Massacre de Lemera : le jour où le Dr Mukwege a basculé

BUKAVU – La nuit du 6 octobre 1996 aurait pu être une nuit comme les autres à l'hôpital de Lemera. Elle…

BUKAVU – La nuit du 6 octobre 1996 aurait pu être une nuit comme les autres à l’hôpital de Lemera. Elle est devenue l’événement qui allait changer le visage de la médecine congolaise. Vingt-neuf ans plus tard, le Dr Denis Mukwege se souvient, la voix empreinte d’une émotion intacte.

La nuit de l’horreur

« Des patients abattus dans leur lit à bout portant. Le personnel, incapable de fuir, exécuté de sang-froid. » Sur son compte X, le Prix Nobel de la paix 2018 décrit avec une précision glaçante le massacre qui a coûté la vie à plus de trente personnes. Lui-même échappe de justesse à la mort.

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« Je ne pouvais pas imaginer que ce n’était que le début », écrit celui qui allait devenir le célèbre « réparateur des femmes ».

L’exil fondateur

Contraint de fuir Lemera, le médecin refuse d’abandonner. Trois ans après le drame, il pose les fondations de l’hôpital de Panzi à Bukavu. Ce qui n’était qu’un modeste dispensaire deviendra un centre mondialement reconnu pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles.

Sa première patiente à Panzi ? « Une victime de viol ayant reçu un coup de feu dans ses organes génitaux. » Le Dr Mukwege se souvient : « La violence macabre ne connaissait aucune limite. »

Le combat inachevé

Près de trois décennies plus tard, le constat est amer. « Cette violence malheureusement ne s’est jamais arrêtée », déplore-t-il, alors que l’Est de la RDC continue de brûler.

Lemera n’est pas qu’un souvenir. C’est le point de départ d’un combat qui a valu au gynécologue la reconnaissance mondiale, mais aussi de multiples menaces. Aujourd’hui encore, il continue de plaider pour la vérité et la justice, portant la mémoire des victimes comme un étendard.

Dans les couloirs de Panzi, où des milliers de femmes ont retrouvé espoir, l’écho de Lemera résonne toujours. Rappel douloureux que les héros naissent souvent dans l’horreur, et que les plus belles légumes poussent sur les terres les plus meurtries.

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