Depuis janvier 2025, l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) lance un cri d’alerte face à l’explosion des violences sexuelles dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Malgré une apparente accalmie militaire et le démantèlement de camps de déplacés après la chute de Goma, la population civile reste piégée dans une spirale de terreur et de souffrance, alimentée par les exactions du groupe rebelle M23.
« Le nombre de survivantes que nous prenons en charge atteint des niveaux alarmants », déclare MSF.
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Entre janvier et avril 2025, près de 7 400 victimes ont été soignées à Goma et plus de 2 400 à Saké, un chiffre qui continue de grimper chaque jour. Ces violences sont majoritairement perpétrées par des porteurs d’armes — groupes armés ou milices informelles — dans un climat de grande insécurité, où la prolifération des armes aggrave les abus.
Un climat d’exploitation et de terreur sexuelle
MSF rapporte également des cas de violences sexuelles transactionnelles, où des femmes déplacées sont contraintes à des rapports en échange d’un abri. Beaucoup sont seules avec leurs enfants, vivant dans une extrême précarité, sans soutien ni protection.
Le M23 est nommément accusé par MSF d’utiliser le viol, l’esclavage sexuel et les recrutements forcés d’enfants soldats comme instruments de domination dans les zones qu’il contrôle, exacerbant les souffrances d’une population déjà dévastée.
Des soins vitaux menacés
Dans ce contexte dramatique, l’accès aux soins est de plus en plus difficile : les centres de santé manquent de médicaments, de kits d’urgence, et parfois même de personnel. MSF alerte sur le manque de ressources pour traiter correctement les victimes et demande un soutien urgent de la communauté internationale, malgré les coupes budgétaires actuelles.
« Le contexte a changé, mais l’urgence médicale liée aux violences sexuelles reste entière. Il faut agir maintenant », déclare François Calas, responsable du programme MSF au Nord-Kivu.
Un appel à l’action internationale
Alors que le M23 continue de terroriser l’Est du Congo, MSF appelle à des actions concrètes :
- Prioriser la prise en charge médicale et psychologique des survivantes,
- Renforcer la sécurité des civils,
- Garantir un accès libre et sûr aux soins dans toutes les zones affectées.
Ce rapport accablant révèle l’une des facettes les plus sombres du conflit congolais : une violence sexuelle systémique, utilisée non seulement pour humilier, mais pour soumettre, déstabiliser et contrôler. Et tant que le monde détourne le regard, la tragédie continue.