La guerre pour le contrôle de l’Est de la RDC a connu un nouveau tournant critique ce dimanche 21 septembre. Les rebelles du M23 se sont emparés de la cité stratégique de Nzibira, dans le territoire de Walungu (Sud-Kivu), à l’issue de plusieurs heures de combats intenses contre les Forces armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés, les combattants Wazalendo.
Dès le matin, les assaillants ont lancé une offensive multi-frontale, appuyée par des bombardements soutenus et l’usage de véhicules blindés, selon des sources locales et militaires. Les affrontements se sont rapidement étendus aux villages voisins de Cisaza, Cibanda, Muyange, Karhuliza et Kalongo, provoquant un déplacement massif de civils fuyant les violences.
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Une perte stratégique et symbolique
La chute de Nzibira constitue un revers significatif pour l’armée congolaise. Cette cité n’est pas qu’un point géographique ; elle est un carrefour économique et militaire crucial, situé au cœur d’une zone riche en cassitérite et en or. Sa perte compromet les efforts de sécurisation de la région et offre au M23 un nouveau bastion d’où étendre son influence.
Les Wazalendo, qui participaient à la défense du secteur, ont justifié leur retrait par la nécessité de « préserver les vies des populations civiles ». Une argumentation qui peine à masquer la réalité tactique : la supériorité militaire momentanée des rebelles.
Le Nord-Kivu aussi sous pression
Dans le même temps, les FARDC ont tenté de reprendre l’initiative dans la province voisine du Nord-Kivu, en pilonnant plusieurs positions rebelles dans les territoires de Masisi et Walikale. Une offensive destinée à soulager la pression sur le Sud-Kivu et à déstabiliser les arrières du M23.
Samedi déjà, les responsables militaires de la 3e zone de défense avaient dénoncé une série d’attaques « ciblées et coordonnées » de la coalition RDF/AFC/M23 contre plusieurs localités des deux Kivu. Preuve que la rébellion mène une campagne concertée sur multiple fronts.
Une population prise en étau
Derrière les rapports militaires, c’est le drame humanitaire qui s’aggrave. Les habitants de Nzibira et des villages alentour ont fui en masse, sans aucun garantie de sécurité ni d’accès à l’aide humanitaire. Les organisations sur place redoutent une nouvelle crise des déplacés dans une région déjà saturée par des années de conflit.
La communauté internationale, souvent silencieuse, observe une nouvelle fois la situation se dégrader sans parvenir à imposer une solution politique ou militaire crédible.
La prise de Nzibira par le M23 n’est pas qu’une victoire tactique ; c’est un signal fort envoyé à Kinshasa et à la communauté internationale : la rébellion reste capable de prendre l’initiative, et la guerre est loin d’être terminée.