Accord de paix RDC-Rwanda : un tournant salué par Macron, contesté par Mukwege

La signature de l’accord de paix RDC-Rwanda le 27 juin 2025 à Washington continue de faire réagir. Cet acte historique,…

La signature de l’accord de paix RDC-Rwanda le 27 juin 2025 à Washington continue de faire réagir. Cet acte historique, sous l’égide de l’administration Trump, vise à mettre fin à trois décennies de conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo. Toutefois, entre félicitations diplomatiques et dénonciations internes, l’accord divise profondément.

Une salve de soutiens diplomatiques

Le président français Emmanuel Macron a qualifié cet accord de « bonne nouvelle pour la région des Grands Lacs ». Dans un message publié sur X (ex-Twitter), il a salué une « avancée historique après des décennies de souffrances » et adressé un message d’espoir aux Congolais et Rwandais : « La paix doit tenir. »

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La MONUSCO, par la voix de sa cheffe Bintou Keita, a également salué l’accord comme une « avancée majeure » vers la stabilité régionale. Elle a remercié les facilitateurs, notamment les États-Unis, le Qatar, le président João Lourenço d’Angola et Faure Gnassingbé du Togo, pour leur rôle décisif dans la signature.

Le Qatar, qui mène une médiation parallèle entre Kinshasa et l’AFC/M23 à Doha, a exprimé sa satisfaction face à l’engagement renouvelé des deux parties en faveur d’un règlement diplomatique.

Un contenu sécuritaire et économique ambitieux

L’accord de paix RDC-Rwanda, signé par les ministres des Affaires étrangères sous la supervision de Marco Rubio et du conseiller spécial Massad Boulos, repose sur deux piliers : la sécurité et l’économie. Il prévoit notamment :

  • La cessation des hostilités et le respect mutuel de l’intégrité territoriale ;

  • Le désengagement des troupes rwandaises du territoire congolais, coordonné par un mécanisme conjoint basé sur le concept d’opération (CONOPS) défini à Luanda en octobre 2024 ;

  • L’interdiction de tout soutien logistique, militaire ou financier aux groupes armés comme les FDLR ou le M23-AFC ;

  • Une coopération économique renforcée dans les domaines de l’énergie, des ressources naturelles et de la traçabilité des minerais.

Les deux pays disposent désormais de trente jours pour activer un mécanisme conjoint de sécurité, avec l’appui des partenaires internationaux.

Mukwege tire la sonnette d’alarme

Mais toutes les voix ne chantent pas en chœur. Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a vivement critiqué ce qu’il considère comme un « traité de soumission ». Selon lui, cet accord officialise « l’occupation » et « récompense les bourreaux ».

Mukwege fustige en particulier la conditionnalité du désengagement rwandais à la neutralisation des FDLR, estimant qu’elle permettrait à Kigali de rester militairement actif en RDC. Il dénonce également la cogestion des ressources naturelles comme un « pillage légalisé » au profit du Rwanda.

Dans une déclaration solennelle, il appelle les Congolais à la vigilance populaire et au respect de la Constitution. Il évoque même un possible appel à une « révolution démocratique » si la souveraineté nationale continue d’être bafouée.

Entre espoir et incertitudes

L’accord de paix RDC-Rwanda signé à Washington marque un tournant pour la région des Grands Lacs. Mais son succès dépendra de sa mise en œuvre concrète, du respect mutuel des engagements et d’un contrôle international crédible.

Un sommet entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévu fin juillet à la Maison Blanche pour évaluer les premières avancées. En attendant, l’histoire retiendra que cet accord, bien que célébré à l’international, cristallise des tensions profondes au sein même du peuple congolais.

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