LONDRES – C’était l’un des mariages les plus discutés du football européen. Huit ans après ses débuts tonitruants, le partenariat entre Arsenal et l’office rwandais de développement (Rwanda Development Board) touchera à sa fin en juin 2026. Une séparation annoncée mercredi d’un commun accord, mais qui met un terme à une collaboration constamment éclaboussée par les accusations de « sportswashing ».
L’accord, signé en 2018, faisait de « Visit Rwanda » le premier sponsor officiel apparu sur la manche du mythique maillot des Gunners. Un placement de choix qui a transformé le club londonien en ambassadeur involontaire d’une nation en quête de rédemption internationale.
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Le bilan contrasté d’une alliance fructueuse
Les deux parties clament haut et fort le succès de cette union. « Nous sommes fiers de ce que cette collaboration a permis d’accomplir », affirme Jean-Guy Afrika, directeur général du Rwanda Development Board. Les chiffres semblent lui donner raison : 1,3 million de visiteurs en 2024, pour 650 millions de dollars de recettes, soit une augmentation de 47 % depuis le début du partenariat.
Du côté d’Arsenal, Richard Garlick, le directeur général, salue un accord ayant « aidé à renforcer nos ambitions dans un modèle durable ». Un euphémisme pour désigner les millions de livres sterling injectés dans les caisses du club, une manne financière dont l’équipe n’aura pas su – ou voulu – se passer.
L’ombre portée du « sportswashing »
Mais derrière les sourires officiels et les communiqués lissés, une autre réalité a toujours plané sur ce partenariat. Des organisations de défense des droits humains, mais aussi le gouvernement de la République démocratique du Congo, n’ont cessé de dénoncer ce qu’ils considéraient comme une opération de blanchiment d’image.
Kinshasa n’a jamais mâché ses mots, qualifiant l’accord de « tâché de sang » en raison de l’implication présumée de Kigali dans le conflit qui déchare l’est de la RDC. La pression est montée crescendo, jusqu’à devenir peut-être trop encombrante pour le club anglais.
La fin d’une ère, le début d’une nouvelle stratégie
Le Rwanda, lui, assure vouloir désormais diversiser ses engagements vers d’autres marchés sportifs internationaux. Une façon élégante de tourner la page sur une collaboration devenue toxique, tout en maintenant jusqu’au bout son soutien aux équipes masculine et féminine d’Arsenal.
La rupture, annoncée avec deux ans d’avance, laisse le temps à chaque partie de préparer l’après. Pour Arsenal, il s’agira de trouver un nouveau sponsor dont la réputation n’éclipsera pas le jeu. Pour le Rwanda, de continuer sa mue en puissance touristique sans le soutien d’un géant du football.
La fin de cette histoire pose une question plus large : dans le monde ultra-marchandisé du sport-business, jusqu’où un club peut-il aller sans compromettre son âme ? La réponse des Gunners, aujourd’hui, est claire : jusqu’ici, mais pas au-delà.
