En République démocratique du Congo, les scandales politico-financiers se suivent, mais ne se ressemblent pas toujours. Celui qui entoure l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, en revanche, cristallise tous les ingrédients d’une crise institutionnelle profonde : accusations lourdes, silence judiciaire, protection politique et opinion publique outrée.
Au cœur de l’orage, un homme : Nicolas Kazadi, soupçonné d’avoir détourné plus de 500 millions de dollars à travers des opérations douteuses, des surfacturations massives et une gestion opaque des fonds publics. Malgré cela, l’ancien grand argentier continue de circuler librement, bénéficiant d’une immunité parlementaire jalousement préservée par plus de 350 députés.
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Pour Éric Kamba, analyste politique, ce n’est ni un hasard, ni une coïncidence :
« Pourquoi Nicolas Kazadi n’est-il pas poursuivi ? Pourquoi un homme soupçonné de détournement à si grande échelle continue-t-il de jouir d’une telle liberté alors que les preuves s’accumulent et que les soupçons se renforcent ? »
L’analyste dénonce un verrouillage systémique orchestré par un appareil d’État qui préfère protéger l’un des siens plutôt que de rendre des comptes au peuple.
« Le scandale est moral autant qu’institutionnel. Ce n’est pas la force de Kazadi qui le protège, mais sa connaissance intime des mécanismes du système. Il a vu, entendu, signé, cautionné. Il détient des secrets. Et pour éviter de tomber, il empêche que la vérité éclate. »
L’affaire des lampadaires – devenus le symbole de la surfacturation grotesque – n’est qu’un exemple parmi d’autres. D’après Kamba, la stratégie de Kazadi repose sur l’achat de silence, le chantage d’appareil et une influence soigneusement cultivée dans les plus hautes sphères de l’État. Pendant ce temps, le peuple trinque.
« Pendant que des centaines de millions disparaissent, des Congolais vivent sans électricité, sans eau, sans soins, sans avenir. Cet argent aurait pu changer des vies. À la place, il alimente un système de prédation cynique. »
Pour Éric Kamba, le statu quo ne peut pas durer. La justice doit reprendre la main, sans céder aux pressions politiques :
« Si Kazadi est innocent, qu’il se présente devant les juges et défende son honneur. Dans un État de droit, nul n’est au-dessus de la loi. Pas même un ancien ministre. »
L’affaire Kazadi soulève aussi une autre problématique : la crédibilité de la lutte contre la corruption, souvent brandie comme étendard politique, mais rarement suivie d’actes concrets contre les figures de pouvoir.
« Les voleurs en cravate sont recyclés au lieu d’être jugés. Ils sont protégés, applaudis, alors que la population attend que des comptes soient rendus. »
À ce jour, aucun procès, aucune audition publique, aucun gel d’avoirs. L’inaction judiciaire alimente la colère populaire, et fragilise davantage les institutions de la République. Mais l’Histoire, elle, n’oubliera pas.
« Le peuple observe. Les procureurs ont la balle. Le monde regarde. Et l’Histoire retiendra ceux qui ont choisi l’omerta au lieu de la justice. »