Tout est prêt ce mardi à la Haute Cour Militaire de Kinshasa. Dans l’enceinte judiciaire, l’air semble alourdi par le poids de l’histoire. Magistrats, avocats et parties civiles attendent l’heure du verdict. Il doit clore l’un des procès les plus graves depuis l’indépendance de la RDC en 1960 : celui de l’ancien président Joseph Kabila.
L’ex-chef de l’État, absent mais omniprésent, comparaît par contumace. Les chefs d’accusation résonnent comme un réquisitoire contre ses années de pouvoir : participation à un mouvement insurrectionnel, crimes contre l’humanité par le viol, apologie du terrorisme attribué à l’AFC-M23. Chaque mot pèse son poids de douleur et de sang.
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Un procès historique aux enjeux colossaux
Ouvert en juillet 2025, ce procès déroule une page sombre de l’histoire congolaise. L’ancien président, au pouvoir de 2001 à 2019, vit aujourd’hui à l’étranger. Il est accusé de complicité avec le M23, soutenu par le Rwanda. Les charges sont lourdes : trahison, crimes de guerre, homicides, viols, actes de torture, jusqu’à l’occupation de Goma.
Le ministère public a été implacable. L’auditeur général Lucien-René Likulia a requis la peine de mort. Il a ajouté des peines cumulées pouvant atteindre trente-cinq ans de prison. Les provinces meurtries du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri réclament plus de trente milliards de dollars de réparations. Une somme astronomique qui illustre l’ampleur des préjudices.
Entre justice et symbolisme politique
Le chemin vers ce verdict a été tumultueux. En septembre, la Cour a rouvert partiellement l’instruction. Mais aucun nouveau témoin n’a été entendu pour des raisons sécuritaires. Les débats se sont crispés autour de la qualification des faits. Les parties civiles ont exigé une requalification de la trahison en espionnage. Ce point a ravivé les polémiques sur la nationalité de Kabila.
Depuis l’étranger, l’ancien président a dénoncé un procès « politique ». Début septembre, il a rejeté en bloc toutes les accusations. Selon lui, ces poursuites visent à écarter un acteur majeur et à permettre au régime actuel de « régner sans partage ».
Ce mardi 30 septembre, la justice congolaise s’apprête à écrire l’épilogue de cette affaire hors norme. Mais l’histoire ne sera peut-être pas uniquement judiciaire. Dans le prétoire, c’est tout un pays qui retient son souffle. Le verdict décidera du sort d’un ancien président, mais aussi de la capacité de la RDC à juger ses plus puissants.