Politique




RDC-Rwanda : Les détails du texte qui doit sceller la paix à Washington

Ce jeudi 4 décembre 2025, à Washington, les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda signent un ensemble d'accords historiques…

Journal de Kinshasa

Ce jeudi 4 décembre 2025, à Washington, les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda signent un ensemble d’accords historiques baptisé « Washington accords for peace and stability ». Ce dispositif, dont RFI a pu consulter les documents, représente une refonte complète du processus diplomatique engagé depuis le printemps, unifiant déclarations de principe, accords de paix et cadre économique dans une architecture unique.

Les trois piliers d’un accord fondateur

L’accord repose sur trois piliers interdépendants. Le premier concerne la neutralisation des FDLR, groupe armé d’origine hutu rwandaise que Kigali considère comme une menace existentielle. Le texte prévoit une approche graduelle, bien qu’aucune reddition n’ait été enregistrée lors de la phase de sensibilisation initiale.

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Le deuxième pilier, le plus sensible, traite du désengagement militaire et de la levée des mesures défensives du Rwanda. Kigali conditionne tout retrait à une neutralisation effective des FDLR, une position qui pourrait retarder les avancées concrètes sur le terrain.

Le troisième pilier, présenté comme « le cœur du processus », instaure une intégration économique régionale ambitieuse, avec les minerais stratégiques au centre des préoccupations.

Les minerais au cœur de la nouvelle architecture économique

Le cadre d’intégration économique régionale, signé ce jeudi, constitue l’ossature économique du processus de Washington. Son objectif : réorganiser de manière transparente et contrôlée les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques (étain, tantale, tungstène, niobium, or, lithium) qui alimentent depuis des décennies les économies informelles et les groupes armés dans la région.

Le dispositif prévoit la création de centres de « tolling » publics-privés aux postes-frontières ou dans des zones économiques spéciales, chargés de vérifier la traçabilité des minerais, certifier les flux, appliquer automatiquement taxes et droits, et sécuriser les cargaisons destinées au commerce international.

Des projets concrets dans le secteur minier et énergétique

Le cadre finalise des initiatives détaillées incluant des systèmes d’inspection des sites miniers, le suivi complet de la chaîne de custody, la certification des exportations et l’harmonisation des politiques fiscales. S’y ajoutent des propositions de zones économiques spéciales transfrontalières et de mécanismes d’investissement conjoints destinés à attirer les grands groupes miniers internationaux.

Sur le plan énergétique, Kinshasa et Kigali réactivent des projets structurants comme Ruzizi III et prévoient une exploitation coordonnée du méthane du lac Kivu, avec la perspective de constituer un véritable pool énergétique régional.

Deux accords bilatéraux parallèles

Ce dispositif régional sera doublé de deux accords bilatéraux distincts avec les États-Unis. Le premier, entre Kigali et Washington, formalise une coopération minière déjà avancée, avec la société Trinity Metals au centre des échanges. En septembre, une première cargaison de tungstène rwandais est arrivée aux États-Unis.

Le second, le Partenariat stratégique RDC-États-Unis en 17 articles, récapitule les projets de coopération engagés depuis l’élection de Donald Trump, incluant le barrage d’Inga, le Corridor de Lobito et, surtout, un programme d’exploration minérale à grande échelle en RDC. La société KoBold Metals, active dans le lithium, figure au centre de ce dispositif, avec le soutien américain pour développer le gisement de Roche Dure à Manono.

Une gouvernance complexe pour la mise en œuvre

La mise en œuvre reposera sur une architecture institutionnelle sophistiquée : un sommet annuel de haut niveau, un comité de pilotage (REIF Steering Committee) et plusieurs groupes de travail sectoriels chargés de traduire ces engagements en programmes opérationnels.

Cet accord, présenté comme une avancée symbolique majeure, laisse toutefois en suspens la transformation de ces engagements en faits concrets sur le terrain. La réussite dépendra autant de la volonté politique de Kinshasa et Kigali que de la capacité des États-Unis à maintenir une pression diplomatique constante sur les deux capitales, dans une région où les minerais stratégiques demeurent à la fois une malédiction et une promesse de développement.

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