Dimanche 21 décembre 2025, l’écran s’est allumé sur un sommet pas comme les autres. Derrière la froideur de la visioconférence du mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre de la CIRGL, la tension était palpable. Depuis Kinshasa, Félix Tshisekedi n’est pas venu arrondir les angles. Il est venu dire non. Non aux annonces qu’il juge trompeuses. Non aux demi-mesures. Et surtout, non à ce qu’il appelle un « faux retrait ».
Face aux chefs d’État de la région et aux partenaires internationaux — Union africaine, Union européenne, Nations unies et États-Unis — le président congolais a balayé l’annonce du retrait de l’AFC/M23 de la ville d’Uvira, dans le Sud-Kivu. À ses yeux, les faits sur le terrain racontent une tout autre histoire.
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« Un retrait qui ne se voit pas n’existe pas »
« Le prétendu retrait de l’AFC/M23 d’Uvira ne correspond ni aux faits ni aux observations recueillies sur le terrain », a-t-il lancé, sans détour. Selon les autorités congolaises, des éléments armés restent présents dans la ville et ses environs. Des positions stratégiques demeureraient occupées. Pendant ce temps, les habitants continuent de vivre sous la menace des exactions.
Dans ce climat d’insécurité persistante, Tshisekedi a posé une ligne rouge claire. Pour lui, un retrait ne se proclame pas, il se constate. « Un retrait annoncé mais non suivi d’actions concrètes ne saurait être considéré comme réel », a-t-il martelé. Il a rappelé que la crédibilité de tout processus de paix repose sur des actes vérifiables, et non sur des déclarations de circonstance.
Message direct à Kigali
Puis le ton est monté d’un cran. Profitant de cette tribune régionale, le chef de l’État congolais a ciblé l’implication étrangère dans le conflit à l’est de la RDC. Son message à Kigali se voulait limpide, presque chirurgical.
« Ce que nous attendons, ce n’est ni un redéploiement ni un déplacement tactique, mais le retrait effectif, complet et sans équivoque des troupes rwandaises de l’ensemble du territoire de la République démocratique du Congo », a-t-il déclaré.
Dans une région meurtrie par des années de violences, chaque annonce de paix est désormais scrutée avec méfiance par des populations épuisées. Félix Tshisekedi a voulu rappeler une vérité simple : la paix ne se décrète pas depuis les tribunes diplomatiques. Elle se construit sur le terrain, par des gestes clairs, mesurables et irréversibles.
À Uvira comme ailleurs dans l’est de la RDC, le temps des annonces symboliques semble révolu. Place, désormais, à l’épreuve des faits.
