L’Union européenne se retrouve au cœur d’une tempête diplomatique et politique après l’annonce d’un financement de 51 millions d’euros en faveur du secteur minier rwandais. Une décision qui choque, alors que Kigali est régulièrement pointé du doigt par l’ONU et plusieurs ONG pour son rôle dans le pillage des ressources naturelles de la République démocratique du Congo (RDC) et dans les violences contre les civils à l’Est du pays.
Au Parlement européen, la controverse ne s’est pas fait attendre. Le député Thierry Mariani a dénoncé avec force ce qu’il qualifie « d’incohérence européenne à son comble » :
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« L’UE s’apprête à donner 51 millions d’euros au Rwanda pour son secteur minier, alors qu’il pille les ressources et massacre des civils en RDC. Le Parlement condamne, mais la Commission finance le recel d’un vol. »
Cette sortie reflète un fossé grandissant entre le discours officiel de l’UE sur les droits humains et certaines pratiques de financement.
Les minerais stratégiques, cœur des tensions
La RDC, géant mondial du cobalt, du coltan, de l’or, du cuivre et du lithium, détient des ressources essentielles pour la transition énergétique et les technologies de demain. Mais une partie de ces minerais transite illégalement par le Rwanda.
Selon plusieurs rapports onusiens, Kigali soutient des groupes armés opérant à l’Est du Congo, contrôlant des zones minières stratégiques. Les minerais extraits illégalement sont ensuite exportés via le Rwanda, brouillant leur traçabilité avant d’alimenter les marchés internationaux.
Entre économie et éthique, l’Europe tiraillée
La décision de Bruxelles révèle un dilemme : comment financer un pays accusé d’alimenter des conflits et de profiter de minerais pillés tout en prétendant défendre la paix et les droits humains ?
Pour Kinshasa, qui mène une diplomatie active contre le commerce illégal des minerais, ce financement constitue un affront. Il pourrait raviver les tensions avec Kigali et exacerber les débats sur la responsabilité de l’Europe face aux ressources africaines et aux violations des droits humains.
L’affaire met en lumière la difficulté, pour l’UE, de concilier ses intérêts géostratégiques et économiques avec le respect de ses valeurs fondamentales, dans un contexte où les minerais stratégiques dictent désormais les équilibres diplomatiques du continent.