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Bataille pour le « perchoir » : l’après-Kamerhe divise la majorité

KINSHASA – Vingt-cinq jours se sont écoulés depuis la chute de Vital Kamerhe, contraint de quitter la présidence de l’Assemblée nationale…

DW

KINSHASA – Vingt-cinq jours se sont écoulés depuis la chute de Vital Kamerhe, contraint de quitter la présidence de l’Assemblée nationale sous la pression de 262 députés. Un quart de siècle après sa démission, destinée à éviter une destitution humiliante, la bataille pour lui succéder au « perchoir » bat son plein, dévoilant les fractures et les ambitions au sein de la majorité présidentielle.

L’enjeu est de taille : qui dirigera la chambre basse du Parlement, institution clé dans l’équilibre des pouvoirs ? La question agite les couloirs de Palais du Peuple, où les stratégies se dessinent et les candidatures commencent à émerger, dans un suspense soigneusement entretenu.

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L’UNC, affaiblie mais déterminée

Premier acteur de ce jeu d’échecs : l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe. Bien que son leader ait été contraint à la démission, le parti, toujours membre de la coalition de l’Union sacrée du président Félix Tshisekedi, ne compte pas abandonner la prestigieuse présidence sans combattre.

Officiellement, l’UNC n’a pas encore désigné de champion. Mais dans les cercles politiques, deux noms reviennent avec insistance. Le premier est celui d’Aimé Boji Sangara, ministre de l’Industrie et ancien ministre du Budget. Homme discret et bien introduit dans l’entourage du chef de l’État, il incarne la voie du consensus. Face à lui, Baudouin Mayo Mambeke, ancien vice-Premier ministre, a déjà officialisé ses ambitions. Il se présente comme le gardien de l’héritage de Kamerhe et fustige ceux qu’il juge moins loyaux.

L’UDPS, tenté par la reconquête

Mais la partie ne se jouera pas qu’à l’UNC. Au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti présidentiel, des voix s’élèvent pour revendiquer le poste. Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, président intérimaire de l’Assemblée et cadre de l’UDPS, a récemment rappelé une logique simple : « L’UDPS peut décider d’occuper la présidence de l’Assemblée nationale ». Selon lui, la règle non écrite de l’Union sacrée « veut que le parti qui compte le plus de députés prenne la présidence ».

D’autres noms circulent également, comme celui de Christophe Mboso, 83 ans, poussé par ses partisans qui mettent en avant sa fidélité indéfectible à Tshisekedi. Les députés « pétitionnaires », à l’origine de la chute de Kamerhe, pourraient aussi présenter leur propre candidat.

Tshisekedi, l’arbitre suprême

Dans cette foire d’empoigne, un homme aura le dernier mot : le président de la République lui-même. Proches du pouvoir et analystes s’accordent sur un point : Félix Tshisekedi, en sa qualité « d’autorité morale » de l’Union sacrée, sera l’arbitre final.

Sa décision, attendue dans les prochains jours, devra trancher sur la base de plusieurs critères : la représentation régionale pour assurer un équilibre géopolitique, la fidélité au chef de l’État, et la nécessité de préserver la cohésion de sa majorité. Alors que l’UNC tente de se relever et que l’UDPS est en position de force, le choix du locataire du palais de la Nation est plus qu’une simple nomination : c’est un acte politique qui définira les nouveaux équilibres du pouvoir à Kinshasa.

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