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Le procès Honorine Porsche bascule-t-il vers la perpétuité ?

Kinshasa, ce mardi. Le tribunal militaire de garnison de Gombe, siégeant exceptionnellement au Camp Lufungula, a vécu des heures de haute…

Journal de Kinshasa

Kinshasa, ce mardi. Le tribunal militaire de garnison de Gombe, siégeant exceptionnellement au Camp Lufungula, a vécu des heures de haute tension. À la barre, une femme dont le cas défie les classifications habituelles du crime : Honorine Porsche, présentée comme le cerveau d’un braquage audacieux contre l’agence Victoire de la Rawbank. Face à elle, le parquet militaire a requis la peine maximale : la servitude pénale à perpétuité pour association de malfaiteurs.

L’atmosphère était lourde dans cette chambre foraine, où la justice se fait sans fard. « Qu’il plaise à votre tribunal de déclarer la prévenue Honorine Porsche coupable des préventions retenues à sa charge », a tonné le magistrat militaire, ses mots résonnant comme un glas dans le silence feutré de la salle d’audience.

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La dépression, un argument rejeté

Le véritable duel judiciaire s’est joué autour d’une question : Honorine Porsche était-elle en pleine possession de ses moyens lors des faits ? La défense avait tenté d’invoquer l’état dépressif de l’accusée. Un argument balayé d’un revers de main par l’avocat de la Rawbank, partie civile dans ce procès hors norme.

« La dépression n’est pas une cause de non imputabilité en droit congolais », a asséné l’avocat de la banque, dans une argumentation juridique implacable. Même en se référant au droit français, a-t-il précisé, cette condition n’est recevable que si le trouble « abolit totalement le discernement » et est « instantané aux faits » – non « occasionnel ou circonstanciel ».

Une lucidité troublante

Selon la partie civile, bien loin de montrer des signes d’aliénation, Honorine Porsche aurait fait preuve d’une clarté d’esprit déconcertante. « La prévenue était lucide et ne s’est pas contredite dans ses dires », a insisté l’avocat. Pis : elle aurait même « décrit les circonstances qui ont conduit à l’acte posé » avec une précision qui témoignerait d’une pleine conscience de ses actes.

L’accusation parle d’une femme qui aurait « exploité sa propre turpitude », manipulant le système judiciaire en invoquant des troubles psychologiques qui n’auraient pas affecté sa capacité de discernement au moment des faits.

Le spectre de la perpétuité

La requête d’emprisonnement à vie pèse lourd dans cette affaire qui dépasse le simple cas de banditisme. Honorine Porsche n’est pas présentée comme une complice, mais comme l’instigatrice – cette « présidente braqueuse » dont le titre paradoxal résume tout le scandale.

Alors que le tribunal a levé l’audience pour délibéré, une question demeure : la justice militaire fera-t-elle sienne la sévérité requise par le parquet ? L’affaire Honorine Porsche dépasse désormais le cadre d’un simple braquage. Elle est devenue le symbole d’une justice congolaise face à la criminalité organisée, et le test de sa capacité à trancher dans le vif quand le crime se pare des atours du leadership.

Le verdict, attendu dans les prochains jours, dira si la « présidente braqueuse » rejoint le rang des criminels condamnés à disparaître à jamais derrière les barreaux.

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