Ils marchaient pour une vie fauchée à 18 ans. Ce vendredi 14 novembre, Butembo a vu défiler un cortège de douleur et de colère. Étudiants et habitants se sont rassemblés pour honorer Kavira Vyaghula Rosette, tuée deux jours plus tôt par un milicien Wazalendo alors qu’elle rentrait de l’Institut supérieur des techniques médicales. Leur deuil s’est très vite transformé en un message clair : « Plus jamais ça. »
Le rassemblement a commencé au rond-point Njiapanda. Puis la foule a avancé en silence sur les boulevards Monseigneur Kataliko et Joseph Kabila. Leur destination était la mairie de Butembo. Leur objectif : obtenir justice et exiger le retrait des groupes armés qui rôdent autour des universités.
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Un mémorandum pour transformer la douleur en action
En chemin, les manifestants ont scandé des chants hostiles aux miliciens. La triste réalité a rapidement laissé place à une colère maîtrisée. Devant le maire, la Représentation des Étudiants du Congo (REC) de Butembo-Lubero a remis un mémorandum, présenté comme un ultime hommage à la jeune sage-femme en devenir.
Le président de la REC, Seth Isingoma Bahemukade, a dénoncé un « acte ignoble » qui « porte un coup fatal à la communauté académique ». Il a réclamé une enquête judiciaire, l’arrestation du milicien Nzingene — identifié comme auteur du tir — et surtout le déguerpissement immédiat des Wazalendo stationnés près des sites universitaires.
L’insécurité chronique qui étouffe le Kivu
Le meurtre de Rosette ne constitue malheureusement pas un cas isolé. Il s’ajoute à une longue série d’exactions attribuées aux miliciens Wazalendo, pourtant alliés officiels de l’armée dans la lutte contre le M23. Ces combattants, souvent incontrôlés, multiplient les abus contre les populations qu’ils prétendent protéger.
La veille, la colère des étudiants avait déjà conduit à la suspension des cours dans toute la ville et dans le territoire de Lubero. Une décision symbolique, destinée à marquer le deuil et la protestation.
Rosette, originaire de Kasugho, devait être inhumée ce vendredi à Kagheri. Son corps a été ramené à plus de 100 kilomètres de la ville où elle étudiait… et où elle a perdu la vie. Son histoire incarne désormais l’insécurité qui ronge le Kivu et l’impunité qui l’accompagne trop souvent.
La marche n’était pas qu’un adieu. C’était un serment. Celui d’une jeunesse qui refuse de voir son avenir dérobé dans l’indifférence générale.
