Politique




Kamerhe face à ses juges : le bureau de l’Assemblée nationale au bord de l’implosion

Dans l’hémicycle surchauffé du People’s Palace, c’est une séance qui pourrait bien sceller des destins. Ce lundi 22 septembre, les…

Dans l’hémicycle surchauffé du People’s Palace, c’est une séance qui pourrait bien sceller des destins. Ce lundi 22 septembre, les députés nationaux examinent en séance plénière le rapport de la commission spéciale chargée d’analyser les pétitions réclamant la destitution de cinq membres du bureau de l’Assemblée nationale. Au centre de la cible : son président, Vital Kamerhe, dont la carrière politique se joue en ce moment même, sous le regard de ses pairs.

Convoquée par le premier vice-président, Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, cette plénière est l’aboutissement de trois jours de procédure accélérée, presque fébrile. Pendant 72 heures, la commission présidée par Peter Kazadi – député influent de l’UDPS – a écouté, questionné, pesé chaque mot. Elle a entendu les accusateurs, puis les accusés. Vendredi, Kamerhe s’est présenté pour sa défense, revenant samedi pour compléter ses arguments, comme un boxeur qui enchaîne les rounds dans un combat dont il ne maîtrise plus les règles.

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Des accusations qui frappent fort

Les griefs sont lourds, très lourds. Les pétitionnaires – plus de 250 députés – accusent le bureau de mauvaise gestion financière, de non-respect du règlement intérieur et, plus grave encore, de suspension abusive des soins médicaux destinés aux élus et à leurs familles. Une charge qui touche à l’intime, à la dignité même de la fonction parlementaire.

Face à eux, les cinq mis en cause – Kamerhe, le rapporteur Jacques Djoli, la rapporteure adjointe Dominique Munongo, la questeure Chimène Polipoli et la questeure adjointe Grâce Neema – ont défendu leur bilan, dénonçant une procédure bâclée, motivée par des calculs politiques plus que par la recherche de la vérité.

Une procédure minée par la controverse

Car dans les couloirs, on chuchote que ce rapport est déjà écrit. Que la majorité présidentielle, lassée de l’indépendance tatillonne de Kamerhe, a décidé de lui régler son compte. Certains députés, pourtant, estiment que la défense a été convaincante, que les arguments des pétitionnaires sont fragiles, et que la procédure est entachée d’irrégularités.

La commission de 22 membres, majoritairement issue des groupes parlementaires, a donc œuvré dans un climat de défiance mutuelle. Son rapport, aujourd’hui sur le bureau de l’hémicycle, est une bombe à retardement. Chaque ligne, chaque conclusion sera disséquée, contestée, instrumentalisée.

Le verdict des urnes… parlementaires

La séance de ce lundi s’annonce donc comme un moment de vérité. Les députés devront trancher : suivre les recommandations – probablement sévères – de la commission, ou au contraire, rejeter le rapport et donner raison à Kamerhe et son équipe.

Quelle que soit l’issue, une chose est sûre : l’Assemblée nationale ne sortira pas indemne de cette épreuve. Soit elle congédie son président, au risque de se déchirer ; soit elle le blanchit, au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de l’opinion.

À quelques mètres de là, dans son bureau, Vital Kamerhe attend. Le maître des lieux est devenu l’accusé. Et c’est désormais à ses juges – ses collègues députés – de décider de son sort. La démocratie congolaise, ce lundi, tient en haleime.

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