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« Muganga » : un film poignant qui brise le silence sur les violences en RDC

KINSHASA – La salle du Centre culturel et artistique des Pays d’Afrique centrale retenait son souffle ce dimanche 5 octobre.…

KINSHASA – La salle du Centre culturel et artistique des Pays d’Afrique centrale retenait son souffle ce dimanche 5 octobre. L’avant-première du film « Muganga, celui qui soigne » a plongé le public dans l’intimité des survivantes des violences sexuelles en RDC. Le film met en lumière le combat du Dr Denis Mukwege avec une force rare.

Une fiction ancrée dans la réalité

Réalisé par Marie-Hélène Roux et produit par Cynthia Pinet, ce long métrage franco-congolais reconstitue le quotidien d’un hôpital inspiré de Panzi, à Bukavu. Loin du documentaire, la fiction raconte avec pudeur « la guerre du corps » et célèbre la résilience des femmes victimes de violences.

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Cynthia Pinet a précisé : « Ce n’est pas un documentaire, mais une fiction inspirée de la réalité ». Elle a porté ce projet pendant dix ans, affrontant de nombreux refus d’acteurs internationaux réticents à aborder ce sujet dérangeant. Elle insiste : « Les gens ne veulent pas en parler, mais il faut le faire. Le silence tue. »

Le cri d’alarme du Dr Mukwege

Ému, le Prix Nobel de la Paix 2018 a salué le film comme un hommage vivant. « Nous devons prendre conscience que notre survie dépend de notre sursaut », a-t-il lancé. Il rappelle que depuis plus d’un siècle, le peuple congolais subit les pires violences. Avec plus de six millions de morts et l’indifférence internationale, « Muganga » devient un outil de mémoire et de sensibilisation.

Le docteur Mukwege a ajouté : « Ce film nous appelle à ne pas accepter la disparition programmée de notre peuple. Les femmes ont une capacité extraordinaire de porter la vie même au cœur du désastre. Elles détiennent la clé de notre renaissance. »

Une œuvre qui interpelle et éveille les consciences

Le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a qualifié le film d’« œuvre déstabilisante » qui réveille les consciences. Il souligne : « Il traduit l’horreur vécue par des milliers de femmes congolaises et interpelle sur notre responsabilité collective. » Les autorités souhaitent désormais rendre le film accessible au plus grand nombre.

À travers « Muganga », Marie-Hélène Roux offre un miroir à la conscience nationale et internationale. Plus qu’un film, c’est un appel vibrant à la justice, à la paix et à la reconnaissance des crimes qui ensanglantent l’Est du Congo depuis trop longtemps. Le Congo, meurtri mais debout, montre qu’il n’a pas dit son dernier mot.

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