Une réunion tripartite sous haute tension s’est ouverte ce jeudi à Addis-Abeba entre la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Menée par le vice-premier ministre congolais Jacquemain Shabani, cette rencontre vise à apaiser les tensions liées à la gestion des réfugiés RDC-Rwanda, dans un contexte régional marqué par les violences persistantes à l’Est de la RDC.
Les discussions portent notamment sur la situation délicate des réfugiés congolais installés au Rwanda et celle des réfugiés rwandais vivant en RDC. Ces déplacements massifs résultent des combats impliquant le groupe armé M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir. Des accusations que le Rwanda continue de rejeter, tout en appelant à une coopération plus « pragmatique » sur le terrain humanitaire.
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Risques de refoulement et pression sur le HCR
La réunion intervient alors que des inquiétudes croissantes émergent sur de possibles violations du droit international, notamment en matière de refoulement forcé. Début juin, la ministre congolaise des Droits humains, Maître Chantal Chambu, avait dénoncé publiquement la déportation de civils congolais vers le Rwanda. À Genève, elle a exhorté le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés à retirer tout soutien du HCR à ces transferts controversés.
Le rôle de l’agence onusienne dans cette crise est donc au cœur des échanges. Objectif : obtenir des garanties sur la protection des civils, le respect des droits humains et la mise en place de mécanismes bilatéraux durables entre Kinshasa et Kigali.
Une diplomatie humanitaire sous pression
Malgré la gravité de la situation, les trois parties affichent une volonté prudente d’aboutir à des engagements concrets. Dans les coulisses, la communauté internationale observe de près cette tentative de rétablir un dialogue autour de la question des réfugiés RDC-Rwanda, considérée comme un maillon essentiel pour stabiliser la région des Grands Lacs.
Tandis que la crise humanitaire s’aggrave à l’Est, Addis-Abeba pourrait bien devenir le théâtre d’un premier pas vers une désescalade, encore fragile.