Kagame dévoile sa vérité : « C’est la RDC qui a initié Washington, pas le Rwanda »

Dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera, le président rwandais Paul Kagame a livré sa version des événements qui ont conduit…

Journal de Kinshasa

Dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera, le président rwandais Paul Kagame a livré sa version des événements qui ont conduit aux accords de paix signés le 4 décembre à Washington. Loin des déclarations diplomatiques habituelles, Kagame a dévoilé une vision tranchée des négociations, affirmant que c’est la RDC qui a initié les processus de Doha et Washington, et non son pays.

« La RDC a tout initié, pas nous »

Le chef de l’État rwandais a balayé une critique récurrente : « Les autres dirigeants et pays africains nous reprochaient, à nous le Rwanda, d’avoir quitté les processus et initiatives africains pour aller à Qatar ou venir ici à Washington. Or c’est lui-même, Tshisekedi, le président de la RDC, qui avait pris l’initiative de tout cela ».

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Selon Kagame, Tshisekedi aurait cru pouvoir « manipuler, soit le processus au Qatar, soit le processus ici à Washington, en sa faveur », profitant selon lui de l’image de la RDC comme « trop grande, trop importante » et convoitée par le monde entier.

Une préférence pour la diplomatie « transactionnelle » de Trump

Kagame a exprimé son adhésion à la méthode diplomatique du président américain Donald Trump, qu’il décrit comme fondée sur des « accords transactionnels » visant des résultats immédiats et concrets. Cette approche, selon lui, offre « davantage de chances de réussite » que les discours occidentaux traditionnels sur la démocratie et les droits humains.

« Je n’ai jamais vu un niveau de concentration, d’attention, d’énergie et de pression comparable à celui exercé par Washington dans ce dossier », a-t-il affirmé, saluant l’implication américaine comme un signe encourageant pour la stabilité régionale.

Le Rwanda riche en minerais : « Nous avons du tungstène de qualité supérieure »

L’une des déclarations les plus marquantes concerne les ressources minières. Kagame a fermement rejeté les accusations selon lesquelles le Rwanda tirerait profit des minerais de la RDC : « Nous avons du tungstène, de l’étain, du tantale, et d’une qualité supérieure à celle d’autres régions ».

Le président rwandais a dénoncé un préjugé persistant : « On a longtemps cru, à tort, que toutes les richesses de la RDC ne se trouvaient qu’en RDC, nulle part ailleurs. Alors, quand nous avons parlé des minéraux du Rwanda — et ils existent bel et bien —, nous avons immédiatement entendu : « Non, ça ne vient pas de chez vous, ça vient de la RDC » ».

Scepticisme envers Tshisekedi et engagement maintenu

Malgré son optimisme affiché sur les accords de Washington, Kagame a émis des réserves quant à la fiabilité du président congolais. Il a rappelé l’histoire de la RDC qui « signe des accords puis dit le contraire », tout en affirmant que le Rwanda a toujours répondu présent aux invitations à négocier.

« Nous n’avons pas abandonné les processus africains. Nous nous sommes présentés, avons exposé les faits et nous nous sommes concentrés sur les véritables causes profondes », a-t-il insisté, défendant la participation rwandaise à la fois au processus de Doha et à celui de Washington.

Un tournant pour la région des Grands Lacs ?

Cette interview intervient à un moment crucial, alors que les premiers signes de mise en œuvre des accords de Washington commencent à apparaître. Kagame y exprime l’espoir d’« un tournant de paix durable pour la région », tout en maintenant une position ferme sur les responsabilités et les enjeux économiques.

Les révélations de Kagame — notamment sur l’initiative congolaise des pourparlers et sur les ressources minières rwandaises — apportent un éclairage nouveau sur la dynamique des négociations. Elles risquent de raviver les tensions diplomatiques même après la signature des accords, alors que la confiance entre les deux capitales reste fragile et que la mise en œuvre sur le terrain constitue le véritable défi à venir.

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