Alors que Kinshasa célèbre la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila, l’Est du pays résonne d’une autre tonalité. Dans les Kivus, berceau de son influence, le verdict de la Haute cour militaire apparaît comme une persécution politique. Pour beaucoup, il risque de compromettre des mois d’efforts de paix dans une région déjà marquée par les conflits.
Une condamnation qui fragilise la paix
« Condamner Kabila, c’est montrer qu’ils sont toujours contre les gens de l’Est du pays », dénonce Samy Jean Takimbula, président intérimaire de la société civile du Sud-Kivu. Quelques mois plus tôt, l’ancien chef de l’État avait mené des consultations à Goma en faveur de la paix. Sa condamnation est donc vécue comme un camouflet pour ceux qui espéraient un apaisement.
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Le timing interroge. Kinshasa négocie actuellement avec le groupe armé M23 à Doha. Or, le jugement de Kabila jette un froid. « S’ils veulent la paix, ils doivent d’abord dialoguer entre eux », s’insurge Bauma Safari, habitant de Goma. Sur le terrain, les combats reprennent autour de Rumangabo, et le M23 étend son emprise.
Un procès contesté et lourd de conséquences
Le jugement du 30 septembre soulève de lourdes questions. Joseph Kabila a été jugé par contumace, sans avocat, et devant un tribunal militaire. Or, les standards internationaux interdisent que des civils soient jugés par des juridictions militaires.
Pour de nombreux observateurs, ce procès ressemble moins à une quête de justice qu’à une stratégie politique pour écarter un rival influent. Le choix du moment renforce les doutes sur les motivations du pouvoir.
Au-delà du cas Kabila, l’enjeu dépasse la personne. Refuser un procès équitable à un ancien président crée un précédent dangereux pour tous les opposants. Ce verdict, s’il est exécuté, pourrait accentuer les vengeances politiques et fragiliser davantage la paix dans l’Est.
Alors que l’attention se concentre sur les combats contre le M23, une autre bataille se joue : celle de l’État de droit.