GENÈVE – Le silence, après le départ des humanitaires, est le plus lourd à porter. Ce mercredi 15 octobre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a publié un communiqué qui ressemble à un constat d’échec planétaire. Face à un effondrement historique des financements, l’agence onusienne lance un avertissement glaçant : l’assistance vitale pour des millions d’êtres humains est sur le point de s’éteindre.
En République démocratique du Congo, en Somalie et au Soudan du Sud, la ligne d’urgence se dérobe. Six opérations cruciales risquent l’interruption pure et simple d’ici la fin de l’année. Une décision déchirante, un retrait forcé qui laisse des communautés entières au bord du précipice.
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La RDC : L’Aide en Lambeaux
En RDC, les chiffres donnent le vertige. Le PAM doit réduire son aide de 2,3 millions à seulement 600 000 bénéficiaires. Un goulot d’étranglement humanitaire dans un pays où 28 millions de personnes luttent quotidiennement contre la faim aiguë. La région instable de l’Est, avec ses 10,3 millions d’âmes en détresse, est la première sacrifiée sur l’autel des déficits budgétaires. Le constat de l’agence est d’une simplicité cruelle : « Chaque réduction de ration signifie un enfant qui se couche le ventre vide, une mère qui saute un repas. » Une litanie de privations qui se compte en vies suspendues.
Somalie et Soudan du Sud : L’Hémorragie Silencieuse
Le scénario se répète, implacable, ailleurs sur le continent. En Somalie, l’effondrement est spectaculaire : de 2,2 millions de personnes secourues, le nombre de bénéficiaires est tombé à 350 000 en l’espace d’une seule année. Une hémorragie silencieuse.
Au Soudan du Sud, les rations, déjà squelettiques, ne couvrent plus que 50% à 70% des besoins essentiels. Dans les entrepôts, les réserves de céréales, de légumineuses et d’huile – ces denrées de base qui tiennent la mort à distance – sont au plus bas.
« Plus de Filet de Sécurité »
Ross Smith, directeur de la réponse d’urgence du PAM, pose des mots sur le drame. Sa voix porte l’écho d’une amertume professionnelle. Il déplore « la suppression totale de l’aide, la réduction des rations et la durée d’assistance ». Puis, il lâche une phrase qui résonne comme un glas : « Nombre de personnes se retrouvent sans filet de sécurité ni aire d’atterrissage. » Abandonnées en plein vol.
L’alerte est maximale. L’agence onusienne alerte sur une « marée montante de faim aiguë » et presse donateurs et gouvernements d’agir. La directrice exécutive Cindy McCain lance un ultimatum chiffré : sans nouveaux fonds, « 13,7 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la faim urgente sous peu. »
Dans les couloirs de la Genève humanitaire, le compte à rebours a commencé. La question n’est plus de savoir qui aura faim, mais combien seront laissés-pour-compte.