Ce mardi, l’enceinte du ministère de la Justice, habituellement temple du droit et de l’ordre, s’est transformée en théâtre de colère. Dans la commune huppée de la Gombe, au nord de Kinshasa, des manifestants ont bloqué l’accès au bâtiment officiel, créant des incidents qui ont rompu le calme matinal. Face à eux, un homme seul, portant la voix de la raison : Booto Lolimba, secrétaire général du ministère.
Son message, lancé avec une fermeté teintée d’inquiétude, résonnait comme un avertissement : « Ne vous laissez pas instrumentaliser ». Dans sa allocution aux agents en colère, il a décelé les fils invisibles d’une manipulation. « Nous savons ce qui se passe. Est-ce que tout le monde ici est agent de la Justice ? » Cette question, posée avec une perspicacité troublante, levait un coin du voile sur une réalité plus complexe qu’une simple révolte syndicale.
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La révolte et les manipulateurs
Le tableau peint par les autorités est celui d’une colère légitime détournée. La revendication des primes, reconnue comme « légale » par un conseiller du ministre requérant l’anonymat, aurait servi de prétexte à des actions orchestrées par des individus extérieurs. Ces derniers, selon les sources internes, tireraient profit du désordre administratif, transformant une demande sociale en outil de déstabilisation.
« J’ai appris que, même au niveau de l’intersyndicale, il y a des remous par rapport à ce que vous faites », a précisé M. Lolimba, suggérant que la base avait dépassé ses représentants officiels. Ces mots trahissent une fracture au sein même du corps professionnel, où la légitimité de l’action est mise en doute.
Le difficile équilibre entre revendication et dérive
Le conseiller ministériel a tenté de rassurer : « on attend l’autorisation de payement par les finances ». Mais cette promesse administrative semble être arrivée trop tard pour calmer les esprits échauffés. Pourtant, comme le rappelle le secrétaire général, aucune revendication, aussi justifiée soit-elle, ne peut justifier le blocage d’une institution aussi cruciale que le ministère de la Justice.
L’appel au sens des responsabilités et au respect du code de conduite des agents publics prend, dans ce contexte, une résonance particulière. Il s’agit ni plus ni moins de défendre l’intégrité de l’État contre ceux qui voudraient utiliser ses serviteurs pour l’affaiblir.
Alors que la tension retombe difficilement dans la Gombe, une question persiste : comment protéger le droit de revendication sans tomber dans le piège de la manipulation ? La réponse déterminera non seulement l’avenir des agents du ministère, mais aussi la crédibilité de toute l’administration congolaise.