Société




Kisangani : 195 millions de dollars disparus, le scandale qui éclabousse la justice congolaise

L’argent des larmes a-t-il servi à engraisser les puissants ? Un rapport explosif du Centre de recherche en finances publiques et…

L’argent des larmes a-t-il servi à engraisser les puissants ? Un rapport explosif du Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL), rendu public mercredi 24 septembre, accuse le Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes (FRIVAO). L’ONG affirme que 195 millions de dollars destinés aux victimes de la guerre de Kisangani ont été détournés. Ces fonds, censés panser les plaies d’un conflit oublié, auraient alimenté des comptes bancaires opaques et financé des activités étrangères à leur vocation humanitaire.

Le CREFDL précise que sur les 105 millions de dollars prévus pour indemniser les victimes, le FRIVAO n’a versé que 2 millions entre janvier 2022 et décembre 2024. Pire, l’argent aurait transité par une dizaine de comptes à la Rawbank. Sept comptes étaient directement liés au ministre de la Justice. Selon l’ONG, cela constitue une violation du décret créant le FRIVAO, qui ne lui confère pas cette prérogative.

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Des fonds détournés vers un bureau de change ?

Les révélations les plus troublantes concernent l’usage des fonds. Le CREFDL accuse le FRIVAO d’avoir injecté 4,2 millions de dollars dans les activités d’un bureau de change, CLIC CHANGE SARL. Des retraits en cash auraient également bénéficié au ministre de la Justice.

Le rapport souligne : « Aucune loi de finances ne retrace cet encaissement dans le compte de l’État ». Le FRIVAO, pourtant organisme public, n’apparaît dans aucun document voté par le Parlement.

Le coordonnateur se défend

Contacté, le coordonnateur du FRIVAO, Monseigneur François Mwarabu, rejette les accusations et les qualifie de « tronquées et erronées ». Il rappelle que son équipe a été « suspendue pendant un an » et réhabilitée seulement en juillet 2025.

Mgr Mwarabu reconnaît qu’avant sa suspension, 101 millions de dollars étaient « mis à la disposition du FRIVAO ». Mais selon lui, le ministère de la Justice et la coordination intérimaire doivent répondre de la gestion de ces fonds pendant cette période.

Une enquête d’urgence réclamée

Face à ce qui ressemble à un vaste détournement, le CREFDL exige l’ouverture immédiate d’une enquête sur tous les gestionnaires des comptes liés à ces fonds, « depuis le premier encaissement jusqu’à nos jours ».

Le scandale dépasse la simple malversation financière. Il touche l’honneur d’un pays qui n’a pas encore tourné la page des guerres dans l’Est. Les victimes de Kisangani attendent toujours réparation. Pendant ce temps, l’argent destiné à les soulager semble s’être évaporé dans les arcanes d’un système où opacité rime trop souvent avec impunité.

La balle est maintenant dans le camp de la justice. Mais peut-on vraiment lui faire confiance quand son propre ministre est mis en cause ?

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