La sentence est tombée, lourde comme un couperet dans le silence feutré de la Haute cour militaire. Ce mardi, l’ombre de Joseph Kabila, qui planait sur la République Démocratique du Congo de 2001 à 2019, a été officiellement condamnée à la peine de mort. Pour « trahison » et « participation à un mouvement insurrectionnel », la justice militaire a tranché. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue. Le principal concerné, affirmant vivre en exil, n’était qu’un fantôme au procès.
Le réquisitoire, impitoyable, dressait le portrait d’un homme non plus en chef d’État, mais en chef de guerre. La Cour a épousé ces allégations, peignant une réalité sombre. Elle affirme que, dans l’ombre, l’ancien président tenait à Goma et Bukavu de « véritables réunions d’état-major ». Il inspectait des centres d’instruction de rebelles et se comportait en « chef incontesté de tous les mouvements rebelles » depuis la rébellion de Mutebusi. Le jugement est sans appel : Joseph Kabila est désormais qualifié de « chef de la coalition AFC/M23 ».
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Un verdict lourd de conséquences
Ce procès, haletant, a connu ses rebondissements. Après un réquisitoire du ministère public réclamant la peine capitale fin août, la défense de l’ex-président avait tenté, mi-septembre, un coup de théâtre. Elle avait demandé la production de nouvelles preuves, ce qui avait conduit au report du verdict, attendu le 19 septembre. Le suspense est resté entier jusqu’à la décision finale du 30 septembre.
Au-delà des accusations de rébellion, le procès a aussi effleuré la question brûlante de l’identité. Les parties civiles ont brandi l’argument d’une nationalité rwandaise, complexifiant encore le portrait de l’ancien homme fort du pays. La Cour, en arbitre prudent, s’est déclarée incompétente. Elle a rappelé qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ».
Le verdict ne s’arrête pas à la seule peine capitale. Dans un ultime coup de force judiciaire, la Cour a rejeté la demande de mise sous séquestre de ses biens. Mais elle a prononcé une sanction financière vertigineuse : Joseph Kabila doit verser 33 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais. Elle a également ordonné son arrestation immédiate.
Alors que l’encre du jugement sèche, une question persiste, plus lancinante que jamais. Ce verdict, historique, résonnera-t-il jusqu’aux confins de l’exil où se terre l’ancien président ? Ou restera-t-il une condamnation théorique, le jugement d’un tribunal face à l’absence d’un homme qui, pour la justice de son pays, n’est plus qu’un condamné en fuite ? L’histoire, désormais, est entre les mains du temps et de la géopolitique.