Société




Mémoire de Cendres, Mémoire d’Avenir : Le Récit des Oubliés

PARIS. Le vent froid de novembre balaie les Champs-Élysées, courbant les flammes tremblantes du souvenir. Ce mardi 11 novembre 2025, la…

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PARIS. Le vent froid de novembre balaie les Champs-Élysées, courbant les flammes tremblantes du souvenir. Ce mardi 11 novembre 2025, la pierre blanche de l’Arc de Triomphe se dresse, silencieuse sentinelle d’une mémoire centenaire. Parmi les chefs d’État et les uniformes chamarrés, un homme incarne un hommage plus vaste, plus lointain. Éliezer Ntambwe, ministre congolais des Anciens combattants, représente une nation dont les soldats, un jour, sont venus mourir pour une liberté qui n’était pas encore la leur.

Sous le regard de pierre de la France éternelle, le président Emmanuel Macron prononce des mots qui réveillent une douleur ancienne. Il évoque le sort des « Malgré-Nous », ces 130 000 Alsaciens et Mosellans arrachés à leur terre, contraints de revêtir l’uniforme de l’oppresseur. Environ 40 000 d’entre eux ne sont jamais revenus. Leur histoire est une cicatrice à vif sur le corps de l’Europe, un rappel glaçant de la manière dont la guerre déchire les identités et force les frères à s’entretuer.

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L’Écho Lointain d’un Sacrifice Commun

Mais dans cette cérémonie du recueillement, une autre mémoire, plus lointaine, se superpose au récit européen. Celle que porte, dans le silence de sa délégation, Éliezer Ntambwe. Elle parle de tirailleurs venus d’Afrique, engagés dans une guerre qui n’était pas la leur, et dont le sang a pourtant abreuvé les champs de bataille pour la liberté de tous. Leur sacrifice, souvent relégué aux marges des livres d’histoire, résonne étrangement avec celui des « Malgré-Nous » : deux facettes d’une même tragédie humaine, celle des hommes broyés par la grande machine de l’Histoire.

La présence du ministre à Paris n’est pas qu’un acte protocolaire. C’est un symbole fort, une main tendue entre les mémoires. Elle dit ceci : la paix mondiale n’a pas de frontières. Elle s’enracine dans la reconnaissance de toutes les souffrances, de tous les héroïsmes, qu’ils viennent des bords de la Moselle ou des forêts du Congo.

Du Devoir de Mémoire à l’Action Réformatrice

Ce pèlerinage mémoriel trouve un écho direct dans l’action que mène Éliezer Ntambwe sur son propre sol. Alors qu’il honore les morts à Paris, son ministère orchestre en République Démocratique du Congo une série de réformes ambitieuses, un vaste chantier de reconnaissance et de réparation. Au programme : l’identification nationale des anciens combattants, la réhabilitation de leur patrimoine spolié, une revalorisation salariale et sociale, et la mise en place d’une couverture médicale digne de ce nom.

Ces initiatives ne sont pas de simples mesures administratives. Elles sont les piliers d’une « diplomatie mémorielle » naissante, où honorer ses propres héros, c’est aussi prendre sa place dans le concert des nations qui assument leur histoire.

Entre mémoire et avenir, le message du ministre est un pont jeté entre les douleurs et les espoirs. « Honorer les anciens, affirme-t-il, c’est bâtir une mémoire partagée pour prévenir les conflits de demain. » Une phrase simple, qui résonne comme un credo. Dans le froid de ce 11 novembre, tandis que les hommages se figent dans le marbre et les traditions, une autre idée de la mémoire, vivante, inclusive et réparatrice, s’esquisse. Celle qui, en se souvenant de tous les oubliés, espère enfin construire un avenir où plus personne ne le sera.

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