L’Alliance Fleuve Congo (M23), par la voix de son porte-parole politique Laurence Kanyuka, a lancé une sévère mise en garde samedi 5 juillet 2025. Le groupe rebelle accuse Kinshasa d’avoir initié un déploiement militaire massif dans plusieurs zones de l’Est du pays, à peine une semaine après la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington.
Selon le M23, des troupes des FARDC appuyées par l’armée burundaise auraient installé des équipements lourds dans des zones densément peuplées. Le mouvement qualifie ces actes d’« irresponsables » et les assimile à des « crimes contre l’humanité ». Il accuse Kinshasa de saboter les négociations en cours à Doha et de ne pas respecter les engagements pris à Washington.
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Un accord de paix sous pression à l’Est de la RDC
L’accord de paix signé le 27 juin 2025 prévoit la cessation des hostilités, le retrait des troupes étrangères, la neutralisation des groupes armés, dont le M23 et les FDLR, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (JSCM). Mais pour le M23, les récents actes militaires de Kinshasa constituent une violation flagrante de ces engagements.
En réponse à ce qu’il considère comme une « agression militaire », le M23 prévient qu’il se réserve le droit de se défendre et de protéger les populations sous son contrôle. « Kinshasa refuse d’honorer les mesures de confiance, malgré les gestes de bonne foi du mouvement », souligne le communiqué.
Administration parallèle, taxes illégales : le rapport accablant de l’ONU sur le M23
Un nouveau rapport du groupe d’experts des Nations Unies accuse le M23 de consolider une administration parallèle dans les zones qu’il contrôle, notamment à Goma et Bukavu. Le mouvement aurait remplacé les services officiels congolais de douane et de migration par ses propres agents et laissé à Kigali le soin de contrôler les marchandises à la frontière.
Les experts dénoncent également une pression sur les entreprises et ONG pour qu’elles paient des taxes au M23, sous peine de représailles. Certaines structures ont d’ailleurs cessé leurs activités pour éviter les sanctions de l’ONU.
Kinshasa contre-attaque et accuse le Rwanda
Le gouvernement congolais rejette fermement l’administration parallèle instaurée par le M23 et accuse Kigali de soutenir activement le mouvement, y compris par des déportations de populations vers les zones occupées.
Ce regain de tensions soulève de sérieuses interrogations sur la viabilité de l’accord de paix et la volonté réelle des parties à s’engager vers une paix durable.