Ils sont repartis comme ils étaient venus : la méfiance au creux de la poitrine, et la guerre en ligne de mire. Ce week-end, les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion du M23 ont quitté la capitale qatarie sans avoir réussi à enclencher la seule machine qui compte : celle du dialogue véritable. Un cinquième round de discussions qui s’achève sur un constat d’échec, masqué par la signature a minima d’un mécanisme d’échange de prisonniers.
Le principal – et seul – « acquis » de cette session est en effet la paraphe d’un texte technique organisant un futur échange de captifs. Mais ce document, aussi nécessaire soit-il, reste lettre morte. Aucun calendrier précis n’est fixé, aucune liste validée. Surtout, il évite soigneusement la question centrale : celle d’un accord de paix global qui était pourtant la raison d’être de ces rencontres.
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Un dialogue fantôme
Le calendrier initial, pourtant limpide, vole en éclats. Les discussions directes devaient débuter au plus tard le 8 août. L’accord final devait être signé le 18 août. Nous sommes fin septembre, et rien – ou presque – n’a avancé. « Les discussions de fond n’ont toujours pas commencé », confirme une source proche du dossier. Un responsable qatarien, joint par RFI, annonce même que les pourparlers ne reprendront physiquement que dans deux semaines. Le temps, pour les belligérants, de continuer à se battre.
Sur le terrain, la guerre en crescendo
Car pendant que les diplomates s’égosillent dans les palaces climatisés de Doha, le terrain, lui, s’embrase. Les hostilités ont repris avec une intensité qu’on n’avait plus vue depuis des mois. Avancées des troupes au sol, déploiement de l’aviation militaire, batailles acharnées pour le contrôle des territoires : l’Est de la RDC vit au rythme du fracas des armes, pas des communiqués lénifiants.
Cette reprise des combats va à l’encontre de l’esprit même de la Déclaration de principes signée à Doha. Elle prouve, s’il en était encore besoin, que ni Kinshasa ni le M23 ne croient vraiment à la paix – ou du moins, pas aux conditions actuelles.
La médiation qatarie en difficulté
Face à ce double jeu, la médiation qatarie montre ses limites. Les efforts de Doha, bien réels, se heurtent à une réalité implacable : sans pression internationale forte et sans volonté politique claire des parties, tout processus est voué à l’enlisement.
Certains diplomates occidentaux tentent bien, dans l’ombre, de maintenir les canaux ouverts par des appels téléphoniques insistants. Mais c’est insuffisant. Loin des capitales, une autre solution émerge : le dialogue national proposé par les Églises catholique et protestante. Lui aussi, pour l’instant, semble au point mort.
La conclusion s’impose d’elle-même : à Doha, on n’a pas parlé de paix. On a géré l’apparence de la paix. Et pendant ce temps, dans les collines du Nord-Kivu, des hommes meurent pour des lignes de front qui ne cessent de bouger. Le dialogue n’a pas échoué ; il n’a tout simplement jamais commencé.