Dans les couloirs du pouvoir congolais, les démissions les plus silencieuses sont souvent les plus éloquentes. Lundi, sans communiqué, sans annonce officielle, Aimé Boji Sangara a quitté le gouvernement. Un départ discret qui pourrait bien annoncer une arrivée bien plus retentissante : celle à la présidence de l’Assemblée nationale.
La scène se joue en trois actes discrets. D’abord, la démission du ministre – confirmée par plusieurs sources, mais jamais officiellement portée sur la place publique. Ensuite, le retour au siège de député national, nécessaire pour prétendre à la magistrature suprême du Parlement. Enfin, ce nom qui circule dans tous les cercles politiques : Aimé Boji Sangara, membre de l’UNC de Vital Kamerhe, mais aussi proche du président Tshisekedi.
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Un choix qui pose question
Les raisons de cette prédilection supposée alimentent toutes les spéculations. Le député cumulerait-il les atouts ? Même parti que Kamerhe, même province d’origine – le Sud-Kivu –, mais une ambition personnelle jugée plus contenue. Un profil qui pourrait convenir à différents camps, sans en menacer aucun.
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D’autres y verraient la marque de Félix Tshisekedi. Le président, qui se présente en « arbitre des crises institutionnelles », aurait-il trouvé dans cette nomination un moyen de fragmenter les leaderships régionaux ? Au Sud-Kivu comme ailleurs, la stratégie serait de faire émerger plusieurs figures, plutôt que de laisser un seul homme incarner une province entière.
Les zones d’ombre persistent
Pourtant, dans cette affaire, les certitudes sont rares. Si les sources s’accordent sur la démission, elles divergent sur les motivations réelles. Le silence du gouvernement et de la primature laisse la place à toutes les interprétations. Et la date du scrutin présidentiel à l’Assemblée reste inconnue.
Une question demeure surtout : cette succession est-elle véritablement jouée d’avance, ou les ambitions contrariées au sein de l’Union sacrée pourraient-elles encore réserver des surprises ? La discrétion qui entoure ce dossier suggère que les véritables négociations se déroulent encore dans l’ombre. Et que le dernier mot n’a peut-être pas encore été dit.