La lecture de l’arrêt a commencé. Dans le prétoire de la Haute Cour militaire de Kinshasa, chaque mot pèse comme une sentence. Joseph Kabila, l’ancien homme fort du Congo, est jugé par contumace, absent mais omniprésent dans les accusations qui s’accumulent contre lui. Le tribunal, dans sa lecture méthodique, épouse intégralement la thèse de l’accusation.
Le chef de guerre en costume présidentiel
Les révélations de la Cour dessinent le portrait terrifiant d’un président à double face. À Goma comme à Bukavu, loin des fastes du palais de la Nation, Joseph Kabila tenait de « véritables réunions d’état-major pour la conduite des hostilités ». L’image est forte : le commandant en chef des armées congolaises organisant, dans l’ombre, la rébellion qui saignait son propre pays.
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Plus grave encore, la composition de la Cour affirme que l’ex-dirigeant effectuait des « inspections dans des centres d’instruction » des rebelles de l’AFC/M23. Une accusation qui le place au cœur même de la machine de guerre insurgée.
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Le jugement va plus loin, brossant une continuité insoupçonnée dans l’ombre des conflits congolais. Joseph Kabila, selon la Haute Cour militaire, « avait toujours été, bien qu’étant président de la RDC, le chef incontesté de tous les mouvements rebelles qu’a connu le pays depuis la rébellion de Mutebusi ». Une sentence qui réécrit quinze ans d’histoire congolaise.
Nationalité et biens : la prudence de la Cour
Face aux parties civiles qui ont présenté avec « témérité » l’ex-président comme « Rwandais », la Haute Cour militaire marque ses limites. Elle se déclare incompétente sur cette question épineuse, renvoyant les parties devant le gouvernement. « La haute cour militaire ne statuera que ‘sur la personne et les faits' », précise-t-elle, tout en notant que « le prévenu Joseph Kabila est de nationalité congolaise ».
Sur le front des biens, autre décision notable : la Cour n’autorise pas la mise sous séquestre des avoirs de l’ancien président. La raison est technique, mais significative : « Joseph Kabila est poursuivi pour des infractions qui ne prévoient pas la peine complémentaire de confiscation ».
Alors que la lecture de l’arrêt se poursuit, un pays retient son souffle. Chaque phrase prononcée dans l’enceinte judiciaire de Kinshasa construit non seulement le verdict d’un homme, mais aussi le jugement d’une époque. Entre les murs de la Haute Cour militaire, c’est toute l’histoire récente de la RDC qui passe en jugement.