À peine une semaine après la signature de l’accord de paix du 27 juin 2025 à Washington, les tensions RDC-Rwanda refont surface avec virulence. En toile de fond : le dossier explosif des FDLR, éternelle pomme de discorde entre Kinshasa et Kigali.
Tout est reparti d’une interview du ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui conditionne le retrait des troupes rwandaises à la neutralisation des FDLR, qu’il accuse Kinshasa de soutenir.
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Une déclaration qui a fait bondir le ministre du Commerce Extérieur congolais , Julien Paluku. Sur X (ex-Twitter), il dénonce une « rhétorique usée » que Kigali recycle depuis plus de vingt ans. « Pourquoi n’avoir jamais neutralisé les FDLR pendant vos années d’occupation de la RDC ? », interroge-t-il, en évoquant les périodes 1998-2003 et 2022-2025. Selon lui, la menace est aujourd’hui quasi inexistante, avec à peine un millier de combattants, dont certains auraient même été recyclés par le Rwanda lui-même, comme l’ont documenté des rapports onusiens.
Des échanges virulents entre Kigali et Kinshasa
Olivier Nduhungirehe n’a pas tardé à répliquer :
« Si les FDLR sont un mythe, pourquoi votre gouvernement s’est-il engagé à les neutraliser dans l’accord ? »
Mais c’est un autre acteur bien connu des relations tendues RDC-Rwanda qui est venu jeter de l’huile sur le feu : Vincent Karega. L’ancien ambassadeur en RDC, désormais diplomate itinérant, a insinué sur X que Julien Paluku défend les FDLR, affirmant que son oncle serait responsable de massacres de Tutsis dans les années 60. Il parle même de « haine génétique ».
Julien Paluku : « Nous allons neutraliser vos FDLR recyclés »
La réplique de Julien Paluku a été cinglante. Dans un long message publié ce 2 juillet, il démonte point par point les accusations de Vincent Karega :
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Il rappelle son engagement contre les FDLR durant ses 12 ans à la tête du Nord-Kivu.
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Il évoque les opérations conjointes avec le Rwanda, comme Umoja Wetu en 2009, et les rapatriements facilités par la MONUSCO et le HCR.
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Il accuse Kigali d’avoir recyclé d’anciens combattants FDLR pour maintenir une justification à ses incursions armées.
« Sans les FDLR, le Rwanda ne peut exister ni politiquement, ni économiquement, ni diplomatiquement », lance-t-il, tout en qualifiant le comportement de certains officiels rwandais d’« extrémistes tribalistes ».
Et de conclure : « Nous allons neutraliser vos frères réinjectés en RDC. Ce sera la fin de votre stratégie. »
La paix RDC-Rwanda survivra-t-elle à ces tensions ?
Malgré l’accord de paix de Washington, les tensions RDC-Rwanda restent vives et les accusations croisées persistent. Les divergences sur les FDLR, le M23 et la gestion des groupes armés pourraient-elles faire échouer ce fragile processus ? La paix, si ardemment signée, peut-elle survivre à tant de défiance ?