Le cinéma devient tribune, la célébrité se fait porte-voix. Angelina Jolie, actrice et militante de renommée mondiale, produit le film « Muganga : Celui qui soigne », consacré au Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018. Ce projet dépasse le cadre d’un simple biopic : il alerte sur une tragédie longtemps ignorée. En République démocratique du Congo, 48 femmes sont violées et mutilées chaque heure.
Exploitation des minerais et violences sexuelles
Ces chiffres glaçants proviennent de recherches menées au cœur des conflits de l’Est du pays. Jolie souligne un lien crucial : l’exploitation du coltan, indispensable à nos smartphones, finance les groupes armés qui utilisent le viol comme arme de guerre. Ainsi, elle transforme un problème local en question globale.
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Denis Mukwege, guérisseur des corps et des esprits
Le film retrace le combat du Dr Mukwege, gynécologue fondateur de l’Hôpital Panzi à Bukavu. Depuis 1999, il soigne des dizaines de milliers de survivantes. Il combine soins médicaux, soutien psychologique, aide juridique et réinsertion socio-économique. « L’un des plus grands défenseurs de notre époque », souligne Jolie, rappelant qu’il a survécu à plusieurs tentatives d’assassinat.
Réalisé par la Française Marie-Hélène Roux et produit par Cynthia Pinet, le film met également en lumière sa collaboration avec le chirurgien belge Guy-Bernard Cadière et donne la parole aux femmes dont la résilience force l’admiration.
Le « génocost » : un génocide pour des minerais
Le film plonge dans la guerre oubliée de l’Est congolais, où coltan, cobalt et or deviennent une malédiction. Les militants qualifient cette exploitation sanglante de « génocost », un génocide économique. Les violences sexuelles y servent à terroriser les populations et les chasser des zones minières.
Le 23 septembre, à la tribune de l’ONU, le président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé ce « génocide silencieux » et réclamé le retrait des troupes rwandaises ainsi que la fin du soutien au M23.
Un appel à la responsabilité collective
Jolie vise un objectif clair : éveiller les consciences et provoquer l’action. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux », insiste-t-elle, rappelant que les minerais de nos téléphones sont tachés de sang. Elle appelle les citoyens à exiger des comptes aux entreprises et aux gouvernements complices.
« Muganga » ne se contente pas de raconter une histoire. Il transforme le spectateur en témoin actif, en citoyen responsable. Dans l’obscurité des salles, Angelina Jolie allume une lumière crue sur l’un des plus grands scandales humanitaires de notre époque. Et elle compte bien que personne n’en ressorte indemne.