le terrain attendent ces fonds comme une bouffée d’oxygène, tandis que les diplomates espèrent que cette mobilisation financière créera un momentum politique décisif. La route sera longue, mais Paris, Berlin et Bruxelles viennent d’envoyer un signal fort : les Grands Lacs ne sombreront pas dans l’indifférence.

Tshisekedi à Paris : un énième plaidoyer pour la paix à l’Est du Congo

La voix porte, ferme et déterminée, dans le Centre de Conférence ministériel parisien. Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, adresse ce jeudi un message sans détour à la communauté internationale. Face aux diplomates du monde entier, il dresse un constat accablant : le Rwanda et son soutien au groupe M23 alimentent directement la crise humanitaire qui ravage l’Est congolais.

« La crise humanitaire dans mon pays découle directement des actions militaires que mène le groupe armé AFC/M23. Et le Rwanda soutient ce groupe sur les plans logistique, financier et opérationnel. » Les mots du chef de l’État congolais frappent l’assistance. Plus qu’un discours, c’est un réquisitoire.

Trente ans d’une crise qui n’en finit pas

Le président congolais replace la crise actuelle dans une temporalité douloureuse. « L’Est de la RDC saigne depuis trente ans d’une plaie qui ne se referme pas. Nous ne vivons pas une simple crise, mais une tragédie permanente. » Cette déclaration sonne comme un aveu d’échec pour la diplomatie internationale.

Dans la salle, les représentants d’une vingtaine de nations écoutent, attentifs. Les États-Unis ont envoyé Massad Boulos, conseiller présidentiel pour les affaires arabes et africaines. La France participe avec son ministre Jean-Noël Barrot. Même le Rwanda écoute, par la voix de son ministre des Affaires étrangères.

Trois demandes cruciales

Tshisekedi structure son intervention autour de trois exigences précises. Première urgence : l’accès humanitaire. « Nous réclamons des corridors humanitaires sécurisés pour apporter des soins, de la nourriture et des abris aux populations prisonnières des combats. »

Deuxième priorité : le financement. « J’exige des engagements financiers supplémentaires, ciblés et durables. Ces fonds doivent couvrir les besoins vitaux. Ne voyez pas cela comme une simple aide, mais comme un investissement pour stabiliser une région stratégique. »

Enfin, troisième point, le plus politique : l’alignement diplomatique. « Chaque partenaire présent doit soutenir l’application de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité. Tous doivent exiger le retrait immédiat du M23. Une paix durable exige d’abord la fin de l’occupation. Sur ce principe, je ne tolérerai aucun double langage. »

L’heure des comptes

Les organisateurs de la conférence rappellent l’ampleur des besoins. Le plan humanitaire 2025 pour la RDC nécessite 2,54 milliards de dollars. Or, les donateurs n’ont financé que 16% de ce montant. « Le succès de cette conférence se mesurera à l’ampleur de la mobilisation financière », avait prévenu Jérémy Robert, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron.

Plus tôt dans la journée, le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey avait insisté : « Cette crise révèle notre échec collectif. L’action humanitaire ne relève pas de la charité, mais de la solidarité essentielle. »

Les annonces de financement arriveront dans l’après-midi. Mais Tshisekedi le sait : sans pression réelle sur Kigali, l’aide humanitaire ne sera qu’un soulagement temporaire. La communauté internationale doit maintenant choisir : accompagner verbalement la RDC ou contraindre réellement le Rwanda à cesser son ingérence. Le compte à rebours pour l’Est congolais a commencé.