Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a annoncé mardi 3 juin une mesure radicale : les médias congolais ne peuvent plus couvrir, commenter ni relayer d’informations liées au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Il est également interdit de diffuser les propos ou interviews de son leader historique, l’ancien président Joseph Kabila.
« Ce n’est pas une censure. Aucun droit n’a été violé. Il ne faut pas faire de la télévision une tribune de subversion », a justifié Christian Bosembe sur Top Congo FM.
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Une décision inédite et controversée
Le CSAC présente cette mesure comme un moyen de préserver l’ordre public et de lutter contre la manipulation politique via les médias. Mais de nombreux juristes et défenseurs de la presse dénoncent une atteinte grave au droit à l’information, garanti par la Constitution.
La décision intervient après un discours prononcé par Joseph Kabila à Goma. L’ancien chef de l’État y critiquait la gouvernance actuelle et proposait un « pacte citoyen » pour sauver la nation. Son intervention a provoqué de vives réactions dans l’opinion.
Le gouvernement se désolidarise
Dans une déclaration distincte, le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a relativisé le retour médiatique de Joseph Kabila. « Le président Kabila est un homme du passé. Il n’a rien à proposer pour l’avenir », a-t-il lancé. Il a aussi rappelé les efforts du gouvernement, comme l’adoption d’un collectif budgétaire malgré les tensions dans l’Est du pays.
Une affaire aux allures judiciaires
Cette crise médiatique survient quelques jours après la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila par le Sénat. L’ancien président est soupçonné de complicité avec la rébellion M23/AFC, appuyée par le Rwanda. Il pourrait faire face à des poursuites.
La succession de ces événements soulève des interrogations. Certains y voient une stratégie visant à réduire au silence un acteur politique encore influent. L’interdiction du CSAC pourrait renforcer les craintes de dérive autoritaire. Dans un contexte politique et sécuritaire déjà tendu, elle marque une rupture inquiétante pour la liberté de la presse en RDC.