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Tshisekedi à l’ONU : la RDC exige justice pour un « génocide silencieux » et deux sièges permanents pour l’Afrique

 La voix a porté, grave et ferme, dans le temple du multilatéralisme. Ce mardi, devant l’Assemblée générale des Nations Unies…

 La voix a porté, grave et ferme, dans le temple du multilatéralisme. Ce mardi, devant l’Assemblée générale des Nations Unies réunie pour sa 80e session, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a transformé le podium onusien en tribune pour la cause congolaise. Durant une vingtaine de minutes, il a placé son pays au cœur des enjeux mondiaux, avec des mots rares et une exigence de justice historique.

D’entrée, le chef de l’État a campé son credo : le multilatéralisme n’est « plus une option, mais une exigence incontournable ». Une conviction qui guidera l’action de la RDC lorsqu’elle siégera au Conseil de sécurité à partir de janvier 2026. Une participation qui se veut « constructive et holistique », articulée autour de deux priorités : la paix et la sécurité, et la prévention des conflits.

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L’Afrique doit siéger au Conseil, avec droit de veto

Mais le discours a rapidement pris une tournure plus revendicative. Tshisekedi a remis sur la table la réforme du Conseil de sécurité, une vieille lune de la diplomatie africaine. Pour lui, l’Afrique, forte de 54 États et 1,2 milliard d’habitants, doit obtenir « deux sièges supplémentaires de membres non permanents et deux sièges de membres permanents », avec les mêmes droits, y compris le droit de veto. Un message clair : le continent ne peut plus rester en marge des décisions qui engagent la paix mondiale.

« Un génocide silencieux » documenté par l’ONU

Le moment le plus poignant fut sans conteste son plaidoyer pour la reconnaissance du « génocide congolais ». « Les Nations Unies elles-mêmes, à travers le Rapport Mapping, ont documenté l’ampleur des atrocités. Ce n’est pas seulement un conflit : c’est un génocide silencieux qui frappe le peuple congolais depuis plus de trente ans », a-t-il déclaré, devant une assemblée silencieuse.

Un terme lourd, qu’il a assorti d’un appel solennel : « La communauté internationale a le devoir moral et politique de soutenir cette démarche essentielle afin d’établir la vérité, rendre justice aux victimes et jeter les assises d’une paix durable. »

Plaidoyer pour une paix juste, pas une « accalmie factice »

Évoquant le processus de paix avec le Rwanda, Tshisekedi a salué le « leadership » de l’ancien président américain Donald Trump, dont la médiation a conduit à la signature de l’accord de Washington le 27 juin 2025. Mais il a tempéré cet optimisme officiel en précisant que la RDC veut « une paix juste, durable et vérifiable — non une accalmie factice et éphémère ».

Enfin, le président a présenté le bassin du Congo comme une « solution mondiale » face au dérèglement climatique, rappelant le rôle crucial de ses forêts dans l’équilibre planétaire.

Ce discours marque un tournant. Tshisekedi n’est plus seulement le président d’un pays en crise ; il se pose en chef d’État exigeant réparation pour son peuple et une place équitable pour son continent. La balle est maintenant dans le camp de la communauté internationale. Acceptera-t-elle d’entendre ce cri venu du cœur de l’Afrique ?

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