L’accord de paix signé le 27 juin 2025 à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis, contient deux engagements majeurs : la levée des mesures sécuritaires prises par Kigali et le démantèlement des FDLR, groupe armé hostile au régime rwandais. Cette clause, saluée par Kinshasa, Kigali et même par le M23, suscite une vive controverse, notamment après la publication d’une lettre ouverte du groupe FDLR adressée à Donald Trump.
Dans cette missive, rendue publique le 7 juillet par la BBC Gahuza, branche kinyarwanda de la BBC, le lieutenant-général Byiringiro Victor, chef des FDLR, remercie l’ancien président américain pour son implication dans l’accord, tout en rejetant l’idée que leur élimination apporterait une solution durable. Il appelle plutôt à « un dialogue global et sincère » pour résoudre les racines du conflit. « Détruire les FDLR ne résoudra pas le problème », insistent-ils.
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Kigali accuse la BBC de promouvoir une force génocidaire
La publication de cette lettre par la BBC a suscité une réaction furieuse du gouvernement rwandais. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a posté ce mardi 8 juillet sur X (anciennement Twitter) :
« Il est inacceptable que la British Broadcasting Corporation continue de blanchir, d’assainir et de promouvoir les FDLR, une force génocidaire que la RDC, le Rwanda, les États-Unis et la communauté internationale dans son ensemble se sont engagés à neutraliser. »
Pour Kigali, les FDLR représentent une menace existentielle. Le président Paul Kagame l’a rappelé lors d’une conférence de presse tenue le 5 juillet à Kigali :
« Nous avons des capacités que vous ignorez. Nous pouvons marcher deux mille kilomètres d’ici pour combattre si et quand nous le devons. »
Il a ajouté que le Rwanda ne négociera jamais avec les FDLR, qualifiées de groupe terroriste formé de survivants du génocide de 1994. Ce que dément le groupe, accusant Kigali de manipuler l’opinion internationale.
Une paix encore fragile malgré les engagements
Selon les termes de l’accord de Washington, le démantèlement des FDLR devra être effectif dans un délai de 90 jours. Cette exigence vise à rassurer Kigali, qui justifie la présence de ses troupes en RDC par la nécessité de neutraliser cette milice. En contrepartie, la RDC espère le retrait progressif des forces rwandaises et une réduction de l’influence du M23 dans l’Est congolais.
L’ONU, dans une résolution adoptée en février 2025, a également demandé à Kinshasa de cesser tout soutien aux FDLR, tout en appelant Kigali à retirer ses troupes et à mettre fin à son appui au M23. Une position équilibrée mais encore difficile à concrétiser sur le terrain.
Dialogue ou affrontement : quelle suite pour la paix dans les Grands Lacs ?
Alors que les pourparlers de Doha se poursuivent entre Kinshasa et le M23, la question du démantèlement des FDLR reste un point de cristallisation. Si les autorités congolaises ont promis d’agir, la réalité sur le terrain et les méfiances mutuelles laissent planer l’ombre d’un nouveau cycle d’affrontements.
Et si le démantèlement des FDLR, loin de pacifier la région, risquait plutôt d’ouvrir un nouveau front diplomatique et militaire ?