Société




Goma : entre guerre et salaires impayés, les enseignants crient leur détresse

En ce 30 avril, la République Démocratique du Congo célèbre la Journée nationale de l’enseignement, souvent appelée fête des enseignants.…

En ce 30 avril, la République Démocratique du Congo célèbre la Journée nationale de l’enseignement, souvent appelée fête des enseignants. Mais dans les zones occupées par les rebelles de l’AFC/M23, cette commémoration laisse un goût amer. Là-bas, les enseignants vivent sans salaire depuis des mois, plongés dans une précarité intenable.

Des témoignages accablants

À l’Institut Mont Goma, Kasereka Matabishi Credo, professeur de latin et de français, décrit une réalité sombre :

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« La vie de l’enseignant congolais est devenue misérable. »

Il dénonce l’indifférence des autorités et l’écart cruel entre les discours officiels et la réalité du terrain.

« Comment parler d’éducation de qualité quand ceux qui la transmettent sont eux-mêmes brisés ? »

L’abandon des enseignants de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo

Dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, les enseignants n’ont plus reçu leur salaire depuis janvier 2025. Faute de banques dans ces zones en conflit, ils restent sans solution. Le gouvernement avait promis des paiements électroniques, mais ces engagements ne se sont jamais concrétisés.

Un cri syndical ignoré

Le 28 avril, l’intersyndicale des enseignants de Masisi a adressé une lettre d’alerte à la ministre de l’Enseignement. Elle menace de boycotter les cours si rien ne change.

« Quatre mois sans salaire, c’est une torture silencieuse. Nous ne pouvons plus travailler sans nourrir nos familles », déclare un syndicaliste sous anonymat.

Rutshuru : entre guerre, famine et silence de l’État

À Rutshuru, le constat reste tout aussi alarmant. Isaac Mwanashaba, secrétaire permanent du SYECO, exprime sa détresse :

« Cette journée censée honorer l’enseignant ne signifie plus rien. Nous survivons dans la guerre, la faim et l’oubli. »

Des promesses politiques sans impact réel

Le président Félix Tshisekedi avait fait de l’éducation une priorité nationale depuis 2019. Malgré la gratuité de l’enseignement primaire, les syndicats affirment que les enseignants n’en ont jamais vu les bénéfices, surtout dans les régions en conflit.

Des enseignants abandonnés à leur sort

Certains ont fui les combats, d’autres survivent dans les villes sous tension, sans aide ni sécurité. En mars, la ministre Raïssa Malu avait promis une prise en charge des enseignants affectés. Mais sur le terrain, rien n’a changé.

Un appel à la dignité

Ce 30 avril, la voix des enseignants s’élève avec force :

« Nous ne demandons pas la charité, mais notre droit. Une école sans enseignant, c’est une nation sans avenir. »

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