À quelques jours de la XXVIe Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), prévue le 7 juin 2025 à Malabo, une information parvenue à notre rédaction fait état d’une demande officielle et urgente émanant de la République Démocratique du Congo. Kinshasa rejette catégoriquement l’idée de voir la présidence tournante de l’organisation revenir au Rwanda.
Dans un courrier adressé au Président du Conseil des Ministres de la CEEAC, la RDC a sollicité l’inscription d’un point essentiel à l’ordre du jour : son opposition à la passation de la présidence en exercice à Kigali, qu’elle juge incompatible avec les principes fondamentaux de la Communauté.
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Une posture motivée par un contexte de guerre
Kinshasa fonde sa position sur des faits récents et inquiétants. Alors que la situation sécuritaire et humanitaire dans l’Est du pays continue de se dégrader, le gouvernement congolais pointe du doigt la responsabilité directe du Rwanda, qu’il accuse de soutenir activement le mouvement armé M23. Ce dernier a récemment pris le contrôle de Goma et Bukavu, aggravant une crise humanitaire déjà classée parmi les plus graves du monde selon les Nations Unies.
Découvrez l’intégralité du communiqué officiel de la RDC portant sur son opposition à la passation de la présidence de la CEEAC au Rwanda https://www.journaldekinshasa.com/wp-content/uploads/2025/06/LETTRE-OPPOSITION-RWANDA-ET-NV.pdf
Malgré la condamnation unanime de la présence rwandaise lors de la VIe Session Extraordinaire de la CEEAC, tenue à Malabo le 7 février 2025, les troupes rwandaises n’ont pas quitté le sol congolais. Kinshasa considère cet état de fait comme une violation manifeste du Traité révisé de la CEEAC et du pacte de non-agression signé en 1996.
Une manœuvre diplomatique intense de Kigali
Face à cette opposition frontale, le Rwanda n’est pas resté silencieux. Paul Kagame a lancé une vaste offensive diplomatique en mai 2025, notamment à Libreville, à l’occasion de la cérémonie d’investiture du Président gabonais Bruce Clotaire Oluigui Nguema. Cette tournée visait à rassurer les États membres et à sécuriser le transfert de la présidence.
Mais Kinshasa reste inflexible. Elle estime que le Rwanda n’a jamais démontré un engagement sincère envers la CEEAC, rappelant que le Président Kagame n’a participé qu’à un seul sommet depuis le retour du Rwanda dans la Communauté en 2016, marquant un désintérêt flagrant pour l’organisation.
Des divisions attendues au sein de la CEEAC
La RDC sait que son initiative pourrait rencontrer des résistances. Elle anticipe des réticences du Congo-Brazzaville et de la République Centrafricaine, proches alliés de Kigali. Néanmoins, elle compte sur le soutien potentiel du Gabon, de l’Angola, de la Guinée Équatoriale, de Sao Tomé-et-Principe et du Burundi. Le Cameroun et le Tchad, eux, n’ont pas encore exprimé de position claire.
Jusqu’où ira la RDC ?
Pour Kinshasa, l’enjeu est clair : si la CEEAC valide malgré tout le passage de relais à Kigali, cela équivaudrait à un reniement de ses principes fondateurs. Dans ce cas, la RDC envisage de suspendre temporairement sa participation à l’organisation.
Alors que le sommet de Malabo approche, la question de la présidence devient un test de cohérence et d’unité pour la CEEAC. Le sort de l’organisation pourrait se jouer sur cette décision symbolique mais profondément politique.