La publication du rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la situation à l’est de la RDC ce 2 juillet 2025 a relancé les tensions entre Kinshasa et Kigali. Au centre du débat : la présence militaire rwandaise en RDC, le rôle du groupe armé M23, et surtout la question sensible des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), désignées à la fois comme menace sécuritaire par Kigali et comme alliées tactiques par l’ONU.
Kigali rejette les accusations et cible les FDLR
Réagissant sur le réseau X (ex-Twitter), la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a fustigé un rapport « biaisé », qu’elle accuse de déformer « les préoccupations sécuritaires légitimes » du Rwanda. Elle affirme que ce document onusien confirme le soutien de l’armée congolaise aux FDLR, un groupe qualifié par Kigali d’héritier direct du génocide de 1994, et devenu, selon ses termes, la principale force de combat des FARDC dans certaines zones frontalières.
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Makolo dénonce également les accusations de contrebande de minerais, qualifiées de « fausses », et soutient que la présence militaire rwandaise en RDC est défensive, justifiée par la menace persistante des FDLR. Elle affirme que Kigali reste « pleinement engagé » dans la mise en œuvre de l’accord de paix signé à Washington, dont un volet prévoit justement la neutralisation des FDLR comme condition au retrait progressif des troupes rwandaises.
Kinshasa s’engage à éradiquer les FDLR
Face à cette pression croissante, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a apporté une réponse ferme lors d’un briefing conjoint avec Patrick Muyaya :
« Si les FDLR sont une menace… très bien, nous allons y mettre fin. »
Elle a détaillé les étapes prévues dans l’accord de Washington : d’abord localiser les membres des FDLR, ensuite engager une sensibilisation pour favoriser leur désarmement volontaire et leur retour au Rwanda, puis neutraliser militairement ceux qui refuseraient de coopérer.
Thérèse Kayikwamba n’a pas exclu une coopération extérieure, notamment via la Monusco, pour mener à bien cette mission sensible dans une région toujours instable.
Un test pour l’accord de paix
La question des FDLR devient ainsi le point de cristallisation des tensions, mais aussi le test-clé de la sincérité des engagements de part et d’autre. Alors que le Rwanda affirme vouloir la stabilité régionale, Kinshasa promet de démanteler les réseaux armés sur son territoire. Mais les accusations croisées et le climat de méfiance pourraient freiner la mise en œuvre de l’accord.
Si la neutralisation des FDLR avance réellement, elle pourrait ouvrir la voie au retrait des forces rwandaises, à la fin du soutien au M23, et à une désescalade durable dans la région des Grands Lacs.