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Procès Joseph Kabila : la RDC suspendue au verdict historique de la Haute Cour militaire

L'heure du verdict a sonné. Ce vendredi 12 septembre, à 9 heures précises, dans l'enceinte du Nouveau Palais de Justice…

L’heure du verdict a sonné. Ce vendredi 12 septembre, à 9 heures précises, dans l’enceinte du Nouveau Palais de Justice de Kinshasa/Gombe, la Haute Cour militaire s’apprête à écrire l’une des pages judiciaires les plus lourdes de l’histoire de la République démocratique du Congo. Joseph Kabila Kabange, ancien président et sénateur à vie, attend que la justice se prononce sur son sort.

Face à lui, l’Auditeur général et une coalition de parties civiles – l’État congolais, trois provinces meurtries et plusieurs ONG – requièrent la peine capitale. Les accusations pèsent lourd : participation à un mouvement insurrectionnel, crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, homicide volontaire, trahison, viol, torture, déportation. La liste, terrifiante, place l’ex-chef de l’État dans la peau d’un accusé assimilé à ceux qui ont plongé le pays dans le chaos.

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Une justice sous tension

L’instruction de ce dossier, référencé RP N°051/25, a été minutieuse et implacable. Elle a culminé en mai par un vote historique : 88 sénateurs contre 5 ont levé l’immunité parlementaire de Kabila. Pour la première fois, une brèche s’ouvrait dans le mur d’impunité qui a longtemps protégé les puissants.

À la barre, le général Lucien-René Likulia Bakumi, auditeur général, a requis la condamnation de Kabila pour son implication présumée dans les activités de l’AFC/M23. Ce groupe rebelle a pris Goma et Bukavu lors d’une offensive éclair, mettant l’Est du pays à genoux. Le ministère public a suivi, réclamant la peine suprême. Toutefois, une éventuelle condamnation resterait symbolique : aucun condamné n’a été exécuté depuis la levée du moratoire sur la peine de mort en 2024.

Défense et bataille politique

Du côté de la défense, le ton est radicalement différent. Dans une tribune publiée par Jeune Afrique, Joseph Kabila a dénoncé une procédure illégale et un procès politique visant à « faire taire l’opposition ». Il accuse le pouvoir d’orchestrer une chasse aux sorcières dans l’armée et de multiplier les arrestations arbitraires. Selon lui, cette machine judiciaire n’est qu’un instrument aux mains du régime actuel.

Son procès, ouvert en juillet, dépasse donc largement son cas personnel. Il oppose deux récits : celui d’un État qui veut tourner la page de l’impunité et celui d’un ancien président qui se présente comme un martyr d’une justice instrumentalisée.

Un verdict explosif

Le contexte national aggrave encore la tension. Malgré l’accord de paix signé à Washington le 27 juin 2025, qui prévoyait le retrait des troupes rwandaises et l’intégration du M23, les combats continuent. L’Est du pays reste une poudrière, et ce verdict, quel qu’il soit, pourrait y jeter une allumette.

Une condamnation à mort risquerait de galvaniser les partisans de Kabila et d’exacerber les tensions. À l’inverse, une peine plus clémente, bien que peu probable, serait perçue comme une incroyable indulgence au regard de la gravité des accusations.

Vendredi, à 9h00, le colonel greffier Benteke Boluwa Marie Josée lira la décision. Le silence tombera alors, lourd de sens, dans la salle d’audience comme dans tout le pays. Plus qu’un jugement individuel, il s’agira d’un test pour la capacité du Congo à affronter ses propres démons.

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