Un vent d’espoir a soufflé ce lundi 1er décembre sur la Prison Centrale de Makala à Kinshasa. Sous l’œil vigilant du ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngéfa Atondoko Andali, 114 détenus, dont 61 du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK), ont retrouvé la liberté conditionnelle. Parmi eux, deux femmes et un cas emblématique : Selema Thomas, 72 ans, qui affirme avoir été incarcéré arbitrairement pour lui voler sa terre.
À 8h45 précises, le ministre est arrivé pour superviser personnellement cette opération de grande ampleur. Ce geste lance sa politique de désengorgement carcéral et envoie un message clair : la page des pratiques arbitraires est tournée.
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« Ce qui s’est passé avant ne peut plus se répéter »
Face à l’administration pénitentiaire, le ton était ferme mais serein. Le ministre a exhorté le directeur de la prison à la rigueur et à la prudence, rappelant le « contexte géopolitique sensible ». Il a déclaré : « Ce qui s’est passé avant ne peut plus se répéter. » Ainsi, il a dénoncé les libérations laxistes d’antan et annoncé une nouvelle ère.
Le directeur de Makala, André Kanza, a conduit la procédure avec minutie. Après l’appel nominal, le ministre a remis lui-même à chaque détenu sa fiche de libération, véritable sésame vers la liberté.
Des critères stricts, pas de cadeaux
Ces libérations suivent des critères précis. Elles reposent sur l’analyse des cartes de peine, l’évaluation du comportement exemplaire et le respect des conditions légales d’éligibilité. Selon le directeur Kanza, elles ne sont « pas le fruit du hasard ». Cette méthode redonne de la crédibilité à l’institution et à la liberté conditionnelle, souvent décriée par le passé.
Le symbole Selema Thomas : la lutte contre la spoliation des faibles
Parmi les visages émaciés sortis de prison, celui de Selema Thomas, 72 ans, a marqué les esprits. Le septuagénaire affirme avoir été victime d’une incarcération arbitraire orchestrée par « un homme haut placé » pour le spolier de sa parcelle. Sa libération représente pour lui une première étape. Dès sa sortie, il a lancé un appel au ministre : « Que mon dossier soit réexaminé pour que je récupère mon bien. » Ce cas devient le symbole de la nouvelle bataille du ministre : lutter contre l’impunité des puissants et réparer les injustices passées.
Les bases d’une nouvelle politique carcérale
Au-delà du geste humanitaire, cette opération pose les jalons d’une nouvelle politique pénitentiaire. Le gouvernement souhaite humaniser les conditions de détention, respecter les droits humains et déjudiciariser certains dossiers. L’objectif consiste à concilier sécurité juridique et compassion.
Pour les milliers de détenus encore entassés à Makala, cette opération constitue un signal fort. La liberté conditionnelle redevient un droit encadré et non une faveur. Pour la société civile et les familles des détenus, elle représente l’espoir d’une réforme durable de la justice et des prisons. Le chemin sera long, mais la première pierre est désormais posée.
