KINSHASA. – L’appât du gain peut-il soulever des montagnes ? Faire d’une équipe de football les héros d’une nation ? À deux matchs d’un rêve qui hante le pays depuis des décennies, la République démocratique du Congo mise sur une arme secrète : un chèque d’un million de dollars. Par joueur. La promesse, venue du sommet de l’État, est simple, presque brutale. Qualifiez-vous pour les barrages intercontinentaux, et la banque ouvrira ses coffres. Même sans le sésame pour la Coupe du monde.
Sur le papier, le chemin semble tracé. Battre le Cameroun ce jeudi. Puis, le vainqueur de Gabon-Nigeria, dimanche. Deux victoires pour accéder à l’antichambre du Mondial 2026, et empocher la plus grosse prime de l’histoire du football congolais. L’information, confirmée par Sport News Africa, a dû faire son effet dans le vestiaire des Léopards. Le président Félix Tshisekedi lui-même aurait donné des consignes fermes à la Rawbank : en cas de succès, les virements seront exécutés. Immédiatement.
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Une prime XXL, mais une cible ajustée. Car l’objectif n’est pas encore la phase finale de la Coupe du monde. Seulement les barrages intercontinentaux, ce ultime tournoi où six nations se disputeront les deux derniers billets pour l’Amérique du Nord. La RDC, si elle s’y hisse, y sera favorite. Face à la Nouvelle-Calédonie ou la Bolivie, le talent des Bakambu, Mbemba ou Wan-Bissaka pourrait faire la différence.
Sur le terrain, les circonstances semblent sourire aux Léopards. Face à eux, un Cameroun affaibli. Choupo-Moting et Zambo Anguissa forfaits, Onana incertain… Les Lions Indomptables ont la gueule de bois. Une aubaine pour une RDC qui n’a plus participé à une Coupe du monde depuis 1974, alors qu’elle s’appelait encore le Zaïre.
Reste une question, dans les couloirs du stade de Rabat : cet argent, s’il motive les joueurs, ne risque-t-il pas de les paralyser ? Le sélectionneur Sébastien Desabre, lui, devra composer avec cette pression dorée. Lui et son staff, d’ailleurs, ne toucheront pas un centime de ce pactole. Seuls les joueurs sont concernés. Une distinction qui pourrait créer des tensions, ou au contraire souder le groupe autour d’un objectif commun.
Ce jeudi, au coup d’envoi, ce ne seront pas seulement des footballeurs qui entreront sur la pelouse. Ce seront des hommes à un match d’un changement de vie. L’histoire du football congolais s’écrit ici, à Rabat, portée par l’espoir d’un peuple et le doux son des machines à billets.
