L’avertissement avait claqué comme un coup de feu dans l’air tranquille de septembre. Le 1er octobre, le « Concept des Opérations » – ce plan militaire secret qui détaille l’art de la guerre – devait entrer en vigueur. Le compte à rebours contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) était lancé. Les Forces armées de la RDC avaient même lancé un ultimatum solennel aux rebelles : se rendre, ou affronter la tempête.
Un mois plus tard, le silence règne sur les collines du Kivu. Aucune reddition. Ni devant les casques bleus de la Monusco, ni aux avant-postes des FARDC. Le vide. C’est sur ce constat d’échec que les délégations de la RDC et du Rwanda se retrouvent, les 21 et 22 octobre, dans le bureau feutré de Washington. Pour la troisième session du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, l’heure n’est plus aux protocoles mais au bilan. Un bilan amer.
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L’heure des comptes a sonné
Cette réunion est un test de vérité. Les deux jours de discussions vont se nourrir d’une question simple, mais terrible : pourquoi la « phase de sensibilisation » n’a-t-elle produit aucun résultat ? Était-ce un vœu pieux, un leurre, ou l’amer constat que la persuasion ne suffit pas face à des décennies de conflit ?
Les agendas seront scrutés à la loupe. Le « Conops », lui, est sans ambages : après la planification et l’échange de renseignements doit venir le temps de l’action. « La conduite des opérations ». Des mots qui signifient, dans la langue crue des stratèges, des frappes ciblées, la fin des postures défensives du Rwanda, et l’arrêt des opérations transfrontalières ponctuelles. Le saut dans l’inconnu.
La méfiance, ombre portée des négociations
Pourtant, dans les couloirs de Washington, une ombre plane : celle de la tension verbale qui, ces dernières semaines, n’a cessé de crisper les relations entre Kinshasa et Kigali. Les sourires de façade peinent à masquer la défiance tenace. Comment croire à une action militaire conjointe, coordonnée, lorsque les capitales s’affrontent par communiqués interposés ?
Le processus de paix signé en juin sous l’égide américaine arrive à un moment de vérité. Washington, médiateur et garant, presse les deux parties de passer de la parole aux actes. Les diplomates américains le savent : si cette troisième session n’aboutit pas à une feuille de route crédible et acceptée par tous, le mécanisme tout entier risque de se bloquer.
Le pari est donc immense. Il s’agit de transformer un échec – l’absence de reddition – en une nouvelle dynamique. De convaincre les généraux et les ministres que la prochaine étape, bien que périlleuse, est inévitable. À Washington, ce n’est pas seulement un calendrier qui se joue, c’est la crédibilité même d’une paix qui, pour l’instant, reste une promesse sans preuve.