UVIRA, Sud-Kivu – Dimanche 23 novembre 2025. La nuit qui devait être comme les autres a viré au cauchemar. Sous un ciel indifférent, les rues d’Uvira, habituées aux tensions de l’Est de la République Démocratique du Congo, ont soudain retenti de crépitements sinistres. Ce n’était pas une attaque venue de l’extérieur, mais une guerre fratricide qui éclatait en son sein. Le drame se jouait entre deux factions se réclamant d’un même nom : « Wazalendo » – les patriotes. Un nom que l’armée allait rapidement qualifier de « faux ».
Le récit de cette nuit sanglante nous est raconté par les bilans, secs et froids, mais qui cachent une réalité chaotique. Quatre vies fauchées. Un militaire des FARDC, fidèle à son uniforme. Deux miliciens, abattus dans un conflit dont l’origine reste trouble. Et un civil, tragique victime collatérale, pris dans des tirs qu’il n’avait pas choisis. Quatorze autres personnes, dont neuf civils, deux soldats et trois miliciens, ont été marquées dans leur chair, évacuées en urgence vers les hôpitaux militaire et général d’Uvira.
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L’armée, tampon dans la tourmente
L’histoire prend un tournant décisif avec l’entrée en scène des Forces Armées de la RDC (FARDC). Le sous-lieutenant Mbuyi Kalonji Reagan, porte-parole des opérations Sukola 2, rapporte que l’armée est intervenue alors que des « tirs sporadiques » déchiraient la nuit. Face à ce qui était présenté comme une menace interne, la réaction fut ferme. Trois fusils d’assaut AK-47 ont été récupérés sur les miliciens neutralisés, symboles macabres de cette escalade.
Mais au-delà de la simple restitution des faits, l’armée dessine les contours d’un récit plus sombre, celui d’un complot. Dans un communiqué véhément, les FARDC dénoncent un « plan machiavélique ». Leur thèse : des « ennemis » de l’extérieur, désignés comme les réseaux « M23-AFC soutenus par les RDF », instrumentaliseraient ces « faux Wazalendo » pour semer le chaos et fragiliser les efforts de pacification de la région.
L’appel au calme dans une mer d’intoxication
Pour clore ce chapitre de violence, la voix du général de brigade Ilunga Kabamba Jean-Jacques s’est élevée. Le commandant de la région militaire a lancé un appel solennel à la population : ne pas céder à « l’intoxication », ne pas se laisser manipuler. Un plaidoyer pour la confiance en une armée se présentant comme le seul rempart loyaliste face à la déstabilisation.
Alors que le soleil se levait ce lundi 24 novembre, une accalmie précaire s’était installée sur Uvira. La situation était « sous contrôle », assurait le porte-parole militaire. Mais derrière les portes closes, dans le silence revenu, une autre bataille commençait : celle du sens, de la vérité, et du deuil à faire pour une communauté une fois de plus éprouvée par le cycle infernal de la violence à l’Est du Congo. L’histoire de cette nuit est terminée, mais son écho, lui, résonne encore.
